LEMONDE.FR a écrit:
19.11.08 | 09h01 • Mis à jour le 19.11.08 | 11h10
Les constructeurs automobiles américains appellent l'Etat à l'aide
AP/Gerald Herbert
"Parmi les trois géants de l'automobile américaine, il y en a un de trop", a déclaré, mardi 18 novembre, Kenneth Lew, le PDG de Bank of America, devant le Detroit Economic Club.
"Parmi les trois géants de l'automobile américains, il y en a un de trop", a déclaré, mardi 18 novembre, Kenneth Lew, le PDG de Bank of America, devant le Detroit Economic Club. Il a aussi dit qu'il demanderait une consolidation du secteur, s'il était l'objet d'un plan de sauvetage, à l'instar du secteur financier. Cette déclaration intervient alors que les patrons des constructeurs automobiles General Motors, Ford et Chrysler ont tenté de convaincre à Washington le Sénat de leur accorder un crédit-relais de 25 milliards de dollars (20 milliards d'euros) pour survivre à la crise.
Eclairage Automobile : les raisons de la crise
Le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, a affirmé que son groupe ne pourrait plus fonctionner normalement "sans un soutien financier immédiat" de l'Etat fédéral. Il a agité l'épouvantail d'une faillite de Chrysler, qui mettrait en péril cinquante-six mille emplois directs, priverait du financement de 20 milliards de dollars en couverture santé assurée par le groupe, et représenterait 35 milliards de dollars en manque à gagner annuel pour les fournisseurs, selon lui. Robert Nardelli, a aussi déclaré qu'il serait prêt à se contenter d'un salaire annuel d'un dollar, pour aider au redressement de sa société.
Le PDG de General Motors, Rick Wagoner, a assuré de son côté que les risques de faillite pesant sur son groupe étaient la conséquence directe de la crise financière, et non d'erreurs qu'il aurait commises ces derniers mois. "Il y a bien plus en jeu que Detroit", a-t-il affirmé, en référence à la grande ville du Michigan, berceau de l'automobile américaine. "Il s'agit de sauver l'économie américaine d'un effondrement généralisé." Le patron de Ford, Alan Mullaly, a lui aussi parlé d'un "effet dévastateur sur l'ensemble des constructeurs, des équipementiers et des concessionnaires" si l'un de ses concurrents s'effondrait.
Pour renflouer leurs caisses mal en point, Ford a vendu 20,4 % du capital du japonais Mazda Motor pour environ 425 millions d'euros, et General Motors les 3,2 % qu'il détenait dans Suzuki Motor pour 180 millions d'euros. La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a prévenu que toute aide au secteur automobile "doit être accompagnée de conditions très strictes", notamment un gel des primes et autres indemnisations, ainsi qu'une obligation "d'utiliser les nouvelles technologies" afin de produire des véhicules plus économes en carburant.
Le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, a de nouveau refusé qu'une partie des 700 milliards de dollars affectés au sauvetage du système financier soit utilisée pour soutenir l'économie, en particulier le secteur automobile. Pendant ce temps, une centaine de fidèles ont prié devant le département du Trésor dans la capitale américaine pour réclamer une nouvelle politique en faveur des petits propriétaires victimes de saisies immobilières.
LEMONDE.FR a écrit:
19.11.08 | 17h08 • Mis à jour le 19.11.08 | 19h42
Industrie automobile : les raisons de la crise
AP/Itsuo Inouye
L'industrie automobile, aussi bien européenne qu'américaine, est la première grande victime de la crise financière. La vitesse à laquelle le secteur subit les conséquences du ralentissement économique a quelque chose de sidérant. Les ventes s'effondrent de part et d'autre de l'Atlantique. Les annonces de fermeture d'usines se multiplient. Aucun constructeur n'échappe à une révision drastique de ses perspectives de bénéfices. La soudaineté et la rapidité du désastre s'expliquent par plusieurs raisons.
Les faits Les constructeurs automobiles américains appellent l'Etat à l'aide
D'abord, l'industrie automobile est d'une extrême sensibilité aux variations de consommation. Quoi de plus facile pour les ménages ou les entreprises de retarder de six mois, voire plus, l'achat d'un véhicule, alors qu'il s'agit d'un poste lourd pour le budget. Ensuite, l'industrie automobile subit de plein fouet la crise du crédit. Dans les pays développés, les trois quart des voitures sont achetées à crédit. Lorsque l'accès à celui-ci est plus difficile, l'impact sur les ventes est immédiat.
