Le salon francophone est dédié aux sujets n'ayant pas de lien avec la F1 ni autres sports mécaniques. C'est un salon pour se détendre en refaisant le monde.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Sinon, hier Fuchi no tatsu (Harmonium) de Kooji Fukada a eu le Prix du Jury de la sélection Un Certain Regard. Fuchi no tatsu (Harmonium): viewtopic.php?p=2010492#p2010492
Ce sont tous les trois des coproductions françaises. Idem pour la Palme d'ailleurs.
J'avais beau avoir eu le "pif" d'écrire ça: Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
avec la chance que j'ai, ça va être Toni Erdmann ou Moi, Daniel Blake à la place..
Je ne sais pas ce que vaut le film de Ken Loach, Moi, Daniel Blake... Silverwitch pourra peut-être (ou non) nous en dire un peu plus...
En revanche, je sais ce que vaut le discours du cinéaste
« Recevoir la Palme, c'est quelque chose d'un peu curieux car il faut se rappeler que les personnages qui ont inspiré ce film sont les pauvres de la cinquième puissance mondiale qu'est l'Angleterre.
C'est formidable de faire du cinéma, et comme on le voit ce soir c'est très important. Le cinéma fait vivre notre imagination, apporte au monde le rêve mais nous présente le vrai monde dans lequel nous vivons. Mais ce monde se trouve dans une situation dangereuse. Nous sommes au bord d'un projet d'austérité, qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales qui risquent de nous mener à la catastrophe. Ces pratiques ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s'enrichit de manière honteuse. Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l'une d'entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j'espère que cette tradition va se maintiendra.
Nous approchons de périodes de désespoir, dont l'extrême-droite peut profiter. Certains d'entre nous sont assez âgés pour se rappeler de ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu'autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire. Un autre monde est possible et nécessaire. »
(Il manque la toute fin, je ferai en sorte de la mettre aussi)
En conférence de presse, il a précisé sa pensée, à la question très intelligente d'un journaliste ... Oui l'Union Européenne est l'un des principaux instruments de ce néolibéralisme.
Je n'ai pas trouvé de verbatim, en revanche, je vous prépare la vidéo qui sera ici mise en ligne à la place même de ces lignes... (et je le signalerai)
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Ken Loach : "Pour les sociaux-démocrates, la priorité est que le patron fasse des profits"
INTERVIEW – A bientôt 80 ans, Ken Loach est un cinéaste plus engagé que jamais. "Moi, Daniel Blake", son nouveau film en compétition à Cannes, raconte l’histoire d’un sexagénaire confronté pour la première fois de sa vie aux services sociaux. Un drame sobre mais poignant qui illustre, pour le cinéaste britannique, la victoire des politiques néo-libérales dans l’Europe du XXIe siècle.
A la fin de la projection de votre film, Bertrand Tavernier s’est exclamé : "voilà ce que Emmanuel Macron prépare pour la France". Moi, Daniel Blake est-il une mise en garde face aux politiques libérales à l’œuvre dans nos pays respectifs ? J’ai entendu parler de votre ministre de l’Economie, oui. Et je crois que ce qu’on voit dans le film est inévitable si on ne continue pas à se battre. Vous savez, c’est quelque chose qui est à l’œuvre à travers toute l’Europe, à différents stades. Depuis 40 ans, la Grande-Bretagne est le pays qui applique les préceptes du néo-libéralisme de la façon la plus agressive. Depuis Margaret Thatcher, nous sommes ceux qui avons lancé les premiers la privatisation de l’industrie et des services publics. Des politiques qui ont entraîné la destruction de l’Etat-providence et de ses bienfaits pour les citoyens. Aujourd’hui, c’est l’Union européenne qui pousse en faveur de ces décisions qui favorisent les profits des grandes corporations. On voit le résultat en Grèce… Et ne vous trompez pas : ça va vous arriver aussi en France !
Lorsqu’un banquier d’affaires comme Emmanuel Macron devient ministre de l’Economie dans un gouvernement socialiste, peut-on encore faire la différence entre la gauche et la droite ? Mais les sociaux-démocrates n’ont jamais été de gauche ! Pour moi ils ont toujours été de droite, d’une façon ou d’une autre. De droite extrême ou modérée. Mais jamais de gauche. Blair n’était pas un homme de gauche, Brown n’était pas un homme de gauche. La guerre impérialiste en Irak à laquelle nous avons participé, ce n’est pas la gauche, c’est la droite dure ! Pour les sociaux-démocrates, la première priorité est que le patron fasse des profits. Avant tout le reste. Pour moi la vraie gauche doit se distancier au maximum des sociaux-démocrates et mettre la défense des travailleurs en tête de ses priorités.
