Modérateurs: Garion, Silverwitch
Dervi a écrit:Idéologique ? Je n’y vois aucune idéologie si ce n’est celle de suivre les flux d’argent selon une norme comptable. C’est inhérent à l’économie du Monde depuis le premier troc dans les tribus. D’une manière ou d’une autre, l’Etat ou l’individu doivent collecter (revenus) pour reverser (charges, dépenses). Autre conséquence, l'Etat construit un budget (autre idéologie) chaque année pour gérer et organiser la vie des citoyens.
Autrement dit, l’Etat gère la trésorerie des retraites sur la base de cotisations présentes et non plus passées (comme dans la retraite individuelle par capitalisation) pour assurer (et donc verser) aux retraités une pension théoriquement suffisante.
Dervi a écrit:Tendancieux ? Je ne scie pas la branche sur laquelle je suis assis. Je m’interroge sur le niveau du curseur d’aides que l’Etat apporte à la population. Sur l’assurance chômage et la Sécurité Sociale, c’est insuffisant. Sur la retraite, c’est possiblement trop pour certain et insuffisant pour d’autres, c’est-à-dire que je m’interroge sur la redistribution de la collecte. Et j’ose espérer que tout citoyen se pose la question…
Concernant l’assurance chômage ou la Sécurité sociale, il y a toutefois une nuance : cela offre une garantie qui peut s’activer à tout moment immédiatement.
Dervi a écrit:Solidarité ? Globalement d’accord, mais cela reste assez théorique. Il ne faut pas se leurrer... Il serait possible de transvaser une part des charges salariales vers les charges patronales, l’employeur continuerait de regarder ce que cela représente comme charges pour lui tout compris, donc il limitera la hausse du salaire brut les années qui suivent en se plaignant d’une perte de compétitivité passagère s’il ne peut pas augmenter ses prix. Mais soyons réalistes aussi, historiquement, la retraite par répartition comme la retraite par capitalisation ont toujours supposé un effort de l’actif en vue de sa retraite future.
Dervi a écrit:Je pourrais ajouter que l’Etat lui-même est indirectement un mauvais cotisant par l’utilisation généralisée d’indemnités (qui n’ouvrent aucun droit) en plus du salaire pour payer les fonctionnaires. Il est curieux de lui faire une confiance aveugle théorique pour exercer des droits acquis tout aussi théoriques dans plusieurs dizaines d’années.
Dervi a écrit:Pour poursuivre, depuis la seconde guerre mondiale, il y a eu une croissance démographique et économique. Il était évidemment simple de capter davantage la part de la hausse de productivité pour financer les retraites. Cela n’a pas été fait par l’Etat qui en aurait eu l’opportunité. Pour autant les 50 prochaines années seront très probablement désavantageuses à la fois démographiquement et en matière de croissance (ce n’est d’ailleurs pas étudié par le COR) qui ne sera pas éternelle selon moi. C’est presqu’un autre débat, mais il est nécessaire d’avoir conscience de cette situation possible jamais étudiée qui rendrait la collecte des retraites par l’Etat bien plus complexe en l’absence de création de richesse.
Dervi a écrit:Enfin, j’ajoute que les premiers retraités n’ont pas cotisé et ouvert de droit. La retraite par répartition, c’est un postulat ex nihilo et il est certain selon moi qu’il arrivera un jour (aucune idée de l’horizon, ce n’est pas pour demain, mais je ne crois donc pas à la création de richesse éternelle, voir ci-dessus) où une génération d’actifs aura cotisé pour une retraite qu’il n’aura pas (par capitalisation ou par répartition, même finalité).
Dervi a écrit: Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
Alors oui, on peut laisser les pensions ainsi et taxer autrement. En attendant, le fonctionnement de la retraite par répartition, c’est que l’argent est récupéré du travail présent des actifs et que les meilleures pensions apportent parfois un gain très incertain à la collectivité, qu’il soit économique ou qu’il relève de la recherche de la cohésion de la Nation.
Dervi a écrit:Les revenus des retraités proviennent de leur patrimoine (issu aussi en partie de l’héritage, peu taxé également) et de leur pension. Et je le redis, une pension élevée qui vient s’ajouter à une situation déjà confortable, c’est de l’argent mal utilisé par l’Etat.