Troisième raison : l'organisation en flux tendu du secteur. Il suffit d'une baisse des fréquentations des show room des concessionnaires pour que les usines soient obligées de réduire les cadences, voire de fermer partiellement. Le stockage de véhicules produits, mais non vendus se révélant plus coûteux que la mise en chômage partiel d'une partie des salariés.
MANAGEMENT DÉFICIENT
Une fois ce contexte posé, la situation de l'industrie automobile aux Etats-Unis et en Europe n'a pas grand chose à voir. Aux Etats-Unis, ces problèmes conjoncturels viennent en effet se greffer sur une crise structurelle lourde.
Ainsi les problèmes des constructeurs américains préexistaient largement à la crise des subprime. D'abord, depuis des années, les erreurs stratégiques sont manifestes : au détour des années 1980, General Motors (GM), Ford et Chrysler se sont précipités sur le marché lucratif des 4X4, laissant le champs libre aux japonais sur le segment des petites voitures. Maintenant que, du fait de l'envolée du prix de l'essence, les consommateurs américains ne veulent plus de 4X4, les "Big Three" se retrouvent pris au piège car il ne pourront jamais regagner le terrain perdu depuis 15 ans.
Ensuite, le management a été déficient. Malgré 50 milliards de pertes et une chute drastique des parts de marché, jamais le conseil d'administration de GM n'a remis en cause les choix de son PDG Rick Wagoner. Chez Ford, les hésitations se sont payées cash. Bill Ford, l'héritier de la famille n'était pas l'homme de la situation et a dû céder sa place au bout de quelques mois à Allan Mulally. Chrysler, quant à lui, paie les pots cassés de la fusion ratée avec l'allemand Daimler.
Enfin depuis des années, GM, Ford et Chrysler pâtissent d'une structure de coûts inadaptée. Obligés d'assumer les retraites et les frais de santé de leur salariés, les constructeurs américains assument un surcoût moyen par voiture de 1 400 dollars par rapport à leurs principaux concurrents japonais. Un accord avec les syndicats a bien été trouvé l'an dernier pour les débarrasser de ce fardeau, mais sans doute trop tard : ses effets ne commenceront à se faire sentir qu'à partir de 2010. D'ici là, les Big Three ont le temps de mourir dix fois.
Dans ce contexte, la crise actuelle n'est que le catalyseur d'une myriade de problèmes, qui, s'ils avaient été traités avant, n'auraient pas conduit les Big Three au bord de la faillite.
Stéphane Lauer
LE MONDE a écrit:
20.11.08 | 09h13 • Mis à jour le 20.11.08 | 09h55
General Motors, un géant exténué
Detroit, Southfield, Northville, Troy, Ann Arbor (Michigan), envoyé spécial
Célèbre, la phrase avait été prononcée en 1953 par le PDG de General Motors (GM), Charles Wilson : "Ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour GM, et vice versa." A l'époque, plus qu'un slogan, elle exprimait une conviction nationale. A lui seul, et jusqu'aux années 1980, le constructeur occupait plus de la moitié du marché intérieur des ventes de véhicules familiaux aux Etats-Unis. Il ne lui en reste plus que 22 %. Mais ce n'est pas sa seule puissance qui est atteinte, son image est aussi gravement détériorée.
Les faits Les constructeurs automobiles américains appellent l'Etat à l'aide
Est-il trop tard pour relancer un géant qui n'apparaît pas tant exsangue qu'exténué ? Craig Fitzgerald, consultant automobile pour la société Plante & Moran, dans le Michigan, admet le bien-fondé de la question. Au-delà du coût, s'interroge-t-il, "peuvent-ils y arriver ? Ses managers en ont-ils le talent et la volonté ?" Beaucoup commencent à en douter. Et beaucoup plus encore craignent que l'échec d'une relance, après avoir coûté des sommes astronomiques, soit immensément plus dommageable.
L'opinion elle-même ne répond pas aux attentes du constructeur, comme si les deux lettres GM, ou encore le mot "Detroit", du nom de la grande ville du Michigan où se trouvent les sièges des constructeurs, qui symbolisaient l'idée même de puissance, étaient ternis, discrédités.
