La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Modérateurs: Garion, Silverwitch

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 08 Déc 2015, 11:36

sheon a écrit:J'ai trouvé Knight of Cups plus accessible au niveau de sa "narration" (que The Tree of Life), en revanche il l'est sans doute un peu moins au niveau du rythme.
Mais comme j'aime beaucoup les cinéastes qui prennent leur temps, ça ne pouvait que me plaire d'autant plus.


Hugues a écrit:À côté de ce film, The Tree of Life, premier de ces trois derniers films, est tant sur la forme que narrativement dans la plus grande partie de ses grands mouvements (l'enfance qui occupe les 4/5e du film) relativement académique

Hugues


J'ai enfin vu avant-hier soir le dernier film de Terrence Malick.

The Tree of Life + À la merveille = Knight of Cups

Ou plutôt:

The Tree of Life <-> Knight of Cups <-> À la merveille

Sur le plan formel, le chemin esthétique emprunté par le cinéma de Malick m'apparaît comme une impasse, en raison de deux problèmes: la disparition progressive de la focalisation (terme barbare, mais plus explicite que celui de "point de vue") qui abolit toute extériorité, et une manière de filmer qui finit par se confondre avec l'esthétique publicitaire (jusqu'à un certain point, peu importe qui imite qui, un style aussi facile à parodier en porte la responsabilité). Ce que l'on voit, d'abord, ressemble à une publicité pour du parfum. Enfin, le film témoigne peut-être des limites d'une méthode de travail: j'ai eu le sentiment parfois exaspérant de voir un brouillon cinématographique, des essais avec la caméra et les acteurs pendant deux heures. Un brouillon sublime, certes, mais un brouillon quand-même.

Cette première approche formaliste échoue à rendre compte de l'ambition très largement réalisée du film. Knight of Cups est une réflexion fascinante sur l'épreuve du regard, sur le mouvement de l'âme. C'est comme si depuis deux films, Malick faisait la critique de son cinéma: À la merveille et le désert de l'amour; Knight of Cups et l'impuissance du regard. Comment voir dans un monde d'ombres, dans un monde d'images ? C'est donc une méditation philosophique et je m'attarderai sur cet aspect:

VERS L'INFINI

a knight...
sent by his father, the King of the East...
west into Egypt...
to find a pearl


L'âme (par âme j'entends un principe vital qui commande au corps et qui nous permet d'accéder à la conscience de l'universel et de l'éternité) est animée par un mouvement extérieur: c'est le désir de connaissance. On quitte son foyer pour suivre ce désir, qui nous arrache à notre isolement, à notre prison intérieure. Notre âme aspire à s'élever. Nous suivons cette lumière extérieure (la connaissance) animés par le désir (le manque d'étoile étymologiquement). L'âme de Rick est semblable à une perle dans une coquille.

A pearl from the depths of the sea

Chez les anciens Grecs, poètes et philosophes, l'âme est identifiée à une poussière d'étoile, l'éclat d'un astre. C'est la quête de cette origine qui entraîne le mouvement de l'âme vers les cieux, les cieux étant entendus comme l'accès une connaissance universelle et abstraite. Le film ouvre sur des plans cosmiques, singuliers échos ou contrechamp au regard de l'enfant des étoiles de 2001, l'Odyssée de l'espace, le film de Stanley Kubrick. Car ici, comme dans le Phèdre (Platon), l'âme se hisse au sommet du ciel. Mais l'âme est une perle dans une coquille. Ce mouvement de connaissance intelligible en dehors du monde, en dehors du corps produit l'oubli par l'être humain de son identité. Au ciel, l'âme est immobile et sans mouvement, plus rien ne l'anime.

He forgot he was the son of the king.
Forgot about the pearl...
and fell into a deep sleep.


LE DÉSERT DES SOMNAMBULES

Au repos, le personnage de Rick traverse un monde d'ombres, un monde d'apparences, un monde endormi. Il a les yeux ouverts, mais il ne voit pas. Il parle, il agit mais dans un état de somnambulisme. La puissance qui anime son regard est absente. Il est une coquille vide. Le spectateur, à travers les yeux de Rick, littéralement, traverse hébété un Los Angeles d'où la vie est retirée, un désert urbain où seul le mouvement des corps fait un écho parodique au cheminement des âmes. Les êtres humains veulent à tout prix éviter d'être rendus à leur solitude, et tous semblables cherchent à exister dans la proximité des autres.

