von Rauffenstein a écrit:Dans les faits, c'est ce qui s'est passé. Quand la génération 68 a atteint le pouvoir, c'est là qu'on a vu les disparités augmenter au lieu de se réduire. Un chiffre. Un seul. Différence salire moyen employé/dirigeant aux USA : 300x. France 400x.
Et c'est la génération 68, ça? Ou bien est-ce un mouvement plus profond? (que tu veux rendre constitutionnel).
Moi j'aurais été un "possédant", un vrai, un puissant, j'aurais été ravi de 68. Trés bon tout ce carcan à la papa qui saute, ça ne peut qu'arranger mes affaires, les affaires. P'te même que j'aurais aidé à le distiller et à le répandre. Mais je suis retord, surtout, ne me donnez pas de pouvoir.
Il doit en tout cas s'y essayer.
Et il a réussi ?
Pour réussir, il faut d'abord essayer. Si rien ne pousse à essayer...Dans le même ordre d'idées, pourquoi inscrire dans la constitution des critères de convergence, par exemple, alors qu'on ne les tient pas à la perfection? Enlevons les. Non? Plus généralement, si une constitution avec ce qu'il y a écrit dedans ne sert à rien, pourquoi s'en doter d'une?
Je pense que tu tronques la discussion d'un problème pourtant majeur : les deniers publics. On ne peut pas financer outre mesure ce qui est négligeable en terme d'impact et de services rendus à la population. Des voies de chemins de fer fermées, ça existe depuis le début du chemin de fer. Y compris aux plus grandes heures du service public fonctionarisé triomphant.
Je ne crois pas tronquer le problème. C'est bien pour ça que je parlais des populations concernées qui s'opposent à la fermeture des services publics au plan local. Car il est là le fond du problème. Le souhait des populations, finalement.
Pour tronquer le problème, il y a bien des manières. Il suffit par exemple de parler comme tu le fais de rentabilité sans prendre de recul sur le contexte. Et le contexte est toujours le même : doit-on être efficace pour suivre le mouvement général de rentabilité pour et au nom de la rentabilité, mouvement qui s'auto-alimente, ou bien doit-on être efficace dans le cadre d'une politique avec des objectifs et les moyens qu'on se donne pour les tenir?
Moi je conçois bien qu'il ne va et ne doit pas y avoir de TGV toutes les heures sur une ligne qui ne dessert qu'un village. Mais il ne faut pas s'arreter à ce niveau d'analyse. Fermer une ligne, c'est enclaver encore un peu plus une région. Et favoriser ainsi la fermeture future d'autres lignes. Comment la vision comptable peut-elle en rendre compte? Comment la vision comptable et financière peut-elle donner une vision globale, cohérente, systémique et de long-terme?
Et le fond du fond, il est là. C'est qu'il y a le choix entre se contenter de suivre les dictats du purement économique et d'y faire les ajustements immédiats (qui sont à chaque fois des renoncements qui amplifient les causes), ou bien vouloir remettre du sens.
Je sais bien que ça ressemble encore à du Yaqua, mais si on ne s'arrete pas 2 minutes au moment de ratifier une constitution, quand y songera-t-on?
Un petit mot sur "le temps du service public fonctionnarisé triomphant ": le service public s'est toujours heurté à la conception économique...Ce sont les rapports de force qui ont changé. Il faut dire qu'en ce moment, on ne sort pas d'une crise de 29 ou d'une guerre mondiale...Alors bon, c'est loin tout ça.
Le service public rendu au public n'est pas forcément public. Il peut être aussi privé. Il y a des tas d'Etats qui fonctionnent très bien sans que ce soit un monopole d'Etat.
Lesquels, dans quels types de services? Moi sur les délégations de service public, je ne sais que trop penser. En théorie, il y a un service à rendre. Si le privé y trouve son compte à le rendre, c'est qu'il fait des bénéfices. D'où viennent-ils? De la clientèle, et/ou des subventions. Qui paye donc cette part de bénéfice qui retombe dans les mains du privé, pour un même service théorique rendu?
