La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 16 Oct 2016, 11:28

Moi hier j'ai été voir "Cigognes et Compagnie" avec la petite famille de cinq ans et plus. Au début je me demandais ce que je foutais là, cette impression de revoir pour la 150e fois les mêmes effets archi-usés des DA en long-métrage américains, et puis finalement j'ai bien aimé, pas mal de trouvailles de narration, le travail assez épatant sur les expressions des visages, la virtuosité de l'animation, le côté débridé de l'anecdote... Finalement malgré la modestie des ambitions, je me suis beaucoup moins fait chier que devant 99% des productions actuelles (je ne dis pas 100% pour ne pas polémiquer). Ce qui compte dans une production artistique c'est ce que ça suggère dans l'esprit du spectateur, comme émotions, comme réflexion... Ça peut paraitre curieux mais j'en suis arrivé à me dire que les films pour enfants ont plus de profondeur philosophique que les films pour adultes (si le spectacle de l'étendue infinie du vide est un sujet de réflexion philosophique, oui c'est le seul cas où les films pour adultes semblent encore avoir une raison d'être).
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Messagede Hugues le 16 Oct 2016, 12:04

Cortese a écrit:99% des productions actuelles (je ne dis pas 100% pour ne pas polémiquer)


Heureusement que tu as écrit 99. :evil: :D Car d'autres fois quand il t'arrive d'écrire 100, je me dis "mais pourtant, il a bien vu Cortese qu'il y a une petite minorité de choses à voir!".

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Messagede sheon le 16 Oct 2016, 12:20

Cortese a écrit:Moi hier j'ai été voir "Cigognes et Compagnie" avec la petite famille de cinq ans et plus. Au début je me demandais ce que je foutais là, cette impression de revoir pour la 150e fois les mêmes effets archi-usés des DA en long-métrage américains, et puis finalement j'ai bien aimé, pas mal de trouvailles de narration, le travail assez épatant sur les expressions des visages, la virtuosité de l'animation, le côté débridé de l'anecdote... Finalement malgré la modestie des ambitions, je me suis beaucoup moins fait chier que devant 99% des productions actuelles (je ne dis pas 100% pour ne pas polémiquer). Ce qui compte dans une production artistique c'est ce que ça suggère dans l'esprit du spectateur, comme émotions, comme réflexion... Ça peut paraitre curieux mais j'en suis arrivé à me dire que les films pour enfants ont plus de profondeur philosophique que les films pour adultes (si le spectacle de l'étendue infinie du vide est un sujet de réflexion philosophique, oui c'est le seul cas où les films pour adultes semblent encore avoir une raison d'être).

Ça dépend vraiment des films pour enfants dont on parle (Pixar, par exemple, c'est un niveau au-dessus de Dreamworks) ! Mais, très clairement, certains sortent du lot, et si Cigognes et compagnie est du même tonneau que La grande aventure Lego, des mêmes producteurs, alors ça doit effectivement valoir le détour. :good
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 17 Oct 2016, 16:47

Pour en revenir aux Sept Mercenaires : j'ai revu le film de John Sturges, et je revois du coup totalement mon avis sur la reprise. Je ne m'explique pas pourquoi mon souvenir de la version d'origine était si peu flatteur, en tous cas il est maintenant clair dans mon esprit qu'elle est supérieure en tous points au film d'Antoine Fuqua. Si elle fait quand même l'apologie de l'interventionisme américain contre les méchants Russes, elle est très réussie cinématographiquement et bien plus aboutie que le film de 2016, qui lui se contente d'être un divertissement assez banal.
Bon et puis Steve McQueen est inégalable.
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Messagede Shoemaker le 17 Oct 2016, 17:05

sheon a écrit:Pour en revenir aux Sept Mercenaires : j'ai revu le film de John Sturges, et je revois du coup totalement mon avis sur la reprise. Je ne m'explique pas pourquoi mon souvenir de la version d'origine était si peu flatteur, en tous cas il est maintenant clair dans mon esprit qu'elle est supérieure en tous points au film d'Antoine Fuqua. Si elle fait quand même l'apologie de l'interventionisme américain contre les méchants Russes, elle est très réussie cinématographiquement et bien plus aboutie que le film de 2016, qui lui se contente d'être un divertissement assez banal.
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:good
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Messagede Hugues le 18 Oct 2016, 11:59

Bon je ne suis pas tout seul à vous encourager à voir Une vie (voir la page précédente, pour la (les) bandes-annonces et quelques mots, et il y a 5 ou 6 pages pour d'autres mots)
Même si à mon sens ce texte ne saisit pas (encore) la singularité du film. Il la cherche mais passe à côté (je l'ai un peu évoquée, mais d'ici au 23 novembre j'essaierai de développer)

TOURBILLON DE LA VIE

Dès les premiers plans d'Une vie, il y a quelque chose de proprement saisissant. Est-ce le format non-conventionnel de l'image, presque carrée? Ces scènes quotidiennes de la bourgeoisie du XIXe siècle, on a ici l'impression de les voir pour la toute première fois, de les voir de manière radicalement différente. Radical, on avoue que ce n'est pas un adjectif que l'on s'attendait à utiliser pour décrire l'adaptation du classique de Maupassant par Stéphane Brizé, cinéaste qu'on pensait trop sage. Le récit des désillusions domestiques de Jeanne est certes familier, les décors impressionnistes de falaises normandes également, mais la mise en scène de Brizé se révèle d'emblée d'une grande modernité.

