Waddle a écrit:Je lis régulièrement des rapports sur l'économie de la Russie (notamment de l'excellent Sapir) et je n'ai pas l'impression que l'économie russe soit si déstabilisée.
Il faut lire Sapir. Sur plein de sujets. Mais pas sur la Russie (je sais qeue c'est censé être sa spécialité). Surtout en temps de patriotisme exacerbé, à cause d'une guerre
Patriotisme... Mais de quoi tu nous parles Hugues, c'est un patriote français.
Eh bien, je ne sais pas si vous en avez conscience, mais Jacques Sapir est pas juste un universitaire français qui est tombé amoureux de la Russie.
Jacques Sapir ça n'est pas quelque chose de forcément très connu, est d'ascendance russe. Et a un passeport russe au côté du passeport français
Si il a été apprendre le russe au lycée, c'est... parce que sa famille le parlait, et lui même aussi (et donc à la fois pour avoir des bons points sur sa moyenne mais aussi pour apprendre à l'écrire ... il le raconte lui même)
Et donc là, non sa nationalité et ses origines ne le rendent pas très objectif.
On peut débunker ses posts sur l'économie russe presque tous les jours
Exemple l'autre fois où il disait que ce qui comptait c'était les échanges avec le yuan, pas grave le dollar, et Jacques de nous sortir un graphique où une parité quasi fixe semble exister avec le yuan...
Sauf que... ce n’est pas vrai.
Le rouble est en assez forte dévaluation même face au yuan.
Sachant qu'une grande partie des denrées alimentaires ou du peu d'électronique qui arrive en Russie vient de Chine , est ce que l'économie russe va bien ? Non.
Si ça n'avait aucune importance le taux face au dollar, est-ce que la banque centrale aurait augmenté ses taux, sans succès ? Non.
Les territoires qui ont été annexés en début 2022 ont ils été récupérés par l'Ukraine ?
Le 23 février 2022, la Russie occupait 7,284% du territoire ukrainien (oui officiellement non, mais en réalité, oui)
Après le 24 février, la Russie a été jusqu'à occuper 17,903% supplémentaire, soit 25,187% du territoire ukrainen.
Depuis le printemps 2022, l'Ukraine a libéré 7,166% du territoire, tous situé dans les 17,903%.
Soit 40,027% des territoires occupés post 24 février 2022
Et 28,451% des territoires occupés pré et post 24 février 2022.
Sur le plan militaire , vous en savez sans doute plus que moi qui ai perdu le fil mais peut on vraiment dire que les russes se prennent une rouste?
Les pertes en matériel sont immenses, et bien supérieure (évaluation en source ouverte) côté russe. Ca va finir par se sentir sur le terrain, tout comme vont finir par se sentir les problèmes logistiques créé par la destructions de voie de communication.
Comme ça c'était vu dans la région de Kharkiv ou de Kherson l'année dernière.
Les cartes de ces deux messages disent tout:
C'est extrait de ce fil qui est de grand intérêt:
D'ailleurs en passant, ces deux tweets sont aussi intéressants de la part de gens qui passent leur journée à tenter de vérifier les lieux et les dates des vidéos ou photographies des deux camps:
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
(D'autant que maintenant que la 1ère ligne est enfoncée depuis 3 ou 4 jours (d'où la libération de Robotyne, qui était derrière la ligne), ça va obliger au recul sur la deuxième ligne presque partout le long du front sud, puisqu'à terme juste en avançant derrière la première ligne les Ukrainiens pourraient sinon détruire les forces russes si elles ne se déplaçaient pas en les prenant à revers et donc en étau)
Enfin, je me répète mais avant de parler de perte il faudrait savoir quels étaient les objectifs russes.
Invasion.
Renversement "des nazis".
Nouveau "gouvernement démocratique"
Satellisation de l'Ukraine à la Russie comme l'est actuellement la Biélorussie. Puis fusion des trois états d'ici 10 à 20 ans (le projet de fusion avec la Biélorussie n'est pas imaginaire, il est une réalité, la Constitution biélorusse a été modifiée pour préparer cela)
En cas d'échec et de trop de résistance à l'ouest en Galicie, partition de l'Ukraine en 2 ou 3 blocs.
2 blocs : toute l'Ukraine sauf la Galicie + la Galicie.
3 blocs: la Galicie, les territoires supposément russophones (est-sud), le reste de l'Ukraine.
Dans les deux scénarios 2 blocs et 3 blocs, il n'a jamais été envisagé autre chose que la Galicie rebelle. Bref le bloc non galicien (dans le scénario 2 blocs) ou les deux blocs non galicien (dans le scénario 3 blocs) étaient censés être favorables à la Russie (donc Kiev aussi).