On voit bien que derrière ça, il y a que l'on considère que le fonctionnaire ne peut pas travailler efficacement. Pourquoi? A t-il des gênes détériorées? Non, j'en doute (je l'espère en tout cas). C'est donc qu'il est plus protégé socialement que l'employé du privé. Et au lieu de m'offusquer de tous ces privilèges, moi je m'attriste du sort des employés du privé. Qui ne risquent pas de s'arranger hein, car ce sont actuellement de sacrés priviligiés par rapports à d'autres en Europe. Mais tout ça va se réguler trés vite.
Il y a aussi le mamouth qui s'engraisse. Moi, j'ai rien contre les opérationnels. Juste un exemple : centre de tri de la poste du XVIe arrondissement : 1500 employés. Dont 1.000 administratifs. Ca coute à qui enb fin de compte ?
Le gonflage de l'administratif, je ne vois pas pourquoi il serait inhérent à la fonction publique. C'est un phénomène plus lié à la grosseur de la structure, et c'est un aspect qui peut être traité (difficilement, certes) sans changer le statut de la structure.
Et pourtant, on continue de recruter ! 28% de la population active en France est fonctionnaire. enciore une fois, j'ai rien contre la DGA, la DDE ou la DRIRE. Il y a juste que la gestion concerne plus à chercher des administratifs pour réduire le nombre de chômeurs de façon trompeuse de façon récurente dans ce pays sans aucun gain à moyen terme.
Je n'ai pas les chiffres sous la main pour l'ensemble de la fonction publique. Chez moi, les recrutements ne compensent pas les départs, et les effectifs après avoir stagné quelques temps avec le passage aux 35h, diminuent continuellement.
ce ne sera pas l'apocalypse. Même si j'ai pu le penser au départ. mais cela aura aussi un impact négatif sur nos partenaires. la Norvège a quité l'Union dans les années 70. Aujourd'hui, si elle veut y rentrer à nouveau, elle se devra d'accepter ce qui s'est passé sans elle et sans qu'elle ait influencé quoi que ce soit...
Quel impact négatif pour les autres? Dans quel sens?
Je vote non pour éviter les impacts négatifs (et irréversibles à l'échelle d'une vie, au moins) de la constitution aussi bien pour les français (plus que pour la France), que pour les autres peuples. Ce n'est pas parce qu'il y a quelques colleurs d'étiquettes ici que je vais dire le contraire juste pour leur faire plaisir.
Si c'est un impact négatif pour les députés français qui risquent d'être la huée des autres députés dans les couloirs de l'assemblée de Strasbourg, je m'en fous.
Quant à ton exemple de la Norvège, je ne vois pas là encore ce qu'il illustre dans ton propos sur les autres. Je ne vois pas en quoi l'influence nulle de la Norvège a été spécifiquement négative pour les autres pays.
C'est un mensonge. Le Luxembourg, c'est deux voix, la France 8. Avec le traité de Nice, si habilement négocié par Chricrac, c'est effectivement deux voix pour tout le monde... Jusqu'en 2009. 4 ans quoi.
Qu'est-ce qui est un mensonge? Qu'une voix d'un européen ne sera pas la même partout selon qu'il soit français, tchèque, polonais allemand? Non, ce n'est pas un mensonge. Quand tu dis qu'il est normal qu'un pays de 10 millions d'habitants compte autant qu'un pays de 60, c'est ce que je comprends en tout cas. Si je me trompe, merci de m'éclairer, et de repréciser pourquoi et pour défendre quoi de positif tu l'avais dit en premier lieu.
Mais si. C'est le jeu subtil entre des commissions décidées par des Etats démocratiques et la censure d'un parlement européen transnational.
Et j'espère que tu apprécies toute la subtilité du jeu en ce moment, avec le parcours de la directive Bolkenstein, qui n'est pas retirée mais seulement reportée, malgré les gros yeux et les mensonges guignolesques de Chirac. Et encore, on est dans la finesse parce qu'il y a un référendum à faire ratifier en France et que c'est pas gagné encore. Quand les choses seront acquises, que restera-t-il de cette finesse de comm dans toute cette subtilité politique? Va-t on nous ressortir comme Raffarin il y a quelques temps que ce sont ces empaffés des bureaux de Bruxelles qui nous obligent à faire ceci ou cela?