"Ce qu’ils oublient, c’est que le profit réclame des travailleurs mal payés"
Pensez-vous que Blair hier, Hollande aujourd’hui, se mentent lorsqu’ils disent qu’ils sont de gauche ? Je pense que c’est leur vision de la politique. Ils estiment qu’être de gauche, c’est se mettre au service des entreprises pour qu’ils fassent des profits. Et que si à la fin on peut laisser un euro aux pauvres, c’est suffisant. Ce qu’ils oublient, c’est que le profit réclame des travailleurs mal payés, des taxes les plus faibles possibles et des compagnies privées qui contrôlent tout. Les sociaux-démocrates veulent peut-être faire le bien. Mais face à la loi du marché, c’est perdu d’avance.
Moi, Daniel Blake est-il né d’une histoire qu’on vous a raconté, d’un article de presse ? Avec Paul Laverty, mon scénariste, nous avons conscience de la vulnérabilité des plus pauvres depuis hélas bien longtemps. On s’envoie des SMS, on partage des articles. Il y 18 mois, on s’est dit qu’on devrait faire quelque chose sur la situation des chômeurs car c’est tragique. Nous sommes allés rencontrer des gens dans différentes villes d’Angleterre, nous avons recueilli leurs témoignages et Paul a écrit les personnages de Daniel et Rachel en s’inspirant d’eux.
Avez-vous vu La loi du marché ? Les rendez-vous de Daniel au Job Center ressemblent à ceux de Vincent Lindon à Pôle Emploi… On m’a dit que c’était bien mais je ne l’ai pas vu parce que je ne voulais pas être influencé.
Comment expliquez-vous l’attitude à la fois absurde et cruelle des employés de ces organismes ? En préparant le film nous avons rencontré beaucoup de gens qui avaient démissionné d’un Job Center parce qu’ils n’en pouvaient plus. Le gouvernement le dément, mais nous savons que c’est vrai : ces employés ont des objectifs, ils doivent par exemple sanctionner trois chômeurs par semaine. Sinon ils sont envoyés en formation pour améliorer leurs performances. C’est eux qui sont sanctionnés. S’ils n’atteignent pas ces objectifs, pas de promotion, pas d’augmentation. Peut-être que certains adhèrent à l’idéologie à l’œuvre derrière tout ça. Mais la plupart ont surtout peur de perdre leur job !
Par moment en regardant le quotidien de vos personnages, on a l’impression d’être dans un livre de Dickens… Sauf que l’histoire se déroule bien en 2016. Est-ce que rien n’a changé en deux siècles ? Le drame le plus terrible, c’est la faim. Avec Paul, nous sommes allés à Nuneaton, ma ville de naissance, dans les Midlands. Nous avons rencontré un jeune homme qui faisait des petits boulots, ici et là. Il habitait dans une petite chambre, financée par une association de charité. Il avait pour seul mobilier un matelas sur le sol et un vieux réfrigérateur… On a ouvert la porte et il n’y avait rien dedans. On lui a demandé pendant combien de temps il lui arrivait de ne pas manger et il a dit : "quatre jours, la semaine dernière". Il avait 19 ans, il aurait pu être mon petit-fils, et il n’avait pas mangé pendant quatre jours !
Vous avez bientôt 80 ans. Diriez-vous que vous êtes encore et toujours un homme en colère ? Et que c’est cette colère qui vous pousse à faire des films ? Disons que je suis en colère au nom des autres. Regardez, nous sommes assis ici à Cannes, face aux yachts de milliardaires. Quelle ironie bizarre… Mais comment voulez-vous ne pas être en colère devant les choses que je vous décris ? J’espère transmettre ce sentiment à travers mon film.
(ouille il y a un décalage sur celle-ci, je résoudrai ça)
Hugues
CdG: Il n'y avait pas de vidéo toute prête pour le Prix du Scénario... Pour tous les autres oui. Du coup, je n'en ai prise aucune et je les ai toutes découpées moi-même. CdC: Je suis très heureux de mes choix d'images et du montage pour l'une d'entre elle.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
J'avais entendu dire que toute la filmographie de Ken Loach était disponible gratuitement et mondialement depuis quelques heures sur YouTube, sur décision du cinéaste.