Des plans qui paraissent ne jamais vouloir cadrer les personnages en entier, les filmant toujours de très près ou de loin (allant jusqu’à de brefs et improbables zooms nerveux)... un montage très saccadé, qui accélère comme un cœur qui s'emballe, et qui fait défiler des années entières en quelques vertigineuses secondes... un art de l'ellipse répétée qui fait que les scènes ne commencent ni ne s'arrêtent jamais quand on s'y attend (le son d'une scène se termine souvent à cheval sur les images de la suivante, isolant les pensées intérieures des personnages sans tomber dans les pièges de la voix off). La vie de Jeanne n'est pas (qu')un calvaire, mais Brizé en fait un véritable tourbillon, deux heures qui passent en un souffle.

Une vie n'est pourtant pas un über-mélo. Filmé a vif, comme un très gros plan permanent, le film ne fait pas naitre l'émotion de la manière attendue. Pas de larmes recouvertes de violons, ici. Ceux qui attendent du cinéma classique risquent même de trouver le film étonnamment distant, froid. Pourtant Une vie bouleverse, mais il le fait en s'appuyant moins sur son récit que sa mise en images, choisissant de rester fidèle à l'esprit du roman tout se libérant audacieusement de l'obligation d'illustrer trop fidèlement chaque page. Toute proportion gardée, on est moins proche de la série télé Au siècle de Maupassant que de l'adaptation des Hauts de Hurlevent par Andrea Arnold. C'est d'ailleurs aux sœurs Brontë que l'on pense devant l'un des plans les plus fulgurants du film: en pleine nuit, deux silhouettes fantômes hurlant à la mort dans la campagne déserte.

Il faut saluer bien fort le talent de Judith Chemla, qui excelle avec subtilité à donner à son personnage tous les âges de la vie (adolescente vieillie avant l'heure puis vieille femme têtue comme une enfant) sans jamais donner l'impression de se livrer à un grand numéro d'actrice. Sa simple diction, curieusement ralentie, suffit à traduire des états d'âmes complexes. Maupassant n'avait certes pas besoin d'être dépoussiéré: Une vie traduit non seulement la modernité de son écriture, mais se révèle un film plus moderne que bien d'autres contemporains. Ça c'est du cinéma.
par Gregory Coutaut

5 étoiles/6


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Oct 2016, 13:20

sheon a écrit:Pour en revenir aux Sept Mercenaires : j'ai revu le film de John Sturges, et je revois du coup totalement mon avis sur la reprise. Je ne m'explique pas pourquoi mon souvenir de la version d'origine était si peu flatteur, en tous cas il est maintenant clair dans mon esprit qu'elle est supérieure en tous points au film d'Antoine Fuqua. Si elle fait quand même l'apologie de l'interventionisme américain contre les méchants Russes, elle est très réussie cinématographiquement et bien plus aboutie que le film de 2016, qui lui se contente d'être un divertissement assez banal.
Bon et puis Steve McQueen est inégalable.


Sans être dans ta tête et si je devais hasarder une réponse, je dirais: la mise en scène. Il faut dire, n'en déplaise à mon cher Shoemaker, le film n'est pas très bon. Et ta déception est peut-être liée à une mise en scène très extérieure, et assez peu engageante (regarde certaines séquences sans le son, et donc sans la musique) qui use et abuse de compositions symétriques.

Du même cinéaste et dans ces westerns, si tu ne les as déjà vus, je te recommande plutôt, à rebours:

Le Dernier Train de Gun Hill, avec Kirk Douglas et Anthony Quinn, Le Trésor du pendu (titre complètement débile), avec Robert Taylor et Richard Widmark, ou bien si tu es motivé Fort Bravo, avec William Holden et Eleanor Parker.

Dans les trois films, tu retrouveras cette mise en scène distante, mais dans des films un peu plus libres, qui empruntent plus facilement des chemins de traverse.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 18 Oct 2016, 13:30

Pas vus, je regarderai à l'occasion :good
Prochainement, la Cinémathèque projettera Règlements de comptes à OK Corral, qui n'est en revanche pas dans ta liste. Je vais essayer d'y aller.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 18 Oct 2016, 17:41

(ma très chère Silver, je n'aurais pas la prétention de te contredire. C'est surtout que ce Western, pas plus mauvais que ça, cela dit, a surtout une grande importance sentimentale pour moi, comme tu as du le lire... :o )
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 18 Oct 2016, 17:43

En tout cas, tout cela donne grande envie de se faire une bonne série de grands Western de l'âge d'or US !
De temps en temps, ça fait pas de mal ! :good
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 18 Oct 2016, 19:22

Shoemaker a écrit:En tout cas, tout cela donne grande envie de se faire une bonne série de grands Western de l'âge d'or US !
De temps en temps, ça fait pas de mal ! :good

Si tu etais encore à Paris je t'aurais passé ma collection de John Ford. Je crois que je les ai tous ses westerns. Ah non, il me manque toujours "Stagecoach" :(
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 18 Oct 2016, 19:25

:good
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 19 Oct 2016, 15:18

En salle à partir de ce mercredi.. Et sur pas mal d'écrans quand même..

