La diffusion sur OCS de deux films suscitent la publication de nouvelles critiques dans la presse à leur sujet:
« Une vie cachée », béni soit Terrence Malick
Une ode à la liberté et à l’insubordination, qui résonne fort aujourd’hui, signée par le réalisateur de « The Tree of life ».
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Il y a des « Moissons du ciel » (la communauté rurale, le travail aux champs) et de « la Ligne rouge » (l’être face à la guerre) dans cette symphonie pastorale. En guise de codas, les semonces et injonctions des autres à céder (« ton sacrifice ne profiterait à personne, nul ne saura, cela ne changera rien »). Et pour ligne mélodique, le questionnement d’un homme simple qui dit non aux puissants, d’un croyant qui, pour honorer sa foi, apprend à renier l’Eglise, accommodante envers la cause hitlérienne. La conviction, pas le dogme. L’espoir de transcendance, pas l’admiration béate.
« Une vie cachée » n’est pas un film de cul bénit-oui-oui mais une ode à la liberté et à l’insubordination, qui résonne fort aujourd’hui. Les civils (germaniques) y parlent anglais, les nazis, allemand (et sans sous-titres), mais le couple, une fois en paix, retrouve sa langue natale. Ce choix mériterait tout un débat. De même que ces plans édéniques d’une nature majestueuse où se noie le son parasite, à peine perceptible, d’un discours du Führer. Dans ce cinéma de la grandeur, comme lorsque les temps s’assombrissent, le diable est dans le détail. Immense film.
https://www.telecablesat.fr/33/cinema/une-vie-cachee-le-paradis-retrouve.html
https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/09/16/j-accuse-dans-les-coulisses-de-l-affaire-dreyfus_6052459_3246.html
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Or, J’accuse se révèle tout autre chose que le couplet autocomplaisant qu’on pouvait craindre. Adapté du roman de l’écrivain britannique Robert Harris, le film s’attache moins à la figure de Dreyfus, reléguée au second plan, qu’à celle du colonel Marie-Georges Picquart, chef du contre-espionnage qui mit au jour les irrégularités de la condamnation. En lui emboîtant le pas, le récit adhère à sa contre-enquête et réalise une plongée saisissante dans les arcanes troubles et tortueux de l’affaire, retracée ici avec un parti pris de froideur et de distanciation.
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Comme beaucoup de héros polanskiens assaillis par les circonstances, Picquart voit l’armée se retourner contre lui, et son état-major brandir un honneur cocardier pour mieux déguiser ses abus de pouvoir. Plus qu’un simple cadre, l’affaire Dreyfus, en laquelle la philosophe Hannah Arendt voyait une préfiguration des totalitarismes du XXe siècle, devient ici la caisse de résonance des psychoses collectives, le syndrome d’une société malade, s’entretenant d’un mélange toxique de xénophobie et de paranoïa – ce en quoi le film trouve des échos dans la France contemporaine.
Hugues