Or on sait que même en territoire dit russophone, ce "rêve" n'existe pas, quasi personne à Odessa, Kharkiv, Dnipro, Zapporijjia, Kherson, Dnipro, (6 villes libres ou libérées), Melitopol, Marioupol ne veut vivre sous le régime de la fédération de Russie... et c'est le cas probablement aussi dans une certaine mesure à Donetsk et Lougansk (c'était le cas il y a 8 ans, maintenant c'est difficile de sonder l'esprit des gens, et puis je ne sais trop si ça a grande valeur de sonder l'esprit des gens là bas maintenant: comme 70% est parti vers l'Ukraine - quand les points de passages étaient ouverts, ceux qui sont restés l'ont fait soit pour raison économique, impossibilité de prendre le risque de bouger, soit par tropisme russe, et ce tropisme n'a fait que se renforcer sans doute).. un territoire vidé de sa population a-t-il une représentativité ?
Mais je digresse, revenons aux scénarios.
Si le scénario toute l'Ukraine s’avérait impossible, il y avait donc les alternatives 2 blocs et 3 blocs.
Dans le cas des 2 blocs, identiquement au cas toute l'Ukraine, la fusion était envisagée avec la Biélorussie et la Russie sous 10 à 20 ans de cette Ukraine sans Galicie.
Et dans le cas 3 blocs, il y avait une annexion par référendum en 2022, 2023 ou 2024 des territoires russophones, la partie Ukraine sans Galicie sans russophonie fusionnant donc séparément 10 à 20 ans plus tard.
Donc c'est un échec ? Evidemment.
Uhm, admettons que je raconte n'importe quoi. Que en réalité, ce soit d'autres raisons, sans rapport avec du colonialisme. Voyons voir les autres hypothèses:
- Libérer l'Ukraine des "nazis"? Dénazifier ? M'enfin il y a toujours les "nazis" partout en Ukraine (même Prigokiene en faisait le constat) Echec.
- Démilitariser l'Ukraine ? M'enfin elle n'a jamais été aussi militarisée et équipée qu'aujourd'hui? Echec.
- Empêcher que l'OTAN n'arrive un jour aux frontières directes de la Russie (au frontière de la Biélorussie avalée ça compte pas.. et de la future Ukraine avalée, ça compte pas non plus hein... vous comprenez rien, moi non plus... bon en réalité c'est juste que Moscou a la frousse et veut de la distance, on dirait, donc c'est pas tellement la frontière qui compte)? Avant cette guerre il y avait peu de chance que ça arrive, puisque l'Ukraine était dans un conflit gelé avec la Russie, et ne pourrait jamais rentrer dans l'OTAN. Depuis cette guerre, la Finlande, qui partage 1340km de frontière avec la Russie fait partie de l'OTAN. Avec l'entrée de la Suède la mer baltique est une mer otanienne où deux centaines de km sont non-otanien (ils sont russes)
Si l'Ukraine gagne un jour sa guerre, la Russie ne serait alors pas en mesure d'empêcher l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN .. (ce n'est pas le perdant qui impose ses conditions).
L'argument de "c'est un ligne rouge" sera de toute façon peu crédible maintenant que la Russie supporte chaque jour que Dieu fait la présente de 1340km de frontière avec l'OTAN. Et donc je présume que de toute façon même de toute façon il y avait un traité sans perdant, d'ici 10 ou 20 ans l'argument débile de "pas d'OTAN à nos frontière mais en Finlande quand même" ferait son effet et que l'Ukraine de toute façon entrerait dans la OTAN.
Bref, quelque soit l'objectif du 24 février, même si vous ne croyez pas (vous avez bien tort!) à ceux que j'énonce , c'est un échec complet.
Un dernier mot, pour revenir aux propos de l'autre jour.
"c'est une perte/défaite pour l'Ukraine"
Déclaration absurde. C'est un peu comme si on disait que 14-18 et 39-45 étaient une défaite pour la France, parce que nous avons eu des destructions et avons été occupé.
Ca n'est un argument que chez les perroquets de la rhétorique du Kremlin (je déteste dire "du Kremlin" mais là en l'occurrence, c'est bien le cas, ces idées naissent là bas), où un pays doit accepter une annexion, sans résister, la disparition de sa culture, noyée dans une uniformisation forcée, parce que c'est la susceptibilité de son voisin qui compte et pas du tout la sienne propre. Rhétorique où visiblement il y a des sous-hommes à qui on demande pas l'avis et d'autres dont l'avis est super important.
Hugues