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sccc a écrit:Franchement, nous débiter toute cette prose pour une démonstration pareille... Enfin, bon...
C'est un documentaire industriel. Mais la composition et le montage suivent les mêmes règles depuis Eisenstein et Leni Riefenstahl. Et on voit ici la différence entre une caméra sur pied et une autre à l'épaule.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
sccc a écrit:Franchement, nous débiter toute cette prose pour une démonstration pareille... Enfin, bon...
C'est un documentaire industriel. Mais la composition et le montage suivent les mêmes règles depuis Eisenstein et Leni Riefenstahl. Et on voit ici la différence entre une caméra sur pied et une autre à l'épaule.
Moi je ne vois que "An error occured. Please try again later. (Playback ID: TFHMed3oDgQAdnNG). Learn more"
scc THE ITALIAN GUY... "...elles donnent beaucoup de lait vos chèvres mon brave? Les blanches donnent beaucoup de lait...et les noirrres aussi..."
sheon a écrit:Ouais, hein. Loin derrière Amélie Poulain.
J'y ai pensé. C'est ça le pire: plein de bons (et quelques très grands films) perdus au milieu de films qui devraient déjà être oubliés. J'ose imaginer un top du cinéma des années 80, entre "Top Gun" et le "Grand Bleu" on trouverait un film de Robert Bresson ou un petit miracle de Harold Becker.
Et avec Rencontre du 3e Type en numéro 1.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
J'aime beaucoup ce film. Comme Mulholland Drive. Mais aucun des deux ne mériterait d'être en haut du classement.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
C'est pas pour filer un porcarisme, mais Mulholand Drive, c'est quand même LE film à bobo, celui que tous citent comme leur préféré parce que bon, "Lynch, tuvoa, c'est juste... Ouaw, tuvoas ?".
(je l'aime bien aussi, ceci dit)
Mais sinon, oui, c'est tellement n'importe quoi ce classement, je saurais même pas par quoi commencer. Mais je l'ai déjà dit.
Alors que plein de personnes (moi inclus) ne l'ont probablement pas compris avant qu'on leur explique
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
J'ai été assez convaincu par l'explication disant en gros que
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la première moitié du film est un fantasme et la seconde moitié la réalité.
Ça colle assez bien, je trouve.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
sheon a écrit:J'ai été assez convaincu par l'explication disant en gros que
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la première moitié du film est un fantasme et la seconde moitié la réalité.
Ça colle assez bien, je trouve.
C'est tout Lynch, des films tout alambiqués compliqués qu'on comprend rien sur le moment que tout le monde va y réfléchir en ayant l'impression d'être super intelligent et de vraiment piger son cinéma... et dont l'explication tient en fait en une ligne, "nan mes s'etais un réve en faite mdrrrr".
sheon a écrit:J'ai été assez convaincu par l'explication disant en gros que
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la première moitié du film est un fantasme et la seconde moitié la réalité.
Ça colle assez bien, je trouve.
C'est tout Lynch, des films tout alambiqués compliqués qu'on comprend rien sur le moment que tout le monde va y réfléchir en ayant l'impression d'être super intelligent et de vraiment piger son cinéma... et dont l'explication tient en fait en une ligne, "nan mes s'etais un réve en faite mdrrrr".
Derrière la complexité apparente, le cliché.
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Silverwitch a écrit:Je déteste les films de David Lynch
Say paske tu le konpran pa lol
oue el ses genre fot tou kel comprens tous de suites alore ke lynsh fot ce laiser porte sa fais travailer l'imaginere !! ces sa les assisters fot du tous cuis mes ces la societer actuel aussi mes bon ces ke mon avi a+
En même temps, faut être honnête, le truc pour lequel on a tous eu envie de regarder Mulholland Drive, c'est les scènes chaudes entre Naomi Watts et Laura Harring. On peut comprendre que ça ne passionne pas Silverwitch.
sheon a écrit:Par contre, Dune était compréhensible.
...et pas terrible !
Ça a terriblement mal vieilli (comme bon nombre de films de S-F des années 70-80 d'ailleurs). Et ça a repris un coup quand est sorti l'excellent documentaire Jodorowsky's Dune.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Aiello a écrit:En même temps, faut être honnête, le truc pour lequel on a tous eu envie de regarder Mulholland Drive, c'est les scènes chaudes entre Naomi Watts et Laura Harring. On peut comprendre que ça ne passionne pas Silverwitch.
Je trouve cet érotisme un peu convenu, stéréotypé. J'ai été beaucoup plus sensible à celui du dernier film de Kubrick, Eyes Wide Shut, parce qu'il impliquait réellement le regard des spectateurs, quitte à les priver de la peine jouissance des images érotiques.