Dervi a écrit:Je n’ai pas écrit qu’un retraité devrait avoir un niveau de vie inférieur aux actifs. J’ai écrit que les actifs ne devraient pas avoir un niveau de vie inférieur aux retraités, pour la vie pour certains et jusqu’à la retraite pour d’autres, ce qui est très différent.
Dervi a écrit:J’ajoute que je ne vois pas la raison qui justifie que l’ouvrier qui aura eu un salaire moindre toute sa vie qu’un cadre supérieur reçoive à la retraite une pension inférieure, parfois insuffisante. La retraite, c’est le bon moment pour dire : « anticipons d’être tous égaux avant d’être six pieds sous terre rongés par les vers, donc redistribuons ».
Et encore, ce ne serait qu’une égalité au niveau de la pension retraite, les inégalités de patrimoine seraient toujours existantes et tolérables dans une certaine mesure.
Dervi a écrit:Je pense que j’ai répondu à l'ensemble plus haut. Mais je tiens à repréciser que je cible les retraités les plus aisés qui n’ont pas besoin de cumuler au-delà ce qu’ils cumulent déjà avec la complicité de l'Etat. Cela ne mènerait aucun transfert vers les assurances privées de laisser par exemple les cotisations comme aujourd’hui et juste d’en reverser moins dans les mains pleines et autant voire plus dans les mains vides. Je rappelle aussi que cette proposition n'en était qu'une parmi d'autres.
Dervi a écrit:L'analyse des votes de cette élections législatives montrera bien qu'il y a un fossé entre les jeunes et les plus âgés.
Maverick a écrit:Si le RN passe, on va vite se rendre compte que c'est un parti d'escrocs.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Idéologique ? Je n’y vois aucune idéologie si ce n’est celle de suivre les flux d’argent selon une norme comptable. C’est inhérent à l’économie du Monde depuis le premier troc dans les tribus. D’une manière ou d’une autre, l’Etat ou l’individu doivent collecter (revenus) pour reverser (charges, dépenses). Autre conséquence, l'Etat construit un budget (autre idéologie) chaque année pour gérer et organiser la vie des citoyens.
Autrement dit, l’Etat gère la trésorerie des retraites sur la base de cotisations présentes et non plus passées (comme dans la retraite individuelle par capitalisation) pour assurer (et donc verser) aux retraités une pension théoriquement suffisante.
Quand tu confonds un choix politique ( qui se traduit par un éventuel besoin de financement) avec une logique comptable, c’est la définition même de l’idéologie. Sur le plan des idées, tu y ajoutes ici le truisme (de tout temps). Même techniquement tu fais un raccourci: l’étatisation des pensions est une conséquence d’un certain nombre de choix politiques sur lesquels on pourrait revenir, la sécurité sociale, comme les pensions sont techniquement indépendantes du budget de l’État. C’est un choix politique qui s’appuie sur une vision du monde (idéologie).
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Tendancieux ? Je ne scie pas la branche sur laquelle je suis assis. Je m’interroge sur le niveau du curseur d’aides que l’Etat apporte à la population. Sur l’assurance chômage et la Sécurité Sociale, c’est insuffisant. Sur la retraite, c’est possiblement trop pour certain et insuffisant pour d’autres, c’est-à-dire que je m’interroge sur la redistribution de la collecte. Et j’ose espérer que tout citoyen se pose la question…
Concernant l’assurance chômage ou la Sécurité sociale, il y a toutefois une nuance : cela offre une garantie qui peut s’activer à tout moment immédiatement.
Les retraites ou la Sécurité Sociale ne sont pas des aides (ni assistance, ni charité), ce sont des piliers de la socialisation de l’économie qui n’ont pas nécessairement de lien avec le budget de l’État, je le redis. Ce ne sont pas des aides au sens où ces principes politiques s’appuient sur une logique étendue d’assurance mutualisée et reposent historiquement sur des cotisations versées par le travail (travailleurs, entreprises et parfois capital) et non par l’impôt. La gestion de cette économie mutualisée ou socialisée a d’abord été confiée aux travailleurs eux-mêmes, puis dans une gestion dite paritaire (qui d’ailleurs devrait interroger sur le partage du pouvoir dans l’entreprise). La retraite n’appartient pas au domaine de l’assistance mais au domaine de l’assurance socialisée.
