J'ai lu quelque chose il y a quelques jours qui m'a fort troublé..
Comme au niveau politique cette invasion a été longuement envisagée (je le prouverai, vous inquiétez pas) (je dis niveau politique car niveau militaire c'est quand même certain que c'est trop pas le cas), je soupçonne maintenant que toutes ces années, Poutine et ses aides ont longuement étudiés et se sont nourris de l'histoire du monde et des précédents...
J'écris ça, car il y a quelques jours, quand je m'intéressais pour une toute autre raison à l'histoire des divers attentats motivés par le nihilisme (puisque c'est parmi le plus ancien terrorisme, le nihilisme), j'ai voulu vérifier l'idéologie du non moins célèbre attentat contre l'archiduc François-Ferdinand par Gavrilo Princip (et les 6 autres conjurés de Jeune Bosnie et la Main noire, Princip n'ayant été des 6 que le plus chanceux à réussir l'objectif)
Ce qui m'a amené à me pencher précisément sur la manière dont on passe d'un simple attentat à une guerre.
Et évidemment en réalité, il n'y a aucune raison d'entrer en guerre, mais les quelques va-t-en-guere au sein du gouvernement de la Couronne d'Autriche Hongrie (ce qui ne représente pas l'opinion générale du gouvernement, ni de l'Empereur) vont comploter durant 3 semaines pour utiliser cet évènement pour réaliser leurs vues expansionnistes.
Par parenthèse, les gars sont à courte vue... ils sont persuadé que si ils ont le soutien de l'Empire Allemand (qui le confirme en privé, puis publiquement), alors la Russie n'entrera pas en guerre.
Situation d'autant plus folle que l'Autriche Hongrie puisque c'est devenu une mosaïque de nation, n'a pas une armée qui fait cohésion, et donc n'est pas du tout au niveau...
Et donc, lire les télégrammes de préparation durant quelques semaines, de la justification politique à cette déclaration de guerre est assez instructifs... Tout comme cette justification politique en elle même
Et je suis assez persuadé que le procédé utilisé par l'Empire austro-hongrois a été longuement étudié et analysé sous toutes ces coutures par des responsables (ou leurs aides) de la Fédération de Russie.. Ou alors les grands esprits se rencontrent.
Cette fameuse justification politique, c'est en fait l'ultimatum que le gouvernement d'Autriche Hongrie adresse au Gouvernement du Royaume de Serbie (qui n'est en fait pas un Royaume puisque c'est une monarchie élective) le 23 juillet 1914 à 16h30, donnant au Royaume de Serbie entre 48h30 pour répondre (pour la petite histoire, tout est calculé, le moment de la remise coincide avec un voyage de retour de la Russie du Président Poincaré et du gouvernement français, qui ne sera que difficilement joignable jusqu'au 31 juillet, même si on envoie des télégrammes sur leur chemin, on se dit que la Russie déjà fort refroidie par l'annonce de l'Empire Allemand, ne va rien oser toute seule, et le Royaume Uni encore moins, et que tout sera joué avant que la Triple Entente ait réagi - et la fin de l'ultimatum est calculée pour que l'Autriche puisse déclarer la mobilisation générale dans la soirée)
Et le lire c'est vraiment troublant, car c'est en fait ainsi qu'on crée un casus belli à partir de rien...
Pour le contexte d'abord quand même... en bref l'Empire Ottoman a été chassé des Balkans dans les années 1870 après des siècles de domination, des nations ont créé leur Etat comme la Serbie ou la Bulgarie... Et l'Empire d'Autriche-Hongrie en a profité pour s'étendre au sud, en occupant la Bosnie (c'est en fait plus que la Bosnie actuelle, c'est aussi la Croatie et la Slovénie), puis en l'annexant officiellement en 1908.
Jusqu'en 1904, donc pendant une trentaine d'années, la Serbie fait tout ce que l'Autriche Hongrie lui demande, c'est un peu un gouvernement fantoche... et la Serbie est en quelque sorte sans le dire un territoire autrichien... En 1904, c'est un autre monarque qui est élu et la politique défend plus les intérêts nationaux serbes. Evidemment ça plait pas trop à l'Autriche Hongrie (toute ressemblance avec les années 1991-2022 en d'autres points géographiques ne serait que purement fortuite).