J'étais assez sceptique étant donné la multiplicité, le puzzle des ayant droits par territoire... Et effectivement, en France la plupart des films ne sont pas accessibles.
Je présume que la gratuité est possible uniquement pour les territoires où après expiration des contrats (quand ils avaient une durée déterminée), les droits sont revenus à la production, c'est à dire parfois à Loach lui-même. Et même si ce n'est pas Loach lui-même c'est plus facile de convaincre une seule production que des dizaines d'ayants droits locaux pour chaque film. En tout cas au Royaume Uni, par exemple, ça fonctionne.
Hugues a écrit:
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Cortese a écrit:
Hugues a écrit:
Cortese a écrit:Je rêve d'une revanche de Dom Quichotte sur Cervantès. Qu'on en finisse enfin avec cette modernité qui n'en finit pas de crever et qui est de plus en plus moche à voir.
J'ai l'impression que c'est un peu ça le sujet du film... justement.. Donc qui sait pour ta deuxième phrase..
Hugues
(bon il manque un bout de l'affiche en haut)
Conférence de presse demain mercredi.
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Ce sera donc un film tourné avec des fonds français.
Un nouvel épisode, dans notre série involontaire en cours "Passons chaque saison de l'année avec notre Grande Gigue"
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Comment mieux commencer l'année qu'avec Mistress America ? Comment mieux oublier les éventuels contrariétés de fin d'année qu'en commençant la nouvelle avec....
Et comment ne pas mieux continuer l'année et traverser le printemps qu'avec Maggie...
Juste pour l'arrivée de l'été outre-atlantique, mais seulement pour l'automne chez nous.. Le nouveau film de Todd Solondz
Le Teckel (Wiener-Dog) (littéralement, "Le chien-saucisse"*) avec Julie Delpy, Greta Gerwig, Ellen Burstyn, Danny DeVito, Nigel Cooke, Tracy Letts et Kieran Culkin.
Le portrait d’un teckel et de tous ceux auxquels il apportera un bref instant de bonheur.
Bande-annonce
Alternatif #1 (traduction officieuse): Le nouveau film de Todd Solondz (Bienvenue dans l'Âge Ingrat, "Happiness"), Le Teckel est l'histoire sombre mais vivement drôle d'un simple chien et des nombreuses personnes différentes qu'il va toucher sur la durée de sa courte vie. Le meilleur ami de l'homme commence par enseigner à un jeune garçon quelques sinueuses leçons de vie avant d'être pris en charge par une technicienne vétérinaire compatissante nommée Dawn Wiener. Dawn renoue avec quelqu'un de son passé et se lance dans un road trip. Après avoir quitté Dawn, Le Teckel rencontre un professeur de cinéma en difficulté, ainsi qu'une femme âgée aigrie et sa petite-fille dans le besoin — tous en quête de quelque chose de plus. La comédie perversement sombre de Solondz offre un regard terriblement honnête sur l'expérience américaine, auquel donne vie une brillante distribution.
Alternatif #2 (traduction officieuse):Bienvenue à la niche: la dernière comédie hilarante et mordante de Todd Solondz est un Lassie tordu pour misanthropes. Elle suit les capricieuses aventures d'un teckel qui passe de propriétaire excentrique en excentrique propriétaire — dont la pire maman du monde, un scénariste aux abois, et l'incarnation adulte de la Dawn Wiener de Bienvenue dans l'Âge Ingrat — dont les vie radicalement dysfonctionnelles sont tous impactées par le chien. Doté d'une distribution brillante qui comprend Greta Gerwig, Julie Delpy, Danny DeVito, Ellen Burstyn et Zosia Mamet, Le Teckel est un regard tragiquement drôle et merveilleusement déformé sur l'absurdité de la vie (et la mort) par l'une des voix les plus courageuses et uniques du cinéma contemporain.
Je viens seulement de remarquer/comprendre en traduisant que Dawn Wiener est devenue... Dawn Wiener !
Hugues
*: et à la fois aussi "Le chien de (Dawn) Wiener"
PS: Je vais sous-titrer la bande-annonce sous peu.
J'ai vu Elle, de Paul Verhoeven. Ça met un bon coup de pied au cul du cinéma français. C'est un poil trop long, mais une critique efficace et bien impertinente de la bourgeoisie française. Verhoeven ne peut vraiment pas s'empêcher de critiquer les pays où il fait des films Son projet suivant serait un film sur Jean Moulin. J'ai hâte.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Je voudrais partager une découverte de ces dernières semaines...
