Modérateurs: Garion, Silverwitch
Daniel Glazman a écrit:Madame, Monsieur,
Je viens d'apprendre par la Free Software Foundation France que le SNEP, la SCPP et la SACEM ont récemment menacé les auteurs de logiciels libres de P2P de poursuites, et manoeuvrent pour faire interdire la publication du code source des logiciels. Je suis le dirigeant d'une entreprise de Logiciels, dont le modèle est entièrement fondé sur le Logiciel Libre, et je trouve l'attitude du SNEP, de la SCPP et de votre organisme SCANDALEUSE.
Tout d'abord, un logiciel est une oeuvre au même titre qu'un livre ou une musique. Il appartient entièrement à son créateur d'en disposer ou pas, et il serait une HONTE que vous, les chantres du Droit d'Auteur, osiez interférer avec ses droits à disposer de sa création.
Autant je peux parfaitement concevoir que vous souhaitez protéger VOTRE industrie musicale, autant il est inacceptable - il m'est inacceptable - que vous mettiez en DANGER un AUTRE secteur industriel pour cela, le mien, celui du Logiciel.
Je tiens donc à vous exprimer mon mécontentement le plus total par le présent message, qui sera copié in extenso sur mon site personnel, http://glazman.org/weblog . J'appelle également par le présent message tous ceux qui sont contre le projet de loi DADVSI (droits d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information) à vous envoyer un courrier électronique.
Votre attitude lamentable est le plus mauvais des arguments que vous pouviez trouver contre les pirates. En attaquant aveuglément le Logiciel Libre, vous donnez des gages à tous ceux qui ne voient en vous que mercantilisme et profits éhontés.
Le Logiciel Libre dépasse largement les logiciels de P2P. Et quand bien même vous ne vous attaqueriez qu'à ceux-là, sur quelle base juridique la SACEM pourrait-elle prétendre à bloquer la publication du code source de protocoles réseau, qui peuvent servir à bien d'autres choses que de l'échange d'oeuvres artistiques ?
Sony vient de faire récemment les (gros) frais de pratiques complètement stupides et contre-productives dans sa lutte contre le piratage. Le fiasco de leur schema de protection (cassable par un simple bout de scotch...) et la très mauvaise presse de leur fameux RootKit devraient vous inciter au moins à la modération, au mieux à la réflexion profonde. Continuer à attaquer le Logiciel Libre, c'est se mettre à dos entre autre IBM, qui utilise et développe massivement le Logiciel Libre, Apple, dont par exemple le navigateur web Safari vient du Logiciel Libre, Dell, qui distribue désormais ses machines équipées en Logiciels Libres.
C'est aussi vous mettre à dos la plupart des gouvernement européens qui basculent les uns après les autres leurs administrations vers les Logiciels Libres. Et l'Union Européenne elle-même qui a des programmes de soutien du Logiciel Libre.
Êtes-vous prêts à les affronter ? Êtes-vous prêts à vous ridiculiser auprès de la totalité de l'Industrie Informatique ? Êtes-vous prêt à subir la mauvaise presse qui ne va plus tarder à arriver ? Êtes-vous prêts à être montrés du doigt par le monde entier ?
De toutes les actions possibles contre le piratage, vous avez choisi la plus stupide. Comme d'habitude, ajouteraient certains... Bonne chance, vous allez en avoir vraiment besoin.
Daniel Glazman
Disruptive Innovations SARL
Paris, le 17 octobre 2005
Monsieur le ministre,
Suite aux nombreuses inquiétudes suscitées par la déclaration d’urgence du 2 juin 2005 sur le projet de loi n° 1206, déposé le 12 novembre 2003, relatif aux droits d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information, je vous prie de bien prendre en compte les interrogations suivantes.
Si personne ne peut légitimement contester la nécessité d’encadrer et protéger les droits d’auteur au vu de l’essor des échanges numériques en ligne, il apparaît en revanche préjudiciable pour ce faire d’en passer par une procédure d’urgence au prétexte, même avéré, de satisfaire un calendrier européen de transposition du droit communautaire dépassé, à l’heure où la Commission réfléchit à la modification de la directive en vigueur relative à l’harmonisation du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information.
Il apparaît en effet que la Commission travaille, pour 2006, sur l’opportunité d’une telle réforme, notamment la modification de l’article 5(2) (b) de la directive susmentionnée relatif au calcul de la « rémunération juste » pour les titulaires de droits d’auteurs dans le cadre légitime de copie privée. Cette réflexion s’accompagne d’une étude d’impact, préalable au débat politique prévu pour l’automne 2006 (cf. les récentes déclarations de M. LUEDER, chef de l’unité française Droits d’auteur à la direction générale Marché intérieur et services de la Commission européenne, lors de la 13è conférence annuelle sur le droit et les politiques de propriété intellectuelle au niveau international).
Le projet de loi n° 1206 susmentionné fait fi, outre de l’étude d’impact prévue par la circulaire du 27 septembre 2004 relative à la procédure de transposition en droit interne des directives et décisions-cadres négociées dans le cadre des institutions européennes, de la remise en cause actuelle de la directive européenne qu’elle entend transposer, et notamment des problèmes liés à la libre circulation des informations essentielles à l’interopérabilité, au « double paiement », ou enfin aux logiciels libres, également en discussion au sein des institutions européennes.
S’agissant donc d’un double rendez-vous manqué, je vous demande, eu égard aux enjeux soulevés par une telle réforme, notamment au regard de la défense des talents nationaux face au monopole des grands groupes internationaux, de donner au Parlement les moyens d’un vrai débat démocratique en ôtant le caractère d’urgence lié à ce projet de loi.
Enfin, pour ce qui touche aux logiciels libres, je vous remercie par avance de bien vouloir me faire part de vos projets en la matière, notamment sur l’opportunité de les exclure expressément du champ d’application du projet de loi susmentionné, aux fins d’éviter des conséquences fâcheuses tant du point de vue de la production des idées en France que des contentieux que ne manqueront pas d’entraîner votre projet de loi, s’il est adopté en l’état.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma respectueuse considération.
François BROTTES
schumi84f1 a écrit:faut pas l'emmerder le Glazman![]()
il a le même nom que cet enc... de joueur de Valenciennes de 1993
Ouais_supère a écrit:Merci Hugues.
Examen du DADVSI fixé au 20 et 21 décembre
Hier matin, la conférence des Présidents a fixé les dates d'examen du projet de loi par l'Assemblée Nationale au 20 et 21 décembre 2005, comme indiqué à la page du dossier législatif. L'initiative EUCD.INFO est en train de contacter des élus et ses interlocuteurs au gouvernement pour leur signaler le fait que c'est désormais près de 25 000 particuliers, plus de 220 associations et collectifs et près de 70 entreprises dont Gandi, Linagora, Mandriva, Open Wide, Sun Microsystems, ...- qui demandent le retrait du projet de loi de l'ordre du jour parlementaire et soutiennent les demandes de l'initiative EUCD.INFO. Nous vous encourageons à faire de même. Il est également primordial que la pétition continue d'augmenter comme elle le fait depuis 5 jours pour que la pression sur le gouvernement croisse d'autant. Signez et faites signer la pétition EUCD.INFO !
Le dépôt d'amendements a été réouvert jusqu'à jeudi 17 heures. La date précise à laquelle la commission des lois doit se réunir pour examiner les amendements n'est pas pour l'instant connue.
Gwenael a écrit:schumi84f1 a écrit:faut pas l'emmerder le Glazman![]()
il a le même nom que cet enc... de joueur de Valenciennes de 1993
pas tout à fait. le joueur de Valenciennes, c'était Glassman(je continue ma campagne pour le fangio d'or 2006 du forumiste le plus pointilleux
).
Liberation.fr a écrit:Au nom du droit d'auteur, le gouvernement prône le verrouillage des oeuvres.
Internet : on sort les scellés
par Florent LATRIVE
QUOTIDIEN : jeudi 08 décembre 2005
Sur les CD, les systèmes anticopie empêchent la duplication, mais aussi le transfert d'une chanson sur un baladeur numérique. Sur les sites de téléchargements payants, comme Fnacmusic.com, ils brident le nombre de copies et obligent l'usager à choisir des logiciels de lecture agréés. A douze jours de l'examen par l'Assemblée du projet de loi sur les droits d'auteur, ces verrous technologiques baptisés «mesure techniques de protection» ou systèmes de gestion des droits numériques (DRM, en VO) se retrouvent au coeur des évolutions du droit à l'heure de l'Internet. Et ont suscité une bronca d'associations, d'artistes, de bibliothécaires et d'internautes, qui pétitionnent à tout-va. Logique, car les DRM sont au centre de ce texte de transposition d'une directive européenne, qui les légitime en droit et les protège juridiquement: le fait de faire «sauter» un de ces DRM, quel qu'en soit le motif, sera bientôt puni de trois ans de prison et de 300 000 euros d'amende. En théorie, aucune circulation numérique d'oeuvres non validée par les producteurs ou les éditeurs ne sera plus possible. On mesure la différence avec la situation de l'univers «physique», où un livre peut être acheté en librairie, mais aussi emprunté, donné ou photocopié pour son usage perso.