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Aiello a écrit:En même temps, faut être honnête, le truc pour lequel on a tous eu envie de regarder Mulholland Drive, c'est les scènes chaudes entre Naomi Watts et Laura Harring. On peut comprendre que ça ne passionne pas Silverwitch.
Je trouve cet érotisme un peu convenu, stéréotypé. J'ai été beaucoup plus sensible à celui du dernier film de Kubrick, Eyes Wide Shut, parce qu'il impliquait réellement le regard des spectateurs, quitte à les priver de la peine jouissance des images érotiques.
Ces images érotiques sont-elles si pénibles à voir ?
« Par exemple, le football, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment mourir en plein air. Ailleurs on danserait et on rirait » (Roger Nimier)
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
L'adaptation en mini-série était pas mal par contre, très fidèle au roman (ce qui est parfois un défaut, mais là non), avec néanmoins des hauts et des bas niveau interprétation.
Il faut que Jodo trouve un successeur digne de ce nom à Moebius (ouais, je rêve) et réalise son adaptation en film d'animation. Ça serait grand.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
À propos de la comparaison entre le film de Lynch et celui de Kubrick, la différence se joue dans la vision, au sens de la qualité même de ce qui engendre un regard. Je reproche à Mulholland Drive de filmer les fantasmes sans faire prendre conscience au spectateur de leur dimension fantasmatique, et d'opérer une réduction de l'imaginaire. Quand Eyes Wide Shut montre à la fois la pauvreté du fantasme, et la terrifiante puissante de l'imagination qui contamine la réalité.
Deux séquences: Tom Cruise dans un taxi imagine son épouse faisant l'amour avec un marin (pauvreté visuelle du fantasme), Tom Cruise voit sa femme dans la cuisine et entend sa confession de son attirance pour un inconnu pendant qu'elle fait réciter ses leçons à leur fille (surgissement du fantasme dans le réel).
Kubrick ajoute une troisième dimension, celle du regard. Le début du film (le strip-tease le plus bref de l'histoire du cinéma ?) comme la séquence du couple devant le miroir l'incarne à merveille: autonomie d'une puissance du désir qui fait de celui qui désire l'objet d'une force extérieure. Qui regarde ? Qui produit de telles images ? Qui voit ? Étrangeté du désir qui piège celui qui croit l'engendrer quand il est en réalité le jouet d'une puissance extérieure. Le regard nous prend.
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Shoemaker a écrit:Il l'a trouvé, avec Gimenez, pour raconter la saga des Métabarons. Bref, espérons...
C'est vrai qu'avec Gimenez, ça aurait de la gueule !
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Silverwitch a écrit:Kubrick ajoute une troisième dimension, celle du regard. Le début du film (le strip-tease le plus bref de l'histoire du cinéma ?) comme la séquence du couple devant le miroir l'incarne à merveille: autonomie d'une puissance du désir qui fait de celui qui désire l'objet d'une force extérieure. Qui regarde ? Qui produit de telles images ? Qui voit ? Étrangeté du désir qui piège celui qui croit l'engendrer quand il est en réalité le jouet d'une puissance extérieure. Le regard nous prend.
Ouais_supère a écrit:Il s'échauffe pour Blade Runner 2 (*vomi*), Denis Villo.
Merci encore, mais tutoriels sais, je suis plus "film dans l'espace" que film d'extra-terrestre !
Là, on sent bien que tout est dans la bande-annonce, je suis presque persuadé que le film a pas grand-chose dans le ventre passé ce petit suspense. Mais j'espère me tromper.
Eh bien c'est en fait une excellente surprise..!
Bon ce n'est pas un grand ou très grand film il manque un supplément de grâce et peut-être un peu de curiosité chez le metteur en scène d'aller explorer au delà du plan délimité du scénario...
Mais...
C'est un film sur le temps retrouvé, la temporalité de l'être et sur la nature être-été de l'être humain.
Le film reste malheureusement un peu en surface (si on peut appeler ça la surface). Mais le récit devient donc un prétexte surprenant à plonger le spectateur dans ces questions.
Il invite sortir de la quotidienneté pour revoir pour un temps bref le présent comme une éternité.
Comme ça débute comme un mélange de Spielberg et Nolan.. (à ceci près qu'un bref instant on entrevoit par deux ou trois plans que le film peut être bien plus, ce qu'il va confirmer) je dirais que c'est en quelque sorte un Interstellar qui n'aurait pas raté, mais mieux qui aurait réussi.