On connaissait le difficile destin, la difficile éclosion du dessin animé Le Roi et l'Oiseau, sorti en 1980 dont la produciton avait commencé en 1946.. ce derneir avait été produit en deux époques d'abord jusqu'en 1953. Puis à nouveau à partir de 1975 (même si les travaux de recherche de financement et de récupération des films avaient débuté dès le milieu dès 1967) jusqu'en 1980. « On dit que j'ai mis trente-cinq ans pour faire Le Roi et l'Oiseau... En réalité, j'ai mis cinq ans (en deux fois) pour le réaliser et trente pour trouver le fric ! » Pour faire vite, Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
fin 1949, les fonds s'étaient faits rares, des équipes avaient été licenciées, le projet avait continué tant bien que mal pendant 2 ou 3 ans au ralenti, avant que les détenteurs des fonds investis décident de tout arrêter là, de produire un montage sans les auteurs de l'oeuvre Prévert et Grimault. Alors que c'est presque un brouillon le film est récompensé du Grand Prix au festival de Venise en 1952. Il sort en salle l'année suivante, sous le nom de La Bergère et le Ramoneur (puisque c'est l'adaptation du conte éponyme), un peu remonté encore avec deux déroulants qui accompagnent les projections stipulant que Grimault se dédouane des responsabilités sur ce film qu'il n'a pu achever selon son souhait. C'est un échec commercial et la production Gémeaux est en faillite. (Pourtant le film réalise 1.363.935 entrées, mais dans l'économie cinématographique des années 50 c'est trop peu.. )
Et puis, Grimault tentera, d'abord avec Prévert puis après sa disparition en 1977, après avoir récupéré les droits et le matériel artistique, de relancer le projet sous un nouveau nom, rojet difficile si il en est quand il lui était répété que tout le monde avait déjà vu le film et que c'était inutile. Le nom strouvé, era Le Roi et l'Oiseau, car au fur et à mesure de la production du film, le scénario évolue et s'écarte de La Bergère et le Ramoneur Commercialement le film fait un tout petit peu mieux (plus d'1,7 millions) , mais c'est pour son époque, un succès. La Bergère et le Ramoneur, renié par son auteur, est presque invisible.. c'est dommage d'une certaine manière, car premier long-métrage il a inspiré beaucoup en son époque, y compris les créateurs du Studio Ghibli Miyazaki et Takahata et en particulier Takahata qui est capable de parler des heures du film et de l'influence qu'il a eu sur sa vie et son travail. Le Château de Cagliostro et Le Château dans le ciel contiennent d'ailleurs de nombreuses références au film.. Mais Grimault refusent que les deux aillent de pair, soient lié dans une quelconque rétrospective ou édition vidéo, tenant à marquer la différence intellectuelle entre les deux oeuvres: "Combien de fois m'a-t-on demandé, avec une pointe de reproche, pourquoi je laissais La Bergère et le Ramoneur dans une boîte et ne voulais pas le ressortir. C'est très simple : ce qu'il y a de meilleur dans La Bergère et le Ramoneur on le trouve dans Le Roi et l'Oiseau. C'est ce que nous avons fait jusqu'en 1950. Et comme je ne veux pas que le reste me soit attribué, je préfère laisser le film dans sa boîte. C'est mon film après tout." Le reste c'est le montage et la création de certaines animations visant à lier narrativement les quelques séquences produites.
MAIS ce n'est pas de ça que je voulais vous parler...
C'est d'un autre film, qui d'une certaine manière a eu moins de chance... durant ses 27-28 ans ininterrompus de production (et même un peu plus si l'on compte aussi la fin de l'histoire)
Il s'agit de l'oeuvre maîtresse d'un animateur que nous connaissons quelque peu, puisque, son travail sur cette oeuvre lui valu suffisamment d'admiration pour occuper quelques postes prestigieux dans certaines productions célèbres.. Dont celle de directeur de l'animation de Who framed Roger Rabbit ?. Ou réalisateur de A Christmas Carol avec le fameux Ebenezer Scrooge, récompensé par un Oscar. Sans compter de multiples animations de générique et titre de films.
Je parle de Richard Williams, un animateur d'origine canadienne, mais dont l'ensemble de sa vie s'est faite au Royaume-Uni.