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Redevance. «Nos oeuvres sont pillées et les mesures techniques sont une réponse à l'agression que nous avons subie», justifie Gilles Bressand, le président du Syndicat national des éditeurs de phonogrammes, qui reconnaît que «tout ce qui tend à protéger le principal, et donc les oeuvres, peut causer des dommages secondaires». Les membres de l'Alliance public-artistes (associations de consommateurs et d'artistes) voient surtout dans cette future loi un gage donné aux «industriels qui veulent contrôler entièrement la circulation des oeuvres». Ils proposent une autre solution pour mettre fin à «l'illusion de la gratuité» tout en «permettant au public de bénéficier de tout le potentiel de la révolution numérique» : la légalisation des échanges non commerciaux d'oeuvres via le Net en contrepartie d'une redevance sur l'abonnement au fournisseur d'accès (1). Les bibliothécaires et l'Association des maires de France s'inquiètent eux de l'avenir de la «lecture publique», selon le secrétaire général (PS) de l'AMF, André Laignel, avec cette loi «extraordinairement restrictive» qui ne prévoit rien pour que les bibliothèques puissent donner accès aux ressources numériques.
Cadeau. La contestation a été dopée par le calendrier : passé en Conseil des ministres il y a deux ans, le texte sera examiné à la veille de Noël, le 20 décembre. Et «en urgence», avec une seule lecture parlementaire. Un rapport rendu hier par un organisme dépendant du ministère de la Culture et dominé par les producteurs de disques ou de cinéma le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) a chauffé un peu plus les esprits. Il préconise des amendements imposant les DRM aux logiciels d'échange de fichiers, voire aux webradios (lire ci contre). Ces renchérissements ont suscité l'ire des concepteurs de logiciels libres dont la pétition (1) contre «le verrouillage généralisé de la culture» a recueilli plus de 30 000 signatures en moins d'une semaine. Ils voient là un cadeau aux fournisseurs de ces technologies de contrôle, dont Microsoft.
(1) http://www.lalliance.org et http://eucd.info
Liberation.fr a écrit:Les webradios s'étranglent
Les stations associatives du Net n'auraient pas les moyens de s'équiper.
par Jean-Paul ROUSSET
QUOTIDIEN : jeudi 08 décembre 2005
Des grésillements, puis plus rien. Une voix reprend : «Vous avez cru à une panne ? C'est pire que ça...» Depuis le 29 novembre, ce spot audio alarmiste est diffusé sur Internet par le collectif Webradios France (1). Prédisant rien moins que la mort des webradios libres, le collectif s'inquiète d'un amendement du projet de loi «Droits d'auteur et droits voisins dans la société de l'information» (lire ci contre) qui doit être étudié le 20 décembre. Né il y a seulement deux semaines, et regroupant déjà 45 radios du Net, Webradios France redoute de se voir imposer le cryptage des émissions par DRM (Digital Rights Management), un système de gestion des droits numériques présenté comme le seul moyen d'éviter la copie illicite des programmes diffusés sur le Net.
Parades. Le problème est né avec l'apparition, il y a quelques mois, de logiciels tels que Station Ripper, qui enregistrent une webradio comme un bon vieux magnétophone. Mieux, ils trient les morceaux de musique pour en faciliter ensuite l'usage avec un lecteur MP3. «On a trouvé des parades,ce qui est quand même une preuve de bonne volonté», proteste Emmanuel Chanteloup, fondateur de la webradio associative Bide et Musique, qui diffuse depuis cinq ans des chansons populaires. Avec un travail considérable réalisé par une dizaine de passionnés, la radio a aujourd'hui près de 4 000 auditeurs quotidiens. «On est en règle avec la Sacem, en versant un forfait mensuel de 130 euros, malgré notre budget ridicule.»
Avec un statut mal défini : les webradios paient en effet une taxe à la Sacem, qui gère les droits d'auteur en France, sans bénéficier du soutien destiné à la FM associative. «Les radios s'enflamment un peu vite sur les DRM, tempère Alexandre Martinat, de Fréquence 3, une des plus grosses audiences du Web. Le vrai problème, c'est de savoir quels droits on doit payer, par exemple aux producteurs. On avait approché une major à ce sujet mais ça n'a rien donné. Elles ratent le coche alors qu'on arrive à travailler avec des petits labels, comme Tôt ou tard.»
Pétition. Mallis, président de la Grosse Radio, admet volontiers que le problème des webradios ne se limite pas aux DRM. «Mais le coût engagé pour la mise en oeuvre de ces protections qui imposent des lecteurs Real ou Microsoft sera trop lourd pour les associations», assure-t-il. A l'origine du collectif, il rassemble des questions destinées à Christian Vanneste, député rapporteur du projet de loi DADVSI. Elles seront accompagnées d'une pétition, qui a dépassé 7 000 signatures.
(1) http://www.webradios-france.com
LeMonde.fr a écrit:Les logiciels d'échanges de pair à pair bientôt hors la loi ?
LEMONDE.FR | 08.12.05 | 21h38 • Mis à jour le 09.12.05 | 17h08
Lors d'une rencontre avec de jeunes internautes sur la question du téléchargement de musique et de film, en avril dernier, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture, a répété plusieurs fois : "Le vrai problème, c'est celui de la gratuité." Après quelques échanges, le rendez-vous tournait à la confrontation. Les représentants des industries du film et du disque présents, campaient sur leurs positions. En face, les internautes demeuraient convaincus de l'existence d'une mutation irréversible concernant l'usage et la consommation des biens numériques culturels. Des escarmouches verbales de cette réunion et de ses retombées médiatiques, le ministre aura retenu que de poursuivre en justice des collégiens soupçonnés d'avoir échangé des biens numériques culturels, était politiquement une option risquée.
C'est donc sans surprise, qu'en novembre, le ministre exposait dans un communiqué la nouvelle ligne directrice de son plan anti-téléchargement : "On ne peut en effet faire porter aux seuls internautes la responsabilité du délit de contrefaçon." D'où, la " ossibilité de compléter ces dispositions par des mécanismes sanctionnant l'incitation, notamment par les fournisseurs de logiciels d'échanges 'pair à pair' .
Au cœur de la stratégie des représentants des industries de la musique et du cinéma et du ministre de la culture, se trouve le projet de loi sur le droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information (DADVSI), qui doit être discuté à l'assemblée nationale le 20 et 21 décembre.
Mercredi 7 décembre, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), présidé par Jean-Ludovic Silicani, a rendu deux avis et un projet d'amendement à la loi DADVSI, qui devrait complaire à Renaud Donnedieu de Vabres :
"Les attaques frontales contre les internautes créent un effet d'image des industries culturelles très négatif auprès de leur propre public. Aussi, il est apparu judicieux aux membres de la commission de pouvoir agir à l'encontre des éditeurs ou distributeurs de logiciels permettant les échanges illicites", note le CSPLA dans son avis sur la distribution des contenus numérique en ligne.
EXIT LES LOGICIELS D'ÉCHANGES P2P
Après avoir tenté, en vain, de faire porter le chapeau des téléchargements aux fournisseurs d'accès à Internet, puis sans beaucoup de succès aux internautes, les représentants des ayants droit se retourne contre les auteurs de solutions informatiques.
La CSPLA propose, dans un amendement, d'assimiler au délit de contrefaçon le fait d'éditer ou de mettre à disposition du public un logiciel susceptible de mettre à la disposition du public des œuvres protégés. "Ce texte viserait les logiciels permettant le 'peer-to-peer'… En outre, il mettrait en jeu la responsabilité civile de tout éditeur de ce type de logiciel qui resterait inactif alors qu'il sait que son logiciel est massivement utilisé pour distribuer des contenus sans accord des ayants droit", se réjouit le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) dans un communiqué.
Associations de consommateurs, d'internautes et d'artistes réunis d'un collectif nommé Alliance ne partage pas le point de vue des industriels et des représentants du ministère. Selon eux, l'avis du CSPLA n'évalue pas "objectivement les différentes positions des acteurs représentés". "Ils ont été en réalité entièrement soumis à la volonté d'un groupe de pression, ayant pour objectif de cloisonner l'exercice des droits au bénéfice des éditeurs, des producteurs et des distributeurs."
"La question de la licence globale a été escamoté", estime Julien Dourgnon, directeur des études et de la communication de l'UFC-Que choisir, et représentant des consommateurs."Jamais nous n'avons vu une telle partialité au sein d'une commission. Le CSPLA est un vase clos où se retrouvent les représentants de l'industrie musicale et cinématographique", témoigne-t-il.
Alors que les amendements s'accumulent, les débats parlementaires du 20 et 21 décembre s'annoncent passionnés. Selon Julien Dourgnon, "cette loi renforce la position dominante d'un oligopole (NDLR : Microsoft, Apple), sujet sur lequel il n'y a pas de clivage gauche-droite".
