de von Rauffenstein le 08 Juin 2005, 12:20
Je crois que beaucoup de gens déconnent sur ces histoires de 35 heures. Et il ne s'agit certainement pas d'un éloge de la paresse.
La France est l'un des pays les plus productifs au monde par travailleur. Si ce n'est le plus productif.
La grande perversité de ce nouveau système, c'est qu'il a introduit le retour de la taylorisation du poste de travail. Moi, je dis même hyper taylorisation. La dépossession du travailleur de son expertise. Donc de son contre pouvoir. J'ai eu l'occasion de travailler sur des sites industriels et de services, en tant que consultant extrieur, lors de ce passage au 35 heures. En l'espace de quelques mois l'encadrement, sous prétexte de "qualité", a totalement normé le travail de sa main d'oeuvre et l'a dépossédé de son savoir faire. Bref, on a réduit voire supprimé la zone d'autonomie de l'employé. Il n'y a plus que des procédures répétitives à appliquer. Au delà, on a enlevé au travail sa dimension de réalisation personnelle, à travers l'expertise qui pouvait y être acquise. Plutôt que de trouver, comme ça se fait aux USA par exemple où l'ouvrier jouit d'une vraie considération de la part de son encadrement depuis les années 30, une collaboration entre les différentes strates composant l'entreprise, on a opposé le savoir théorique de l'ingénieur à celui de l'employé, pragmatique. Pour finalement aboutir à la dépossession d'un pouvoir de l'un au profit de l'autre. Et accessoirement abolir tout équilibre et coopération basés sur la confiance entre les partenaires de l'entreprise
La fameuse fracture entre "élites" et "masse" est loin de seulement concerner le seul champs du politique. Le mal est beaucoup plus profond et concerne toute la société et notament celle au travail.
La France est un pays qui a marqué beaucoup de mépris pour son prolétariat et sa main d'oeuvre manuelle en général depuis sa révolution industrielle, à quelques rares exceptions locales près (des patrons comme Dassault ou Citroen par exemple). Et on le retrouve dès l'école, et depuis tout aussi longtemps, par la déconsidération du travail manuel ou pratique par les enseignants du cadre d'éducation général. Et on le retrouve surtout poussé à son paroxysme dans l'administration ou les entreprises d'Etat. C'est quand même 27% de la population active en France, et ça fait donc des dégâts sur le moral de la population en général...
Il y a des idéalistes qui prônent le retour à la terre (et ça ne date pas d'hier ou même de 68) comme solution à nos maux divers et variés. Moi, je suis un idéaliste de la confiance et de la coopération entre noveaux niveaux de hiérarchie.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?