Pour le reste, tu commets à nouveau la même erreur dans ta réflexion: constatant l’inégalité des pensions (directement liée aux droits ouverts comme toute forme d’assurance au sens large) et un besoin temporaire de financement (j’insiste sur son caractère organisé et idéologique), tu t’attaques, comme tous les libéraux, au taux de remplacement en ciblant d’abord les plus aisés, au lieu de t’attaquer à la source de l’inégalité qui n’a pas de relation directe avec la logique de l’économie socialisée dont fait partie le système de retraites par répartition. C’est bien parce que certains gagnent trop pendant leur vie active et d’autres pas assez que les conséquences de cette inégalité de revenus se font sentir pendant la retraite. Tu inverses les causes et les conséquences et tu te proposes de braquer la caisse pour rétablir un meilleur équilibre entre les actifs et les retraités au nom d’une supposée fracture des générations dont la réalité est hautement contestable et l’intérêt politique pour le moins fumeux !
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Solidarité ? Globalement d’accord, mais cela reste assez théorique. Il ne faut pas se leurrer... Il serait possible de transvaser une part des charges salariales vers les charges patronales, l’employeur continuerait de regarder ce que cela représente comme charges pour lui tout compris, donc il limitera la hausse du salaire brut les années qui suivent en se plaignant d’une perte de compétitivité passagère s’il ne peut pas augmenter ses prix. Mais soyons réalistes aussi, historiquement, la retraite par répartition comme la retraite par capitalisation ont toujours supposé un effort de l’actif en vue de sa retraite future.
Si tu ne parlais pas du point de vue du capital, tu ne ferais pas l’erreur de qualifier de charges ce qu’on appelle en réalité des cotisations salariales ou des cotisations patronales. La différence entre la charge et la cotisation illustre encore assez bien la confusion idéologique à l’oeuvre dans ton propos ou plutôt son caractère orienté. la cotisation est à la fois techniquement une charge et une recette puisqu’elle est immédiatement reversée, pour le travailleur c’est ce que l’on nomme un revenu socialisé. Il faut donc bien parler de cotisation pour en saisir le caractère général.
Politiquement, je n’ai pas besoin d’insister d’avantage, tu raisonnes en circuit fermé et la part captée de la valeur ajoutée par le capital au détriment du travail (celui des actifs comme des retraités qui sont bien des travailleurs) n’existe plus dans ton raisonnement. Alors qu’elle devrait être centrale: le chômage de masse, la baisse de la part des salaires dans le revenu national au profit du capital...
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Je pourrais ajouter que l’Etat lui-même est indirectement un mauvais cotisant par l’utilisation généralisée d’indemnités (qui n’ouvrent aucun droit) en plus du salaire pour payer les fonctionnaires. Il est curieux de lui faire une confiance aveugle théorique pour exercer des droits acquis tout aussi théoriques dans plusieurs dizaines d’années.
Tu confonds l’État comme principe universel de garantie de l’intérêt général (sur un autre plan que la somme des intérêts privés, d’où la distinction entre l’individu et le citoyen) et sa traduction singulière, relative à des rapports de pouvoir et des coalitions d’intérêts au profit du marché (une définition comme une autre du néo-libéralisme). J’ajoute que je suis évidemment très défavorable à l’étatisation de ces piliers de l’État social que sont la Sécurité sociale ou la retraite par répartition.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Pour poursuivre, depuis la seconde guerre mondiale, il y a eu une croissance démographique et économique. Il était évidemment simple de capter davantage la part de la hausse de productivité pour financer les retraites. Cela n’a pas été fait par l’Etat qui en aurait eu l’opportunité. Pour autant les 50 prochaines années seront très probablement désavantageuses à la fois démographiquement et en matière de croissance (ce n’est d’ailleurs pas étudié par le COR) qui ne sera pas éternelle selon moi. C’est presqu’un autre débat, mais il est nécessaire d’avoir conscience de cette situation possible jamais étudiée qui rendrait la collecte des retraites par l’Etat bien plus complexe en l’absence de création de richesse.
Je suis également en désaccord avec ta projection (que l’on peut nommer la théorie de l’explosion ou de l'effrondrement du système). La démographie n’est pas une donnée fixée par avance (regarde les projections démographiques faites dans les années 80 concernant les pays en voie de développement et la réalité de la transition démographique), dans un sens ou dans l’autre. Le renoncement politique fleurit des décombres de notre volonté (la capacité à agir sur le monde) et de notre espérance (l’avenir n’est pas écrit). Rien n’empêche donc de rappeler que la question des retraites repose en grande partie sur les bébés.