Eric Nunès
Paris, le 8 décembre 2005
Question écrite à Monsieur Renaud DONNEDIEU de VABRES,
Ministre de la Culture et de la Communication
Monsieur Pierre LANG attire l'attention de Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication sur les implications du texte relatif au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information, dit projet DADVSI. A l'origine de ce texte se trouve une directive européenne du 22 mai 2001, autorisant le recours aux mesures techniques de protection des oeuvres musicales ou audiovisuelles, pour faire face au développement du peer-to-peer. Toute personne qui contournerait ces mesures techniques ou « DRM » commettrait des actes de contrefaçon, sévèrement réprimés par notre droit.
Or, s'il est légitime de prévoir une rémunération équitable des auteurs d'oeuvres copiées sur le réseau, le verrouillage systématique par des dispositifs cachés pose de nombreux problèmes aux consommateurs. En effet, les mesures techniques de protection se sont perfectionnées depuis 2001, et constituent désormais des moyens de contrôle et d'ingérence dans la vie privée des internautes. Ces petits logiciels « espions », ajoutés aux disques commercialisés par les majors, empêchent par exemple de lire de la musique avec un ordinateur sous Linux, ou avec certains baladeurs, en raison d'incompatibilités techniques. Les fabricants de DRM, tels que Microsoft, envisagent d'intégrer ces mesures techniques au coeur des futures versions du système d'exploitation Windows, afin d'imposer la lecture de fichiers audio et vidéo par le seul logiciel Windows MediaPlayer. En principe destinées à protéger les auteurs, les DRM sont en fait détournées par les acteurs dominants du marché informatique, qui cherchent à renforcer leurs positions monopolistiques.
Cette dérive est d'autant plus préoccupante que l'efficacité des DRM pour garantir les droits des auteurs et artistes interprètes n'est pas évidente. Ces mesures risquent d'être rendues régulièrement caduques par les parades développées par les informaticiens. Et la répression judiciaire rencontre des limites qui tiennent à l'insuffisance des moyens d'investigation consacrés aux réseaux. Bénéfices aléatoires pour les auteurs, risques importants pesant sur le logiciel libre et la vie privée des internautes amènent à s'interroger sur le bien-fondé de la solution retenue dans le projet DADVSI. C'est pourquoi il semble plus réaliste de mettre en place un mécanisme de licence légale, permettant d'autoriser les échanges entre particuliers à des fins non commerciales, en contrepartie de la perception d'une redevance auprès des fournisseurs d'accàs. La somme de 5 € par mois est évoquée par les sociétés gestionnaires des droits des artistes-interprètes, qui estiment être capables de répartir de manière juste les sommes ainsi collectées. Plusieurs méthodes existent, afin de recueillir des statistiques des titres les plus téléchargés, d'évaluer la part de marché des oeuvres, et ensuite d'appliquer les règles de répartition prévues pour la copie privée. Par ce biais, l'internaute qui télécharge de la musique ou des films rémunère les ayants droit, et contribue à soutenir la création artistique et la diversité culturelle. Face à la tendance actuelle au verrouillage des oeuvres, il lui demande s'il entend tenir compte des inquiétudes exprimées, et adapter son texte DADVSI à un contexte technologique qui a beaucoup changé depuis le 22 mai 2001.
NouvelObs.com a écrit:Sondage : les éditeurs de logiciels responsables
NOUVELOBS.COM | 08.12.05 | 11:41
66% des Français pensent que les éditeurs de logiciels permettant aux internautes de télécharger gratuitement de la musique et des films sont responsables de violations des droits d'auteur, selon un l'Ifop.
Selon un sondage Ifop commandé par les producteurs de disques, deux-tiers des personnes interrogées pensent que les éditeurs de logiciels permettant aux internautes de télécharger gratuitement de la musique et des films doivent être considérés comme responsables de violations des droits d'auteur.
Commandé par le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), le sondage révèle que 88% des personnes interrogées pensent "qu'il serait normal que ces sociétés éditrices de logiciels de téléchargement soient obligées de prendre des mesures afin de garantir que leurs logiciels permettent de respecter les droits d'auteur".
Contre la licence globale
Par ailleurs, le SNEP s'est "félicité" des travaux du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) concernant la distribution des contenus culturels sur internet, qui ont eu lieu deux semaines avant l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi sur les droits d'auteur et droits voisins.
Selon le SNEP, ces travaux "écartent toute perspective d'une 'licence globale' qui légaliserait les échanges illicites de fichiers en 'peer-to-peer'" (système d'échange de fichiers, notamment musicaux et vidéo, d'ordinateur à ordinateur).
A l'inverse, l'Alliance Public-Artistes, qui regroupe des associations de consommateurs et des sociétés de gestion de droits des artistes et plaide pour l'instauration d'une licence globale pour donner un cadre légal aux échanges P2P, s'est élevée contre les travaux du CSPLA.
Hugues a écrit:schumi84f1 a écrit:up
A deux minutes près, il y en avait pas besoin de ce up
Hugues
Ratiatum a écrit:30 diffuseurs de DivX arrêtés en France et en Suisse
Publié le Lundi 12 décembre 2005, à 20H55 (+0100 GMT)
Par Guillaume Champeau
Vingt-huit internautes français et deux internautes suisses ont été arrêtés aujourd'hui par la gendarmerie dans une vingtaine de villes en France. Le groupe GGTeam, bien connu des amateurs de DivX sous les initiales GGT, serait en ligne de mire.
Les groupes de "pirates" sont bien connus de l'industrie culturelle. Ils étaient autrefois davantage présents dans la diffusion des jeux-vidéo crackés, mais ils sont aujourd'hui actifs également dans la distribution de copies de films sur Internet. Pour les professionnels du cinéma, ces groupes sont une cible stratégique à abattre. Ce sont eux qui fournissent en premier les fichiers qui sont ensuite reproduits à plusieurs centaines voire milliers d'exemplaires, notamment grâce aux réseaux P2P.
Sans ces groupes, souvent très bien organisés, télécharger un film serait beaucoup plus difficile pour le commun des internautes. Il faudrait qu'un P2Piste isolé choisisse de son plein gré de réaliser un "rip" du DVD et de le mettre en partage sur eMule, BitTorrent, ou n'importe quel autre réseau P2P. Or il suffit de rechercher "divx" ou "avi" sur les moteurs de recherche P2P pour se rendre compte que la plupart des films proviennent de ces groupes de piratage, qui n'hésitent pas à tagger le nom des fichiers pour revendiquer leur oeuvre. Pour eux, mettre un film à disposition des autres est avant tout une source de notoriété, et un jeu de compétition avec les groupes concurrents. C'est à qui aura mis tel film le premier sur Internet...
Attaquer les premiers diffuseurs, uniquement
Avec l'arrestation de 30 personnes dont 2 suisses, le parquet de Paris a frappé fort dans la lutte contre le DivX distribué illégalement. Selon Reuters, le juge parisien David Bénichou enquête sur un groupe appelé "GGTeam", qui revendiquait l'activité de mise à disposition de films sur internet, notamment par l'inscription de son nom aux fichiers. Mais pas seulement. Des membres du groupe se rendaient en effet régulièrement sur les forums spécialisés et des sites dits "de liens" pour fournir les liens de téléchargement eDonkey ou BitTorrent, qui permettent aux internautes de télécharger facilement les nouveautés mises à leur disposition. C'est sans doute cela qui a permis aux autorités de les identifier.
Le parquet tient ainsi à rassurer le public consommateur de DivX, et à clarifier son action. "Ceux qui se sont limités à télécharger des films, sans poster de liens sur les forums qu'ils fréquentent, ont été exclus du champ de cette enquête", expliquent les magistrats. L'activité de téléchargement, en principe couverte par le droit à la copie privée, n'est bien sûr pas répréhensible. Mais la simple mise en partage des fichiers, essentielle au fonctionnement du P2P, n'a pas non plus retenu l'attention du chef d'instruction. C'est bien l'action manifeste d'aller scander la mise à disposition de fichiers piratés en place publique qui devrait faire l'objet de poursuites, et uniquement cela.
Le P2Piste lambda, confortablement installé dans son bureau, ne risque pas de voir la gendarmerie venir arme au poing sonner à sa porte. Et pour ce qui est de l'efficacité d'une action d'envergure telle que celle menée aujourd'hui, elle est sans doute toute relative. De très nombreux autres groupes existent aujourd'hui, qui ne manqueront pas de distribuer les films qui auraient été distribués par les 30 personnes arrêtées. Mais si la peur d'être arrêté se propage chez les membres des groupes, le piratage pourrait freiner. C'est ce que l'on constate fortement pour les jeux-vidéo, où les groupes se montrent beaucoup moins actifs qu'autrefois...
Quel est le problème ?
Le droit d'auteur détourné de sa finalité et des restrictions abusives aux libertés numériques.
