Modérateurs: Garion, Silverwitch
rozz a écrit:Ouais_supère a écrit:La question c'est interdiras/empêcheras-tu les gens d'y aller acheter leur pain.
ben, pour ma part, s´il n´y a meme que de fortes presomptions, je ne m´empecherais pas de le faire savoir
sccc a écrit:Les fortes présomptions, ça peut être des infos émanant des réseaux sociaux?
Quand la machine #Metoo s'emballe
Par Vincent Jaury
L'égalité homme-femme a fait des progrès considérables depuis des décennies, et c'est tant mieux. C'est même essentiel. Pendant des siècles, des hommes ont oppressé des femmes, de manière systémique. On a appelé cela le patriarcat, et il était bien réel. Rien à redire là-dessus. Rien non plus à redire sur le fait qu'il faille dénoncer les viols commis sur les femmes chaque jour, un chiffre intolérable. Les hommes doivent se montrer solidaires de ce combat contre les violeurs.
Il n'en reste pas moins qu'un je ne sais quoi gêne depuis la création de #Meetoo et de son pendant français au titre détestable et qui annonçait les dérives actuelles, #Balance TonPorc . « Balancer » que l'on peut définir ainsi : congédier brutalement quelqu'un. C'est bien cette brutalité qui pose problème, antithèse de la justice, qui se doit d'être lente et raisonnable. Il faut dire les choses telles qu'elles sont : #BalanceTonPorc a les mains sales. Je n'arrive pas à oublier cet homme, Eric Brion, lynché par le tribunal des réseaux sociaux, qui a perdu sa compagne, ses amis et son travail, à cause d'une accusation de harcèlement sexuel de la fondatrice du mouvement Sandra Muller. Il a été acquitté, jugé innocent, elle a été jugée coupable. Mais entre-temps, Eric Brion a été mis à mort socialement, comme il le dit lui-même. #BalanceTonPorc et le tribunal médiatique ont condamné un innocent, ce qui est infâme. De victime présumée, Sandra Muller s'est muée en bourreau avéré.
Je pensais sincèrement que ce serait un avertissement salutaire, et que la prudence serait alors de mise. Or, outre que l'acquittement de cet innocent a été à peu près passée sous silence, aucun enseignement n'en a été tiré. La Cause n'a pas de conscience, encore moins de mauvaise conscience, elle est sourde et aveugle, tant qu'elle avance, tant qu'elle fait chuter, tout peut continuer. Comme le mouvement aurait gagné en dignité s'il avait décidé de procéder autrement au nom de la justesse ! De procéder, justement, dans le cadre du droit, dans le cadre d'une cour de justice où l'accusé peut se défendre correctement, suffisamment.
Au lieu de ça, il y eut le cabotinage d'Adèle Haenel. Il y eut ce choix de passer par Mediapart pour régler ses comptes. Elle a feint l'indulgence, cette actrice qui sait jouer des émotions et des mots, mais permettez-moi d'être incrédule et sceptique sur ce choix de l'indulgence. Car en effet, si elle avait vraiment voulu être juste, elle n'aurait pas monté ce dossier à charge unilatéral, chair fraîche balancée dans la fosse aux lions. Elle n'aurait pas osé aller au tribunal, cette star puissante, qui a évidemment un avocat ? Elle ne s'y serait pas rendue car le système judiciaire serait « de manière systémique, violent avec les femmes »? Quel jugement excessif qui discrédite l'ensemble des propos de l'actrice ! Qu'il y ait des imperfections, comme le montrent des rapports récents sur ces questions, il faut le prendre en compte. Mais qu'un système organisé qu'est l'institution judiciaire, au coeur même duquel un très grand nombre de magistrats sont des magistrates, fasse « violence aux femmes », est mensonger. Et quoi qu'il en soit, passer par voie de presse, vaut-il mieux en termes de justice, que l'institution judiciaire ? En ces termes-là non, mille fois non ; en termes d'efficacité pour l'emporter sur quelqu'un, pour le mettre à terre, pour une mise à mort, c'est une évidence. C'est une régression démocratique que d'agir ainsi, un retour au temps du Far West, où, aidé de quelques témoins, on règle ses comptes soi-même, par-delà l'appareil judiciaire jugé en deçà de tout, incapable d'une vraie sanction, dure, radicale, menant à la mort, symbolique ou réelle. Entre le justicier Eastwood et Haenel, et ajoutons Valentine Monnier qui accuse Polanski, la frontière est ténue. Ce besoin de châtiment relève d'une dérive extrême droitière.
Alors pourquoi doit-on impérativement passer par la justice ? Parce que la justice a été créée contre ce besoin de châtiment. Jacqueline de Romilly a écrit un livre éclairant sur cette question, La douceur dans la pensée grecque. Qu'est-ce que la justice ? Elle est cette institution qui déjà chez les Grecs s'érige contre la violence archaïque dont nous sommes porteurs. Elle est le lieu comme aujourd'hui, où l'on ne juge pas simplement l'acte, mais les circonstances et les intentions. L'accusation s'accompagne d'explications, avec un principe qui est le contradictoire. La justice athénienne dont nous sommes les héritiers, fait l'éloge de la décence, de la douce équité, qu'elle oppose à la brutale application des règles de la loi. Contre nos instincts de vengeance, la justice appelle à la clémence. Pas une clémence benête, bien sûr, Platon avertit déjà dans La République qu'un suggnomé (jugement compréhensif) manié à la légère, devient indulgence au mal. Mais une magnanimité pour le présumé coupable, c'est notre part d'humanité la plus haute. Il reste que la mansuétude est un sentiment si élevé, qu'elle nous est la plupart du temps inaccessible. C'est pourquoi la justice se substitue à nos faiblesses d'hommes.