Si l’évolution démographique à court terme (à l’échelle d’un pays, trente ans c’est très court) rend probable un poids accru des retraites et de la protection sociale en général, la question des ressources ne doit pas être analysée selon une logique marchande. Cette dimension de l’État social n’est pas un marché, la protection sociale ou la retraite ne sont pas des entreprises privées. Si déjà on s’accordait sur ce fait, on pourrait avancer: il n’y a pas de déficit de la sécu ou des caisses de retraite mais un besoin de financement (ressources insuffisantes ou plus exactement sous financement). Par curiosité, tu te rappelles combien coûtait le CICE avant d’être généralisé ? Ça nous donne en réalité une bonne échelle pour mesurer à quel point le besoin de financement des retraites est limité et donc soutenable sans difficulté. On attaque les retraités, mais ce sont les entreprises qui se désengagent socialement. Il faut donc rétablir la vertu de la cotisation, on en reparlera peut-être, mais ça demande une réflexion encore plus large et le temps va vite nous faire défaut, cher Dervi !
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Enfin, j’ajoute que les premiers retraités n’ont pas cotisé et ouvert de droit. La retraite par répartition, c’est un postulat ex nihilo et il est certain selon moi qu’il arrivera un jour (aucune idée de l’horizon, ce n’est pas pour demain, mais je ne crois donc pas à la création de richesse éternelle, voir ci-dessus) où une génération d’actifs aura cotisé pour une retraite qu’il n’aura pas (par capitalisation ou par répartition, même finalité).
Pour répondre à tes deux objections:
- Les premiers retraités avaient bien ouvert des droits au sens politique du terme, ils avaient sur les actifs des créances et c’est nous qui avions une dette envers eux (je trouve toujours très satisfaisant de renverser la charge de l’idéologue libérale contre elle-même).
- Tu fais ensuite une prédiction qui vaut ce qu’elle vaut et pourrait bien devenir réalité tant que la vision marchande de l’État social prévaut, c’est-à-dire la confusion entre l’assurance et l’assistance, la charité d’un côté, le marché de l’autre. Ce que je vois, pour ma part, c’est que la richesse nationale produite collectivement n’a jamais été aussi grande, il faut donc orienter le partage de cette valeur ajoutée au profit des travailleurs en activité et en retraite. L’accroissement de l’emploi permettra à court terme de financer sans difficulté ce modèle. Avec un meilleur taux d’emploi des actifs et futurs actifs et une hausse des salaires, des ressources plus importantes pourront être consacrées aux retraites.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit: Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
Alors oui, on peut laisser les pensions ainsi et taxer autrement. En attendant, le fonctionnement de la retraite par répartition, c’est que l’argent est récupéré du travail présent des actifs et que les meilleures pensions apportent parfois un gain très incertain à la collectivité, qu’il soit économique ou qu’il relève de la recherche de la cohésion de la Nation.
J’ai déjà répondu dans mes précédents messages sur les points que tu abordes. Ce n’est pas l’État qui verse des pensions, le chômage ou les allocations diverses, dois-je encore le rappeler. S’il y a une inégalité entre les retraités, cela vient d’autres facteurs que du principe de retraite par répartition (dont tu prépares l’enterrement dans tes précédents paragraphes) ou du taux de remplacement. Curieux de vouloir s’attaquer à un seul pilier et de le faire en abusant de généralisations hasardeuses. Quand tu parles de « gain très incertain à la collectivité », curieusement ce n’est pas au besoin de financement des retraites que je pense, mais bien d’abord à l’explosion de la rentabilité du capital, à l’extension quasi infinie de la logique boursière, bref au choix de la rente contre le travail. Mais curieusement ici, alors que la rente est déjà largement financée par la dépense publique (flat tax, aides directes, généralisation du CICE), personne ne moufte. Non que tu sois un mauvais bougre, mais tu as l’idée déjà armée dans ta tête que la fracture des générations ordonne. Ainsi la question de la lutte des classes est réduite à la lutte d’un actif inquiet pour son avenir et persuadé de payer la gloutonnerie de certains retraités.
