von Rauffenstein a écrit:Alors on uniformise tout d'entrée de jeu ? Pas de concurence, que du monopole.
Pourquoi "que du monopole" ? L'enjeu est pour l'instant de préserver la notion de "service public".
von Rauffenstein a écrit:Je comprends plus. Puisqu'on en arrive à des situations de quasi monopoles...
Précise ton raisonnement.
von Rauffenstein a écrit:Tu veux pas me faire un petit résumé pour moi tout seul ?
- Déni de démocratie.
- Organisation de la loi de la jungle (le libéralisme)
- Explosion de l'inégalité (économique, sociale)
- Déséducation.
- Chômage endémique
- Violence.
von Rauffenstein a écrit: Non, ce n'est pas un discours libéral. Qu'est-ce qui peut me pousser moi, individu dans une société démocratique où l'on me donne le choix, à choisir ta solution ?
Je disais que ta question représentait déjà l'idéologie libérale parce que tu mentionnais ton intérêt (le moteur du libéralisme). Ce qui peut t'y pousser ?
La volonté et l'espoir d'une société plus juste, plus humaine, au sein de laquelle tu retrouveras ton autonomie d'être humain. L'expression démocratique, le refus du totalitarisme marchand, tout cela est lié. Je crois que c'est la seule question: comment rompre la situation intolérable de dépendance (d'inter-dépendance) dans laquelle nous plonge la mondialisation.
Il faut donc réapprendre à faire de la politique, à dialoguer en collectivité (restreinte) des besoins et des aspirations de chacun et des règles que nous voulons édicter pour vivre ensemble. Cela implique de refuser à la fois l'individualisme libéral et l'emprise de la société (ou de l'état) sur l'individu. Quand tu comprends que tu ne gagnes rien posséder ce que la société nous offre en échange de notre soumission, biens marchands qui nous aliènent à nous mêmes et à nos proches, sans prise sur la masse que nous formons avec tous nos concitoyens. Renoncer le plus possible à la science et à la technique pour les laisser à leur place juste: la marge (pour affronter par exemple les questions de la maladie ou de la mort). Ce n'est pas en construisant un monde toujours plus technique, toujours plus mécanisé, toujours plus artificiel que nous pourrons y répondre.
Un exemple: nous aurons besoin de compétences scientifiques pour dépolluer certains cours d'eau et nappes phréatiques, mais cette réalisation devra pourtant être une rupture avec le déversement massif de produits chimiques, et dans un changement radical de la culture de la terre, et du soin des animaux et des hommes.
Ne crois-tu pas que tu vivrais mieux dans une civilisation à l'échelle de l'homme ? Aujourd'hui la production de biens et de services (même faite par des machines) est abstraite et inhumaine. Nous vivons dans un monde où l'humain n'est qu'un rouage d'un appareil de production qui le dépasse, de par sa taille et son efficacité. L'homme est alors potentiellement le maillon faible, la source d'erreur d'une mécanique toujours plus perfectionnée.
Cette situation irréelle est incroyable: elle fragilise notre vie quotidienne, nous met à la merci des fluctuations erratiques de l'économie, de processus techniques sur lesquels nous n'avons aucune prise. Personne encore aujourd'hui ne veut renoncer à la religion du Progrès: perfectionnement technique infini et expansion continue de la sphère monétaire.
Si je poursuis avec un exemple:la France est le pays où sont consommées les plus grandes quantités de pesticide par habitant dans le monde (2kg par an). Les conséquences sur les nappes phréatiques sont terribles et produisent une contamination totale (pesticides, métaux lourds, dérivés du benzène, du chlore, du phénol). Les conséquences sur la santé seront évidentes: cancers. Les animaux concentrent dans leur graisse les pesticides contenus dans les céréales, la contamination passe par l'eau, le lait, la viande. Les mêmes animaux (pour toujours plus de rendement) sont soumis à des souffrances effroyables à cause de l'élevage industriel, cela aboutit à la désertification du territoire rural. Un monde sans paysans où la nourriture est produite dans des campagnes qui sont de grandes usines. Pendant ce temps les médias (cinéma, journaux, télévision) font tout leur travail de déséducation et de travestissement de la réalité pour tenir ce cauchemar le plus loin possible: on continue de nous faire croire à la réalité de la ferme paysanne. La culture paysanne n'existera bientôt plus que sur des écrans. Pendant ce temps les rendements agricoles diminuent par fatigue des sols.
J'espère que tu vois bien la chaîne logique:
- Concurrence libérale (mondialisation)
- Progrès technique infini
- Mécanisation
- Perte d'autonomie
- Pollution
- Maladies
- Désertification rurale
- Disparition des spécificités culturelles
- Pollution
- Le monde devient une banlieue tentaculaire
- Dégradation de l'habitat
- Progrès technique infini
- Concurrence
- Mécanisation
Le monde que nous faisons est entièrement soumis à la science, à la technique et à l'utilitarisme économique.
von Rauffenstein a écrit: Tu me diras qui c'est, cet auverpince.
Je ne sais pas comment il se nomme. C'est une petite brasserie sur la place de la mairie du XVè, rue Péclet. Au menu ce soir pour moi: assiette de charcuterie (saucisson, pâté de campagne), saucisse d'Auvergne et truffade, et une tarte aux myrtilles comme déssert. Du Chinon pour accompagner, un calva pour faire passer la truffade (que je commence juste à digérer). Bref, c'est un peu trop costaud pour moi. Pas mauvais, les serveurs sont extraordinaires. Voili.
Silverwitch