Hugues (oui, Silverwitch, il y a tout ça dans le film, si, si! T'aurais pas cru? Moi non plus)
Bon bah moi, j'ai pris 2 claques coup sur coup. Hier soir, La Porte du Paradis, et aujourd'hui, Voyage au bout de l'enfer. Quels chefs d’œuvre ! Je suis assez curieux de voir ce que donnait le premier avec ses couleurs d'origines, car la Cinémathèque diffuse le DCP remasterisé, avec des couleurs pétantes (et non l'aspect sépia d'origine donné par Vilmos Zsigmond) : leur 35mm a trop tourné et n'est plus présentable... Là, je me réécoute la B.O. de La Porte du Paradis, elle est vraiment remarquable.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Ainsi donc, perdue dans les profondeurs, si l'on cherche bien, elle existe donc cette bande-annonce du meilleur film de La Mostra de Venise avec Voyage of Time,dans une version à destination d'export. (Ce ne sera donc peut-être pas la même que la bande-annonce française)
Mon Lion d'Or ex-aequo. Et peut-être bien sans doute le meilleur film français depuis (bien) longtemps.
Une vie de Stéphane Brizé. Un chef d'oeuvre. Son chef d'oeuvre. Le film immense qu'il laissait entrevoir. Dont il semblait capable. Qu'il ferait un jour qui sait , ou peut-être jamais.
À en avoir les larmes aux yeux, non tant pour le récit tragique, ou pour sa douce et amère mélancolie, mais de se retrouver face à une film d'une telle épaisseur, si plein de Beauté, non aux yeux mais à l'âme. Et cet émoi, ce bouleversement, trouble de traverser un instant rare, celui de la naissance d'un moment d'éternité, intervient très tôt dans le film, après quelques courtes minutes, et ne va qu'en grandissant.
Qui aurait cru après de récentes disparitions, que la France avait un si grand cinéaste vivant.
Bande-annonce internationale
Au soir d'une vie d'épreuves, qu'en reste-t-il? La caresse de la caméra distante et sensible de Stéphane Brizé au service d'un souvenir, de souvenirs, un flux de conscience et du visage et des gestes de Judith Chemla, présente en presque chaque plan.
A la deuxième vision le film est plus grand encore. Et pourtant il perd quelquechose. Sa fragmentation au premier regard se mue en linéarité, des scenes qui semblaient detachées de tout rapport chronologique en prennent un, et annoncent en fait des scènes à venir. Plus surprenant tant de gestes et de confidences passées inaperçus au premier regard. C'est déjà un autre film. Et c'est la marque des grands films.
Quelle photographie aussi, habitée de tant d'humilité. Et quelle lumière est Judith Chemla pour le film.
Bon la bande-annonce en montre et fait entendre beaucoup trop déjà. La narration étant singulière, pour qu'elle fasse effet, c'est presque mieux de le découvrir vierge de toute idée du récit (même si la nouvelle est connue, on ne l'a plus forcément en tête, alors que avec la bande-annonce on l'a hélas maintenant en tête).. Mais enfin, il faut bien un peu partager un bout d'un si grand film. Tant pis si ça l'évente!
Avec Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau, Swann Arlaud, Clotilde Hesme et Nina Meurisse.
Hugues
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Quelques mots pour finir: Il y a quelque chose de Malickien dans le montage de Stéphane Brizé. Non son rythme, les plan séquences sont longs comme souvent chez le cinéaste français, mais dans sa manière de mettre en relation deux instants distants dans le temps par leur juxtaposition parfois brève.
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Dieu, cet être inconnu dont nul n'a vu la face, Roi qui commande aux rois et règne dans l'espace, Las d'être toujours seul, lui dont l'infinité De l'univers sans bornes emplit l'immensité, Et d'embrasser toujours, seul, par sa plénitude De l'espace et des temps la sombre solitude, De rester toujours tel qu'il a toujours été, Solitaire et puissant durant l'Éternité, Portant de sa grandeur la marque indélébile, D'être le seul pour qui le temps soit immobile, Pour qui tout le passé reste sans souvenir Et qui n'attend rien de l'immense avenir ; Qui de la nuit des temps perce l'ombre profonde ; Pour qui tout soit égal, pour qui tout se confonde Dans l'éternel ennui d'un éternel présent, Solitaire et puissant et pourtant impuissant A changer son destin dont il n'est pas le maître, Le grand Dieu qui peut tout ne peut pas ne pas être ! Et ce Dieu souverain, fatigué de son sort, Peut-être en sa grandeur a désiré la mort ! Une éternité passe, et toujours solitaire Il voit l'éternité se dresser tout entière ! Enfin las de rester seul avec son ennui Des astres au front d'or il a peuplé la nuit ; Dans l'espace flottait comme un chaos immonde ; De la matière impure il a formé le monde. Depuis longtemps la masse aride errait toujours, Comme Dieu solitaire et dans la nuit sans jours ; Mais les astres brillaient et quelquefois dans l'ombre Un beau rayon de feu courant par la nuit sombre Éclairait tout à coup le sol inhabité Cachant comme un proscrit sa triste nudité !<
Soudain levant son bras, le grand Dieu solitaire Alluma le soleil et regarda la terre ! Alors tout s'anima sous l'ardeur de ses feux, L'arbre géant tordit ses membres monstrueux, La végétation monta, puissante, énorme, Premier essai de Dieu, production informe Et le globe roulant ses prés, ses grands bois verts, Tournait silencieux dans le vaste univers, Balançant dans le ciel sur sa tête parée Et ses hautes forêts et sa mer azurée. Pourtant Dieu le trouva triste et nu comme lui. Rêveur, il y jeta le feu qui gronde et luit ; Alors tout disparut, englouti sous la flamme. Mais quand il renaquit, le monde avait une âme. C'était la vie ardente, aux souffles tout-puissants, Mais confuse et jetée en des êtres pesants Faits de vie et de sève et de chair et d'argile Comme l'oeuvre incomplet d'un artiste inhabile. Monstres hideux sortant de gouffres inconnus Qui traînaient au soleil leurs corps mous et charnus.
