Silverwitch a écrit:sheon a écrit:Cette analyse est complètement à côté de la plaque, ne serait-ce que par cette histoire de ralentis : le seul dont use Leone doit justement être celui de l'exemple du gamin qui se fait tuer. C'est tout. Un peu juste pour faire ensuite une thèse sur les ralentis Léoniens.
Je n'ai pas vraiment envie de revenir sur les films de Sergio Leone, dont la médiocrité est le plus souvent pénible, mais en quelques mots, je dirais au contraire que le
ralenti est la principale manière du cinéaste, que cela se traduise dans la mise en scène externe ou interne. Quatre exemples:
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Je ne vois même pas quoi répondre à un
argument pareil. Le duo Leone-Morricone excellait dans la manière de faire progressivement monter la tension, que ce soit par l'adjonction d'une musique ou au contraire d'un silence pesant. Il gère parfaitement l'espace et le temps dans sa mise en scène : par exemple, le premier extrait que tu as mis est un exemple parfait de subtilité, que tu sembles vouloir montrer comme étant grossier (avec un peu de mauvaise foi, tout passe, de toute façon). On n'a pas des coups de feu, des cris ou le galop de chevaux : non, simplement, les cigales s'arrêtent de chanter. Et tout se fige, car les personnages comprennent peu à peu qu'il va se passer quelque chose de grave. Peut-être même se doutent-ils qu'il s'agit de leurs derniers instants, et ces gros plans sur leurs visages, qui sont montrés comme des paysages, nous permettent de nous identifier d'autant plus à eux. Avant que tout ne soit réglé en quelques secondes. Comme pour leur permettre de profiter des derniers instants qu'il leur reste.
Pour moi, c'est comme lorsqu'on visite un musée : il y a les spectateurs qui passent 1-2 secondes par tableau, et ceux qui restent scotchés devant un chef d’œuvre pendant de longues secondes, minutes, voire même heures.
Silverwitch a écrit:sheon a écrit: Je passerai sur le fait que Leone aurait une vision manichéenne dans ses films, ce qui est carrément un commentaire malhonnête puisque c'est justement Leone qui a renversé le western hollywoodien manichéen (avec le bon héros patriarcal incarné par John Wayne, Henry Fonda et/ou James Stewart, qui combat les méchants, i.e. les amérindiens deux fois sur trois) en proposant des codes de lecture bien plus flous, avec des personnages principaux amoraux et sans scrupules. Mais bon, on connaît la chanson, le western est un genre américain, les Italiens ont commis un crime de lèse-majesté, etc, etc.
Leone a fait dix fois le même western, n'importe comment. Ni complexité, ni finesse, et tu parles de western manichéen à propos des films de Ford, Delmer Daves ou Anthony Mann ? Pas de chance pour Sergio Leone, sa tendance maniériste avait déjà été mise en oeuvre, notamment par Robert Aldrich, dix ans avant (Vera Cruz). C'était déjà un recul, ça l'était toujours dix ans plus tard.
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...Et quel recul.
Quel était le but de ces extraits ? Montrer que le style de Leone a été influencé par Ford dans
L'Homme qui tua Liberty Valance ? Que Ford tentait de justifier son racisme dans sa tentative ambigüe de mea culpa ? Crois-tu vraiment que les personnages de John Wayne, lorsqu'ils défendent la veuve et l'orphelin contre de méchants brigands ou de méchants indiens (pléonasme) est vu comme quelqu'un d'amoral par les spectateurs ? Il faudra attendre
Little Big Man et
Soldat Bleu pour que la vérité commence enfin à être rétablie à ce sujet, même si ça a coûté à Ralph Nelson sa carrière (l'oncle Sam n'aime pas trop qu'on lui mettre son purin sous le nez). Deux films très fortement influencés par le cinéma italien des années 60, comme le cinéma de Peckinpah. Quand les cowboys ont cessé d'être des justiciers à la chemise repassée et à la barbe soigneusement rasée, on a pu enfin commencer à parler de la réalité des choses et non de son fantasme. Pour rappel, en réponse au
Train sifflera trois fois, le bon patriote John Wayne a tourné dans
Rio Bravo 
Ce que la quasi-totalité des westerns pré-léoniens montrent, c'est que les Etats-Unis ont été fondés par des blancs courageux, qui ont combattu les méchants hors-la-loi, indiens et mexicains pour permettre aux bonnes familles de vivre en paix. John Ford avait un talent inégalé pour montrer les grands espaces, par contre niveau scénario c'était complètement rétrograde.