Le nouveau film de Todd Solondz:

Le Teckel (Wiener-Dog)

Un teckel adulte, abandonné dans un refuge, est adopté par un père de famille qui en fait cadeau à son fils, survivant d'un cancer. Mais bien qu'il aide l'enfant à retourner à la vie, l'animal creuse un fossé entre les parents qui, à la première occasion, se débarrassent de lui. Adopté par l'assistante du vétérinaire chargé de l'euthanasier, le chien au bon caractère prend la route avec elle et un vieil ami d'école. Faisant escale chez le frère trisomique de ce dernier et sa conjointe, attente du même handicap, le tandem repart en laissant l'animal entre leurs mains. Le chien assistera ensuite, impuissant, au désespoir grandissant du scénariste raté qui l'a adopté, avant d'être catapulté dans les bras d'une vieille femme aigrie, à qui plus personne ne rend visite.

Hugues a écrit:
Hugues a écrit:Un nouvel épisode, dans notre série involontaire en cours "Passons chaque saison de l'année avec notre Grande Gigue"

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher

Juste pour l'arrivée de l'été outre-atlantique, mais seulement pour l'automne chez nous..
Le nouveau film de Todd Solondz

Le Teckel (Wiener-Dog)
(littéralement, "Le chien-saucisse"*)
avec Julie Delpy, Greta Gerwig, Ellen Burstyn, Danny DeVito, Nigel Cooke, Tracy Letts et Kieran Culkin.


Le portrait d’un teckel et de tous ceux auxquels il apportera un bref instant de bonheur.

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher



La bande-annonce sous-titrée en français cette fois!

Bande annonce VOSTF   Compatible plein écran



Ah, sinon, parfois il y a quelques gaffes: une nouvelle version de l'affiche française affiche déjà Deauville 2016 alors que ça n'a même pas été annoncé par le festival et ne le sera que dans un mois et demi..

Image


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 19 Oct 2016, 15:24

L'histoire d'un chien qui va de maîtres en maîtres ?
Un peu comme Clodo et les vicieuses, quoi.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 19 Oct 2016, 15:31

Hugues a écrit:A signaler aussi, à partir de vendredi au cinéma... en même temps que sa présentation en compétition à Cannes..
Même si on peut avoir, déjà, dès la bande-annonce une relative méfiance (qui nous fera peut-être mentir, heureusement), d'autant plus que son cinéaste semble s'être un peu perdu depuis 3 ans qu'il explore différentes contrées auxquelles ils ne s'était jamais essayé..

Ma Loute de Bruno Dumont
Avec Fabrice Lucchini, Juliette Binoche et Valérie Bruni-Tedeschi.



Eté 1910, Baie de la Slack* dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L'improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l'enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au coeur d'une étrange et dévorante histoire d'amour entre Ma Loute, fils ainé d'une famille de pêcheurs aux moeurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.

* Le film s'appellera d'ailleurs Slack Bay à l'étranger.

Image

Hugues


J'ai "visionné" cette merde, car dans le cas présent, on ne peut ni dire "voir", ni "regarder"... Sans doute le film le plus stupide, le plus inintéressant, et le plus mal joué que j'aie jamais vu... :x
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 19 Oct 2016, 15:41

On peut toujours trouver pire.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 19 Oct 2016, 16:00

sheon a écrit:On peut toujours trouver pire.


Dans le cas présent, ça me parait difficile... Lucchini qui marche comme un singe fatigué pendant tout le film, des dialogues incompréhensibles, une fille qui s'habille en garçon pour ensuite d'habiller en fille et qui finalement est un garçon, un inspecteur de police obèse qui s'envole... :pasrond:

C'est trop pour moi. :?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 19 Oct 2016, 16:12

Tiens, par exemple, prends Devil Story : il était une fois le diable.
Voilà une tentative de résumé de l'histoire :
Image
Et la bande-annonce qui va avec :
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


En prenant moins extrême, tu peux aussi tenter le film de BHL, avec Arielle Dombasle, Alain Delon et Karl Zéro. Mais bon courage.
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Bon, pour en revenir à Ma Loute, la bande-annonce ne m'avait de toute façon pas du tout donné envie de le voir, même si ça semblait sortir des sentiers battus (ce qui est toujours louable, même pour un gros raté). Mais je maintiens, il y a toujours bien pire !
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 19 Oct 2016, 19:53

NQP, ça n'est pas faute d'avoir mis en garde...

Hugues a écrit:Même si on peut avoir, déjà, dès la bande-annonce une relative méfiance (qui nous fera peut-être mentir, heureusement), d'autant plus que son cinéaste semble s'être un peu perdu depuis 3 ans qu'il explore différentes contrées auxquelles ils ne s'était jamais essayé..


Maintenant, même si le film est raté on pouvait s'y attendre, (c'est pour cela que je n'en ai plus du tout parlé ensuite, après l'avoir vu), tu es quand même très sévère.. Donc ces prochaines heures, même si j'en pense pas vraiment du bien, je le défendrai un peu ce film. Dumont est un très grand cinéaste, même raté, le film n'est pas si mauvais.
Paradoxalement, et un peu tristement, du fait de Binoche et Lucchini, c'est le film de Dumont qui a fait le plus d'entrée, 560 000 quand même, quand ses chefs d'oeuvre ont été peu vu.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 19 Oct 2016, 20:38

Hugues a écrit:NQP, ça n'est pas faute d'avoir mis en garde...