Pourtant je l’écris à nouveau, les retraités sont des travailleurs qui ont obtenu des droits par leur travail et le taux de remplacement réduit l’inégalité dans la distribution des revenus par rapport à la vie active. La part d’argent public, largement payée par les retraités consiste à financer à perpétuité le coût du capital et par extension le travail, mais sans mesure. Je m’arrête là pour ne pas allonger encore ma réponse.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Les revenus des retraités proviennent de leur patrimoine (issu aussi en partie de l’héritage, peu taxé également) et de leur pension. Et je le redis, une pension élevée qui vient s’ajouter à une situation déjà confortable, c’est de l’argent mal utilisé par l’Etat.
Ce n’est pas de l’argent public au premier chef. Sinon de manière temporaire pour cause de sous financement. Ensuite, tu n’as jamais démontré l’intérêt de ta volonté punitive qui consiste à priver les retraités d’un taux de remplacement décent s’ils ont le malheur d’avoir un niveau de vie supérieur pendant leur vie active. Pourquoi viser les retraités plus que les actifs ? La rente est moins imposée qu’une retraite élevée. Il n’y a pas besoin d’être malin pour deviner le sort qui est promis: les actifs les plus aisés, en prévision d’un taux de remplacement inférieur (que tu juges inéluctable d’ailleurs) seront encouragés à financer leur train de vie futur par l’appel au marché (immobilier, bourse, fonds de pension spéculatifs). C’est toujours la seule et même lutte: l’économie socialisée réduit le marché et le capital réduit l’État social à son profit, à un coût délirant pour la collectivité.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Je n’ai pas écrit qu’un retraité devrait avoir un niveau de vie inférieur aux actifs. J’ai écrit que les actifs ne devraient pas avoir un niveau de vie inférieur aux retraités, pour la vie pour certains et jusqu’à la retraite pour d’autres, ce qui est très différent.
Toujours la même confusion, Dervi: un retraité a un taux de remplacement inférieur (et largement) à un actif comparable (disons les quinze dernières années d’activité). Le niveau de vie c’est un terme flou et qui doit être balancé, un actif peut avoir une capacité d’épargne temporairement inférieure car il a des crédits à rembourser ou des enfants à charge. Tout cela ne dit rien de la justice sociale.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:J’ajoute que je ne vois pas la raison qui justifie que l’ouvrier qui aura eu un salaire moindre toute sa vie qu’un cadre supérieur reçoive à la retraite une pension inférieure, parfois insuffisante. La retraite, c’est le bon moment pour dire : « anticipons d’être tous égaux avant d’être six pieds sous terre rongés par les vers, donc redistribuons ».
Et encore, ce ne serait qu’une égalité au niveau de la pension retraite, les inégalités de patrimoine seraient toujours existantes et tolérables dans une certaine mesure.
C’est un raisonnement très étrange s’il n’est pas étendu à tous les âges de la vie, sauf à confondre à nouveau assurance et assistance. La retraite, l’assurance-chômage, et d’autres sont d’abord et avant tout une assurance socialisée. Les modes de financement se distinguent mais le principe reste. Je suis d’accord pour ne pas les réduire à une logique d’assurance, mais ton refus assez obstiné de faire cette distinction nous renvoie sur le plan des idées presque 150 ans en arrière, avant les grands discours de Jaurès, et crois-moi c’est assez inquiétant à mes yeux.
Postulons encore: si les salaires des ouvriers augmentent durablement au détriment du coût du capital, en réduisant l’écart qui la sépare des plus hauts revenus, tout cela dans un État social renforcé qui garantira des études gratuites*, une santé gratuite* et un contrôle de la spéculation pour garantir un logement abordable, son niveau de vie ne sera-t-il pas amélioré toute sa vie ? En retraite ne bénéficiera-t-il pas d’une meilleure retraite ? N’est-ce pas ce qui devrait préoccuper tout citoyen soucieux d’une plus grande justice sociale ?
* La gratuité est un principe politique pas une réalité comptable, je précise au cas où.
Silverwitch a écrit:Dervi a écrit:Je pense que j’ai répondu à l'ensemble plus haut. Mais je tiens à repréciser que je cible les retraités les plus aisés qui n’ont pas besoin de cumuler au-delà ce qu’ils cumulent déjà avec la complicité de l'Etat. Cela ne mènerait aucun transfert vers les assurances privées de laisser par exemple les cotisations comme aujourd’hui et juste d’en reverser moins dans les mains pleines et autant voire plus dans les mains vides. Je rappelle aussi que cette proposition n'en était qu'une parmi d'autres.