Baudelaire a décrit de manière unique et géniale ce que montre le film de Malick dans son poème, Les Aveugles (c'est moi qui souligne):

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel
; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?


Il ne suffit pas d'ouvrir les yeux pour voir. Pour le cinéma de Malick comme pour le spectateur, le problème est posé: il ne suffit pas de montrer la beauté du monde pour que cette beauté entraîne un mouvement de l'âme, que la beauté devienne désirable. Il faut une double lumière: le soleil, le mouvement de la connaissance, comme je le fais remarquer plus haut, mais également un feu intérieur, une lumière intime. On peut donc bien avec Rick regarder tout en haut des acrobates tombant du plafond, cela ne suffit pas à s'arracher à sa nuit intérieure.

Le film déploie ici, à sa manière, une analogie photographique. Comme le dispositif cinématographique a besoin non seulement d'une lumière, mais également d'un objectif pour saisir le monde, l'âme, identifiée à un éclat lumineux (une perle, une étoile) répond à un double mouvement perpétuel: un feu intérieur et une lumière extérieure. Il faut une lumière extérieure pour y voir, mais il faut surtout l'acte de voir, c'est-à-dire un mouvement d'ouverture du regard. Tension entre l'intérieur et l'extérieur, entre l'intimité et l'altérité. L'acte d'ouverture du regard se reflète dans le champ qu'il a ouvert.

The king didn’t forget his son.
He continued to send word...


AU LIEU D'ALLER DEHORS, RENTRE EN TOI-MÊME

Saint Augustin, car c'est lui qui paraphrase habilement Socrate, ajoute: "c'est dans l'homme intérieur qu'habite la vérité". Comment ranimer ce feu intérieur ? L'acte est indépendant de la volonté de Rick, hors de portée de l'individu qui existe, c'est-à-dire ne coincide pas avec lui-même. Pour Ulysse, c'est la nostalgie. Dans le discours moderne, ce sera une expression florissante, l'anamnèse, issue des mots grecs ana et mnémè, qui signifie rappel du souvenir. Platon, plus simplement, parle de réminiscence.

La nostalgie, c'est la douleur du retour, le mal du pays en quelque sorte. La souffrance d'une existence séparée, d'un exil. Ici c'est un passé qui ne passe pas, l'appel du père, le manque du frère. Dans The Tree of Life, c'était même l'indicible souffrance du monde animal, d'un dinosaure. Le premier mot envoyé par le père c'est l'appel d'une douleur partagée. Tu n'es pas seul à souffrir, tu n'es pas seul à devoir mourir. Le passé et le présent se plient, le passé remonte au présent: réminiscence. Cet appel du passé, cette irruption du passé dans le présent, d'abord désordonné exige d'être médité, compris par Rick. Sauver le passé de l'oubli, c'est dévoiler un peu le sens de nos actions, c'est éclairer un présent incompréhensible (somnambulique) d'une lumière intérieure. En grec, angelos veut dire "messager". Si comme le personnage de Rick, joué par Christian Bale, nous avançons les yeux ouverts dans l'ombre, perdus, même cette nuit comporte une lumière. Une lumière pour guider l'individu pris entre deux mondes. La mélancolie, le rappel du souvenir est puissance de suggestion, enargeia en grec, de la racine "arg-", "argos", l'éclat lumineux.

MIROIRS ET REFLETS

messengers...
guides.
But the prince slept on.


Si Rick est perdu à lui-même, il a besoin des autres pour se voir. Le film multiplie les miroirs comme des fenêtres ou des reflets trompeurs dont la lumière enferme le personnage ou lui offre des chemins dans le brouillard. L'altérité est non seulement une condition de l'identité, mais ici il s'agit d'abord d'une altérité exemplaire: la rencontre amoureuse. Comme dans son précédent film, un personnage erre dans un désert amoureux fait d'étreintes et de rencontres charnelles, filtres d'oubli. Rick se cherche dans les yeux de jeunes femmes comme autant de miroirs, dans les rencontres avec des doubles (le personnage joué par Antonio Banderas). Rick ne voit pas car il a trop à voir, il ne désire pas car il a trop à désirer. La curiosité, avide de nouveauté, se fait indifférence. "L'instabilité distraite devient agitation" fait remarquer Heidegger (Sein und Zeit). Impuissance du regard à se poser, à voir:

Rêver, n’est-ce pas la chose suivante : que ce soit pendant le sommeil, ou éveillé, croire que ce qui est semblable à une chose est, non pas semblable, mais la chose même à quoi cela ressemble ?