LOBBYING
Ils l'étaient déjà dans les faits : durant des générations, on a acheté GM de père en fils. Ce patriotisme du consommateur est passé depuis longtemps. Ils le sont désormais en termes d'image. Dimanche 16 novembre, Susan Tompor, la chroniqueuse du Detroit Free Press, le quotidien de la "capitale mondiale de l'automobile", a écrit à la "une" : "Je ne savais pas que Detroit était devenu un mot sale."
Salie, l'image d'un PDG de GM, Rick Wagoner, qui a usé de toutes les ficelles du lobbying pour éviter que le Congrès américain n'adopte des normes plus contraignantes sur la consommation d'essence des véhicules afin de continuer de vendre ses "gros c…". Dénigrée, l'image d'un syndicat, l'UAW, coupable, malgré des concessions multiples, d'avoir peu ou prou préservé le niveau salarial, la protection sanitaire et la retraite de ses seuls adhérents quand les salariés américains s'enfonçaient dans la précarité.
Aujourd'hui, M. Wagoner et Ron Gettelfinger, le président de l'UAW, font cause commune devant le Congrès pour quémander un sauvetage en urgence. Mais de plus en plus de voix s'élèvent aux Etats-Unis pour juger qu'une faillite donnerait plus de marge de manœuvre à l'Etat pour mener une restructuration complète.
Sylvain Cypel
LE MONDE a écrit:
20.11.08 | 09h55
Le crépuscule de l'automobile américaine
Detroit, Southfield, Northville, Troy, Ann Arbor (Michigan), ,envoyé spécial
On entend et on lit désormais aux Etats-Unis des choses inconcevables il y a peu. Des choses comme : "L'automobile était le symbole de l'American Way of Life. Or ce mode de vie s'est avéré être une catastrophe. Il faut absolument changer notre façon d'être et de consommer" (Michael Robinet, vice-président d'une société de conseil spécialisée dans l'industrie automobile). Ou encore : "Par philosophie, je suis contre l'interventionnisme de l'Etat. Mais là, il faut mettre ses idées de côté, sinon, sans fonds publics, c'est la fin, et pas seulement de l'automobile" (David Cole, président de CAR, la première société d'études américaine sur l'automobile).
On entend aussi le contraire : débloquer des fonds d'Etat pour sauver les constructeurs américains de la faillite reviendrait à "jeter notre argent au feu". Car attendre d'eux qu'ils accèdent aux nouvelles exigences du marché et de l'environnement, "vu leur bilan, c'est aussi ridicule que demander aux fabricants de cigarettes de lutter contre le cancer" (David Yermack, professeur de finances à l'université de New York, dans le Wall Street Journal du 15 novembre).
Stupéfaits ou désemparés, rageurs ou désabusés, les Américains assistent à ce qui hier encore semblait impensable : l'effondrement possible d'une de leurs gloires à l'aura longtemps inaltérable, la voiture américaine.
Dans la salle d'attente de CSM Worldwide, la société où travaille M. Robinet, un seul livre trône sur la table basse. Un album intitulé Ces voitures que les Européens n'ont jamais construites. Celles d'un temps où l'automobile américaine avait le triomphe peu modeste. L'album regorge de photos de vieilles Cadillac, de Buick, de Chevrolet, des merveilles de design au profilage extravagant et aux couleurs criardes. Le rêve américain sur quatre roues.
A l'époque, ses constructeurs ne se prenaient pas pour les rois du monde, ils l'étaient. Dans l'Amérique-monde du véhicule, les Européens, eux, n'existaient pas. Aucun autre n'existait, d'ailleurs. A ce jour encore, Volkswagen ne représente toujours que 3,2 % du marché intérieur des Etats-Unis; Mercedes 1,7%, Volvo 0,5%. Mais, depuis, les Asiatiques ont réussi : Toyota (16,8 % de parts de marché), Honda, Nissan, Hyundai et autres vendent désormais 42,9 % des véhicules que conduisent les Américains. Les "Trois de Detroit" (D3) – comme on appelle General Motors, Ford et Chrysler – détiennent désormais moins de la moitié de leur propre marché. Pire, mondialement, les Européens sont encore là. Les constructeurs américains, eux, ont un pied dans la tombe.