Hugues a écrit:Même si on peut avoir, déjà, dès la bande-annonce une relative méfiance (qui nous fera peut-être mentir, heureusement), d'autant plus que son cinéaste semble s'être un peu perdu depuis 3 ans qu'il explore différentes contrées auxquelles ils ne s'était jamais essayé..


Maintenant, même si le film est raté on pouvait s'y attendre, (c'est pour cela que je n'en ai plus du tout parlé ensuite, après l'avoir vu), tu es quand même très sévère.. Donc ces prochaines heures, même si j'en pense pas vraiment du bien, je le défendrai un peu ce film. Dumont est un très grand cinéaste, même raté, le film n'est pas si mauvais.
Paradoxalement, et un peu tristement, du fait de Binoche et Lucchini, c'est le film de Dumont qui a fait le plus d'entrée, 560 000 quand même, quand ses chefs d'oeuvre ont été peu vu.

Hugues


La prochaine fois, je te ferai confiance, même si c'est pour la dernière comédie hilarante du cinéma slovène... :(

Pourtant, une famille de dégénérés cannibales, ça aurait dû me plaire, mais non même pas. C'est lourd, immensément lourd... Pénible, immensément pénible... Affligeant, consternant, et surtout pas drôle, pas drôle du tout. :cry:

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Oct 2016, 23:16

Une nouvelle bande-annonce états-unienne pour Arrival (Premier Contact).. Tellement industrielle, bas du front, qu'on n'entrevoit même pas que le film pourrait être honorable, surprenant et pertinent (ce qu'il est pourtant), quand soudainement le film fait un virage surprise et passionnant.

Arrival - Bande-annonce finale états-unienne (Paramount)   Compatible plein écran


Rassurez-vous donc, le film est une aussi bonne surprise que sa bande-annonce est cliché...
C'est un accident de greenlight chez Paramount et Sony, nous ne voyons pas d'autres explications...

Hugues


Hugues a écrit:Toujours pareil

Juste pour être gentil avec Sir Ouais_supère de l'Espace Infini tout ça quoi.


Arrival - Bande-annonce (pas teaser hein)   Compatible plein écran


Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Hugues


Hugues a écrit:Bah oui y en a une autre, parce que chacun dans sa partie du monde a voulu faire la bande-annonce à sa manière...

Premier Contact* - Bande-annonce internationale (VOSTF)


tutoriels Hugues (*Parce que oui le film s'appelle comme ça par chez nous - ce qui fait quand même apparemment le 3e titre)



Hugues a écrit:
Ouais_supère a écrit:Il s'échauffe pour Blade Runner 2 (*vomi*), Denis Villo.

Merci encore, mais tutoriels sais, je suis plus "film dans l'espace" que film d'extra-terrestre !

Là, on sent bien que tout est dans la bande-annonce, je suis presque persuadé que le film a pas grand-chose dans le ventre passé ce petit suspense.
Mais j'espère me tromper.


Eh bien c'est en fait une excellente surprise..!

Bon ce n'est pas un grand ou très grand film il manque un supplément de grâce et peut-être un peu de curiosité chez le metteur en scène d'aller explorer au delà du plan délimité du scénario...

Mais...

C'est un film sur le temps retrouvé, la temporalité de l'être et sur la nature être-été de l'être humain.

Le film reste malheureusement un peu en surface (si on peut appeler ça la surface). Mais le récit devient donc un prétexte surprenant à plonger le spectateur dans ces questions.

Il invite sortir de la quotidienneté pour revoir pour un temps bref le présent comme une éternité.

Comme ça débute comme un mélange de Spielberg et Nolan.. (à ceci près qu'un bref instant on entrevoit par deux ou trois plans que le film peut être bien plus, ce qu'il va confirmer) je dirais que c'est en quelque sorte un Interstellar qui n'aurait pas raté, mais mieux qui aurait réussi.

Hugues (oui, Silverwitch, il y a tout ça dans le film, si, si! T'aurais pas cru? Moi non plus)


Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 21 Oct 2016, 13:11

Hugues a écrit:
Hugues a écrit:
Hugues a écrit:Un nouvel épisode, dans notre série involontaire en cours "Passons chaque saison de l'année avec notre Grande Gigue"

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Elle est fascinante, cette nana.
En 3 secondes de ce gif animé passent sur son visage plus d'expressions que dans les carrières réunies de plusieurs centaines d'acteurs hollywoodiens.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 21 Oct 2016, 13:30

Y en aura toujours pour te dire que Kristen Stewart, si elle fait la gueule tout le temps, c'est pour se donner un style saoul:
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Ou que Ryan Gosling a une palette étendue d'expressions.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Kadoc le 21 Oct 2016, 13:39

Ils arrivent pas a la cheville de Steven Seagal.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 21 Oct 2016, 13:43

Ouais mais j'ai voulu justement sortir des exemples moins évidents que Monsieur Balayette :lol:
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Kadoc le 21 Oct 2016, 14:16

