silverwitch a écrit:Shunt a écrit:L'Etat peut agir. Mais l'interaction des économies peut nuire à l'efficacité de l'action politique. L'Etat peut décider de relever le SMIC, mais cela risque d'accentuer le risque de délocalisation. L'Etat peut décider de taxer davantage les entreprises, mais cela peut se traduire par une fuite des capitaux et de nouvelles délocalisations. La gauche a expérimenté, entre 1981 et 1983, la nuisance que pouvait représenter la fuite des capitaux.
Parce qu'ici on raisonne toujours dans une optique capitaliste.
Parce que c'est l'existant et qu'il faut bien partir de l'existant...
Shunt a écrit:La holding n'a aucune importance (c'est une simple feuille de papier). De même le départ de Toyota (inéluctable à moyen terme) n'est pas un problème. Comment s'est forgée la puissance américaine ? Sur le protectionnisme.Si on prend le cas d'Airbus par exemple, on voit que le protectionnisme et la suvention publique font en fin de compte gagner de l'argent et assurent la prospérité des salariés.
La subvention publique, oui. Mais peut-on faire fonctionner l'économie que sur la base de subventions publiques ? Par ailleurs, Airbus signe des contrats juteux avec la Chine, mais en échange d'une libéralisation des exports de textile...
Imaginons maintenant que la France ferme son marché automobile (via le système classique des taxes à l'importation et de la suvention des entreprises françaises). L'entreprise nationale récupère les profits qui seraient allés à la concurrence étrangère et ce marché crée des bénéfices externes pour les autres entreprises du secteur automobile français. Cela suppose bien évidemment une seule entreprise nationale (pour éviter les effets pervers de la concurrence qui profitent à l'étranger et non pas au marché national).
Fermer le secteur automobile, c'est accepter des mesures de rétorsion d'autres pays en retour, sur d'autres secteurs. Tu as des secteurs - comme la viticulture - qui vivent énormément des exportations, qui peuvent boire le bouillon si les marchés étrangers leur sont fermés. Par ailleurs, est-ce que l'industrie automobile française est viable en se limitant au seul marché français ? Car si tu fermes ton marché automobile à la concurrence étrangère, il va de soi que les autres pays te fermeront les portes de leur marché en retour. La production diminuera par conséquent, il faudra nécessairement des ajustements structurels, ce qui signifie des fermetures d'usine et des licenciements.
Pas du tout. Rien n'oblige à la rentabilité (puisqu'une rentabilité est simplement affaire de chiffres, alors que l'économie pour l'état n'est pas là).
Si une entreprise n'est pas rentable, qui la finance ? L'Etat. Comment l'Etat se finance ? Par l'impôt. Qui paie l'impôt ? Les contribuables (entreprises + particuliers). Tu peux accepter qu'une entreprise ne soit pas rentable si elle rend un service à la nation. Une entreprise qui construit des bagnoles et qui n'est pas rentable, c'est un boulet, un puit sans fond...
De même rien n'oblige à indemniser au prix du marché (qui est par définition irrationnel).
Mais tu indemnises quand même.
Shunt a écrit:Je suis bien d'accord sur le constat, pas sur les moyens d'action. Je crois au contraire que le centre est la nation source d'éducation, de solidarité et de justice.
Je ne suis pas d'accord. La nation est un cadre trop restrictif pour être porteur de générosité, d'empathie et de compassion pour le destin des autres pays. Le nationalisme, c'est l'égoisme, le repli sur soi. Ce n'est pas le nationalisme qui aidera à prendre conscience des difficultés des autres et de notre intérêt à les aider.
Seules des nations solidaires et justes peuvent agir ensemble.
Vaste programme... c'est quoi au fait une nation juste ? Comment tu fais naître une conscience solidaire en flattant le génie national par essence exclusif ?
Ce qui ne veut rien dire. Tu affirmes sans preuve que ma vision de la nation est d'essence divine.
Oui. Quand je t'ai dit que la nation française par exemple était une construction historique (parfois violente et peu regardante quant au droit des peuples à disposer d'eux-même), tu n'étais pas d'accord, me répondant qu'elle était préexistante à cette construction... on en revient donc à une sorte d'ordre naturel, qui peut, effectivement être d'ordre divin. Seul Dieu a priori a la possibilité de définir le préexistant.
Je ne défends pas la nation parce qu'elle est nation, mais parce qu'elle est le meilleur moyen de garantir la démocratie, la justice, la solidarité et de s'opposer au libéralisme.
Je ne suis pas d'accord. Le nationalisme se contrefout de la solidarité extérieure. Or, c'est de cette solidarité qu'on a besoin pour s'opposer mondialement au libéralisme.
Il faudrait quand même que tu m'accordes un peu de crédit sur ma réflexion nationale.
Je comprends la genèse et le cheminement de ta réflexion, mais je continue de penser qu'elle mène à une impasse. Que le nationalisme est incapable de trouver des réponses aux défis MONDIAUX qui nous attendent. Le nationalisme n'est qu'une forme de communautarisme élargi, qui pousse à s'intéresser à son propre sort et à celui des siens, de ceux de son "clan", de sa "tribu", plutôt que de se préocuper du sort des autres.