Tes réponses ne lèvent pas vraiment les objections que je te faisais dans les précédent messages. Si certains retraités et par extensions certains actifs (qui eux aussi accumulent avec la complicité de l’État, terme douteux), pourquoi s’attaquer au taux de remplacement, plutôt que de faire payer plus d’impôts et de cotisations aux privilégiés, où qu’ils se trouvent sur la pyramide des âges ? Curieusement ce principe fondamental de la République sociale passe par pertes et profits. Et c’est dommage car cela permet de lever toute l’hypocrisie de la prétendue fracture des générations et de sortir de la lutte des classes par le haut: taxer la rente plus que le travail, et imposer progressivement les revenus du travail. Ainsi les actifs et les retraités les plus aisés le seront un peu moins et ils contribueront ensemble à soutenir l’État social ! Quand tu préoccupes trop d’une seule catégorie aisée au détriment de ce qui engendre réellement cette inégalité, cela démontre en creux à la fois l’orientation idéologique de ton propos (tu confonds l’assistance et l’assurance en prétextant d’un besoin de financement limité et temporaire, organisé par un sous financement chronique) et la fragilité de l’analyse.
Je défends un principe assez distinct: la société assure aux travailleurs de conserver l’essentiel de leur niveau de vie dans toutes les circonstances de la vie, la maladie, le chômage, la vieillesse. Ce sont des droits conquis, acquis et payés. Et je ne m’arrête pas là: la société assiste tous ses membres pour leur garantir un socle minimal de subsistance, pour se loger, se soigner, étudier. Pour atteindre ce double objectif, la République sociale s’appuie sur un principe: chacun contribue selon ses moyens.Dervi a écrit:L'analyse des votes de cette élections législatives montrera bien qu'il y a un fossé entre les jeunes et les plus âgés.
Ce qui ne nous dira toujours pas grand chose au mieux, et rien du tout au pire. Le vrai fossé sépare les riches des pauvres, dans la vie active ou en retraite, car notre société prive les citoyens progressivement de tout pouvoir de contrôle sur l’activité économique à travers une marchandisation toujours plus étendue. Les travailleurs n’ont plus la main sur la gestion des caisses, un des piliers de l’État social, pas plus qu’ils ne peuvent entraver la part toujours plus grande du coût du capital.
Les exonérations de cotisations patronales représentent un manque de ressources de dizaines de milliards d’euros par an pour la Sécurité sociale, il faut donc rétablir ces cotisations et les étendre aux ressources financières des entreprises pour dégager des moyens de financement considérables. Enfin il convient à établir une véritable démocratie dans l’entreprise à travers la plus grande participation des travailleurs à la délibération pour mieux équilibrer la valeur ajoutée. Ce ne sont pas des réformes terribles, c’était en creux le programme gaulliste après 1968. Une archive vidéo formidable circule sur les réseaux sociaux:
De Gaulle "Le capitalisme et son aliénation"
Enfin cette phrase sublime de Jaurès: contre l’arbitraire où le pauvre doit toujours se tenir « incliné » pour « recevoir »; l’assurance-sociale garantit « un droit certain, qui met l’homme debout, qui assure son droit à une heure déterminée; il n’est plus permis de lui demander une preuve d’indigence; il a un droit certain, mathématique, qui respecte pleinement sa dignité d’homme ».
Dervi a écrit:Un premier paragraphe liminaire. Mon discours s'inscrit dans la situation actuelle de la France et initialement en évaluant uniquement les sources de financement et de dépenses des retraites. Ton discours, auquel je souscris (sisi !), va au-delà de mon analyse première limitée aux retraites seules et s'inscrit dans une France qui n'existe pas aujourd'hui et qu'il faudrait construire sur les ruines actuelles avec pêle-mêle reprendre la maîtrise d'un financement souverain hors marché, construire une industrie de pointe attractive qui autorise la mise en place de salaires élevés et décorrélés du reste du monde et malgré cela conserver des garanties marchandes permettant de s'approvisionner en matières premières indisponibles en France et d'exporter. Liste à compléter. En l'absence de cette nouvelle structure préalable qui sous-tend une révolution copernicienne de notre économie et de nos moyens de financement (quel que soit le vocabulaire utilisé, l'argent doit rentrer dans les caisses avant de le distribuer), tes propositions sont selon moi aujourd'hui inapplicables, bien que je rêverais d'assister à l'avènement de cet Etat réellement social.