Comment pourrait-on aimer un reflet, un écho ou plutôt comment pourrait-on être aimé par eux ? Pendant qu'il s'égare dans les reflets (le fascinant personnage joué par Teresa Palmer, symétrique à celui d'Antonio Banderas), d'autres appels résonnent. L'amour se confond d'ailleurs parfois avec l'appel de la compassion, la conscience de l'injustice avec l'appel de la charité. Il faut revenir en soi pour s'ouvrir à ce qui n'est pas soi. Le film insiste, de manière répétée, sur la vision de malades, de corps brûlés, souffrants, de clochards, d'exilés. Ce sont autant d'appels au réveil par la compassion, c'est-à-dire la douleur partagée: cet autre qui souffre, il est comme moi. Le coup de force du film est de rapprocher deux symptômes de l'existence séparée: pour Rick la douleur comme le plaisir des autres sont inaccessibles. Séparé de soi, séparé du monde, séparé de l'autre.


He continued to send word...


Dans l'épreuve de la souffrance croit ce qui sauve, nous fait entendre le discours du prêtre, dans l'attention à l'instant rappelle le personnage du maitre bouddhiste ("Bouddha" signifie l'Éveillé), dans l'appel de la compassion, l'épreuve de l'amour et enfin l'épreuve du souvenir.

L'HOMME INTÉRIEUR

"Reviens en toi-même et regarde !"

Dans l'acception platonicienne, l'expression homme intérieur désigne ce qui en nous lutte. C'est l'image très forte d'un monstre à plusieurs têtes. Plusieurs êtres luttent en nous, et il faut que l'homme intérieur (l'âme de Rick, si l'on veut, par opposition à Rick, l'homme extérieur, la coquille) domine les forces naturelles pour faire l'épreuve de la grâce. Pour y parvenir, il faut réveiller son "oeil intérieur". Tous les appels à l'éveil sont désormais connus: douleur, compassion, amour, souvenir. Ces différentes lumières permettent de fusionner enfin le double regard: la chose vue et l'acte de voir, le regard et sa lumière. Plotin:

Si l'être qui voit se voit lui-même à ce moment, il se verra semblable à son objet

L'épreuve d'une âme dans sa coquille est de pouvoir coïncider avec elle-même, l'essence de la vision étant de pouvoir confondre ce que l'on voit (la lumière extérieure) avec l'acte d'ouverture du regard (le feu intérieur). Aller au loin pour retrouver le plus proche, dans l'autre se trouver soi. On l'a vu, il est question de l'âme, cet éclat d'étoile, il est question de l'oeil intérieur, ce qu'on ne peut voir avec les yeux, et il est question d'amour (de compassion aussi, on le voit et on l'entend dans les mots de la mère). On a tourné autour d'un impératif, regarder en soi-même. Mais comment se voir soi-même, non pas son apparence, mais son intériorité, comment voir son âme ? L'âme en miroir. Le grec parle de la prunelle de l'oeil avec le mot "koré", qui signifie "jeune fille" et l'allemand emploie le terme "Augenstern", l'étoile de l'oeil. Ce qui anime notre figure, sans quoi nous serions semblables à des statues, dépourvues de conscience, de lumière de l'oeil pour paraphraser Hegel. La conscience, condition pour se percevoir soi-même, du latin "cum" (avec) et "scire" (savoir, et voir): extériorisation du sujet. Voir et savoir sont identiques: video et idée ont également la même racine en grec.