Et donc bref pendant 10 ans il y a des tensions (même si quand la Serbie décide de s'agrandir en annexant des territoires libérés, l'Autriche Hongrie donne son accord diplomatique), qui tiennent juste au fait que la Serbie ne soit plus un satellite de l'Autriche Hongrie et fasse ce qu'elle veut. Et ce malgré un accord de bon voisinage signé en 1909. (Mais pour autant, à l'occasion de quelques agrandissements de la Serbie, l'Autriche Hongrie essaiera de trouver des casus belli, sans succès, montrant quand même ses muscles militairement à la frontière)
Vient donc le meurtre. Un peu de contexte aussi là, mais aussi bref que possible.. Ca peut grandement surprendre étant donné la rivalité nationaliste née dès la veille des années 30 entre les divers nations yougoslaves, qui culminera dans les années 90 ... mais au début du siècle les Serbes, les Croates, les Bosniaques, les Slovènes se voient comme un même peuple, ou des branches d'un même peuple... Bref, la libération de la Bosnie de l'Empire Austro-Hongrois, ça concerne aussi les Serbes..
C'est pour cela qu'en fait dans Jeune Bosnie et la Main Noire, il y a plus de serbes que de bosniaques (ou slovène ou croates). Et que dans l'équipe qui va vouloir agir, il n'y a que des Serbes. Ils se voient comme un même pays coupé en deux, comme l'Allemagne de l'après sconde guerre mondiale, la France de l'entre deux guerre à laquelle il manque l'Alsace, comme les Moldaves et les Roumains, comme les Coréens.
Ca n'est pas pour autant que la Serbie a un role dans tout ça (même si il est possible qu'ils aient cotoyé des militaires serbes, mais qui ne participaient à ça que pour leur propres vues politiques, et non pour engager le pays)
Bref, à Vienne, durant 3 semaines, on prépare un document qui va imposer une histoire imaginaire. Une histoire dont il est impossible de se sortir, puisqu'imaginaire, ou parce qu'inacceptable.
D'après mes recherches (c'est pas si facile, c'est étonnant c'est difficile de savoir où se trouvent ces documents historiques - et leur copie, puisque bien sûr l'émetteur en a gardé aussi trace - tout comme la langue dans lequel chacun était rédigé, l'original comme la copie) le document parvient aux Serbes dans deux langues, en allemand et en français (puisque le français est alors encore LA langue diplomatique). Même si sur la version française, il reste des intro et des conclusions en allemand.
Donc ce que je reproduis ici est la version française (on va pas s'embêter) avec uniquement de traduit l'intro et la conclusion..
Vienne, le 20 juillet 1914
Votre Altesse présentera la Note suivante au Gouvernement Royal le jeudi 23 juillet dans l'après-midi, au moins entre 4 et 5 heures.
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Le 31 mars 1909 le Ministre de Serbie (*"envoyé royal" dans la version allemande) à Vienne a fait d'ordre de son Gouvernement au Gouvernement I. et R. (* impérial et royal) la déclaration suivante:
« La Serbie reconnaît qu'elle n'a pas été atteinte dans ses droits par le fait accompli créé en Bosnie-Herzégovine et qu'elle se conformera, par conséquent, à telle décision que les Puissances prendront par rapport à l'Article XXV du Traité de Berlin. Se rendant aux conseils des grandes puissances, la Serbie s'engage dès à présent à abandonner l'attitude de protestation et d'opposition qu'elle a observée à l'égard de l'annexion depuis l'automne dernier et elle s'engage, en outre, à changer le cours de sa politique actuelle envers l'Autriche-Hongrie, pour vivre désormais avec cette dernière sur le pied d'un bon voisinage. »
Or, l'histoire des dernières années, et notamment les événements douloureux du 28 juin, ont démontré l'existence en Serbie d'un mouvement subversif dont le but est de détacher de la Monarchie austro-hongroise certaines parties de son territoire. Ce mouvement, qui a pris jour sous les yeux du Gouvernement serbe, est arrivé à se manifester au-delà du territoire du royaume par des actes de terrorisme, par une série d'attentats et par des meurtres.
Le Gouvernement royal serbe, loin de satisfaire aux engagements formels contenus dans la déclaration du 31 mars 1909, n'a rien fait pour supprimer ce mouvement. Il a toléré l'activité criminelle des différentes sociétés et affiliations dirigées contre la Monarchie, le langage effréné de la presse, la glorification des auteurs d'attentats, la participation d'officiers et de fonctionnaires à des agissements subversifs, une propagande malsaine dans l'instruction publique, toléré enfin toutes les manifestations qui pouvaient induire la population serbe à la haine de la Monarchie et au mépris de ses institutions.