Clôtures électroniques et barbelés juridiques
Les libertés sont en danger
1 . Les effets du projet de loi DADVSI (n°1206)
Le projet de loi DADVSI, que le gouvernement souhaite faire voter en procédure d'urgence avant la fin de l'année 2005, aura plusieurs effets :
- légitimer les dispositifs techniques de contrôle d'usage et de traçage (mesures techniques) installés par les éditeurs et les producteurs sur les supports numériques (CD, DVD, etc.), dans les logiciels, les matériels électroniques et les fichiers multimédias ;
- supprimer de facto le droit à la copie privée et restreindre de façon drastique l'utilisation dans un cadre familial ou de fair use ;
- imposer aux utilisateurs le coût des mesures techniques empêchant la copie privée, tout en conservant la redevance pour copie privée payée sur les supports numériques ;
- pénaliser la diffusion d'informations techniques permettant de comprendre le fonctionnement des mesures techniques ;
- pénaliser l'utilisation, le développement et la diffusion de logiciels libres.
Graver ses propres compilations à partir d'un CD, extraire son morceau favori pour l'écouter sur son ordinateur, transférer son contenu vers un baladeur MP3, prêter un CD à un ami, lire un DVD avec le logiciel de son choix, programmer, améliorer, utiliser ou diffuser un logiciel libre permettant la lecture d'une œuvre numérisée, autant de pratiques très répandues et parfaitement légales que le gouvernement propose donc de proscrire de fait.
2 . La prohibition de fait de pratiques culturelles légales est un danger pour les libertés publiques
L'équilibre du droit d'auteur français repose sur le fait que, une fois l'œuvre divulguée, l'auteur ne peut interdire au public certains actes, comme la lecture, la copie privée, la courte citation, le détournement parodique, etc, ce à des fins de protection de droits fondamentaux et de libertés individuelles.
Or, le projet de loi DADVSI propose de laisser “la loi du marché” se substituer à cet équilibre protecteur, actuellement inscrit dans la loi, et d'introduire à la place une “présomption d'utilisation déloyale” aux dépens du public, et un droit au contrôle technique de l'usage au bénéfice des éditeurs et producteurs.
Le projet de loi prévoit ainsi que les auteurs, éditeurs et producteurs pourront utiliser des mesures techniques pour interdire l'accès à une œuvre aux utilisateurs ne pouvant justifier a priori d'une licence d'utilisation, et plus largement pour contrôler l'usage qui en est fait.
Le projet de loi DADVSI transforme ainsi le droit de lire en un droit exclusif, car sans accès, pas de lecture.
Indirectement, il créé une obligation d'achat de logiciels et matériels de lecture récents équipés de dispositifs de contrôle et de traçage. Cela aggravera la fracture numérique.
Demain, seuls les utilisateurs ayant les moyens de se payer une licence d'utilisation ET le matériel/équipement imposé par une poignée de multinationales pourront accéder à une copie d'une œuvre numérisée.
De plus, si ce processus va à son terme, la liberté de stocker et d'utiliser de l'information pour son usage privé sera excessivement restreinte. Des usages culturels légitimes seront rendus impossibles, avec des effets équivalents en termes de liberté d'expression, de pensée, d'opinion, de droit à l'information, et des risques majeurs pour la protection de la vie privée et des données personnelles.
Demain, tout accès à de l'information protégée par un droit d'auteur, pourrait être tracée, à des fins avancées de contrôle d'usage et de facturation à l'acte, sans que l'utilisateur ne puisse s'y opposer.
3. Des dispositions pénales abusives aux services d'interêts privés
Le projet de loi DADVSI prévoit jusqu'à trois ans de prison et 300 000 € d'amende pour le simple fait de lire un DVD avec un logiciel non autorisé par l'éditeur du DVD. Un tel acte est assimilé dans le projet de loi à un délit de contrefaçon.
Cela revient à dire qu'un éditeur de livres peut imposer une marque de lunettes pour lire les livres qu'il diffuse, et que tout lecteur lisant ces livres avec des lunettes d'une autre marque est un “pirate”. C'est une légalisation larvée de la vente liée.
Le fait de convertir au format MP3 un fichier “protégé” téléchargé sur un site marchand est également assimilé à un délit de contrefaçon, tout comme le fait de fournir des outils ou des informations techniques permettant ou facilitant une telle conversion, comme par exemple un code source ou un article d'information.
Le projet de loi DADVSI interdit par là même, la conception, la distribution et l'utilisation de logiciels libres permettant d'accéder à une œuvre protégée. Si le projet de loi est adopté en l'état, il sera illégal d'utiliser un logiciel comme VLC (plusieurs millions de téléchargements) ou tout autre lecteur multimédia utilisant l'algorithme DeCSS. Cet algorithme sera – en tant que tel – prohibé.
Le fait de faire connaître, directement ou indirectement, un outil ou un algorithme prohibé par le projet de loi est sanctionné, indépendamment du fait que l'outil en question puisse avoir une utilisation principale autre que le contournement : la lecture d'un DVD ou le montage de courtsmétrages par exemple.
Rédiger ou publier une étude démontrant scientifiquement qu'un système de tatouage numérique utilisé par un industriel du disque est incontestablement inefficace fera peser la menace de poursuites pénales intimidantes (trois ans de prison et 300 000 € d'amende), tout comme publier une faille de sécurité concernant une mesure technique. Aux États-Unis, où le DMCA – une loi équivalente – est en vigueur depuis plusieurs années, plusieurs chercheurs en sécurité informatique se sont autocensurés par peur des poursuites, alors qu'ils ne faisaient que le travail pour lequel ils sont payés.
Ce point n'est absolument pas requis par la directive, notamment parce qu'un tel acte de censure menace directement la liberté d'expression des auteurs de logiciels libres, mais aussi des chercheurs en sécurité informatique, des universitaires et des journalistes. Il aggravera l'insécurité juridique déjà créée par la directive 2001/29CE sur de nombreux segments de marché porteurs et stratégiques.
interassociation archivistes bibliothécaires documentalistes a écrit:La société de l'information ne permettra une meilleure diffusion du savoir et de la culture que si un équilibre est respecté entre les droits légitimes des auteurs et des producteurs et ceux, non moins légitimes, des citoyens et des usagers.
Le Parlement doit examiner dans les semaines à venir un projet de loi relatif au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information qui doit transposer dans notre droit la directive européenne du 22 mars 2001.
Alors que cette directive n'a entraîné aucune harmonisation réelle des législations nationales sur ce sujet, la France s'apprête à se doter d'une des législations les plus déséquilibrées d'Europe. Elle ne doit pas être adoptée en l'état.
Pour permettre aux archives, bibliothèques et centres de documentation de poursuivre l'exercice de leurs missions au service du public :
signez la pétition
interassociation archivistes bibliothécaires documentalistes a écrit:Droit d’auteur dans la société de l’information : la France s’apprête à se doter d’une des législations les plus déséquilibrées d’Europe
Après sa participation à la conférence de presse organisée par la l’AMF (association des maires de France) et la FNCC (fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture) au cours de laquelle s’est exprimée une totale identité de vue, l’Interassociation Archives-Bibliothèques-Documentation communique :
Le projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information doit être examiné à partir du 20 décembre par l’Assemblée nationale. Soutenues par une pétition qui a déjà recueilli plus de 5 000 signatures, onze associations représentatives d’archivistes, bibliothécaires, documentalistes et professionnels de l’Internet territorial attirent l’attention sur un des aspects les moins débattus, et pourtant les plus importants de ce projet.
Dans l’univers du papier, bibliothèques, centres de documentation et services d’archives acquièrent, conservent, communiquent pièces d’archives, livres et périodiques qu’elles détiennent légalement. Cela va de soi.
Rien ne va plus de soi dans l’univers numérique où chaque usage peut être contrôlé, où chaque communication suppose une copie et chaque copie peut être empêchée par un dispositif de protection technique dont le contournement deviendrait, au terme de la loi, un délit.
Ne prenant en compte que les usages privés et mettant au centre de son dispositif la protection, au demeurant légitime, du droit d’auteur, ce projet passe totalement sous silence le cas des services d’archive, bibliothèques et autres organismes « qui ne recherchent aucun avantage économique direct ou indirect », ainsi que les définit la directive européenne dont le projet de loi entend être la transposition.
Cette directive autorisait pourtant des exceptions au droit d’auteur leur permettant d’assurer leurs missions publiques de conservation et communication, pour la sauvegarde du patrimoine intellectuel et la diffusion de la connaissance après de tous les types de publics. Faute de telles exceptions qui seules permettraient la poursuite dans l’univers numérique de ce qui va de soi dans l’univers du papier, les administrations et collectivités publiques et privées concernées, dont les collectivités territoriales et les universités, seront soumises aux conditions imposées par contrat par les fournisseurs d’œuvres et de données sans être en capacité de négocier ces contrats à armes égales.
L’avenir des bibliothèques est dans la combinaison entre ressources traditionnelles et ressources numériques (la « bibliothèque hybride »), de même que celui des services d’archives et des centres de documentation et espaces publics numériques. C’est ainsi qu’ils pourront poursuivre leurs missions d’intérêt général dans le contexte de la société de l’information. Voilà pourquoi il n’est pas raisonnable que la France se dote en la matière d’une des législations les plus déséquilibrées d’Europe.
