Oh mais pardon Feyd, mais comment parler d'un cinéaste sans en montrer quelques images ?
Et sinon, moi pendant que tu baclais ton message, j'essayais de faire quelque chose de bien depuis quelques dizaines de minutes avant.
Surtout, tu devrais te douter que les liens vers des articles ne sont pas ou peu lus...
Donc pour bien faire les choses:
Le Monde.fr (avec AFP) a écrit:Le cinéaste polonais Andrzej Wajda est mort
Le Monde.fr avec AFP | 10.10.2016 à 01h01 • Mis à jour le 10.10.2016 à 09h06
Le réalisateur de L’Homme de marbre est mort d’une insuffisance pulmonaire. Hospitalisé depuis plusieurs jours, il se trouvait dans un coma pharmacologique, a rapporté un proche de la famille sous couvert d’anonymat, à l’Agence France-Presse (AFP).
Cet artiste engagé a été pendant toute sa vie le chantre de la difficile histoire polonaise, à laquelle il a su donner une dimension universelle, récompensée par un Oscar en 2000 pour l’ensemble de son œuvre.
Imprégné par l’expérience douloureuse de la guerre
Né le 6 mars 1926 à Suwalki, Andrzej Wajda veut suivre l’exemple de son père, militaire de carrière, et tente, sans succès, d’entrer en 1939 dans une école militaire, à la veille de la seconde guerre mondiale. Pendant l’occupation nazie, il commence à suivre des cours de peinture qu’il prolongera, après la guerre, à l’Académie des beaux-arts de Cracovie, avant d’entrer dans la célèbre école de cinéma de Lodz.
Ses films sont imprégnés de l’expérience douloureuse de la guerre, de la résistance polonaise contre les nazis. Son premier long-métrage Génération (1955), un récit portant sur le sort de jeunes des faubourgs de Varsovie pendant l’occupation, a donné naissance à la célèbre Ecole polonaise de cinéma, courant où l’on entreprenait un débat sur l’héroïsme et le romantisme polonais.
En 1957, Andrzej Wajda obtient à Cannes le prix spécial du jury pour son chef-d’œuvre sur l’insurrection de Varsovie en 1944, Kanal (Ils aimaient la vie). « Ce fut le début de tout », avoua-t-il à l’AFP cinquante ans plus tard. « Cela m’a permis de faire ce qui devait être mon film suivant, Cendres et diamant [1958]. Il m’a donné une position forte dans le cinéma polonais. »
Sa Palme d’or lui évite la prison
En 1977, il présente au Festival de Cannes L’Homme de marbre, critique de la Pologne communiste, auquel il donne une suite trois ans plus tard dans L’Homme de fer. Le film, racontant pratiquement en temps réel l’épopée de Solidarnosc, premier syndicat libre du monde communiste, est récompensé par la Palme d’or à Cannes.
« Le jour de la Palme a été très important dans ma vie, bien sûr. Mais j’étais conscient que ce prix n’était pas uniquement pour moi. C’était aussi un prix pour le syndicat Solidarnosc. »
Andrzej Wajda a offert sa Palme d’or à un musée de Cracovie. Elle y est exposée à côté d’autres trophées, comme l’Oscar qui lui a été décerné en 2000 pour l’ensemble de son œuvre. Alors que ses nombreux amis sont emprisonnés lors du coup de force du général Wojciech Jaruzelski contre Solidarnosc en décembre 1981, la Palme d’or le sauve de la prison.
Ses prises de position hostiles au régime de Jaruzelski l’incitent à réaliser des films à l’étranger. Il tourne alors Danton (1983) avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1986), ou Les Possédés (1988) d’après Dostoïevski.
Après la chute du communisme, en 1989, Andrzej Wajda revient à l’histoire avec notamment Korczak (1990), L’Anneau de crin (1993) ou La Semaine sainte (1995). Il adapte toujours au cinéma les grandes œuvres de la littérature polonaise, comme Pan Tadeusz, quand Napoléon traversait le Niemen (1999) et La Vengeance (2002).
Un cinéaste aux multiples facettes
Dans Katyn, nominé à l’Oscar en 2008, il raconte l’histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l’un des 22 500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, notamment à Katyn. Capitaine d’un régiment d’infanterie de l’armée polonaise, il fut exécuté d’une balle dans la nuque par le NKVD, la police secrète de Staline.
Le film de Wajda consacré au leader du syndicat Solidarnosc, Lech Walesa, intitulé L’Homme du peuple, est sorti en salle en 2013. Il a été présenté lors du Festival de Venise en sélection hors compétition.