La perle, la jeune fille, l'étoile. La connaissance de l'homme intérieur passe par un dispositif spéculaire, la conscience est un miroir qui réfléchit ce qui l'environne. Ce qu'il y a de plus lumineux chez l'être humain, ou de plus divin (de plus parfait), se reflète dans la perle de son oeil. Mon regard s'atteint lui-même dans le regard de l'Autre. Vers le ciel étoilé au-dessus de nous, il faut lever la tête, s'orienter en direction de l'infini, Il faut regarder l'âme de l'Autre pour ne pas perdre son âme en chemin, dans la nuit de l'esprit, il faut suivre l'étoile polaire, "l'étoile intérieure de l'esprit" dit Kant. Au bout du chemin, le rappel du souvenir ouvre "le chemin qui conduit chez nous" (Platon, Philèbe). L'étoile était tellement proche que nous ne la voyions plus. Il faut un long détour vers l'infini pour retrouver ce qui est nous et qu'on ne voit que par le regard de l'Autre: un miroir face à un miroir. La conscience ne fait plus qu'un avec le tout, les âmes ensemble, le passé allé avec le présent dans une constellation pour voir le monde comme si c'était la première fois:

REMEMBER

Garde-moi comme la prunelle de l'oeil; Protège-moi, à l'ombre de tes ailes (Psaume 17:8)
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Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 08 Déc 2015, 19:39

La thèse évoquée ici par Silverwitch, Silverwitch le sait, est en tout point la mienne, si ce n'est que j'ai fait le choix dans mon texte presque d'un scène à scène (un peu indigeste sans doute), pour relever les symboles qui constellent tout le film et soulignent cette thèse..
Et si ce n'est que je vois aussi, dans le film un autre motif qui donne un accent plus singulier à la thèse platonicienne générale..

Mais j'en parlerai une autre fois (quand j'aurai le courage de soumettre mon texte, ou tout au moins de le résumer)

Je voudrais plutôt m'attacher à contredire quelque peu, Silverwitch sur ses premiers mots (même si je préviens que je n'ai pas les armes et ça va être un massacre !):

Silverwitch a écrit:la disparition progressive de la focalisation (terme barbare, mais plus explicite que celui de "point de vue") qui abolit toute extériorité


:o

Mais comment faire autrement quand il s'agit du film d'un témoin-spectateur. C'est à dire que le drame s'est déjà joué, et que nous n'avons là, à travers une mémoire-caméra, plus que d'ordinaire encore, qu'une représentation (n'en retenant les instants les plus chargés de sens), d'une réalité émoussée, qui ouvre grande sa place à l'onirique (Joseph le père qui se lave les mains avec du sang, le même qui apparait sur scène devant un public, ou une scène fantastique à mon sens où les 3 hommes se suivent dans un couloir à la pente étrange, puis sur des escaliers, étrangeté, qui ne tient qu'à l'esthétique [de quoi douter du terme publicitaire, déjà !]). (Ou même osons-le dire, peut-être une des femmes et même peut-être tout le film

Tu sauras mieux que moi expliquer le préjudice qu'est la perte de l'extériorité. Est-ce parce que justement cette abolition impose au spectateur un regard si prégnant qu'il empêche plus que d'autres modes de représentation de créer au spectateur le sien propre ? (je m'exprime mal, mais j'espère que tu auras compris la question)

et une manière de filmer qui finit par se confondre avec l'esthétique publicitaire (jusqu'à un certain point, peu importe qui imite qui, un style aussi facile à parodier en porte la responsabilité). Ce que l'on voit, d'abord, ressemble à une publicité pour du parfum.


Je veux quand même douter avec véhémence (pas forcément persuasion) de cet argument... (et je suis quand même attristé de lire ici le même argument que quelqu'un qui fut aveugle à tout, considérant que le propos du film, était inexistant, alors même qu'il est capable de te faire écrire autant [et pas qu'à toi, et pas qu'à moi], qui moquait le film en affirmant qu'il y avait là réserve pour 240 publicités de parfum [Arnaud Laporte] )

D'abord sur le comment ... L'esthétique publicitaire relève de l'artifice (je sais, le cinéma, et les arts aussi, étymologiquement.. m'enfin j'espère que tu entendras la nuance que je veux exprimer là). On use de réflecteurs (comme dans les tournages cinématographiques académiques) de maquillage.

On saisit un moment tordu par la préparation , pratiquement trop parfait, qui n'a plus rien de spontané.