LeMonde.fr a écrit:Distribution des œuvres en ligne : quel avenir pour les logiciels d'échanges de pair à pair ?
L'intégralité du débat avec Pierre Sirinelli et Joëlle Farchy, président et vice-présidente de la commission sur la distribution des contenus numériques en ligne du conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique , mercredi 14 décembre, à 17 h .
Paul-Emile : Ne pensez-vous pas que le P2P (peer to peer) soit un contrepoids social et distribué à quatre multinationales géantes (pour faire court) qui peuvent décider monopolistiquement de quel contenu doit être distribué, quand et à quel prix ? Au nom de quel droit d'auteur peut-on empêcher l'accès à des œuvres protégées mais qui ne sont plus distribuées parce que non rentables ?
Joëlle Farchy : Ce qui est très vrai, c'est que le marché du disque est un marché extrêmement oligopolistique. Cela étant, il l'a été depuis les origines, et ce n'est pas pour autant que la musique n'était pas vendue. Le peer to peer est effectivement le début d'une nouvelle forme de consommation, ça ne veut pas dire qu'il ne faut plus qu'il y ait de rémunération pour les auteurs et les producteurs. Ce qui est important, ce n'est pas seulement l'existence de ces quatre multinationales, c'est la manière dont l'argent est réparti et le fait que ces multinationales puissent faire vivre des créateurs, des artistes interprètes.
Pierre Sirinelli : En fait, le droit d'auteur n'est pas en soi un obstacle à l'utilisation des œuvres. Et les travaux de la commission ont eu pour objectif d'accroître l'offre d'œuvres et même de conduire à la possibilité d'accès à des œuvres qui étaient jusqu'alors oubliées. Ce que nous souhaitons développer, c'est un peer to peer légal.
JZ : Mme Farchy, qu'est-ce qui vous fait penser, en tant qu'économiste, que l'industrie du disque traverse une crise qui serait due aux téléchargements sur Internet ? Il semblerait que les résultats nets d'Universal Music aient été multipliés par trois l'année dernière...
Joëlle Farchy : Il ne faut pas être extrémiste, d'un côté comme de l'autre. Il est impossible de dire que toute la crise que l'industrie du disque a traversée depuis quelques années est uniquement liée au piratage. Il y a dans le domaine de la musique, depuis toujours, des cycles de vie des produits, et on peut imaginer que le CD qui a été lancé au début des années 1980 était en grande partie en fin de cycle de vie. Et donc, que de nouvelles offres étaient nécessaires. Ce qui est très particulier aujourd'hui, c'est que les nouvelles offres n'ont pas été lancées par les industriels, comme les autres cas dans l'histoire de cette industrie, mais par les internautes eux-mêmes.
Si on ne peut pas dire que toute la crise est liée au piratage, il serait aussi tout à fait absurde de penser que les nouvelles formes de consommation n'ont aucun impact sur les ventes de CD traditionnels. Là encore, ce qui est important, c'est de trouver des nouvelles offres qui correspondent à la fois aux attentes des consommateurs et à la vivacité et à la diversité de la création.
Sophie Dalbin : Comment envisagez-vous l'exploitation commerciale du P2P ?
Pierre Sirinelli : Il faut bien comprendre que l'essor du P2P légal ne peut se faire que s'il ne subit pas la concurrence déloyale du P2P illicite. Le but de l'opération est donc de favoriser cet essor légal en lui offrant un cadre sécurisé. Ce qui signifie mettre les internautes à l'abri des poursuites, laisser aux ayants droit la possibilité de décider des modes de communication, et sensibiliser tous les intermédiaires de la chaîne au respect des droits de propriété intellectuelle.
Joëlle Farchy : Les nouvelles offres qui seront proposées ne sont pas forcément des offres commerciales classiques. Et on peut parfaitement imaginer des modèles dans lesquels des offres gratuites seraient proposées aux internautes, tout en générant des ressources pour les auteurs, les producteurs et les artistes interprètes. Ce qui est très choquant, c'est lorsque des sites de P2P développement des business models dans lesquels ils gagnent eux-mêmes beaucoup d'argent sans rien reverser aux créateurs, alors même que toute leur activité fonctionne sur l'existence de contenus culturels.
Antoine : Que pensez-vous de la récente "Etude de faisabilité sur un système de compensation pour l'échange des œuvres sur Internet" dirigée par le professeur André Lucas ?
Pierre Sirinelli : Le rapport présenté par l'Alliance n'est pas une réponse aux travaux de la commission, puisqu'il s'agit d'un rapport de six mois antérieur aux conclusions de la commission du CSPLA (Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique). Ce rapport est un rapport produit par le laboratoire d'André Lucas et rédigé par deux jeunes chercheurs de ce laboratoire, mais non par le professeur Lucas lui-même. Sur le fond, pour en avoir beaucoup discuté avec lui – mais c'est à lui qu'il convient de poser la question –, il semblerait que le professeur Lucas ne voie pas d'obstacle juridique majeur à la mise en place du système de licence dite "globale".
En revanche, il trouve qu'en termes d'opportunité, ce serait une mauvaise solution. La commission, elle, a très longuement discuté sur la faisabilité juridique de pareille construction, et la majorité de la commission a conclu à la non-conformité de cette solution aux engagements internationaux de la France. C'est-à-dire la convention de Berne ou la directive communautaire. Sur le plan économique, la commission a trouvé que les propositions n'étaient pas réalistes.
Joëlle Farchy : Au départ, la proposition de l'Alliance s'appelait "licence légale". La licence légale est une forme de mise en œuvre des droits d'auteur qui remet en cause le principe fondamental de droit fondamental d'autoriser ou d'interdire l'exploitation d'une œuvre.
Pierre Sirinelli : Elle est donc envisagée de façon restrictive par les textes internationaux. Pour cette raison, l'Alliance a mis sur pied non pas un vrai système de licence légale, mais un système de gestion collective obligatoire qu'elle appelle "licence globale".
Joëlle Farchy : Sur le plan économique, cette solution est extrêmement séduisante a priori, c'est pour cela qu'elle soulève autant de passion. En fait, si on y regarde de plus près, c'est un modèle beaucoup plus complexe qu'il n'apparaît, et surtout c'est un modèle défensif, contrairement à ce qui est affiché. Le premier gros problème, c'est que personne ne sait aujourd'hui quel serait le montant de cette rémunération. Et ce qui est très clair, c'est que si on veut que ce soit supportable pour les internautes, il faudra se limiter à certains types de contenus.
Par exemple, uniquement la musique, ou uniquement les films anciens. Ce qui veut dire qu'il va falloir expliquer aux internautes qu'il sera légal de télécharger les films de plus de quatre ans, mais que par contre ils pourront toujours être poursuivis s'ils téléchargent des films récents.
On est donc loin de la simplicité affichée. D'autre part, la rémunération dans cette perspective des agents économiques n'aurait plus aucun lien avec leur capacité à faire des efforts d'adaptation. Elle serait uniquement liée au nombre d'abonnés au fournisseur d'accès Internet.
Pierre Sirinelli : Le système de licence globale est fondé sur l'idée de compensation. Ce que nous désirons, c'est mettre sur pied un système incitatif, c'est-à-dire qui conduise les industries culturelles vers le P2P.
RENFORCER LE DROIT D'AUTEUR AU RISQUE DE BRIDER L'INNOVATION ?
Le chat : N'y a-t-il pas une contradiction entre admettre que le CD est en fin de cycle de vie et défendre le renforcement du droit d'auteur au risque de brider l'innovation du P2P sans DRM (Digital Rights Management), en laissant aux majors le soin de décider quel mode de distribution leur apporte le plus de rente ?
Joëlle Farchy : Je ne vois aucune contradiction dans ces deux choses. Ce n'est pas parce que le vinyle était en fin de cycle de vie qu'il n'y a plus de production musicale. Et donc dire que vraisemblablement on consommera beaucoup moins de musique sur CD dans dix ans ne veut pas dire qu'on consommera beaucoup moins de musique. Par ailleurs, défendre le droit d'auteur, ça n'a jamais été défendre le 78-tours, le vinyle ou le CD, c'est défendre les formes de création. Ça n'a strictement rien à voir.
Céline : Est-ce qu'une ou des dispositions du projet de loi peuvent rendre obligatoires les DRM pour tous les logiciels, ce qui serait une menace directe pour tous les logiciels libres et les formats ouverts ?
Pierre Sirinelli : Non. La commission a plusieurs fois amendé ses propositions de textes. Et alors que les premiers projets pouvaient conduire à l'obligation d'intégrer des DRM, la rédaction finale ne comporte plus aucune obligation de ce type. La commission, par exemple, a été sensible aux arguments présentés par les tenants du logiciel libre.
Guillaume : Vous assénez à répétition que le peer to peer actuel est illicite. N'est-ce pas confondre le moyen et le contenu ?