Amoureux du théâtre, Andrzej Wajda a également mis en scène une quarantaine de pièces, dont plusieurs présentées à l’étranger, notamment en Amérique du Sud et au Japon. Grand passionné de la culture japonaise, le cinéaste a créé, en 1994 à Cracovie, un centre de civilisation japonaise, Manggha. En 2002, il avait lancé sa propre école de cinéma et d’écriture de scénarios.
Son dernier film, Powidoki (Après-image, 2016), qui a eu sa première en septembre au Festival de Toronto et qui n’est pas encore sorti en salle, sera le candidat polonais à l’Oscar. Wajda y raconte les dernières années de la vie d’un peintre d’avant-garde et théoricien de l’art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien. Certains critiques y ont vu une métaphore de la Pologne actuelle dirigée par les conservateurs du parti Droit et Justice.
Pour ne parler que d'un film, pas évoqué d'ailleurs dans les paragraphes précédents, parlons de
Tout est à vendre (
Wszystko Na Sprzedaz)
C'est un film mis en abîme en lui-même (ou presque). Ou presque parce que le film n'évoque pas exactement le film lui même, et pourtant le film aux noms près (du film et des personnages) semble évoquer sa propre tenèse.
Plus beau, c'est un hommage à un ami.
Wajda rend hommage à Zbigniew Cybulski, tragiquement disparu, et qui fut l'un des principaux interprètes de ses premières réalisations (
Une fille a parlé,
Cendres et diamant), et dont il n'est pas exagéré d'écrire que sa mort avait été ressentie par la jeunesse de Pologne comme l'avait été celle de James Dean par les jeunes Américains.
Cybulski est mort exactement comme son double dans la première scène, le 8 janvier 1967 en gare de Wroclaw. Comme c'était son défaut constant parait-il, il est en retard, et tente de monter en marche dans le train pour Varsovie. Il trébuche, manque le marchepied et tombe sous les roues du wagon.
"Un film où les contours et les lignes d'une silhouette, avant même de la situer, se perdent et s'effacent dans le néant."
Voilà Wajda a tout dit, c'est un film sur l'impossibilité de cerner un homme en dehors de sa présence.
Et (peut-être serais-je démenti et ce sera mérité), il est fascinant d'y trouver tout au moins en certains passage, la parenté avec d'autres collègues de l'école polonaise... Parce que, ce film, comme au même moment, par exemple le londonien
Deep End de Skolimowski (et je ne parle même pas des Polanski de la même époque) est diablement moderne dans sa mise en scène.
Dans la scène de fête ci-dessous, comme chez Skolimowski pour
Deep End, la mise en scène semble en avance sur son temps, et par celles-ci, bien que le sujet des films soient différents, les deux films parviennent à traduire à la fois l'époque et la jeunesse de cette fin des années 60 comme ça n'a été fait nulle part sinon par ces réalisateurs venu de derrière le rideau de fer (car je n'oublie pas les tchèques) (regarder en contrepoint la sclérose paradoxale de la quasi-totalité de La Nouvelle Vague française au même moment)
Sur le quai d'une gare, un homme court pour monter dans un train en marche. Il manque le marchepied, trébuche et tombe sous les roues du wagon.
"Coupez !" La première séquence du film dont le tournage vient de débuter sous la direction d'Andrzej, le metteur en scène, se termine sur une angoissante interrogation. Où est l'acteur qui devait la jouer et qu'Andrzej a dû doubler ? Il n'a prévenu personne de son absence et toute l'équipe est inquiète sauf, peut-être, Daniel, un jeune comédien qui joue dans le film un rôle secondaire et qui, jaloux de la célébrité de l'absent, brûle de prendre sa place.
Elzbieta, la femme du disparu, croit d'abord le retrouver chez Beata dont il a divorcé avant qu'elle ne se remarie avec Andrzej. Mais Beata ne l'a pas vu, pas plus que les habitués de son bar favori, ni ses anciens camarades de la maison de la Culture où il a naguère travaillé.
Une nuit de recherches menées par Andrzej, Elzbieta, Beata et Daniel va faire ressurgir, par bribes, la vie passée du comédien, ses habitudes, ses tics. Ce n'est qu'au matin, par la radio, qu'ils apprennent sa mort sous les roues d'un train. Le film, pourtant doit se faire et Andrzej décide d'en modifier le scénario et de le consacrer à son ami, le grand comédien disparu.
Hugues