Gosling? Moins evident? Le mec a sa tronche partout. :lol:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 21 Oct 2016, 14:22

Ouais mais il n'a pas encore eu droit à son tableau d'émotions, alors que celui de Seagal est le plus connu.
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Mais je dois dire que je préfère celui-là :
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 21 Oct 2016, 15:19

Non mais ce qui est grand chez Greta, c'est que ce ne sont pas des mimiques actors studio, elle semble réellement traversée à un instant t par mille sentiments différents voire contradictoires.
C'est un joyau.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Oct 2016, 18:15

Ouais_supère a écrit:Non mais ce qui est grand chez Greta, c'est que ce ne sont pas des mimiques actors studio, elle semble réellement traversée à un instant t par mille sentiments différents voire contradictoires.
C'est un joyau.


:o

Rare talent !
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Messagede Hugues le 21 Oct 2016, 18:52

Ouais_supère a écrit:Non mais ce qui est grand chez Greta, c'est que ce ne sont pas des mimiques actors studio, elle semble réellement traversée à un instant t par mille sentiments différents voire contradictoires.
C'est un joyau.


Mais certains cinéastes arrivent quand même à la neutraliser complètement. Et pire, des cinéastes plutôt talentueux...

Comme l'horrible prochain ratage Jackie où on en fait un faire valoir de Portman (et donc pour qu'on ait l'impression que Portman est une plus grande actrice, imaginez comment il faut saucissonner le plus possible les présences de Gerwig, la transformer en ombre et j'en passe... à se demander pourquoi elle a été castée dans le rôle en fait ... d'ailleurs le rôle est presque doublement ironique, comme on le voit dans la BA, c'est le chaperon qui apprend à Jacqueline Portman à figer son visage, comme si Portman avait besoin de leçon en la matière.. et comme si Gerwig était l'exemple d'un être figé.. :roll: :D )

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Oct 2016, 18:55

Hugues a écrit:
Mais certains cinéastes arrivent quand même à la neutraliser complètement. Et pire, des cinéastes plutôt talentueux...


Comme Woody Allen, par exemple !

Hugues a écrit:Comme l'horrible prochain ratage Jackie où on en fait un faire valoir de Portman (et donc pour qu'on ait l'impression que Portman est une plus grande actrice, imaginez comment il faut saucissonner le plus possible les présences de Gerwig, la transformer en ombre et j'en passe... à se demander pourquoi elle a été castée dans le rôle en fait ... d'ailleurs le rôle est presque doublement ironique, comme on le voit dans la BA, c'est le chaperon qui apprend à Jacqueline Portman à figer son visage, comme si Portman avait besoin de leçon en la matière.. et comme si Gerwig était l'exemple d'un être figé.. :roll: :D )


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Oct 2016, 18:57

sheon a écrit:Y en aura toujours pour te dire que Kristen Stewart, si elle fait la gueule tout le temps, c'est pour se donner un style saoul:
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Ou que Ryan Gosling a une palette étendue d'expressions.
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:good
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 29 Oct 2016, 18:19

Je mets ce "point de vue" ici (oui c'est un affreux bonhomme d'extrême droite, c'est triste, hein ?) parce que cette critique de l'idéologie dominante recoupe exactement les reproches que je fais habituellement et qui me font trouver le cinéma d'auteur actuel insupportable.

La société sans pères ou le règne de narcisse

« La société a adopté, sans la moindre limite et sans le moindre contre-pouvoir, l’intégralité des valeurs féminines », estimait récemment le pédiatre Aldo Naouri. De cette féminisation témoignent déjà le primat de l’économie sur la politique, le primat de la consommation sur la production, le primat de la discussion sur la décision, le déclin de l’autorité au profit du « dialogue », mais aussi l’obsession de la protection de l’enfant (et la survalorisation de la parole de l’enfant), la mise sur la place publique de l’intimité et les confessions intimes de la « télé-réalité », la vogue de l’« humanitaire » et de la charité médiatique, l’accent mis constamment sur les problèmes de sexualité, de procréation et de santé, l’obsession du paraître, du vouloir-plaire et du soin de soi (mais aussi l’assimilation de la séduction masculine à la manipulation et au « harcèlement »), la féminisation de certaines professions (école, magistrature, psychologues, travailleurs sociaux), l’importance des métiers de la communication et des services, la diffusion des formes rondes dans l’industrie, la sacralisation du mariage d’amour (un oxymore), la vogue de l’idéologie victimaire, la multiplication des « cellules de soutien psychologique », le développement du marché de l’émotionnel et de l’apitoiement, la nouvelle conception de la justice qui fait d’elle un moyen, non plus de juger en toute équité, mais de faire droit à la douleur des victimes (pour leur permettre de « faire leur deuil » et de « se reconstruire »), la vogue de l’écologie et des « médecines douces », la généralisation des valeurs du marché, la déification du « couple » et des « problèmes de couple », le goût de la « transparence » et de la « mixité », sans oublier le téléphone portable comme substitut du cordon ombilical, la disparition progressive du mode impératif dans le langage courant, et enfin la globalisation elle-même, qui tend à instaurer un monde de flux et de reflux, sans frontières ni repères stables, un monde liquide et amniotique (la logique de la Mer est aussi celle de la Mère).