Cette tolérance coupable du Gouvernement royal de Serbie n'avait pas cessé au moment où les événements du 28 juin dernier en ont démontré au monde entier les conséquences funestes.
Il résulte des dépositions et aveux des auteurs criminels de l'attentat du 28 juin que le meurtre de Sarajevo a été tramé à Belgrade, que les armes et explosifs dont les meurtriers se trouvaient être munis leur ont été donnés par des officiers et fonctionnaires serbes faisant partie de la « Narodna Odbrana » et enfin, que le passage en Bosnie de criminels et de leurs armes a été organisé et effectué par des chefs du service-frontière serbe.
Les résultats mentionnés de l'instruction ne permettent pas au Gouvernement impérial et royal de poursuivre plus longtemps l'attitude de longanimité expectative qu'il avait observée pendant des années vis-à-vis des agissements concentrés à Belgrade et propagés de là sur le territoire de la Monarchie ; ces résultats lui imposent, au contraire, le devoir de mettre fin à des menées qui forment une menace perpétuelle pour la tranquillité de la Monarchie.
C'est pour atteindre au but que le Gouvernement impérial et royal se voit obligé de demander au Gouvernement serbe l'énonciation officielle qu'il condamne la propagande dirigée contre la Monarchie austro-hongroise, c'est-à-dire l'ensemble des tendances qui aspirent en dernier lieu à détacher de la Monarchie des territoires qui en font partie, et qu'il s'engage à supprimer, par tous les moyens, cette propagande criminelle et terroriste.
Afin de donner un caractère solennel à cet engagement, le Gouvernement royal de Serbie fera publier à la première page du Journal officiel, en date du 13/26 juillet, l'énonciation suivante :
« Le Gouvernement royal de Serbie condamne la propagande dirigée contre l'Autriche-Hongrie, c'est-à-dire l'ensemble des tolérances qui aspirent en dernier lieu à détacher de la Monarchie austro-hongroise des territoires qui en font partie, et il déplore sincèrement les conséquences funestes de ces agissements criminels.
« Le Gouvernement royal regrette que des officiers et fonctionnaires serbes aient participé à la propagande sus-mentionnée et compromis par là les relations de bon voisinage auxquelles le Gouvernement royal s'était solennellement engagé par ses déclarations du 31 mars 1909.
« Le Gouvernement royal qui désapprouve et répudie toute idée ou tentative d'immixtion dans les destinées des habitants de quelque partie de l'Autriche-Hongrie que ce soit, considère de son devoir d'avertir formellement les officiers, les fonctionnaires et toute la population du royaume que, dorénavant, il procédera avec la dernière rigueur contre les personnes qui se rendraient coupables de pareils agissements, agissements qu'il mettra tous ses efforts à prévenir et à réprimer. »
Cette énonciation sera portée simultanément à la connaissance de l'Armée royale, par un ordre du jour de Sa Majesté le Roi et sera publiée dans le Bulletin officiel de l'armée.
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Le Gouvernement royal serbe s'engage en outre :
1o À supprimer toute publication qui excite à la haine et au mépris de la Monarchie, et dont la tendance générale est dirigée contre son intégrité territoriale ;
2o À dissoudre immédiatement la société dite « Narodna Odbrana », à confisquer tous ses moyens de propagande, et à procéder de la même manière contre les autres sociétés et affiliations en Serbie qui s'adonnent à la propagande contre la Monarchie austro-hongroise ; le Gouvernement royal prendra les mesures nécessaires pour que les sociétés dissoutes ne puissent pas continuer leur activité sous un autre nom et sous une autre forme ;
3o À éliminer sans délai de l'instruction publique en Serbie, tant en ce qui concerne le corps enseignant que les moyens d'instruction, tout ce qui sert ou pourrait servir à fomenter la propagande contre l'Autriche-Hongrie ;
4o À éloigner du service militaire et de l'administration en général tous les officiers et fonctionnaires coupables de la propagande contre la Monarchie austro-hongroise et dont le Gouvernement impérial et royal se réserve de communiquer les noms et les faits au Gouvernement royal ;
5o À accepter la collaboration en Serbie des organes du Gouvernement impérial et royal dans la suppression du mouvement subversif dirigé contre l'intégrité territoriale de la Monarchie ;
6o À ouvrir une enquête judiciaire contre les partisans du complot du 28 juin se trouvant sur le territoire serbe ; des organes délégués par le Gouvernement impérial et royal prendront part aux recherches y relatives ;
7o À procéder d'urgence à l'arrestation du commandant Voija Tankovis et du nommé Milan Ciganovic, employé de l'État serbe, compromis par les résultats de l'instruction de Sarajevo ;
8o À empêcher, par des mesures efficaces, le concours des autorités serbes dans le trafic illicite d'armes et d'explosifs à travers la frontière ;
À licencier et à punir sévèrement les fonctionnaires du service-frontière de Schabatz et de Loznica coupables d'avoir aidé les auteurs du crime de Sarajevo en leur facilitant le passage de la frontière ;
9o À donner au Gouvernement impérial et royal des explications sur les propos injustifiables de hauts fonctionnaires serbes tant en Serbie qu'à l'étranger qui, malgré leur position officielle, n'ont pas hésité après l'attentat du 28 juin de s'exprimer dans des interviews d'une manière hostile envers la Monarchie austro-hongroise ; enfin :
10o D'avertir sans retard, le Gouvernement impérial et royal de l'exécution des mesures comprises dans les points précédents.