Face à ce problème, Bresson et Malick ont deux solutions opposées, à l'extrême, mais qui convergent vers un même objectif: quand Bresson en exténuant son modèle, à force de répétitions, va capter l'automatisme, où le jeu s'est évaporé. Malick confronte ses acteurs à l'inattendu... il n'y a pas de scènes répétées (au sens propre du terme, on ne retourne pas une scène, si la technique la prise de son ou d'image n'a pas fonctionné, n'atteint pas ce qui est recherche, une autre scène va être inventée, avec d'autres surprises, une autre improvisation, un autre inattendu)
L'esthétique du film ne fait qu'un avec cette intention... à la fragilité de l'instant, c'est une esthétique fragile qui est captée (lumière, prise de vue, prise de son). C'est sans doute parce que c'est fragile que ce peut facilement être imité par le cynisme, par l'artifice, par la préparation minutée, préparée.. Mais ça reste cynique...

Que le cynisme récupère une esthétique ne doit pas empêcher de percevoir que celle que propose Malick n'est pas cynique: elle est naïve, tout au contraire.

D'abord sur le comment, disais-je (et là je m'aperçois que je ne sais pas si il y a un second point, mais plus pragmatiquement des exemples)...

M'enfin Silverwitch, a-t-on vu dans la publicité toutes les fulgurances qui constellent le film et qui tiennent, tant d'une attention à l'instant présent, qu'à un montage et un tissage sonore incroyable:
- une danse des avions à un instant du film, qui n'a aucune symbolique sinon sa beauté, et pourtant porte en elle quelque chose de pratiquement ineffable, qui tient du resouvenir d'un autre monde
- des vues latérales depuis une voiture par deux fois, qui portent en elle de même une étrange anamnèse..
* la première, elle ne filme que des façades de maison nanties, et pourtant d'un kitsch finalement d'une certaine laideur... et pourtant dans cette laideur, et dans ce mouvement filmé, en combinaison de la musique et la voix off de Blanchett, il y a quelque chose à ce moment là qui élève l'âme
* la seconde, alors que nous entendons Armin Mueller Stalh, filme un mouvement depuis l'autoroute sur des rues et des immeubles au delà de la large route.. Et se prolonge par une circulation dans un quartier résidentiel de classe moyenne modeste, puis un cimetière

Ce ne sont pas sans doute les fulgurances les plus mémorables du films (faut-il évoquer les timelapses, les moments presque chorégraphié et pourtant non, auprès de l'habitation et après l'habitation de Freida Pinto, l'errance nocturne et bien peu lumineuse qui suit à pied et en voiture, l'image saisissante d'un parking à étages montrant des vies parallèles et isolées) mais celles-ci (et certaines de celles que je viens de citer dans la parenthèse) portent un ailleurs hors d'atteinte à la publicité ..

Enfin une réflexion en aparté. Aurais-tu eu une idée semblable si ça n'était le monde contemporain qui était filmé avec finalement la même technique. Je n'en suis pas sûr.

Enfin, le film témoigne peut-être des limites d'une méthode de travail: j'ai eu le sentiment parfois exaspérant de voir un brouillon cinématographique, des essais avec la caméra et les acteurs pendant deux heures. Un brouillon sublime, certes, mais un brouillon quand-même.


J'ai répondu auparavant, cela tient d'une même fragilité de l'instant présent et d'une même naïveté

Je la préfère finalement celle-ci à cette fausseté minutée, et à l'antithèse même qui réside dans ce film prochain à venir entre l'esthétique et de l'artificialité minutée de la mise en scène (et je ne pas du propos d'une médiocrité crasse):

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Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 08 Déc 2015, 20:17

J'ai mis à jour mon message avec deux vidéos de The Revenant, film où Iñarritu a demandé explicitement (soyons original!) à son chef opérateur de reprendre in extenso le même dogme sur lequel le même chef opérateur et Malick s'étaient entendus sur Le Nouveau Monde et qui est leur propre création commune (que je peux détailler si vous voulez, en 17 points, volontairement pleins de contradictions, et dont le dernier est "accepter les exceptions au dogme"... mais dont la règle la plus importante et incontournable de toute, est "ne pas sous-exposer").
Et qui est utilisé en dépit de sa raison même d'être puisqu'il filme dans The Revenant des chorégraphies.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 08 Déc 2015, 23:56

Vous êtes géniaux.