MORGUE ET AVEUGLEMENT
Chacun y va de son explication, pointe les responsabilités. Neal Boudette, chef du bureau du Wall Street Journal au Michigan, évoque la morgue et l'aveuglement. Longtemps, les D3 ont méprisé la capacité des Asiatiques à conquérir leur marché. Ils ont aussi "tout misé sur un seul produit" qui les enrichissait au-delà de toute raison : les véhicules utilitaires (SUV) et les 4×4, très gourmands en carburant. Surtout, ils n'ont pas compris la modification du rapport de leurs concitoyens à la notion de sécurité après le 11-Septembre. "Quand sont apparues des publicités négatives du type Jésus conduirait-il un 4×4 ? , ils n'ont pas voulu voir le danger, l'évolution des modes de consommation." Lorsque le baril a atteint 150dollars, il était trop tard.
M. Robinet remonte à plus loin, au premier choc pétrolier. Bien sûr, les constructeurs auraient dû anticiper les difficultés, prendre le tournant écologique. Mais les politiques ont leur part de responsabilité. "Il y a eu une faillite du leadership. Aucun gouvernement n'a voulu taxer l'essence lourdement, comme les Européens. Nous, Américains, avons continué de vivre dans le déni de la valeur réelle de l'énergie. Et, aujourd'hui, nos consommateurs sont bien plus sensibles à l'environnement. Ils veulent des véhicules que nos constructeurs ne produisent pas."
David Cole, fils d'un ex-PDG de General Motors, est le seul à défendre les constructeurs nationaux : "Dans une économie de marché, on ne peut blâmer des entrepreneurs d'être allés là où était le profit. Si faute il y a eu, c'est celle des gouvernants." Mais, au fond, les responsabilités apparaissent de peu d'importance : les profits se sont évanouis, les pertes sont abyssales, le secteur doit d'abord survivre. Il faut être un financier de New York, ou un sénateur de l'Alabama comme Richard Shelby, qui, évoquant les D3, a déclaré "laissez-les tomber !", pour imaginer qu'une des étoiles du drapeau américain pourrait cesser de scintiller.
Au Michigan, personne ne le veut. "On peut changer l'histoire, on ne peut l'oublier : ces mains ont construit ce pays", estime M. Robinet. Chacun admet que Chrysler est trop malade. Ses derniers propriétaires, Mercedes puis le fonds Cerberus, n'ont pu enrayer son déclin. Chrysler disparaîtra. Mais si GM ou Ford sombrait, M. Cole évoque "une onde de choc inouïe sur l'économie, plus forte que la crise de 1929". Sans l'automobile, tous le disent, "un savoir-faire essentiel disparaîtrait", aux ramifications dans la défense, l'informatique… Un coup supplémentaire serait porté à l'ingénierie américaine, déjà en pâle posture.
Responsable de l'automobile chez Plante & Moran, une société d'audit et de conseil, Craig Fitzgerald ajoute un argument qu'il veut définitif : l'enjeu "dépasse de loin la consommation privée"; l'automobile, dit-il, est un secteur stratégique sur le plan géopolitique. Quelles chaînes de montage ont fourni les véhicules blindés et les chars américains pour deux guerres mondiales ? "Sans elles, leur savoir-faire, pas de capacité militaire indépendante."
Pour sauver le secteur, les spécialistes évoquent des sommes allant de 50 à 75milliards de dollars (39 à 59milliards d'euros), dont la moitié très vite, pour lui fournir les liquidités qui font défaut. Ensuite… "Rien qu'en recherche et développement, pour reconstituer des gammes de produits adaptés aux normes émergentes, cette industrie aurait besoin de 100milliards de dollars", estime M .Fitzgerald. Et s'il n'y avait que cela. La réadaptation de l'automobile américaine est un chantier immense. Le consultant énumère : réduire fortement le nombre des marques (General Motors passerait de 8 à 3), leur donner une identité cohérente, se séparer de 30 % à peut-être 50 % des salariés, coopérer avec leurs fournisseurs au lieu de leur donner des ordres, renégocier les contrats avec les concessionnaires. On en passe.