Le Gouvernement impérial et royal attend la réponse du Gouvernement royal au plus tard jusqu'au samedi 25 de ce mois, à cinq heures du soir.
Un mémoire concernant les résultats de l'instruction de Sarajevo à l'égard des fonctionnaires mentionnés aux points 7 et 8 est annexé à cette note.
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J'ai l'honneur d'inviter votre Excellence à vouloir bien porter le contenu de cette Note à la connaissance du Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité en accompagnant cette communication du commentaire que voici :
Le 31 mars 1909 le Gouvernement royal serbe a adressé à l'Autriche-Hongrie la déclaration dont le texte est reproduit ci-dessus.
Le lendemain même de cette déclaration, la Serbie s'est engagée dans une politique tendant à inspirer des idées subversives aux ressortissants serbes de la Monarchie austro-hongroise et à préparer ainsi la séparation des territoires austro-hongrois, limitrophes de la Serbie. La Serbie devint le foyer d'une agitation criminelle.
Des sociétés et affiliations ne tardèrent pas à se former qui, soit ouvertement, soit clandestinement, étaient destinées à créer des désordres sur le territoire austro-hongrois. Ces sociétés et affiliations comptent parmi leurs membres des généraux et des diplomates, des fonctionnaires d'État et des juges, bref, les sommités du monde officiel et non officiel du royaume.
Le journalisme serbe est presque entièrement au service de cette propagande, dirigée contre l'Autriche-Hongrie, et pas un jour ne passe sans que les organes de la presse serbe n'excitent leurs lecteurs à la haine et au mépris de la Monarchie voisine ou à des attentats dirigés plus ou moins ouvertement contre sa sûreté et son intégrité.
Un grand nombre d'agents est appelé à soutenir par tous les moyens l'agitation contre l'Autriche-Hongrie et à corrompre dans les provinces limitrophes la jeunesse de ces pays.
L'esprit conspirateur des politiciens serbes, esprit dont les annales du royaume portent les sanglantes empreintes, a subi une recrudescence depuis la dernière crise balkanique ; des individus ayant fait partie des bandes jusque-là occupées en Macédoine, sont venus se mettre à la disposition de la propagande terroriste contre l'Autriche-Hongrie.
En présence de ces agissements auxquels l'Autriche-Hongrie est exposée depuis des années, le Gouvernement de la Serbie n'a pas cru devoir prendre la moindre mesure. C'est ainsi que le Gouvernement serbe a manqué au devoir que lui imposait la déclaration solennelle du 31 mars 1909, et c'est ainsi qu'il s'est mis en contradiction avec la volonté de l'Europe et avec l'engagement qu'il avait pris vis-à-vis de l'Autriche-Hongrie.
La longanimité du Gouvernement impérial et royal à l'égard de l'attitude provocatrice de la Serbie était inspirée du désintéressement territorial de la Monarchie austro-hongroise et de l'espoir que le Gouvernement serbe finirait tout de même par apprécier à sa juste valeur l'amitié de l'Autriche-Hongrie. En observant une attitude bienveillante pour les intérêts politiques de la Serbie, le Gouvernement impérial et royal espérait que le royaume se déciderait finalement à suivre de son côté une ligne de conduite analogue. L'Autriche-Hongrie s'attendait surtout à une pareille évolution dans les idées politiques en Serbie, lorsque, après les événements de l'année 1912, le Gouvernement impérial et royal rendit possible, par une attitude désintéressée et sans rancune, l'agrandissement si considérable de la Serbie.