Vraiment.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede BWT le 09 Déc 2015, 02:08

J'ai lu la discussion, seulement parce que Ouais_supère vient d'en dire du bien. Merci Silverwitch, merci Hugues, merci Ouais_supère.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shoemaker le 09 Déc 2015, 07:23

Ouais_supère a écrit:Vous êtes géniaux.

Vraiment.

:o :good
Un peu de culture, ça nous change du merdier environnant.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Déc 2015, 23:47

Pour poursuivre la controverse, la querelle, l'escarmouche, l'empoignade, la disputation...

Je voudrais bien qu'on me convainque que l'esthétique proposée dans les derniers films tend à une publicité de parfum (ou est récupérée par l'industrie du parfum)...

J'aimerais bien savoir ce qu'il y a donc de commun entre (je prends trois des quatre rares extrait "longs" qui nous est disponible, plutôt que le montage épileptique de la bande-annonce... extraits déjà montrés mais obtenus désormais en français plutôt qu'en allemand):


Truth (VOST)   Compatible plein écran



Love (VOST)   Compatible plein écran



Brother (VOST)   Compatible plein écran


Et...

Sì, Giorgio Armani (2 versions)


Miss Dior


Chloé

(bon ça n'est pas vraiment la publicité, elle est introuvable, mais ça donne un aperçu)


Ou encore pour ne pas être accusé d'être tendancieux (je me comprends) :

Dior, J'adore


Flower, Kenzo



Sinon seulement des a priori qui ne se vérifient pas ? (Ou je suis aveugle ?)

Cherchons ailleurs alors..
Parait-il que celle-ci... '

Apple - Your Verse Anthem


Moi sincèrement je ne vois rien qui y ressemble VRAIMENT..

Pour être gentil je veux bien relever deux à trois plans, l'un où l'on franchit une porte derrière une ombre (un motif récurrent depuis Le Nouveau Monde, notamment le départ de l'indien, sauf que dans le Nouveau Monde la steadicam accélérait de façon stable derrière l'indigène ) l'autre avec une fanfare sans qu'on ne voit les tête (qui peut être comparée à une séquence similaire du précédent film de 2012/2013) ou encore le regard qui s'élève vers la hauteur des colonnes.. C'est quand même peu.. Et ca n'est pas vraiment convaincant à l'examen (l'exposition n'est pas la même et par conséquent la dynamique de l'image non plus, et si ça ne suffisait pas l'étalonnage est complètement différent..)
(Et si vraiment il y a plus que ça dans toutes cette publicité, alors tout se ressemble parce que certes une steadicam ressemble à une steadicam et un flare ressemble à un flare... mais l'exposition, la dynamique de l'image, l'étalonnage n'ont rien de commun... ou alors si on dit que c'est semblable alors autant dire que ces franchissements de porte [ceux de Malick ou celui de cette publicité] imitent l'esthétique de John Ford dans la Prisonnière du Désert ... )

Non sincèrement la seule ressemblance malickienne dans cette publicité, c'est celle que j'avais relevée voilà deux ans... Et elle n'est pas à l'image mais au son.. Puisque la publicité reprend un morceau écrit spécialement pour le précédent film...
À partir de ce moment là, sachant cette référence assumée et explicite, les maigres parentés esthétiques à l'image apparaissent plus comme une tentative assumée d'hommage (assez ratée je trouve) que le fait que l'esthétique des derniers films serait publicitaire...


Maintenant, pour ne pas être de mauvaise foi, il y a effectivement un problème dans cette esthétique (et je crois que l'on en discutera).. Mais ce n'est pas lié à une esthétique publicitaire (ou au fait qu'elle serait si criminellement facile à imiter par la publicité qu'elle en porterait la responsabilité... puisqu'en fait la publicité ne parvient pas semble-t-il à l'imiter, et même les "imitateurs", dans les longs métrages, ne produisent que des ersatz [j'ai des munitions sous la main :twisted: ]...) Sinon, peut-être dans quelques rares mouvements parfois de caméra..