Après la pénible « culture raide » des années trente, tout n’a certes pas été négatif dans cette féminisation. Mais celle-ci verse désormais dans l’excès inverse. Plus encore qu’elle n’est synonyme de dévirilisation, elle débouche sur l’effacement symbolique du rôle du Père et sur l’indistinction des rôles sociaux masculin/féminin.

La généralisation du salariat et l’évolution de la société industrielle font aujourd’hui que les hommes n’ont tout simplement plus de temps à consacrer à leurs enfants. Le père a peu à peu été réduit à un rôle économique et administratif. Transformé en « papa », il tend à devenir un simple soutien affectif et sentimental, fournisseur de biens de consommation et exécuteur des volontés maternelles, en même temps qu’une assistante socialo-ménagère, aide-marmiton, changeur de couches et pousseur de caddies.

Or, le père symbolise la Loi, référent objectif qui s’élève au-dessus des subjectivités familiales. Alors que la mère exprime avant tout le monde des affects et des besoins, le père a pour rôle de couper le lien fusionnel entre l’enfant et sa mère. Instance tierce qui fait sortir l’enfant de la toute-puissance infantile et narcissique, il permet la rencontre de celui-ci avec son contexte social-historique, et lui permet de s’inscrire dans un monde et dans une durée. Il assure « la transmission de l’origine, du nom, de l’identité, de l’héritage culturel et de la tâche à poursuivre » (Philippe Forget). Faisant le pont entre la sphère familiale privée et la sphère publique, limitant le désir par la Loi, il s’avère par là indispensable à la construction de soi. Mais de nos jours, les pères tendent à devenir « des mères comme les autres ». « Ils veulent eux aussi être porteurs de l’Amour et non plus seulement de la Loi » (Eric Zemmour). Or, l’enfant sans père a le plus grand mal à accéder au monde symbolique. En quête d’un bien-être immédiat qui n’a pas à affronter la Loi, l’addiction à la marchandise devient tout naturellement son mode d’être.

Une autre caractéristique de la modernité tardive est l’indistinction des fonctions masculine et féminine, qui fait des parents des sujets flottants, égarés dans la confusion des rôles et le brouillage des repères. Les sexes sont des complémentaires antagonistes, ce qui veut dire qu’ils s’attirent et se combattent en même temps. L’indifférenciation sexuelle, recherchée dans l’espoir de pacifier les relations entre les sexes, aboutit à faire disparaître ces relations. Confondant identités sexuelles (il n’y en a que deux) et orientations sexuelles (il peut y en avoir une multitude), la revendication d’homoparentalité (qui enlève à l’enfant les moyens de nommer sa parentèle et nie l’importance de la filiation dans sa construction psychique) revient à demander à l’Etat qu’il fabrique des lois pour valider des moeurs, légaliser une pulsion ou donner une garantie institutionnelle au désir, ce qui n’est pas son rôle.

Paradoxalement, la privatisation de la famille est allée de pair avec son invasion par l’« appareil thérapeutique » des techniciens et des experts, conseillers et psychologues. Cette « colonisation du monde vécu » sous prétexte de rationalisation de la vie quotidienne a renforcé tout à la fois la médicalisation de l’existence, la déresponsabilisation des parents, et les capacités de surveillance et de contrôle disciplinaire de l’Etat. Dans une société considérée comme en dette perpétuelle vis-à-vis des individus, dans une république oscillant entre le mémoriel et le compassionnel, l’Etat-Providence, affairé à la gestion lacrymale des misères sociales par le biais d’une cléricature sanitaire et sécuritaire, s’est transformé en Etat maternel et maternant, hygiéniste, distributeur de messages de « soutien » à une société placée sous serre. C’est cette société dominée par le matriarcat marchand qui s’indigne aujourd’hui du virilisme « archaïque » des banlieues et s’étonne de se voir méprisée par lui.

Mais tout cela n’est évidemment que la forme extérieure du fait social, derrière lequel se dissimule la réalité des inégalités salariales et des femmes battues. La dureté, évacuée du discours public, revient avec d’autant plus de forces en coulisses, et la violence sociale se déchaîne sous l’horizon de l’empire du Bien. La féminisation des élites et la place prise par les femmes dans le monde du travail ne l’a pas rendu plus affectueux, plus tolérant, plus attentif à l’autre, mais seulement plus hypocrite.

La sphère du travail salarié obéit plus que jamais aux seules lois du marché, dont le but est d’accumuler à l’infini de lucratifs retours sur investissements. Le capitalisme, on le sait, a constamment encouragé les femmes à travailler afin d’exercer une pression à la baisse sur le salaire des hommes. A l’heure actuelle, 80 % des 3, 4 millions de personnes qui travaillent en France pour un salaire inférieur au Smic sont des femmes.