Cette bienveillance manifestée par l'Autriche-Hongrie à l'égard de l'État voisin n'a cependant aucunement modifié les procédés du royaume, qui a continué à tolérer sur son territoire une propagande dont les funestes conséquences se sont manifestées au monde entier le 28 juin dernier, jour où l'héritier présomptif de la Monarchie et son illustre épouse devinrent les victimes d'un complot tramé à Belgrade.
En présence de cet état de choses, le Gouvernement impérial et royal a dû se décider à entreprendre de nouvelles et pressantes démarches à Belgrade afin d'amener le Gouvernement serbe à arrêter le mouvement incendiaire menaçant la sûreté et l'intégrité de la Monarchie austro-hongroise.
Le Gouvernement impérial et royal est persuadé qu'en entreprenant cette démarche, il se trouve en plein accord avec les sentiments de toutes les nations civilisées qui ne sauraient admettre que le régicide devînt une arme dont on puisse se servir impunément dans la lutte politique, et que la paix européenne fût continuellement troublée par les agissements partant de Belgrade.
C'est à l'appui de ce qui précède que le Gouvernement impérial et royal tient à la disposition du Gouvernement de la République française un dossier élucidant les menées serbes et les rapports existant entre ces menées et le meurtre du 28 juin.
Une communication identique est adressée aux représentants impériaux et royaux auprès des autres Puissances signataires.
Vous êtes autorisé à laisser une copie de cette dépêche entre les mains de M. le Ministre des Affaires étrangères.
C'est fascinant.
Ici on exige pas de dénazifier l'éducation nationale/l'instruction publique, comme on l'a entendu il y aquelques semaines. Mais de dé-bosno-sécessioniser l'iéducation nationale serbe.
Mais c'est la même chose qui est derrière les deux termes (dont le deuxième est inventé par moi certes), il s'agit de criminaliser à la fois le sentiment national (qui dans l'affaire contemporaine est défini à la truelle comme du nazisme - quitte à déshumaniser ... - , allons-y gaiement, des lors qu'il revendique une histoire nationale différente de l'Ukraine par rapport à celle de la russieje n'invente rien lire, les écrits russes..), mais surtout de reprocher des choses imaginaires, choses imaginaires dont évidemment on ne peut se départir.
D'ailleurs quand la Serbie répond à cette ultimatum (et elle le fait d'une manière peut-être encore plus maligne que les Autrichiens, puisque l'Empereur Allemand s'y laissera prendre dira durant quelques heures "bonne nouvelle, il n'y a plus de casus belli!" - de toute façon tant cet ultimatum, que la réponse ont été longtemps jugé comme des summums de calcul et langages diplomatique/guerriers, semblant dire une chose tout en souhaitant et imposant évidemment le contraire) pour les 10 points, elle note chaque fois en substance "nous ne savons pas trop de quoi vous nous parlez, mais si vous nous donnez des précisoins, bien entendu, nous vous aiderons de la manière la meilleure possible"
J'ai donné cet exemple de l'éducation mais en réalité, tous les points ont un cousinage avec les exigences russes d'avant guerre. Y compris dans l'imaginaire dont on ne peut se départir (justement parce qu'il est imaginaire)
Pour être complet, la Serbie dit qu'elle veut bien aider sur chaque point, sauf... sur le point 6, où elle accepte les exigences (jusqu'au point virgule) mais refuse évidemment ce qui suit le point virgule (c'était justement le point que les va-t-en guerre qui avaient rédigé le documents, espéraient qu'il soit la citadelle imprenable ou plutôt inacceptable sur lequel la Serbie ne cèderait jamais), c'est même pas une question d'honneur national, c'est aussi dans la Constitution de la Serbie, concernant l'ordre public et les forces de polices, que nul autre organe n'a juridiction. Et donc pour ce (demi) point 6 là (ainsi que pour une réponse considérée comme trop floue à base de "nous ne savons pas de quoi vous parlez" [mais c'était vrai!], mais cela seul n'aurait pas suffit.. alors que le point 6 suffit)
Mais revenons quand même sur la méthode: le gros état obèse, l'éléphant austro-hongrois joue la victime de la souris serbe ("menaçant la sûreté"). Ce qui n'a rien de crédible.
