DCP a écrit:Il est évident que le problème ne vient pas des personnes qui touchent le RSA, mais de la manière dont l'économie fonctionne.....la question sur les contrats d'insertion était de savoir ce que l'on proposait concrètement à ces personnes pour s'en sortir....même si je suis bien conscient que les organismes sociaux ne peuvent pas faire des miracles et inventer les places de travail....
DCP a écrit:Pour le reste, je pense oui, que le travail/avoir une activité (si on parle de 7h par semaine, pas trop de risque de "burn out") fait généralement du bien aux gens, à condition que cela ne soit pas un travail dégradant.
Je n'en suis pas convaincue. Tu n'as d'ailleurs pas répondu à l'objection: en quoi les étudiants, les retraités, les chômeurs indemnisés ou les travailleurs en emploi seraient-ils "plus utiles à la collectivité" que les bénéficiaires de minima sociaux ? La réponse m'apparaît tout sauf évidente. Sauf à prolonger le discours moralisant qui sous-tend ce propos: bénéficiaire de minima sociaux = assisté = inutile.
Pour en revenir à ta remarque, je ne vois pas en quoi le travail obligatoire et non rémunéré ferait du bien aux gens, et je ne crois pas non plus que le travail
par principe fasse du bien aux gens. Le travail n'est pas un bien, avoir un métier en revanche peut être une forme de réalisation personnelle (pour parler le langage du jour). Tu parles de travail "dégradant", mais qu'est-ce qui constitue le caractère dégradant ? Si demain, chômeur en fin de droits (ou chômeur tout court, d'ailleurs, la logique moralisante ne tranche pas), tu étais contraint pour subsister d'avoir à ramasser les poubelles, tu trouverais ça dégradant ? Moi oui. Non que ramasser les poubelles soit
par nature une activité dégradante, mais parce que le choix de son métier est une une liberté fondatrice des droits individuels et collectifs. J'ai un métier, une qualification, un savoir faire, ce qui me valorise à mes yeux et aux yeux des autres c'est ça, plus que le fait d'avoir un salaire en réponse à un labeur. Le travail est essentiellement labeur, souffrance. Ce qui rachète le travail, c'est le métier et libre choix de ce métier, plus que le revenu. Une personne qui fait des ménages peut être fière de son métier, pas si elle est contrainte de le faire par la "collectivité". Le métier disparaîtra, ne restera que le revenu, l'argent, valeur suprême.
Cette confusion moralisante procède d'une incompréhension flagrante vis à vis d'une société aux prétentions délirantes. D'où ont surgi les assistés que chacun dénonce la main sur le coeur ? Du chômage de masse. D'où viennent les suicides du travail, la précarité toujours plus grande, le temps partiel contraint ? D'une société qui valorise excessivement le travail (assimilé à percevoir un revenu d'activité) au détriment du savoir faire, du métier lui-même. Le métier est un bien s'il est choisi, et s'il n'est pas tout. Désormais, nous éprouvons une double contrainte: souffrir au travail, souffrir de ne pas avoir de travail. Et ceux qui souffrent au travail de culpabiliser ceux qui souffrent de ne pas en avoir.