Se penchant de nouveau, Dieu regarda la terre, Elle tournait toujours sauvage et solitaire. Tout paraissait tranquille et calme ; mais parfois Quelque bête en hurlant passait dans les grands bois, D'arbres déracinés laissant un long sillage, Et son dos monstrueux soulevait le feuillage ; Elle allait mugissante et traînant lentement Son corps inerte et lourd sous le bleu firmament ; Et sa voix bondissait par l'écho répétée Jusqu'au trône de Dieu dans l'espace emportée ; Et puis tout se taisait et l'on ne voyait plus Que le flot verdoyant des grands arbres touffus. Mais toujours mécontent, ce Dieu lança sa foudre, Alors tout disparut brûlé, réduit en poudre.
Puis la sève revint, ainsi qu'un sang vermeil Dans les veines du sol qu'échauffait le soleil, L'herbe verte et les fleurs cachaient la terre nue ; L'arbre ne portait plus sa tête dans la nue ; De frêles arbrisseaux les monts étaient couverts Tout renaissait plus beau dans le jeune univers. Mais un jour, tout à coup, tout trembla sur la terre, Son globe n'était plus désert et solitaire ; Le grand bois tressaillit, car un être inconnu Sur l'univers esclave a levé son bras nu. Le monde tout entier a plié sous cet être ; Regardant la nature, il a dit : "Je suis maître." Regardant le soleil, il a dit : "C'est pour moi." L'animal furieux fuyait tremblant d'effroi ; Il a dit : "C'est à moi" ; le ciel brillait d'étoiles, Il a dit : "Dieu c'est moi." L'ombre étendit ses voiles : L'homme d'une étincelle embrasa les forêts, Et du Dieu créateur arrachant les secrets, Seul, perdu dans l'espace, il se bâtit un monde. Tout plia sous ses lois, le feu, la terre et l'onde. Mais il marche toujours et depuis six mille ans Rien n'a pu ralentir ses progrès insolents, Et souvent quand il parle, on a cru que la vie Jaillissait du néant au gré de son envie. Mais cet être qui tient la terre sous sa loi, Qui de ce monde errant s'est proclamé le roi ; Cet être formidable armé d'intelligence, Qui sur tout ce qui vit exerce sa puissance, Qu'est-il lui-même ? Ainsi que ces monstres si lourds Qui furent le dessin des races de nos jours ; Que les arbres géants, aux têtes souveraines Dont nous avons trouvé des forêts souterraines, L'homme n'est-il aussi qu'un ouvrage incomplet, Que l'ébauche et le plan d'un être plus parfait ; Ira-t-il au néant ? Ou sa tâche finie, Montera-t-il au Dieu qui lui donna la vie ?
Ô vous, vieux habitants des siècles d'autrefois Qui seuls mêliez vos cris au grand souffle des bois, Qui vîntes les premiers dans ce monde où nous sommes, Le dernier échelon, dites, sont-ce les hommes ? Vous êtes disparus avec les siècles morts ; Si nous passons aussi, que sommes-nous alors ?
Seigneur, Dieu tout-puissant, quand je veux te comprendre, Ta grandeur m'éblouit et vient me le défendre. Quand ma raison s'élève à ton infinité Dans le doute et la nuit je suis précipité, Et je ne puis saisir, dans l'ombre qui m'enlace Qu'un éclair passager qui brille et qui s'efface. Mais j'espère pourtant, car là-haut tu souris ! Car souvent, quand un jour se lève triste et gris, Quand on ne voit partout que de sombres images, Un rayon de soleil glisse entre deux nuages Qui nous montre là-bas un petit coin d'azur ; Quand l'homme doute et que tout lui paraît obscur, Il a toujours à l'âme un rayon d'espérance ; Car il reste toujours, même dans la souffrance, Au plus désespéré, par le temps le plus noir, Un peu d'azur au ciel, au coeur un peu d'espoir.