Tu confonds avec la proposition de directive Bolkestein.
Je ne sais plus qui a fait la blague, mais celui qui a appelé Bolkenstein Frankestein n'a pas été bien inspiré. Bolkenstein n'est pas un monstre sorti de nulle part. Sa directive, je ne vois pas en quoi elle diffère de l'esprit de la constitution. A mon stade de compréhension, je me demande même si s'opposer de quelque manière que ce soit à l'application de cette directive ne sera pas anticonstitutionnel.
Oui, mais là tu parles industriel et économique. Tu ne parles pas militaire et politique.
le fait est que politiquement, les Etats européens ont décidés de s'affranchir de la tutelle américaine sur certains programmes de souveraineté. D'ou politique et logique industrielle (économique) en découlant. pour ce qui est de la France, les choix politiques d'affirmation d'indépendance sur certains matériels sont d moins en moins suivis d'effets réels en terme de production.
Mais cette volonté de souveraineté disparait (ou ne nait pas, est tuée dans l'oeuf etc) avec la constitution. Dois-je en déduire qu'il n'y aura bientôt plus en Europe d'industrie de l'armement? Non, je ne le pense pas. Tout simplement parce que les commandes de l'OTAN et d'autres bélligrents de guerres guerillas partout dans le monde seront toujours là. Mais la décision militaire, opérationnelle, politique, elle, viendra toujours et plus que jamais de Washington.
Les difficultés de la France à continuer à assumer seule sa souveraineté militaire, c'est justement une des raisons pour laquelle la France (comme les autres pays) aurait besoin d'une véritable politique de défense européenne. Or nous savons qu'elle a été abandonnée il y a bien longtemps. Nous avons donc les moyens industriels de produire, mais nous n'aurons pas la liberté, la souveraineté (pour une Nation à naître, c'est quand même bizarre, non?) d'utiliser souverainement cette production. Tu rêves d'une supranation, mais tout ce qui donnerait à l'Europe le goût et l'aspect d'une nation, tu y renonces constitutionnellement. Tu approuves qu'elle ne soit qu'un marché (ce qui n'est pas une étape vers plus, mais un cadenas perpétuel à plus ou mieux), et en ce faisant tu tues l'idée même que tu défends. De mon point de vue en tout cas.
Oui, mais quelle Europe nous propose t-on en alternative ? Pour l'instant, il n'y a rien. Quant aux positions de principes...
Mais adopter cette constitution, ce n'est pas anodin, ce n'est pas "en attendant", ce n'est pas contrairement à ce qu'on dit "un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras". C'est plutôt un "prends-toi ça où je pense, et ne la ramène plus jamais". Rien que cela suffit à dire non aujourd'hui, et même si j'avais les mêmes inspirations que toi, cela me suffirait.
Car dans les futures négociations que tu envisages -car tu les envisages, car comme je comprends ta position globale, dans les grandes lignes, c'est d'accepter ce truc pas bon aujourd'hui mais qui a l'avantage immense, qui compense largement et même plus tous les défauts, de nous permettre d'avancer pour se donner les moyens d'avoir du mieux demain ou après-demain- quelle sera la différence avec aujourd'hui, à part que le cadre des négociations sera fortement réduit?
Quant aux principes...Je crois en effet qu'il faut les remettre au goût du jour. Je crois que c'est la seule voie, si tenté qu'il y en ait une. Vois-tu, je préfère essayer de faire que ces principes soient le plus répandu possible chez mes semblables, soient le plus garanti possible au niveau collectif, et que chacun ensuite s'y plie au niveau individuel comme on se plie aux lois dans toute vie en société, plutôt que d'abandonner tout principe au niveau collectif, pour vanter ensuite les mérites des principes au niveau de l'éthique individuelle, "même si ça sert à rien si je suis le seul à le faire".