L'homme a un projet personnel à partir de 1964, dans lequel durant au moins 14 ans (si ce n'est bien plus) il va investir tous ses fonds personnels: une adaptation des Milles et Une Nuit à sa façon d'abord dénommée Nazrudin.. Je ne vais pas détailler, au contraire du Roi et l'Oiseau, la grande majorité de la longue production du film. Sinon dire qu'à partir de 1978, le film commence à attirer l'attention suffisamment pour recevoir de petits financements de quelques mécènes. Ou susciter dans le courant des années 80, l'admiration de Spielberg puis de Zemeckis qui le placent à la tête de Roger Rabbit. Mais sans doute, Williams continue à mettre lui même ses propres fonds autant qu'il le peut (d'où mon "si ce n'est bien plus"). Si Disney (chez qui il y a de vrais admirateurs tels Roy Disney) et Spielberg s'étaient engagés à l'aider à finir le film, ça ne va pas arriver (j'évoquerai un peu plus loin une des raisons). Mais le succès de Roger Rabbit (auquel participait Warner quelque peu avec ses personnages) attirer Warner qui lui propose de le financer en 1989
Mais avec les studios viennent les obligations: Williams était son propre maître jusque là, laissant son imagination, la faiblesse de réaliser une belle animation, la faiblesse de la beauté du geste, le dévorer, dévorer son temps... son film est le film d'un artiste : une suite de séquences proprement extraordinaires, de tour de force en tour de force* , une oeuvre contemplative (dont le public n'est sûrement pas le public qu'éduque au sucre Disney et consorts), et de merveilleux doublages (notamment un Vincent Price extraordinaire dans le rôle de l'ignoble vizirr) sans une structure narrative encore bien fixe... Maintenant Warner lui laisse 2 années pour tout finir. *: (exemple parmi d'autre, des changement de perspectives sans l'usage du moindre ordinateur)
Et Williams ne va pas y parvenir... On lui laisse quelques mois encore.. puis lui impose une projection test avec les dirigeants de Warner, qui doit être prête d'ici 2 à 3 sremaines. Toutes les scènes non finies devront être remplacés par des storyboard.. Des storyboard répond-il au producteur Calvert qui sert d'intermédiauire ? Mais Williams n'en a jamais fait pour ce film, suivant sa seule inspiration jusqu'à le dévorer, depuis 27 ans. Mais il va s'exécuter. Il prépare une copie tel que promis, où il manque 10 à 15 minutes d'animation, pour que le film soit complet, minutes remplacées par des voix et storyboard,
3 ou 4 semaines plus tard la projection test se passe mal.. D'abord parce que film n'est pas tel qu'attendu par le studio.. c'est un rêve, c'est un joyau, ce n'est pas une histoire. Ensuite parce qu'une des bobines a été perdu durant le voyage et l'on s'en aperçoit au dernier moment. Enfin parce que Disney prépare depuis quelques années Aladdin (voilà pourquoi ils n'ont pas aidé Williams), évidemment dérivé lui aussi des Milles et une nuit... Et pire encore, parce que certains des animateurs principaux d'Aladdin ont travaillé avec Williams ou travaillé même sur ce fameux projet personnel, des personnages ont un air de famille: le Génie et Jafar dans Aladdin, sont tous deux dérivés c'est visible du Vizir du film de Williams. Warner ne veut plus de cette patate chaude: à ce rythme le film sortira après Aladdin, sera vu comme un plagiat par les enfants et les parents d'Aladdin.. Et puis il n'est pas destiné aux enfants, tout du moins de la façon dont on les éduque à l'image..
Ils usent du retard de Williams (auxquels ils auraient pu rester aveugle si le film leur avait convenu) pour user d'une clause de sortie dans le contrat. Ce retrait est une goutte d'eau de trop dans le projet. C'est que d'une part quelques mois auparavant, le projet a perdu un important mécène japonais suite à la crise économique japonaise. Mais surtout, on aurait pu penser que cela allait seulement différer la réalisation du film de quelques années, le temps de trouver de nouveaux fonds... mais non: depuis 1989, et l'arrivée Warner, le film a été forcé d'entrer dans une phase commerciale et contractuel, et le film n'appartient pas entièrement à son créateur: des assurances ont été signées pour rembourser les investisseurs en cas de retard ou de non production du film (rembourser Warner par exemple)... théoriquement les assurances doivent payer en ce cas; théoriquement.. en pratique, les assurances préfèrent plutôt que payer, devenir propriétaire du film tel que leur en offre comme possibilité le contrat et terminer le film et payer les investisseurs ensuite..