Pierre Sirinelli : L'observation est parfaitement exacte. Le P2P est par lui-même une technique neutre. Ce sont les usages faits par les internautes qui peuvent éventuellement être illicites. Mais certains usages sont naturellement légaux. Les travaux de cette commission n'ont donc pas consisté à interdire le P2P. Nous avons au contraire recherché le moyen d'en favoriser l'essor, mais nous avons souhaité aussi sensibiliser, voire responsabiliser, les éditeurs de logiciels qui bâtissaient leur business model sur les échanges contrefaisants.
Fred : M. Sirinelli, la Fondation pour le logiciel libre demande un siège au CSPLA depuis trois ans, qui lui est refusé. Comment peut-on dire que les tenants du logiciel libre ont pu présenter et défendre leurs arguments ?
Pierre Sirinelli : Il faut distinguer l'institution du CSPLA et les commissions de travail du CSPLA. La répartition des sièges au CSPLA se fait par désignation du ministre. La composition des commissions appartient au président du CSPLA d'une part, et au président des commissions d'autre part. Pour ce qui nous concerne, nous avons souhaité entendre les représentants du libre, et certains d'entre eux ont même pu assister aux dernières réunions de travail.
Pour ce qui me concerne, j'avais procédé de la même façon dans la précédente commission ayant trait aux droits de la concurrence. Les thèses du libre sont des thèses nobles, et il me paraît légitime qu'il soit entendu. Mais la composition du CSPLA ne nous appartient pas à Joëlle Farchy et à moi. Il n'est pas impossible qu'en 2006 le CSPLA mette dans ses travaux l'étude des questions relatives au libre. Il me paraît évident que des représentants du libre participeront à ces travaux.
TNK : Ne voyez-vous pas dans les DRM un frein à la consommation plus qu'un frein au – déjà illégal – piratage ? En fait, au niveau strictement des droits d'auteur, je ne vois pas l'intérêt de cette loi, la mise a disposition d'œuvres protégés par le droit d'auteur sans l'autorisation des ayants droit étant déjà illégale. En tout cas, personnellement, je boycotte tout produit "Copy controlled" / DRM.
Pierre Sirinelli : La question des DRM ne relève pas du bon vouloir de la commission. C'est une question qui a été traitée par les conventions internationales et des directives communautaires. L'idée de ces textes internationaux est que la seule couche de protection juridique du droit d'auteur est insuffisante pour assurer la protection des œuvres.
Ces textes ont donc permis l'adoption d'une deuxième couche de protection qui est technique. Ces mêmes textes rendent obligatoire pour les Etats l'adoption d'une troisième couche de protection, qui est une nouvelle couche juridique protégeant les DRM, et en interdisant le contournement.
On a des œuvres en protection "millefeuille". Les Etats membres n'ont aucune marge d'initiative sur ce terrain. La commission ne s'est donc absolument pas préoccupée de ces questions, traitées dans le texte de transposition de la directive de 2001 présenté au Parlement la semaine prochaine. Bien sûr, il faut veiller à l'inter-opérabilité ou à la compatibilité entre les systèmes.
Rostro : Le manque d'inter-opérabilité des solutions légales n'est-il pas un obstacle au développement de ces offres ?
Joëlle Farchy : Si. Dans notre rapport, nous avons bien spécifié que l'inter-opérabilité ou la compatibilité étaient des objectifs fondamentaux si l'on voulait mettre en place des offres légales qui soient acceptées par les consommateurs.
Céline : Qu'est-ce qui permet d'assurer que le développement d'un peer to peer légal rencontrera l'adhésion des plus "gros" téléchargeurs que sont les adolescents ?
Joëlle Farchy : Rien ne permet de l'assurer. Comme toutes les offres nouvelles, c'est un pari. Sur ces questions, seules des offres innovantes permettront d'assurer l'équilibre entre toutes les parties prenantes.
Pierre Sirinelli : Dans le rapport, il y a toute une série de mesures pour inciter les gens à aller vers ces offres légales et faire en sorte que l'essor de ces offres légales ait pour conséquence d'accroître l'offre tout en faisant baisser le prix. Si des gens restent à l'écart de ces systèmes, alors on retombera sur la logique de la contrefaçon, c'est-à-dire celle des actions judiciaires de ces derniers mois. Ce que nous, nous ne souhaitons pas.
Gillesd : Comment interdire le P2P illicite alors que ces logiciels sont disponibles sur des serveurs étrangers qui ne sont pas soumis aux lois françaises ?
Pierre Sirinelli : L'interdiction des logiciels illégaux n'est pas la marque du génie juridique français. Aux Etats-Unis, en Australie, ces interdictions existent déjà. Des solutions de ce type vont se multiplier de telle sorte que peu à peu, cette question ne se posera plus. Les travaux du CSPLA ont également été suivis à l'étranger, et un intérêt pour les solutions développées par la commission a déjà été manifesté.
Chat modéré par Stéphane Mazzorato et Eric Nunes
EUCD dans son communiqué a écrit:EUCD.INFO va se promener à Matignon lundi 19 décembre
EUCD.INFO va se promener à Matignon, lundi 19 décembre 15h (56 rue de Varenne, 75007 Paris)
Depuis trois ans, EUCD.INFO se promène dans les ministères et achevera son parcours le 19 décembre 2005 à Matignon, la veille du débat à l'Assemblée nationale concernant le projet de loi sur le Droit d'Auteur et les Droits Voisins dans la Société de l'Information (DADVSI).
Le président de la République et le Premier ministre n'ayant pas accepté de recevoir la pétition demandant le retrait de l'ordre du jour parlementaire du projet de loi signée par 80.000 internautes et plus de 600 organisations, elle sera remise aux conseillers Culture et Stratégies industrielles du Premier ministre. Conclusion douce amère d'un parcours exemplaire dans les méandres de la machine gouvernementale.
Résumé des épisodes précédents :
Fin septembre, nous contactons le conseiller technique pour l'Industrie du président de la République, avec qui la FSF France avait eu un rendez-vous en 2002 sur la question des « brevets logiciels », pour lui demander un entretien concernant le projet de loi DADVSI. Nous lui communiquons par courriel un dossier complet.
Ce conseiller ne donne pas suite à notre demande de rendez-vous mais indique transmettre les éléments de notre dossier à Matignon et au ministère de l'Industrie pour examen attentif du point concernant le logiciel libre.
Le 18 octobre, nous sommes reçus par trois conseillers du cabinet du ministère délégué à l'Industrie. Il apparaît clairement qu'ils ont parfaitement compris les enjeux et les dangers de ce projet de loi. Toutefois, leur marge de manoeuvre ne semble pas leur permettre d'intervenir à la hauteur de ces enjeux. Nous redemandons donc un rendez-vous au conseiller technique de la présidence.
Celui-ci nous renvoie vers le conseiller Grandes entreprises, Stratégies industrielles et Espace du cabinet du Premier Ministre, qui nous reçoit finalement le 15 novembre.
Réunion relativement courte, le conseiller n'a pas suivi le dossier qui avait été traité par son prédécesseur dans le précédent gouvernement. Celui-ci n'a semble-t-il laissé aucun carton concernant le projet de loi. Même s'il ne connaît pas le dossier il comprend assez vite les enjeux autour de la sécurité économique nationale, de la compétitivité et des emplois. Il propose de nous revoir avec le conseiller Culture. Un rendez-vous est fixé au 25 novembre.
La veille du rendez-vous, celui-ci est annulé mais une nouvelle date va nous être proposée rapidement. Malgré plusieurs rappels au secrétariat pas de nouveau rendez-vous.
Finalement, après une relance auprès du conseiller technique de la présidence, lui demandant une remise en main propre de la pétition EUCD.INFO, un rendez-vous nous est proposé à Matignon le ... 20 décembre 2005. Au moment même du passage du projet de loi devant l'Assemblée nationale. Pour éviter cette situation ubuesque le rendez-vous est avancé au lundi 19 décembre 15h au 56 rue de Varenne, 75007 Paris.
Cette histoire, malheureusement banale, incarne l'incapacité du gouvernement à dialoguer avec les citoyens. Peut-on invoquer un calendrier chargé lorsque notre Président reçoit en chef d'État le dirigeant d'une multinationale condamnée pour abus de position dominante (fin 2004 (1)) ?. Il s'agit plutôt d'un choix dans les priorités.
(1) : Bill Gates, VIP-VRP, en visite d'État à Paris
Bonjour
En réponse à votre message nous tenions à éclaircir certains points.
La Sacem n’est pas opposée au principe des logiciels libres, qui représentent un puissant élément d’innovation et de dynamisme. Elle-même, d’ailleurs, a recours depuis longtemps à Linux (comme de très nombreuses grandes entreprises françaises) ainsi qu’à d’autres technologies « open source ». La Sacem est tout à fait consciente que, comme l’écrit Daniel Glazman, « le logiciel libre dépasse largement les logiciels de P2P ».
Les propos rapportés par des commentateurs plus ou moins bien intentionnés, et dans une optique partisane, sont à resituer dans le contexte d’une réflexion en cours et d’un débat plus général concernant le projet de loi DADVSI. Il serait abusif, sur la base d’échanges ponctuels détournés de leur contexte, de tirer la conclusion que la Sacem développerait une politique hostile au logiciel libre.