Dervi a écrit:OK, j'entends ton point de vue et aussi le mien. Cette bataille de vocabulaire ne financera cependant pas les retraites.
Dervi a écrit:Charges ou cotisations, peu importe. Ce n'est pas le sujet de mon paragraphe qui est que les choix de la France l'ont mené à participer à une économie mondialisée dans laquelle peu importe où tu prélèveras de l'argent, la variable d'ajustement se fera par le salaire soit directement (sur le salaire brut), soit différé si cela touche à la valeur ajoutée.
Dervi a écrit:OK, belle pirouette philosophique pour le premier point qui repose sur une responsabilité morale.
Dervi a écrit:Ma seule démonstration, c'est que donner plus à ceux qui ont déjà plus est questionnable. Sachant que ce sont les retraités qui ont le plus. Je ne dis rien de plus.
Dervi a écrit:Et ? Cela ne remet pas en cause ce que j'écris. Il n'y a aucune confusion. Je sais bien que la pension d'un retraité sera inférieure aux revenus du travail de la vie active. Ce qui ne signifie pas pour autant que le niveau de la pension n'est jamais trop élevée eu égard aux pensions les plus faibles et aux autres composantes de trésorerie du retraité, qui pour certains n'ont plus le poids de la dette de leur résidence principale, d'autres éléments de rente, etc. Inutile de me réécrire qu'il suffirait d'imposer davantage le capital, j'ai bien compris et je l'ai déjà proposé. L'un empêche pas l'autre cependant.
J’ajoute que je ne vois pas la raison qui justifie que l’ouvrier qui aura eu un salaire moindre toute sa vie qu’un cadre supérieur reçoive à la retraite une pension inférieure, parfois insuffisante. La retraite, c’est le bon moment pour dire : « anticipons d’être tous égaux avant d’être six pieds sous terre rongés par les vers, donc redistribuons ».
Et encore, ce ne serait qu’une égalité au niveau de la pension retraite, les inégalités de patrimoine seraient toujours existantes et tolérables dans une certaine mesure.
Dervi a écrit:Rien d'étrange à estimer que la plage de revenus d'une entreprise privée est de son ressort et d'y voir l'Etat imposer uniquement un salaire minimum.
En revanche, quand l'Etat est décisionnaire, je juge que revenir à davantage d'égalité serait salutaire.
Waddle a écrit:Silverwith, peux-tu développer rapidement quand tu dis que les "excédents cumulés ces dernières années" permettraient de financer les retraites même pendant 20 ans?
Et c'est avec quelle hypothèse de référence? En partant du principe que la réforme actuelle est en vigueur pendant 20 ans ou en prenant l'hypothèse d'un retour à 60 ans comme le propose par exemple le NPF?
J'ai fait quelques recherches sommaires et rapides et je ne trouve nulle part les excédents dont tu parles.
Nicklaus a écrit:
Nicklaus a écrit:accolade virtuelle, fraternelle mais lointaine alors
Ouais_supère a écrit:MDR avec le report des voix le RN est tellement foutu.
Ouais_supère a écrit:MDR avec le report des voix le RN est tellement foutu.
Ouais_supère a écrit:MDR avec le report des voix le RN est tellement foutu.
Nicklaus a écrit:Edité par la modération : insulte à caractère relgieuse
Hugues a écrit:Edité par la modération : insulte à caractère relgieuse
Je ne vote pas LFI, mais es-tu obligé de discourir comme ça..
Regarde la qualité débat de Dervi avec Silverwitch, et comment, ce genre de remarque avilit tout de suite la discussion.
Tu peux dire la même chose sans utiliser ce langage.
Hugues
denifumi a écrit:le soucis c'est que le front populaire comprend plusieurs tendances politiques parfois opposés,l'ancienne majorité presidentielle a prit une enorme giffle et le rn lui n'a pas assez de vois pour diriger le pays,macron voulait foutre la pagaille c'est reussit.
Feyd a écrit:Je préfère le choléra à la peste en effet.
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