C'est ce qui va arriver... Williams va voir en 1992 le film dans lequel il a mis 28 ans de sa vie devenir la propriété d'une compagnie d'assurance.. Celle-ci va faire des appels d'offre pour prendre en main la direction du projet... Elle rejette l'appel d'offre le plus fidèle artistiquement mais le plus couteux: finir le film avec Williams sous la coupe d'une bonne conseillère-productrice qui l'aidera limiter les digressions, assisté des conseils narratifs et suggestion de montage de Terry Gilliam.. Le film s'apprête alors à partir entre les mains de dizaines de propositions médiocre et peu couteuses de toute sortie de compagnies et de pays.. Le producteur Calvert, qui avait joué les interméditaires avec Williams et connait donc bien le projet, mais avait refusé plusieurs fois les appels du pied à prendre la direction du film, se sent cette fois obligé... Il y va: propose une solution intermédiaire, plus abordable que celle qui signifierait un maintien de Calvert, mais plus couteuse et plus respectuese du travail accompli que ce qui risque d'arriver si il n'accepte pas la ache..
Enfin plus respectueuse... c'est à voir... Calvert veut et va en faire, soutenu en cela par la compagnie d'assurance, une resucée d'Aladdin, en plus cheap... Il faut ajouter des chansons, des danses.. l'animation est confiée au moins offrant dans des appels d'offres (même si des anciens animateurs de Williams, certains du studio anglais de Don Bluth etc.. y répondent aussi en freelance et y participent quand même à l'animation)... des kilomètres de séquences extraordinaires sont jetées à la poubelle (parfois littéralement c'est à dire perdus à jamais). Les nouvelles séquences bien qu'elles aurait semblé honorables en d'autres circonstances sont tout à fait médiocres en regard du travail extraordinaire de Williams. L'encre et la couleur sont fait à bas prix en Corée. Là où certains personnages étaient muets, se limitant à des onomatopées, on rajoute des voix narratives ou des voix. Ca plait à une compagnie de distribution australienne qui le sort en Australie, et paie même la compagnie d'assurance pouvoir le commercialiser le film internationalement (sans rencontrer trop de succès, c'est un sous-Aladdin, peu veulent l'acheter).
Ce film, sans doute l'un des plus grands films animés de tous les temps, et pourtant film inachevé, il est temps de le dire, il s'agit de
The Thief and The Cobbler (Le Voleur et le Cordonnier), tel que le souhaitait Williams après avoir abandonner le titre Nazrudin..
En Australie, dans sa version révisée, mutilée, trahie, et à l'international (dans les rares pays où il sort) il sort en revanche sous le titre The Princess and The Cobbler (puisqu'il met l'accent sur l'amoûûûûr comme pour Aladdin)
Mais ce n'en est pas fini du massacre du film: les coupeurs de ciseau professionnels, les Weinstein, alors chez Miramax, vainquent la répulsion qu'a tout le monde pour ce mauvais Aladdin et le récupèrent.. (une société Disney, à l'époque, récupère donc un mauvais Aladdin si tant est qu'Aladdin soit bon)...) ils le raccourcissent, changent les voix, en y ajoutant des célébrités (sauf celle de Vincent Price, qui survit encore à tous ces bouleversements, heureusement, car on peut pas le rappeler, il est décédé !), changent des chansons.. ajoute encore plus de narration et de voix qui n'existaient pas, et en font un "produit" (puisque c'est bien ainsi qu'ils le voient) pire encore qu'il n'était Le film est dénommé alors aux USA, Arabian Knight, un jeu de mots entre les Milles et une nuit et un chevalier. Le film sort honorablement (500 écrans) mais sans aucune publicité.. et est un échec tout à fait attendu.. Mais tel n'était pas le but, le but c'était d'obtenir quelques critiques et préparer une sortie VHS, où il sera commercialisé pas loin d'Aladdin et en surfant sur la popularité du film Disney.
Le film a toujours été déconsidéré depuis... sauf peut-être par Roy Disney qui à partir de 1999 tant qu'il était encore à Disney (jusqu'en 2003) forcera Disney à essayer de rassembler les matériel original de Williams afin d'envisager une sauvegarde de sa version telle qu'elle était en 1991, et par la suite des efforts pour terminer le film tel que Williams le veut. De 2003 à 2009, ce projet continuera au ralenti. Et s'arrêtera avec la mort de Roy Disney.