Et puis franchement le critère de l'imitation/hommage publicitaire:



C'est criminel de produire une esthétique si facile à imiter ! :evil:

Alors, Melle Silverwitch, on dit quoi de ça ...

Image

P....j! :twisted:

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 00:28

Ouais_supère a écrit:Vous êtes géniaux.

Vraiment.


M'enfin...

BWT a écrit:Merci Silverwitch, merci Hugues, merci Ouais_supère.


M'enfin, m'enfin...


:pasrond: saoul:

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede heow le 10 Déc 2015, 07:43

Quand j'ai lu "pub pour parfum" dans le post de Silver, ça m'a fait sourire et penser directement à celle de Dior - Parfum Sauvage avec Johnny Depp.



Je quitte la ville, je vais me retrouver dans le désert avec mon coupé 60-70s (cabriolet pour Rick), les propos sont assez cryptiques, libres à interprétation.
Une part de l'esthétique est là.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Déc 2015, 12:00

Hugues a écrit:
Silverwitch a écrit:la disparition progressive de la focalisation (terme barbare, mais plus explicite que celui de "point de vue") qui abolit toute extériorité


:o

Mais comment faire autrement quand il s'agit du film d'un témoin-spectateur. C'est à dire que le drame s'est déjà joué, et que nous n'avons là, à travers une mémoire-caméra, plus que d'ordinaire encore, qu'une représentation (n'en retenant les instants les plus chargés de sens), d'une réalité émoussée, qui ouvre grande sa place à l'onirique (Joseph le père qui se lave les mains avec du sang, le même qui apparait sur scène devant un public, ou une scène fantastique à mon sens où les 3 hommes se suivent dans un couloir à la pente étrange, puis sur des escaliers, étrangeté, qui ne tient qu'à l'esthétique [de quoi douter du terme publicitaire, déjà !]). (Ou même osons-le dire, peut-être une des femmes et même peut-être tout le film


En faisait autrement, pardi ! Tu es d'accord pour dire qu'une caméra ressemble à un oeil. Il paraîtrait donc naturel que la caméra se substitue à l'oeil. Or, quel est cet oeil ? Si c'est l'oeil du corps, le point de vue adopté doit correspondre au plus près (tout en s'en distinguant, condition de la représentation: l'écart entre la chose et sa représentation), et certains films iront jusqu'à mettre en place une vue subjective. Si c'est d'un autre oeil que nous parlons, nous l'appellerons ensemble l'oeil de l'âme, pour voir ce qui est invisible, alors la construction du point de vue se sépare du corps, ou plus exactement la théorie (racine grecque: théâtre) commande à la place physique, comme l'âme commande au corps.

Pour répondre plus laconiquement: l'espace cinématographique est toujours un espace mental abstrait, seul varie le régime de réalité interne au film. Bon, ce n'est peut-être toujours pas très clair pour un lecteur profane. Procédons différemment, imaginons un regard qui produit des images mentales. Que ce regard soit celui d'un personnage dans le film ou celui de l'énonciateur (ou bien Terrence Malick lui-même si tu préfères), quelle différence ? Aucune. Le dispositif cinématographique piège le spectateur pour naturaliser son point de vue, en lui faisant croire qu'il n'y en a pas d'autre possible. Or, quand bien même le personnage de Rick (qui ne se confond pas toujours avec son âme) produit des images mentales ou que des images mentales l'emprisonnent dans un rêve éveillé, il y a toujours un oeil (extérieur) qui produit des images. En conclusion, même si Rick regarde avec les yeux de son âme, un point de vue extérieur est toujours possible puisque Rick s'il voit ne se voit pas lui-même.

Ce voyage intérieur, cette Odyssée intérieure ne contraint pas pour autant le film à épouser aussi constamment et étroitement le regard de Rick. Pas plus qu'il ne contraint à épouser un regard physique (la caméra subjective), le récit filmique permet à la fois d'introduire une distance (une extériorité, voir paragraphe précédent) ou d'adopter un autre régime de réalité. On peut ainsi distinguer des espaces ou des temps différents, des rêves dans des rêves. Ainsi un roman pourra épouser le point de vue d'un personnage tout en s'énonçant à la troisième personne du singulier.