Ce dont il est question ici est le respect des droits des autres créateurs et leur possibilité de vivre de leur création, remis en cause par la mise à disposition et l’usage de logiciels de peer to peer à des fins d’échanges illicites. Plusieurs des nombreux courriels que la Sacem a reçus -souvent très véhéments- soulignent d’ailleurs le bien-fondé de la lutte contre les échanges illégaux de fichiers musicaux et leurs conséquences pour les créateurs. De ce point de vue, le CSPLA (Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique) a adopté un avis permettant, dans des conditions strictement encadrées, de saisir la justice à l’égard d’éditeurs de logiciels « peer to peer » qui favorisent ou tolèrent en connaissance de cause l’utilisation de leurs logiciels pour des échanges illégaux d’œuvres protégées.
Cette initiative s’inscrit dans le mouvement initié par la Cour Suprême américaine et les tribunaux de divers autres pays démocratiques. Elle permet en outre de ne pas diriger exclusivement la lutte contre le peer to peer illicite contre les internautes, mais d’impliquer les entreprises qui, en en tirant profit, portent ici une lourde part de responsabilité.
L’obligation de respect des mesures techniques de protection des œuvres relève d’une Directive de l’Union européenne adoptée en 2001. Le projet de loi soumis au Parlement ne fait en réalité que transcrire le droit européen et préserve pleinement le principe de l’exception pour copie privée.
La Sacem s’est toujours montrée favorable au principe de l’exception pour copie privée et n’a jamais, dans aucun contrat, défini de limite ni fixé de contraintes envers les exploitants Internet (sites de musique en ligne, Webradios…) dans ce domaine. Elle estime par contre essentiel que, conformément à la directive de 2001, les créateurs reçoivent une rémunération en contrepartie de la faculté ainsi reconnue aux particuliers de copier leurs œuvres.
Mais être favorable à l’exception de copie privée n’implique pas que l’on accepte que soient utilisés des logiciels du type de « Station Ripper » qui, par les possibilités offertes à leurs utilisateurs, sont de nature à entraîner pour les créateurs et ayants droit des conséquences aussi graves que les échanges illicites réalisés au moyen de logiciels de peer
to peer.
On relève enfin, dans les messages reçus à la Sacem, des affirmations et qualificatifs assez surprenants, qui s’appliquent bien mal à notre société et à son activité et tendent à l’assimiler à des intérêts marchands. Société civile à but non lucratif, la Sacem n’a aucune activité commerciale et reverse l’intégralité de ses perceptions aux ayants droit, déduction faite de ses frais de gestion, lesquels sont déterminés par son conseil d’administration, composé uniquement d’auteurs, de compositeurs et d’éditeurs de musique. Elle n’est pas favorable, et de longue date, à la concentration excessive de l’économie et de la diffusion de la musique, et se bat pour promouvoir une authentique diversité musicale.
Cordialement
Sophie DUHAMEL
Directeur de la Communication de la Sacem
Philippe Aigrain a écrit:Un amendement révélateur
Ce que le dépôt au parlement de l'amendement Vivendi-Universal/CSPLA nous apprend sur l'UDF, l'UMP, le fonctionnement actuel de l'Etat et la cécité d'un certain nombre d'acteurs industriels
L'amendement au projet de loi DADVSI (écrit à l'origine par Vivendi-Universal, puis repris et peaufiné par le Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique (CSPLA)) vient d'être déposé (amendements 150 et 151) à l'Assemblée Nationale par MM. Dionis du Séjour et Baguet pour l'UDF et par M. Mariani pour l'UMP. Cet amendement assimile au délit de contrefaçon l'écriture ou la diffusion de tout logiciel d'échange d'information qui n'incorporerait pas des mesures techniques ou autres DRMs destinées à empêcher qu'il soit utilisé pour partager sans autorisation des oeuvres partagées. Si les dispositions de la directive européenne IPRED-2 (en cours de refonte) sont adoptées, il rendra ces mêmes activités passibles de sanctions criminelles. En prime il rend les fournisseurs de moyens de toute sorte responsables de partages non autorisés d'oeuvres protégées dont on prétendrait qu'ils sont "manifestement" massifs, et de la même façon ceux qui provoqueraient par quelque moyen que ce soit à de tels usages.
Même si l'on suppose, ce qui n'est jamais prudent, que ces dispositions ne donneront lieu qu'à des procédures de bonne foi, elles ont en leur principe même, dans leur simple existence, un effet démesuré. En effet, elles imposent à tous ceux qui veulent développer des échanges libres volontaires de mettre en place des dispositifs de contrôle et de restriction qui ne sont en rien nécessaires à leur propre but. Par là on les force à renoncer à ce qui constitue la valeur même de l'ère de l'information : la réduction fantastique des coûts de mise en place d'outils de création, collaboration et échange, et la baisse immense des coûts de transaction dans les pratiques liées. Pour les besoins de la survie et de l'expansion d'un modèle commercial particulier de 3 majors musicales et d'un petit nombre de majors cinématographiques on entend priver chacun de la possibilité de créer, penser, fabriquer des outils et collaborer avec les autres en utilisant les médiations informationnelles. Je l'ai déjà dit, si mercredi prochain cet amendement est voté, des centaines de milliers de personnes (pour la seule France) basculeront dans la désobéissance civile que constituera alors l'écriture, la diffusion et l'usage des logiciels libres, y compris ceux qui font fonctionner les protocoles de base d'internet. Elles le feront avec une tristesse d'autant plus forte que des propositions étaient sur la table qui assuraient la poursuite parallèle du potentiel des modèles de distribution basées sur les droits réservés et de ceux qui jouent totalement ou partiellement la carte de la collaboration sur la base des biens communs.
Comment a-t-on pu en arriver là ? Lorsque j'ai vu les première moutures de cet amendement, l'optimiste que je suis pensais avoir affaire à un texte si évidemment absurde dans ses effets, qu'il ne pouvait être qu'une sorte de provocation destinée à détourner l'attention d'autres dispositions proposées qui étaient plus difficiles à juger dans leurs effets. D'où venait ma naïveté ? D'une sous-estimation sans doute de 4 facteurs :
- Le poids de Vivendi-Universal à l'intérieur de l'UDF, notamment à travers l'influence de la députée européenne Janelly Fourtou. Quel autre mécanisme peut-il en effet expliquer qu'un député comme M. Dionis du Séjour, dont tous les amendements dans le processus législatif sur la loi DADVSI étaient animés du sens des intérêts des usagers et des créateurs et de l'équilibre entre formes de distribution des contenus culturels, accepte d'accoler son nom à un pareil amendement ? Tout le monde peut avoir à un instant été victime d'une manipulation. Il n'est pas trop tard pour retrouver ses esprits. S'il vous plait M. Dionis du Séjour, s'il n'est pas possible pour vous de retirer cet amendement, appelez au moins à voter contre.
- Le dépôt du même amendement par l'UMP s'explique sans doute par d'autres facteurs, instructions gouvernementales bien sûr (voir plus bas), mais aussi le poids qu'y ont pris l'idéologie du service des hyper-riches et des clientèles et le fondamentalisme de la propriété. NB : la propriété lorsqu'il s'agit d'un droit des personnes s'appliquant à l'univers matériel est un droit fondamental, seule son extension à l'information et ce qu'elle représente et le traitement indifférencié des entreprises quelle que soit leur taille et des personnes méritent l'appellation de fondamentalisme de la propriété. Il reste de nombreux députés qui à l'UMP ont une autre vision du service de l'intérêt public. A eux aussi de le prouver en votant contre cet amendement.
- Le gouvernement a argué de la nécessité de bâtir la loi DADVSI sur un consensus de la communauté des auteurs et de leurs droits pour retarder l'examen de la loi jusqu'à la construction de ce consensus au CSPLA. Or loin de ce consensus, il a obtenu une fronde sans précédent d'une minorité des membres (représentant des enjeux et des intérêts qui ne sont pas minoritaires) et une indignation sans précédent devant la découverte de ce qu'un conseil chargé de conseiller le gouverment en matière d'intérêt public pouvait se comporter comme simple service juridique au service d'un lobby étroit. Allait-il en conclure qu'il fallait rester prudent et s'en tenir à des dispositions mesurées ? Pas du tout, le gouvernement n'a reculé devant aucune effort pour obtenir le vote d'un texte maximaliste au CSPLA et la reprise de ses orientations par les députés UMP (convoqués pour l'occasion par le Ministre de la Culture). Il traite avec un mépris absolu la bientôt centaine de milliers de signataires de la pétition eucd.info qui constituent un échantillon réjouissant des acteurs culturels, sociaux, techniques, de la jeunesse, de l'enseignement et des médias, de tous milieux sociaux et lieux géographiques. Je ne me réjouis pas du mépris qui rejaillera en retour sur lui.
