silverwitch a écrit:C'est l'individualisme libéral. Mais cette théorie repose sur un postulat: le libre-échange généralisé représente le meilleur moyen d'obtenir prospérité et harmonie sociale. Or ce par théorique est faux. Les théorèmes économiques l'ont montré, la concurrence est inefficace (voir notamment les travaux de John Nash, ou de Debreu). À cet égard, tu peux lire Jacques Sapir (Les trous noirs de la science économique)
Le libre-échange n'est de loin pas posé en postulat en sciences économiques, tu as de multiples résultats qui prouvent la supériorité du modèle de concurrence et de libre-échange.....ce n'est pas la panacée universelle dans chaque situation bien sûr, mais il apporte réellement du bien-être économique par rapport aux autres systèmes dans bon nombres de situations...
silverwitch a écrit:Sur la question de l'intérêt de l'individu tu épouses parfaitement la théorie d'Adam Smith, selon lequel le respect du partenaire permet un doux commerce. Or là encore, c'est faux. Le doux commerce se réalise toujours sous la forme de son contraire apparent: la guerre économique mondiale et généralisée.
là, je t'arrête, j'ai un excellent contre-exemple: as-tu déjà entendu parler du commerce équitable, notamment de la fondation MaxHavellar ?
Elle se bat pour proposer ses produits qui sont en concurrence avec ceux des entreprises et mutlinationales classiques et elle augmente régulièrement ses parts de marchés depuis sa création.....c'est une société florissante qui est le fruit du libre-arbitre de consommateur d'accord de payer plus et d'entrepreneur voulant faire des affaires en respectant ses partenaires et avec des décisions éthiques...et ça marche très bien, le doux commerce n'est pas seulement le fait d'une guerre économique....
silverwitch a écrit:Et la conséquence de la théorie d'Adam Smith est qu'il imagine que l'économie fonctionne selon des lois naturelles (alors que là aussi cette théorie est fausse). Tout principe de société avant le libéralisme supposait une cohérence: société vertueuse suppose citoyens vertueux. Selon la doctrine libérale, c'est l'égoïsme qui est le moteur du fonctionnement idéal de la société.
Le problème d'une théorie plus juste de la pratique économique est de renoncer à considérer l'homme comme un sujet totalement indépendant, mais de s'intéresser à la question de la "relation". L'homme n'est pas un loup pour l'homme par nature. Dans sa relation à l'autre, il y a le don autant que l'égoïsme. Bref, le libéralisme est une métaphysique utopique. Et son monde idéal ne peut fonctionner que sous la condition d'un homme nouveau (l'homo economicus). L'idéal d'une société libérale, c'est une entreprise inhumaine, fondée seulement sur l'enrichissement de ses propriétaires selon leur intérêt bien compris (exit les décisions éthiques).
silverwitch a écrit:En passant,qu'il y ait dans la nature de l'homme autant l'égoisme que le don, c'est un postulat de ta part.................
Sinon, tu es en train de faire une grande confusion entre une certaine tranche de personnes ultra-libérale posseseurs d'entreprises et la théorie du libéralisme ou libre-échange. La doctrine libérale n'interdit pas le don, et ne prone pas le rendement maximum de l'entreprise à tout pris. Elle prône le libre-échange ( i.e le droit d'échanger ou de ne pas échanger, au prix désiré (nul si on le veut) ) et la liberté pour chacun d'acheter et vendre ce qu'il désire. L'idéal d'une société libérale, c'est le maximum de liberté pour l'individu, notamment économique, dans le respect de l'autre.............les individus sont libres, dans nos sociétés, de réfléchir politique ou de regarder des émissions de téléréalité , d'acheter le monde ou libération ou d'acheter des journaux montrant seulement du sexe, de la violence ou du people.......et de même pour les décisions économiques.....oui, le libéralisme décrit l'égoisme, le désir de s'enrichir comme le moteur de la croissance, mais est parfaitement conscient qu'il y a d'autres forces en oeuvre......BodyShop est une entreprise florissante fondée aussi des principes éthiques mais avec aussi le désir de gagner de l'argent......
silverwitch a écrit:La réalité de l'utopie libérale est bien là: la concurrence absolue. Où chaque personne, quelles que soient ses intentions initiales ou sa sensibiltié proclamée doit fonctionner comme un simple "support de rapports", un rouage de la machine économique dépourvu de tout état d'âme et incapable de compassion.
Tu me décris là une perversion du système, un ultra-libéralisme sans coeur qu'il faut combattre, je suis d'accord avec toi......
silverwitch a écrit:Certes me diras-tu, le libéralisme tempère en théorie tout cela. Selon Smith, l'échange marchand suppose la confiance et l'honneteté. D'où la surprise alors des vrais libéraux quand ils découvrent (aprus tout le monde) chez Enron que la fraude et le mensgone sont au coeur même de leur admirable système. Ils sont donc conduits à dénoncer une trahison de l'esprit du capitalisme (exactement en somme comme les intellectuels dénoncaient les crimes des régimes communistes trahissant la belle utopie léniniste). Je ne vois pas Didier en quoi le seul principe de l'intérêt bien compris oblige le moindre marchand ou la moindre entreprise à être honnete, il implique seulement que telles soient leur image et leur réputation. Si j'ai de bonnes raisons de croire que que mes différents partenaires ou clients ne pourrait jamais se rendre compte que je les gruge sur toute la ligne (en truquant ma comptabilité), alors il est dans mon intérêt bien compris de les gruger toujours. C'est pourquoi si on la développe jusqu'à ses dernières conséquences, la théorie de la "main invisible" reconduit inévitablement à cet état de nature que décrivait Hobbes: un monde d'insécurité et de défiance réciproque où chaque individu ne peut protéger sa vie et ses biens qu'en déclarant la guerre à l'ensemble de ses voisins.
Ce que tu n'as pas compris, c'est que l'expression de la "main invisible", chez Adam Smith en tout cas, ce n'est pas des lois naturelles, c'est une MORALE qui permettra de réguler les échanges dans le respect de ses voisins......ton intérêt bien compris n'est pas de faire le maximum de fric à tout prix, mais de le faire en respectant les règles du jeu, définies par ta morale ou la société via son cadre légal.......
Pour moi, le libéralisme bien compris suppose d'être régulé, mais le moins possible, pour laisser le plus de liberté possible aux gens....
Il est certain qu'il y a un problème à l'heure actuelle dans le fonctionnement de l'économie, et que le libéralisme a dérivé en partie dans la direction que tu décris.........si la constitution européenne va trop loin ou pas assez en manière de garde-fous pour combattre ses abus, je ne peux pas te le dire.......
Sinon, au niveau du service publique, un des aspects de la définition est la mise à disposition d'un bien ou d'un service pour tout ceux qui le souhaitent à des prix raisonnable, j'appelerai ça un bien public. Maintenant, je pense qu'un bien public peut être vendu par des privés sur un marché concurrentiel ( genre la nourriture ) ou par une structure étatique ( je pense à l'éducation, l'eau potable...) ou un mixte, il faut choisir la structure qui garantit cet accès universel, mais qui coûte le moins cher.
Par exemple, la gestion actuel de la SNCF avec des grêves à répétitions empêchant les usagers de jouir de ce service me parait contredire ma définition. Le statut de fonctionnaire avec la garantie de l'emploi me parait pas nécessaire à priori pour garantir ce libre-accès, même dans une structure étatique......
Par contre, une libéralisation sans contrôle de certains secteurs, comme l'exemple de l'électricité en Californie est une très mauvaise idée
Didier