On utilise un prétexte dont on a en réalité rien à faire (un assassinat, dont en réalité l'Empire Austro-Hongrois s'en fiche un peu, bon débarras même, François-Ferdinand était trop bosnophile, assassinat qui n'a rien à voir avec les actes de la Serbie - un mouvement séparatiste fantoche russophone qu'on a créé de toute pièce, et quand le gouvernement essaie de s'assurer de son intégrité territoriale, on l'accuse de tirer sur sa propre population - alors que la grande majorité de la population en question sait bien que ce n'est pas vrai, ce qu'elle a fait en fuyant vers l'Ukraine... il y a aussi le prétexte OTANien, on a du mal à suivre c'est vrai leurs emmêlement de prétexte...)
On utilise l'imaginaire. Non seulement la quasi totalité des points évoqués dans l'ultimatum sont imaginaires (oui même le passage sur les fonctionnaires serbes), provoquant la réaction "nous ne savons pas de quoi vous parlez, mais on veut bien savoir pour vous aider" que j'ai évoquée.
Mais nous avons dans la conclusion ce passage par exemple: "Le journalisme serbe est presque entièrement au service de cette propagande, dirigée contre l'Autriche-Hongrie, et pas un jour ne passe sans que les organes de la presse serbe n'excitent leurs lecteurs à la haine et au mépris de la Monarchie voisine ou à des attentats dirigés plus ou moins ouvertement contre sa sûreté et son intégrité." Inutile de s'étendre sur son pendant contemporain, les délires sur l'idéologie nazi anti-culture russe dans la presse et les médias ukrainiens, absolument imaginaire..
On parle de "l'existence en Serbie d'un mouvement subversif" tout comme on parle de "nazis".
On demande l'arrestation de "nazis" tout comme on demande l'arrestation d'officiers ou de "membres du complots" (alors qu'on sait qu'il n'y avait personne en territoire serbe pour soutenir ces mouvements)
On souligne la longue bienveillance jamais récompensée "Cette bienveillance manifestée par l'Autriche-Hongrie à l'égard de l'État voisin n'a cependant aucunement modifié les procédés du royaume, qui a continué à tolérer sur son territoire une propagande dont les funestes conséquences se sont manifestées au monde entier le 28 juin dernier, jour où l'héritier présomptif de la Monarchie et son illustre épouse devinrent les victimes d'un complot tramé à Belgrade." Procédé identique utilisé par la Russie plusieurs entre décembre 2021 et février 2022, jusqu'à la déclaration du 24 février.
La similarité est si étrange qu'elle va jusqu'au résultat même de l'intervention militaire qu'on a tenté de justifier.
En 1914, on visait simplement l'occupation de Belgrade en quelques heures, pour forcer à un traité favorable à l'Empire Austro-Hongrois (et peut-être à y poser un gouvernement fantoche qui aurait fini après quelques décennies par faire accepter à la population une annexion)
En 2022, on visait - depuis 2012 - dans le meilleur des cas la chute du gouvernement ukrainien (et au minimum l'annexion de tout le sud et de l'est.. ) afin de démembrer l'Ukraine en trois territoires, ou la faire disparaitre.
En 1914, à la surprise générale l'Autriche Hongrie, malgré 3 tentatives, n'est jamais parvenu à occuper Belgrade durant la Campagne de Serbie (pourtant des articles de presse de l'époque indiquent, fidèle au plan autrichien, dès le soir même de la déclaration de guerre que l'armée autrichienne occupe déjà Belgrade, ce qui est manifestement faux), campagne de Serbie qu'elle va même perdre, cette défaite tant en Serbie qu'à Belgrade, c'est considéré comme l'une des déconvenues militaires les plus majeures de l'histoire ... (ou en anglais upset qui n'a pas d'équivalent exact en français).
En mars 2022, à la surprise générale, la Russie n'est jamais parvenue à entrer dans Kiev et à faire tomber le gouvernement ukrainien, ni à progresser au delà des conquêtes des premiers jours.
Pour autant l'Autriche Hongrie parviendra à occuper la Serbie fin 1915, après avoir été dirigé sous commandement allemand en compagnie des troupes bulgares et allemandes, l'Armée Serbe poursuivant alors d'autres objectifs que celle de défendre e territoire (rejoindre les armées de ses alliés pour fusionner les troupes)
Hugues