Barack Obama envisage la désignation d'un "czar", un haut responsable qui superviserait l'utilisation efficiente des fonds que l'Etat insufflerait. "Il n'y a pas d'autre choix qu'une nationalisation partielle temporaire", admet M. Cole. Mais il ne faut pas que l'Etat "se mêle du management". Oh que si, juge au contraire M. Robinet. "Bien sûr qu'il faut nationaliser. Ce secteur a besoin d'un contrôle gouvernemental. Son modèle industriel est mort. Sa restructuration sera difficile et longue. Seul l'Etat peut imposer ses choix stratégiques aux manageurs, obtenir des concessions des syndicats et des concessionnaires. S'il apporte l'argent, il est normal que le czar décide." "Il est inconcevable d'avoir une économie basée sur les seuls services. Il faut replacer la création de biens au cœur de l'économie américaine", conclut M. Fitzgerald. Et voilà pourquoi il faut sauver le soldat General Motors. On entend décidément des choses inouïes dans l'Amérique en crise.
Sylvain Cypel
LE MONDE a écrit:
20.11.08 | 13h51
Et si l'on refusait d'aider l'automobile américaine ?
On dirait que les législateurs américains commencent à se lasser de distribuer l'aide publique ou qu'ils estiment leur devoir amplement accompli. En tout cas, mardi 18 novembre, la plupart des sénateurs du Banking Committee n'ont pas paru sensibles à la prestation des patrons respectifs de Chrysler, Ford et General Motors, venus expliquer que si le contribuable ne leur venait pas en aide, les répercussions économiques seraient apocalyptiques.
En revanche, l'intervention d'un spécialiste en macroéconomie de l'université du Maryland, qui préconisait de laisser le secteur automobile déposer le bilan, a reçu un certain écho.
Les trois grands patrons - Bob Nardelli pour Chrysler, Alan Mulally pour Ford et Rick Wagoner pour General Motors - avaient emmené avec eux Ron Gettelfinger, président du syndicat des ouvriers du secteur automobile UAW, pour solliciter un prêt d'urgence de 25 milliards de dollars (20 milliards d'euros).
Ils ont affirmé qu'à défaut d'un tel prêt, l'un d'entre eux au moins risquait de mettre la clé sous la porte, mais ils ne disposaient que de très peu d'arguments. M. Wagoner s'est appuyé sur un rapport du cabinet CNW Market Research pour démontrer que le dépôt de bilan n'était pas la solution. Il a insisté sur sa méconnaissance de la procédure américaine du dépôt de bilan, ce qui est surprenant de la part d'un dirigeant dont l'entreprise est au bord du gouffre depuis de nombreuses années.
M. Mulally, quant à lui, s'est permis de solliciter le concours du contribuable tout en refusant de préciser l'ampleur des besoins en liquidités de Ford pour l'année 2009.
Le professeur Peter Morici, lui, s'est déclaré persuadé que les constructeurs continueraient à essuyer des pertes tant qu'ils n'auraient pas réussi à aligner leurs coûts sur ceux de la concurrence et à réduire une capacité de production disproportionnée. Il a également indiqué que si des prêts publics leur étaient accordés, on pouvait être sûr qu'ils en réclameraient bientôt d'autres.
Espérons que les législateurs auront pris suffisamment de recul pour exiger une sérieuse restructuration de l'industrie automobile en contrepartie de l'aide publique qu'ils octroieront éventuellement aux trois constructeurs.
(Traduction de Christine Lahuec.)
Antony Currie
Article paru dans l'édition du 21.11.08.
Et pourtant, les big three évoluent dans un contexte de baisse du prix du pétrole.
LEMONDE.FR a écrit:
20.11.08 | 16h01 • Mis à jour le 20.11.08 | 17h25
Le baril de pétrole passe sous les 50 dollars
Le prix du pétrole s'est enfoncé, jeudi 20 novembre, sous la barre des 50 dollars le baril à Londres et à New York, dans un marché toujours déprimé par la crise économique et financière. En début d'après-midi, le baril de brent, échangé à Londres, est tombé à 48,54 dollars, pour la première fois depuis mai 2005. A New York, le light sweet crude est lui aussi tombé en dessous de 50 dollars peu après l'ouverture du Nymex. Il n'avait pas été aussi bas depuis le 18 janvier 2007.
Les prix de l'or noir ont perdu plus des deux tiers de leur valeur depuis leurs records de juillet (147,50 dollars à Londres et 147,27 à New York), malgré un probable resserrement des quotas de la part de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et la baisse du dollar : le pessimisme économique s'est nourri des chiffres publiés mercredi par la Réserve fédérale américaine, qui n'écarte pas la possibilité d'une contraction de l'activité l'an prochain.