Et c'est donc pourquoi c'est dans ce système-là et aucun autre, que le féminisme doit opérer. C'est à ce prix qu'une vita nuova est possible. Sinon les dégâts seront irréparables. Même Klaus Barbie, qui fit envoyer les quarante-quatre enfants juifs d'Izieu à la mort et à Auschwitz, a eu le droit à un procès. Ce fut, disons-le clairement, la dignité de notre pays.
Shoemaker a écrit:J'ai raté un épisode : faudrait pas trop critiquer ce monsieur (ainsi que toute cette mouvance "libertaire" qu'il représente) ?... Et le critiquer, serait faire de la morale à 4 sous ?...
Je voudrais juste qu'on m'explique.
J'ai raté un épisode : faudrait pas
Hugues a écrit:Mais tu fais bien ce que tu veux, Shoemaker !
Shoemaker a écrit:Oui, personne n’est pur, personne n’a l’âme blanche comme une colombe. Cela est une chose. C’en est une autre que de propager une morale délétère et destructrice. Y a un truc qui s’appelle la conscience, et qui nous permet d’apprivoiser ce mal en nous. C’est cela, la dignité de l’Humain, la victoire qu’il emporte contre ses propres démons. Et ne pas y succomber jouissivement…
Ouais_supère a écrit:Shoemaker.
Quel est l'intérêt d'aller, 40 plus tard, traquer un vieillard jusque dans les chiottes, alors que la justice ne peut rien contre lui pour les faits reprochés ?
Marlaga a écrit:Ouais_supère a écrit:Shoemaker.
Quel est l'intérêt d'aller, 40 plus tard, traquer un vieillard jusque dans les chiottes, alors que la justice ne peut rien contre lui pour les faits reprochés ?
On a bien traqué les vieux nazis alors qu'ils avaient l'assentiment démocratique à l'époque.
Hugues a écrit:Elle l'a toujours eu : devant la justice.
Nul besoin de hurler, et non je ne trouve pas ça dommage qu'on ait pas entendu ces hurlements assez absurdes.
Hugues
Ouais_supère a écrit:Shoemaker. .........
Quel est l'intérêt d'aller, 40 plus tard, traquer un vieillard jusque dans les chiottes, alors que la justice ne peut rien contre lui pour les faits reprochés ?
Si ce n'est la vengeance, une idée de "il a fait souffrir, qu'il souffre à présent" ?
Autrement dit une loi du talion que je serais surpris de te voir défendre ?
Quel est l'intérêt d'aller, 40 ans plus tard, traquer Pivot jusque dans les chiottes pour avoir ouvert un micro pour quelqu'un qui, comme tu le dis, avait l'assentiment d'une (j'ai dit UNE) humeur de l'époque ?
Si ce n'est la vengeance, une idée de "il a cautionné la souffrance, qu'il souffre à présent" ?
Réfléchir aux moeurs d'une époque, constater ce que l'on considère comme des dérives, voir comment elles sont advenues, OUI.
Aller traquer, etc. pour faire rendre gorge socialement (la mort sociale, c'est ça que l'on prescrit pour ces deux mecs) deux vieillards pour un truc qu'une grande part de la société a cautionné, NON.
Et je veux bien tomber avec eux plutôt que de les voir subir seuls le courroux d'une armée de SJW assoiffés de sang... social.
madaxhe a écrit:Tu as l’air d’avoir une très haute idée de ce qu’est la justice alors que l’on constate tous les jours qu’il y a une vraie justice de classe chez nous, que les faibles sont accablés et les puissants relâchés (par exemple les momes du 16eme, soit-disant black-blocks, qui petent tout lors des manifs et qui ne sont jamais condamnés).
Hugues a écrit:Marlaga a écrit:
On a bien traqué les vieux nazis alors qu'ils avaient l'assentiment démocratique à l'époque.
Tu remarqueras que moi, je suis comme quelques noms du forums cohérent, j'ai dit ici que j'étais contre les poursuites contre Papon. (Ce qui n'était pas très populaire, déjà quelques crachats)
... sans doute parce que c'était un grand artiste ou que je protégeais quelqu'un du même bord politique que moi
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C'est triste de ne pas remarquer la cohérence et de continuer à psychologiser tes interlocuteurs plutôt que de leur reconnaître une constance.
Hugues
Ceux qui d'un clic se transforment en prophète de leur propre religion et lancent des fatwa contre des blasphémateurs qui s'ignorent. Tous ceux qui pérorent à longueur de pétitions débiles et qui se croient les rois du monde derrière le clavier de leurs smartphones. La morale qu'ils croient défendre n'est en réalité qu'un moralisme de plus.
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Hier on disait merde à Dieu, merde à l'armée, à l'État. Aujourd'hui il faut apprendre à dire merde aux associations tyranniques, au minorités nombrilistes, aux blogueurs et blogueuses [...] Ne pas se laisser impressionner par cette meute de mâchoires prêtent à vous déchiqueter. Au contraire, amusons nous à les faire hurler ces loups, puisqu'il suffit de leur tirer la queue pour qu'ils se mettent à couiner.
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