Toute société tend à manifester des dynamiques psychologiques qu’on peut aussi observer au niveau personnel. Au la fin du XIXe siècle régnait fréquemment l’hystérie, au début du XXe siècle la paranoïa. Dans les pays occidentaux, la pathologie la plus courante aujourd’hui semble être un narcissisme civilisationnel, qui se traduit notamment par l’infantilisation des agents, une existence immature, une anxiété conduisant souvent à la dépression. Chaque individu se prend pour l’objet et la fin de tout, la recherche du Même prime sur le sens de la différence sexuelle, le rapport au temps se limite à l’immédiat. Le narcissisme engendre un fantasme d’auto-engendrement, dans un monde sans souvenirs ni promesses, où passé et futur sont pareillement rabattus sur un perpétuel présent et où chacun se prend soi-même pour l’objet de son désir, en prétendant échapper aux conséquences de ses actes. Société sans pères, société sans repères !

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 29 Oct 2016, 19:52

:good
Je lui mets 19. Un point en moins, pour avoir cité sans nécessité Zemmour.
En somme, le capitalisme a transformé l'homme en une "salope cruelle et lâche", tout en maintenant la femme dans une infériorité ontologique. Il est fort, le capitalisme ! Victoire sur toute la ligne.
Alain de Benoist ne peut pas être réduit simplement à un mec d'extrême droite. C'est avant tout un intellectuel authentique (un peu comme on dirait, en creux, que BHL est un philosophe escroc).
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 29 Oct 2016, 22:58

Je croyais que c'était de la chiasse, la psychanalyse.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 30 Oct 2016, 00:45

Ouais_supère a écrit:Je croyais que c'était de la chiasse, la psychanalyse.

La psychanalyse, pas la psychologie.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 30 Oct 2016, 09:18

Cortese a écrit:Je mets ce "point de vue" ici (oui c'est un affreux bonhomme d'extrême droite, c'est triste, hein ?) parce que cette critique de l'idéologie dominante recoupe exactement les reproches que je fais habituellement et qui me font trouver le cinéma d'auteur actuel insupportable.

La société sans pères ou le règne de narcisse

« La société a adopté, sans la moindre limite et sans le moindre contre-pouvoir, l’intégralité des valeurs féminines », estimait récemment le pédiatre Aldo Naouri. De cette féminisation témoignent déjà le primat de l’économie sur la politique, le primat de la consommation sur la production, le primat de la discussion sur la décision, le déclin de l’autorité au profit du « dialogue », mais aussi l’obsession de la protection de l’enfant (et la survalorisation de la parole de l’enfant), la mise sur la place publique de l’intimité et les confessions intimes de la « télé-réalité », la vogue de l’« humanitaire » et de la charité médiatique, l’accent mis constamment sur les problèmes de sexualité, de procréation et de santé, l’obsession du paraître, du vouloir-plaire et du soin de soi (mais aussi l’assimilation de la séduction masculine à la manipulation et au « harcèlement »), la féminisation de certaines professions (école, magistrature, psychologues, travailleurs sociaux), l’importance des métiers de la communication et des services, la diffusion des formes rondes dans l’industrie, la sacralisation du mariage d’amour (un oxymore), la vogue de l’idéologie victimaire, la multiplication des « cellules de soutien psychologique », le développement du marché de l’émotionnel et de l’apitoiement, la nouvelle conception de la justice qui fait d’elle un moyen, non plus de juger en toute équité, mais de faire droit à la douleur des victimes (pour leur permettre de « faire leur deuil » et de « se reconstruire »), la vogue de l’écologie et des « médecines douces », la généralisation des valeurs du marché, la déification du « couple » et des « problèmes de couple », le goût de la « transparence » et de la « mixité », sans oublier le téléphone portable comme substitut du cordon ombilical, la disparition progressive du mode impératif dans le langage courant, et enfin la globalisation elle-même, qui tend à instaurer un monde de flux et de reflux, sans frontières ni repères stables, un monde liquide et amniotique (la logique de la Mer est aussi celle de la Mère).

Après la pénible « culture raide » des années trente, tout n’a certes pas été négatif dans cette féminisation. Mais celle-ci verse désormais dans l’excès inverse. Plus encore qu’elle n’est synonyme de dévirilisation, elle débouche sur l’effacement symbolique du rôle du Père et sur l’indistinction des rôles sociaux masculin/féminin.

La généralisation du salariat et l’évolution de la société industrielle font aujourd’hui que les hommes n’ont tout simplement plus de temps à consacrer à leurs enfants. Le père a peu à peu été réduit à un rôle économique et administratif. Transformé en « papa », il tend à devenir un simple soutien affectif et sentimental, fournisseur de biens de consommation et exécuteur des volontés maternelles, en même temps qu’une assistante socialo-ménagère, aide-marmiton, changeur de couches et pousseur de caddies.

Or, le père symbolise la Loi, référent objectif qui s’élève au-dessus des subjectivités familiales. Alors que la mère exprime avant tout le monde des affects et des besoins, le père a pour rôle de couper le lien fusionnel entre l’enfant et sa mère. Instance tierce qui fait sortir l’enfant de la toute-puissance infantile et narcissique, il permet la rencontre de celui-ci avec son contexte social-historique, et lui permet de s’inscrire dans un monde et dans une durée. Il assure « la transmission de l’origine, du nom, de l’identité, de l’héritage culturel et de la tâche à poursuivre » (Philippe Forget). Faisant le pont entre la sphère familiale privée et la sphère publique, limitant le désir par la Loi, il s’avère par là indispensable à la construction de soi. Mais de nos jours, les pères tendent à devenir « des mères comme les autres ». « Ils veulent eux aussi être porteurs de l’Amour et non plus seulement de la Loi » (Eric Zemmour). Or, l’enfant sans père a le plus grand mal à accéder au monde symbolique. En quête d’un bien-être immédiat qui n’a pas à affronter la Loi, l’addiction à la marchandise devient tout naturellement son mode d’être.