Par ailleurs, il fallut attendre assez tardivement pour une sortie DVD de cette version américaine... et encore, par quelle entremise en 2001 ? "Tiens si on offrait un film qui vaut pas grand chose dans une boite de Frosties. T'as quoi coco à me proposer comme trucs nuls pour les gamins ?". C'est comme ça que le film, dans sa version plus que mutilée sera découvert par beaucoup. Miramax finit par le sortir en 2005 en DVD (édition Disney/BuenaVista/Miramax), mais Disney est bien content que The Weinstein Company leur propose de s'occuper de sa commercialisation l'année d'après et donc de supporter les invendus (donc en 2006, une édition TWC pour Miramax).. En Angleterre, son pays de naissance où le film n'a jamais été montré, cette version a fini par sortir aussi il y a quelques années (2012) puisque Miramax, désormais non-Disney cherche à rentabiliser son catalogue un peu partout via des éditeurs..
Ironie du sort, le film est sorti en DVD sous le nom original The Thief and The Cobbler, alors que c'est bien l'horrible Arabian Knight. C'est qu'entre temps, le film original, via des bootlegs de ce montage de projection test de 1991, a acquis une réputation et des admirateurs.. Et le commerce veut toujours bénéficier de tout ce qui est admiré, même si ils l'ont eu même trahi..
Mais alors qu'est-ce qui est visible du film?
Du pire au mieux:
- Arabian Knight, vendu en DVD donc sous le nom de The Thief and The Cobbler... La moins pire version au niveau état de l'image est vendu au Japon - The Princess and The Cobbler, en Australie, où les bords de l'image à droite et à gauche sont découpé (le but était d'avoir un plein écran 4/3, car c'est une sortie de l'époque des écrans 4:3, et il fut une époque où le respects des formats, on s'en moquait. - Un bootleg très flou de la copie de projection test de 1991 (voir ci-dessous) - Similairement aux efforts pour "remasteriser" la trilogie Star Wars dans son état originel, depuis 15 ans, il y a eu 4 versions tentant de montrer le film dans le meilleur état possible et de terminer les séquences qui n'étaient pas incluses (en récupérant des croquis, des brouillons du matériel d'animation éparpillé, et en s'en servant pour image par image, en les décalquant créer des scènes manquantes...) c'est le Recobbled Cut, produit à titre non lucratif depuis 15 ans par Garrett Gilchrist , qui dans sa toute dernière version la 4e est presque un film visible, au sens commercial..
Ce qui est surprenant en voyant les deux premières (et un cruitque l'écrivait en 1995) c'est que, tout autant que j'avais écrit qu'un grand film réussit toujours à être un grand film, quelque soit les tribulations, les mutilations, de son existence, c'est aussi ce qui transparait ici... Quand surgissent les scènes pensées par Williams, c'est comme si pour quelques instants le soleil transperçait les nuages, on sait qu'il en est l'auteur, on sait qu'on entrevoit ce qu'aurait pu être son film.. Et puis le soleil se recouche derrière les nuages..
Richard Williams (toujours vivant) a toujours refusé de voir tant les versions produites à la suite de la compagnie d'assurance Arabian Knight et The Princess and The Cobbler (son fils, qui les a vu, lui a dit que c'était le meilleur conseil qu'il avait à lui donner si celui ci désirait mourir d'une crise cardiaque). Mais tout autant, il ne veut pas voir, ni commenter les divers versions du Recobbled Cut de Garrett Gilchrist, même si elle est si proche du bootleg et des storyboard de la projection test qu'il ne la renierait sans doute pas.
