de Caboum le 09 Fév 2004, 18:24
Claude Ryan est mort
L'ancien chef du Parti libéral du Québec et ancien directeur du quotidien Le Devoir est mort d'un cancer inopérable à l'estomac. Il avait 79 ans.
M. Ryan aura donc succombé à la maladie deux mois après qu'on lui eut diagnostiqué un cancer.
M. Ryan était entouré de sa famille et de ses proches lorsqu'il a rendu l'âme. «Le médecin nous avait prévenus que c'était un cancer foudroyant», avait déclaré son fils, peu avant son décès. M. Ryan laisse cinq enfants dans le deuil. Son épouse, Madeleine Guay, est décédée en 1985.
Depuis son hospitalisation, mardi dernier, au pavillon Hôtel-Dieu du CHUM pour des traitements, son état de santé s'est rapidement dégradé. Jeudi, alors qu'il était encore conscient, M. Ryan, en accord avec son médecin, avait décidé de retarder sa sortie. Vendredi, sa respiration était devenue haletante. Dans la nuit de vendredi à samedi, M. Ryan est tombé dans le coma.
Le 26 janvier, M. Ryan a fêté son 79e anniversaire de naissance.
Jean Charest rend hommage à Claude Ryan
Par voie de communiqué, le premier ministre du Québec, Jean Charest, affirme que la contribution de M. Ryan à la vie publique et au progrès de la société québécoise est inestimable. Son action et sa vie constituent un exemple et une source d'inspiration pour tous ceux et celles qui oeuvrent à l'avancement de notre société, d'après lui.
Selon le souhait du premier ministre et avec l'accord de la famille de Claude Ryan, des funérailles nationales auront lieu.
Paul Martin souligne sa rigueur
Dans un communiqué, le premier ministre Paul Martin écrit qu'«au cours de son illustre carrière, Claude Ryan aura incarné les valeurs fondamentales qui définissent le Canada d'aujourd'hui : le respect des opinions, l'engagement envers les moins fortunés, la recherche du compromis. Sa rigueur intellectuelle, sa curiosité naturelle et son érudition auront fait de lui un des hommes publics les plus marquants de son époque. (...) Un grand Québécois, un grand Canadien», conclut le premier ministre.
Une vie bien remplie
.
Militant de l'Action catholique dans les années 1950, Claude Ryan devient éditorialiste au quotidien Le Devoir en 1962. Il accède deux ans plus tard à la direction du journal, d'où il prend part à tous les grands débats qui agitent la société québécoise. Intellectuel réputé pour sa rigueur, il exerce une énorme influence sur la classe politique et joue un rôle-clé lors de la Crise d'octobre.
En 1971, il s'oppose à la Charte de Victoria, le premier grand projet de réforme constitutionnelle du premier ministre Trudeau avec qui il entretient une relation conflictuelle. Très critique à l'endroit du gouvernement Bourassa, il incite la population à voter pour le Parti québécois en 1976, même s'il se dissocie de l'option souverainiste. C'est en 1978 qu'il fait le saut en politique active et devient chef du Parti libéral du Québec. En janvier 1980, il publie son «livre beige» dans lequel il réclame l'égalité des deux peuples fondateurs du Canada. Comme chef de l'Opposition officielle, il dirige le camp fédéraliste au référendum de mai 1980.
Affaibli dans son leadership, Claude Ryan démissionne à l'automne 1982 de la direction du Parti libéral. Après le retour au pouvoir de Robert Bourassa en 1985, il occupe plusieurs ministères, mais c'est à l'Éducation qu'il a le plus laissé sa marque. Il prend sa retraite de la vie politique en 1994, à la suite de la défaite du PLQ aux élections, mais n'a jamais cessé d'écrire et de prendre position. Il publie en 2002 un document sur les valeurs libérales auxquelles il est resté fidèle toute sa vie.
Qu'on est pour ou contre les prises de positions politiques de Ryan, faut lui donner les mérites qui lui reviennent. Ça été un grand politicien du Québec aussi reconnu pour la Main de Dieu.
For a player, to be good enough to play for Liverpool, he must be prepared to run over a brick wall, and then fight with me on the other side.
Bill Shankly