Une autre caractéristique de la modernité tardive est l’indistinction des fonctions masculine et féminine, qui fait des parents des sujets flottants, égarés dans la confusion des rôles et le brouillage des repères. Les sexes sont des complémentaires antagonistes, ce qui veut dire qu’ils s’attirent et se combattent en même temps. L’indifférenciation sexuelle, recherchée dans l’espoir de pacifier les relations entre les sexes, aboutit à faire disparaître ces relations. Confondant identités sexuelles (il n’y en a que deux) et orientations sexuelles (il peut y en avoir une multitude), la revendication d’homoparentalité (qui enlève à l’enfant les moyens de nommer sa parentèle et nie l’importance de la filiation dans sa construction psychique) revient à demander à l’Etat qu’il fabrique des lois pour valider des moeurs, légaliser une pulsion ou donner une garantie institutionnelle au désir, ce qui n’est pas son rôle.

Paradoxalement, la privatisation de la famille est allée de pair avec son invasion par l’« appareil thérapeutique » des techniciens et des experts, conseillers et psychologues. Cette « colonisation du monde vécu » sous prétexte de rationalisation de la vie quotidienne a renforcé tout à la fois la médicalisation de l’existence, la déresponsabilisation des parents, et les capacités de surveillance et de contrôle disciplinaire de l’Etat. Dans une société considérée comme en dette perpétuelle vis-à-vis des individus, dans une république oscillant entre le mémoriel et le compassionnel, l’Etat-Providence, affairé à la gestion lacrymale des misères sociales par le biais d’une cléricature sanitaire et sécuritaire, s’est transformé en Etat maternel et maternant, hygiéniste, distributeur de messages de « soutien » à une société placée sous serre. C’est cette société dominée par le matriarcat marchand qui s’indigne aujourd’hui du virilisme « archaïque » des banlieues et s’étonne de se voir méprisée par lui.

Mais tout cela n’est évidemment que la forme extérieure du fait social, derrière lequel se dissimule la réalité des inégalités salariales et des femmes battues. La dureté, évacuée du discours public, revient avec d’autant plus de forces en coulisses, et la violence sociale se déchaîne sous l’horizon de l’empire du Bien. La féminisation des élites et la place prise par les femmes dans le monde du travail ne l’a pas rendu plus affectueux, plus tolérant, plus attentif à l’autre, mais seulement plus hypocrite.

La sphère du travail salarié obéit plus que jamais aux seules lois du marché, dont le but est d’accumuler à l’infini de lucratifs retours sur investissements. Le capitalisme, on le sait, a constamment encouragé les femmes à travailler afin d’exercer une pression à la baisse sur le salaire des hommes. A l’heure actuelle, 80 % des 3, 4 millions de personnes qui travaillent en France pour un salaire inférieur au Smic sont des femmes.

Toute société tend à manifester des dynamiques psychologiques qu’on peut aussi observer au niveau personnel. Au la fin du XIXe siècle régnait fréquemment l’hystérie, au début du XXe siècle la paranoïa. Dans les pays occidentaux, la pathologie la plus courante aujourd’hui semble être un narcissisme civilisationnel, qui se traduit notamment par l’infantilisation des agents, une existence immature, une anxiété conduisant souvent à la dépression. Chaque individu se prend pour l’objet et la fin de tout, la recherche du Même prime sur le sens de la différence sexuelle, le rapport au temps se limite à l’immédiat. Le narcissisme engendre un fantasme d’auto-engendrement, dans un monde sans souvenirs ni promesses, où passé et futur sont pareillement rabattus sur un perpétuel présent et où chacun se prend soi-même pour l’objet de son désir, en prétendant échapper aux conséquences de ses actes. Société sans pères, société sans repères !

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Il est dommage que l'auteur confonde ou plutôt emploie indistinctement féminisation et maternisation.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 30 Oct 2016, 10:45

Cortese a écrit:
Ouais_supère a écrit:Je croyais que c'était de la chiasse, la psychanalyse.

La psychanalyse, pas la psychologie.


...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 30 Oct 2016, 12:30

Ceci dit, l'autre jour, ou plutôt deux autres soirs, j'ai vu Maggie's Plan et Mistress America.

Ce sont deux bonnes comédies.

J'ai peut-être été spontanément moins emballé par le premier, mais je pense que c'est simplement parce que ça ressemble (attention cliché) à du Allen, et que j'attendais moins du second (à cause de l'affiche).

Mais les deux sont des comédies pas connes.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 30 Oct 2016, 22:06

Ah oui, tu fais une thérapie Gretta Gerwig !
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 31 Oct 2016, 21:03

La vérité, c'est que ma compagne me quitterait pour Greta Gerwig, quoi qu'elle le nie ("je parle pas anglais..." Excuse non satisfaisante.).

Moi aussi, peut-être, mais non Sheon, pour le moment, nos rapports, à Greta et moi, restent purement artistiques, de spectateur ravi à actrice majeure.
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