Bande-annonce Warner 1991 VHS à destination des exploitants cinéma pour annoncer la sortie l'année prochaine du film (sortie qui n'arrivera jamais)
La même bande annonce "remasterisée" par Garrett Gilchrist et son équipe
La bande-annonce du Recobbled Cut
La bande-annonce du documentaire Persistence of Vision consacré à l'histoire du film, visible après paiement sur Vimeo et en DVD et qui montre certaines des scènes les plus brillantes du film
La bande-annonce "remasterisée" de la mutilation (pour ne pas dire plus)The Princess and The Cobbler
La bande-annonce "remasterisée" de la déprédation (pour ne pas dire plus)Arabian Knight
Et le meilleur pour la fin: Le bootleg de la copie de test de 1991
et The Thief and The Cobbler, Recobbled Cut en version 4:
Avant de terminer plusieurs choses me troublent: - je suis sûr d'avoir découvert cette oeuvre il y a quelque jour .. et pourtant j'ai l'impression d'avoir connu depuis très très longtemps cet univers et certains de ces personnages.. Pourtant même dans ses version mutilées il n'est jamais sorti en France à ma connaissance, ni connu aucune diffusion télévisé. - par certains hasards (qui n'en sont jamais je veux coire), l'une des premiers accompagnement musical que j'ai entendu du film, le vrai, l'original, il le partage avec un autre grand film qui n'est pas si loin, dans l'esprit à défaut du lieu, qui raconte l'histoire d'un Prince d'Orient qui a perdu son âme: il s'agit de la Fantaisie sur un Thème de Thomas Tallis de Ralph Vaughan Williams
- et enfin, l'idée même derrière l'expression persistence de la vision me touche beaucoup
Et pour finir sur une note plutôt heureuse plutôt: Williams a fini il y a 5 ans par obtenir de l'Académie des arts et des sciences du cinéma la préservation de son film inachevé et la recherche et sauvegarde des dessins qui ont servi à sa production... c'est que même dans le Recobbled Cut et dans le bootleg, il y a des séquences manquantes, des scènes qui Williams lui même avait choisi de supprimer (certains sont visibles sur Youtube si vous souhaitez). Il y a donc beaucoup à sauver. Et cette version a été projetée plusieurs fois, en plusieurs lieux de par le monde sous le nom de A Moment in Time, comme un instant figé, puisque pour ce film, le temps s'est arrêté il y a 25 ans. Parfois en présence du réalisateur (vidéo 1 et vidéo 2)
C'était long, sans doute, à déchiffrer et à lire, mais j'espère que cela a suscité votre intérêt et l'envie de le voir.
Hugues
PS: Pour comparaison, c'est illégal cette fois, au contraire de ce qui est publié précédemment, mais c'est sur YouTube, je n'y suis pour rien... :
La version trahison-comédie-musicale de la compagnie d'assurance et version australienne The Princess and The Cobbler, ici "remasterisée" Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
et l'autre trahison-comédie-musicale, la version américaine de Miramax Arabian Knight (quelque peu flou) Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
(Ca fait bien quelques jours que j'y avais pensé.. et puis j'avais oublié)
Barry Lyndon méritait bien une nouvelle bande-annonce... Si seulement cela avait pu avoir lieu sans le choix de cette bande son d'un mauvais goût...
Mais autrement, quelle belle idée. Elle montre le film tel qu'il est visible actuellement... Resplendissant.. elle offre une vague idée de la beauté qui réside en chaque plan du travail de John Alcott..
Barry Lyndon - Bande-annonce britannique 2016
Si seulement cela avait pu avoir lieu sans le choix de cette bande son...
Hugues a écrit:(Ca fait bien quelques jours que j'y avais pensé.. et puis j'avais oublié)
Barry Lyndon méritait bien une nouvelle bande-annonce... Si seulement cela avait pu avoir lieu sans le choix de cette bande son d'un mauvais goût...
Mais autrement, quelle belle idée. Elle montre le film tel qu'il est visible actuellement... Resplendissant.. elle offre une vague idée de la beauté qui réside en chaque plan du travail de John Alcott..
Barry Lyndon - Bande-annonce britannique 2016 Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher
Si seulement cela avait pu avoir lieu sans le choix de cette bande son...
Hugues
Et du montage de cette bande-annonce, grotesque !
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Oui bon, il reste quoi alors à sauver, John Alcott.. On revient au point de départ
Hugues
Dans un sens, la bande annonce est amusante, le film de Kubrick à travers ces images ressemble alors plus à un super épisode de Game of Thrones qu'au film lui-même. On pourrait faire pareil avec tous ses autres films...
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Au passage, le dernier épisode, à ne pas regarder en mangeant ou dans le noir certes, est vraiment bien.
« Par exemple, le football, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment mourir en plein air. Ailleurs on danserait et on rirait » (Roger Nimier)
Alors que le dernier film, plutôt à oublier malheureusement, n'est pas encore sorti aux États-Unis (où il devrait faire un bon nombre d'entrées), le prochain film de Woody Allen, devrait mettre en scène Kate Winslet.
von Rauffenstein a écrit:Un film de 1972 ? (comment Hugues il répond pas )
J'ai la réponse! (enfin je crois) Mais je respecte les autres joueurs!
(marrant comme jeu à "indices". On n'avait pas fait un jeu comme ça, il y a quelques années ?))
Boh... j'en fais super souvent sur le sujet "Que regarder à la télévision..." mais il n'y a presque que silverwitch, Ouais_supère et parfois Rainier voire Alfa qui jouent...