- Enfin, comment se peut-il que des industriels qui investissent des sommes et des efforts considérables dans le développement de techniques d'échanges qui n'ont aucune chance de se développer si l'amendement était voté soient aussi passifs ? A cela il y a sans doute deux explications : l'une est l'absence totale chez certains de vision stratégique sur les contextes nécessaires au développement de ces nouvelles applications et nouveaux marchés. L'autre est l'imagination qu'ont les plus gros d'entre eux que leur taille même les protégera des pires effets de l'amendement VU. Là aussi il n'est pas trop tard pour se réveiller. Certains de leurs concurrents américains ou européens ont su bâtir une synergie avec les usages sociétaux de l'informatique, et ont compris dans ce processus qu'il fallait pour celà respecter leurs besoins et leurs engagements, les servir en d'autres termes.
Le conseiller municipal Emmanuel Dumont a écrit:DADVSI:Jean-Louis Fousseret interpelle le ministre de la culture le 17-12-2005 à 03:55
Suite à la décision du gouvernement de passer en catimini les 22 et 23 décembre de nuit le projet de loi DADVSI (relatif aux droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information), le Maire de Besançon, interpelle le ministre et lui demande de permettre au parlement de mener un vrai débat.
Dangereux pour les libertés publiques, le texte de loi l'est aussi pour les logiciels libres, il renforce au passage la fracture numérique contre laquelle nous luttons, voici le courrier du maire:
Monsieur Renaud DONNEDIEU de VABRES Ministre de la Culture et de la Communication
3 RUE DE VALOIS
75100 PARIS
Besançon, le 16 décembre 2005
Monsieur le Ministre,
Alerté par mes concitoyens, je vous écris ce jour car le gouvernement auquel vous appartenez a décidé fin septembre 2005 de faire voter en procédure d’urgence le projet de loi DADVSI (1206).
Tout d’abord je tiens à préciser que la nécessité d’encadrer et de protéger les droits d’auteur, au vu de l’essor des échanges numériques en ligne, est bien sur fondée et que les auteurs et créateurs doivent pouvoir effectivement protéger leur fruit de leur travail.
Par contre, il me semble préjudiciable pour ce faire d’en passer par une procédure d’urgence au prétexte même de satisfaire un calendrier européen de transposition du droit communautaire. Je suis en effet alerté sur certaines conséquences que pourrait avoir l’adoption rapide de ce texte de loi qui semble s’étendre au delà de la protection des droits d’auteur.
Je vous demande eu égard aux enjeux soulevés par une telle réforme, notamment au regard des talents nationaux face au monopole des grands groupes internationaux, de donner au Parlement les moyens d’un vrai débat démocratique en ôtant le caractère d’urgence lié à ce projet de loi
En ce qui concerne les logiciels libres, je vous remercie par avance de bien vouloir me faire part de vos projets en la matière, notamment sur l’opportunité de les exclure expressément du champ d’application du projet de loi susmentionné. Je crains à ce sujet que votre projet de loi ne casse toute une génération nouvelle de créateurs informatiques tant dans leur créativité que dans l’opportunité de création d’emplois et d’entreprises dynamiques, modernes et innovantes.
En ce qui concerne la copie privée, l’équilibre du droit d’auteur français repose sur le fait que : une fois l’oeuvre divulguée, l’auteur ne peut interdire au public certains actes comme la lecture, la copie privée, la courte citation, le détournement périodique, etc, ceci à des fins de protection des droits fondamentaux et des libertés individuelles.
Par contre il semble que votre projet propose de laisser la « loi du marché » se substituer à cet équilibre protecteur, et d’introduire à la place une « présomption d’utilisation déloyale » aux dépens du public. Le projet prévoit ainsi que les auteurs, éditeurs, producteurs pourront utiliser des mesures techniques pour interdire l’accès à une oeuvre aux utilisateurs ne pouvant justifier a priori d’une licence d’utilisation et plus largement pour contrôler l’usage qui en est fait.
Ainsi, votre projet de loi DADVSI (1206) transforme le droit de lire en un droit exclusif, car sans accès, pas de lecture.
Indirectement, il crée une obligation d’achat de matériels et de logiciels de lecture récents équipés de dispositifs de contrôles et de traçages. Ceci n’aura pour conséquences que d’aggravera la fracture numérique que nous nous efforçons de gommer dans nos actions d’élus locaux en dotant les ordinateurs de logiciels libres ou gratuits. C’est une démarche que je porte depuis 1999 avec la municipalité de Besançon ville pionnière en la matière.
Demain, il est impensable que seuls les utilisateurs ayant les moyens de se payer une licence d’utilisation et le matériel ou équipement imposé par une poignée de multinationales puissent accéder à une oeuvre numérisée. De plus, si ce processus va à son terme, la liberté de stocker ou d’utiliser de l’information pour son usage privé sera excessivement restreinte. Des usages culturels légitimes seront rendus impossibles, avec des effets néfastes en terme de liberté d’expression, de pensée d’opinion, de droit à l’information et des risques non négligeables pour la protection de la vie privée et des données personnelles.
Vous comprendrez Monsieur le Ministre qu’en cette période de fêtes durant laquelle de nombreux citoyens s’apprêtent à s’offrir des lecteurs MP3, que vous ne pouvez pas en catimini leur laisser faire un achat qui les transformerait éventuellement quelques jours après en délinquants. En effet, au regard de ce projet de loi, ils contreviendront lorsqu’ils auront copiés à l’intérieur de leur baladeur des chansons de CD audio qu’ils ont légalement payés à un éditeur qui aura décidé de n’autoriser la lecture des oeuvres proposées uniquement par le biais d’un outil de lecture imposé.
Pour conclure, je tiens à nouveau à souligner l’enjeu majeur pour la France et l’Europe en terme stratégique de l’accompagnement du logiciel libre par les pouvoirs publics.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma respectueuse considération.
Le Maire,
Jean-Louis FOUSSERET
Président de la Communauté d'Agglomération
du Grand Besançon.
Le droit d'auteur à l'épreuve du numérique devant les députés français
La protection des oeuvres sous leurs formes numériques est au coeur du projet de loi "relatif au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information", texte contesté qui est examiné mardi et mercredi par les députés, et qui vise à favoriser l'essor de nouveaux modèles économiques dans l'univers numérique.
Pour l'examen de ce texte destiné à mettre le droit français en harmonie avec la législation internationale et européenne, le gouvernement a déclaré l'urgence (une seule lecture par assemblée) au motif que la France a déjà été rappelée à l'ordre par la Cour européenne de Justice pour ne pas avoir transposé une directive de 2001 sur le droit d'auteur.
Déposé en novembre 2003, le projet de loi a été adopté par la commission des Lois de l'Assemblée nationale en juin dernier.
Le texte transpose le principe du "test en trois étapes", qui fixe les limites des exceptions au droit d'auteur selon lequel toute diffusion ou reproduction d'une oeuvre requiert le consentement de son auteur.
Les exceptions doivent constituer un "cas spécial", "ne pas porter atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre, ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes des titulaires de droits".
Trois nouvelles exceptions sont créées: pour les copies temporaires purement techniques (liées au fonctionnement même d'internet), pour les adaptations d'oeuvres à l'usage des handicapés, et en matière de dépôt légal (constitution d'une "mémoire du web").
Mais le coeur du projet, objet des plus vives critiques, concerne des dispositions qui légitiment le contrôle de l'usage des oeuvres numériques par des mesures techniques de protection (MTP, en anglais DRM - digital rights management). Il s'agit des systèmes de cryptage qui empêchent ou limitent, par exemple, la copie de fichiers musicaux ou vidéo, ou la duplication des CD.
Le texte prévoit en outre que "le fait de contourner ces mesures techniques ou de mettre à disposition des moyens permettant ce contournement" est un délit de contrefaçon.
Il stipule toutefois que des mesures doivent être prises "dans un délai raisonnable" pour que ces MTP n'empêchent pas le bénéfice des exceptions, pour copie privée notamment (les services interactifs à la demande n'y sont en revanche pas tenus) et crée un "collège de médiateurs" pour arbitrer les litiges.
Le ministère de la Culture et de la communication a fait savoir qu'il soutiendrait également un amendement établissant la responsabilité des éditeurs de logiciels pair-à-pair (peer-to-peer ou P2P, échange d'ordinateur à ordinateur) pour les inciter à développer une offre légale de contenus.
Il entend également défendre à nouveau, par la même voie, le concept de "réponse graduée", présenté comme une "alternative aux procédures pénales" (mais retoqué par la CNIL en octobre), qui prévoit trois stades de rétorsion contre les internautes "pirates": avertissement par courriel, lettre recommandée, amende.
Présentées comme "équilibrées", ces dispositions sont vivement critiquées par des associations de consommateurs (UFC-Que Choisir, Audionautes...), des sociétés de gestion des droits des artistes (ADAMI, SPEDIDAM...) et des syndicats, réunis au sein de l'Alliance Public-Artistes.
Ils mettent en garde contre un contrôle de la circulation des oeuvres par les industriels (la lecture des fichiers cryptés nécessitant l'usage de logiciels agréés) et plaide pour l'instauration d'une "licence globale" applicable aux réseaux P2P, qui permettrait l'échange de contenus culturels à des fins non commerciales contre paiement d'une redevance par leurs seuls utilisateurs.
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