Tu sauras mieux que moi expliquer le préjudice qu'est la perte de l'extériorité. Est-ce parce que justement cette abolition impose au spectateur un regard si prégnant qu'il empêche plus que d'autres modes de représentation de créer au spectateur le sien propre ? (je m'exprime mal, mais j'espère que tu auras compris la question)


Oui et non. De prime abord on peut le penser puisque le dispositif malickien prive le spectateur (volontairement, j'y reviendrai) de l'accès à une dimension supplémentaire du cinéma par rapport à la littérature, la disjonction entre la chose et sa représentation, ou à tout le moins il tend à réduire fortement cet écart. Non, car ce dispositif esthétique est très flou et ne s'accompagne pas d'une construction très contraignante pour le spectateur. Tout est fait pour qu'il s'abandonne à un flux d'images, à un océan de sensations, de perceptions. Les plans, le montage, le cadre, rien ne guide fermement le spectateur, sinon la bande-son.

Hugues a écrit:
et une manière de filmer qui finit par se confondre avec l'esthétique publicitaire (jusqu'à un certain point, peu importe qui imite qui, un style aussi facile à parodier en porte la responsabilité). Ce que l'on voit, d'abord, ressemble à une publicité pour du parfum.


Je veux quand même douter avec véhémence (pas forcément persuasion) de cet argument... (et je suis quand même attristé de lire ici le même argument que quelqu'un qui fut aveugle à tout, considérant que le propos du film, était inexistant, alors même qu'il est capable de te faire écrire autant [et pas qu'à toi, et pas qu'à moi], qui moquait le film en affirmant qu'il y avait là réserve pour 240 publicités de parfum [Arnaud Laporte] )


C'est justement parce que le film n'a rien d'une publicité pour du parfum qu'il est d'autant plus dommage qu'il y ressemble, ai-je écrit. On méditera encore la formule de Platon:

Rêver, n’est-ce pas la chose suivante : que ce soit pendant le sommeil, ou éveillé, croire que ce qui est semblable à une chose est, non pas semblable, mais la chose même à quoi cela ressemble ?

La fusion de souvenirs et de fantasmes du personnage de Rick s'appuie sur une esthétique qui les encapsule dans un même espace, celui d'un regard essentiel et excessivement symbolisant. Il y a donc le risque qu'un spectateur modèle imagine le film comme une énigme à déchiffrer où un vérité invisible est cachée à l'intérieur de plans, de citations qui expliqueraient le tout. De l'autre, un spectateur empirique ne comprendra pas la récurrence de procédés aussi symboliques et n'y verra que la ressemblance avec les éléments publicitaires: la plage, l'eau, les visages tourmentés des vedettes.

Entre ces deux démarches qui enferment l'appréciation de deux spectateurs abstraits, il manque une troisième voie, celle de la profondeur. Celle qui permet au spectateur comme au personnage principal de se voir soi-même comme un autre. Cette évolution manifeste depuis deux films est très certainement volontaire, je l'interprète comme la manifestation esthétique de l'existence séparée, et comme la réponse de Malick à ses imitateurs. Disparition de la "narration traditionnelle", mais également changement de nature des images. La beauté du monde est exilée. Toujours visible, mais il devient impossible d'en jouir pleinement. En extrapolant un peu, c'est comme si Malick avait pris conscience au bout d'un moment que le spectateur empirique peut ressembler à la petite fille dans "À la Merveille", si elle est de mauvaise humeur: Malick/Ben Affleck pourra toujours en vain lui montrer l'ombre de la terre sur l'atmosphère.

Hugues a écrit:D'abord sur le comment ... L'esthétique publicitaire relève de l'artifice (je sais, le cinéma, et les arts aussi, étymologiquement.. m'enfin j'espère que tu entendras la nuance que je veux exprimer là). On use de réflecteurs (comme dans les tournages cinématographiques académiques) de maquillage.


Un mentir-vrai et un mentir-faux, en quelque sorte.

Hugues a écrit:On saisit un moment tordu par la préparation , pratiquement trop parfait, qui n'a plus rien de spontané.


Je veux bien te croire, mais à quoi le vois-tu ? Comment sais-tu identifier la spontanéité vraie de la fausse, sinon à travers une démarche extrinsèque, à l'aide d'informations extérieures au film ? Par exemple, ici:



Hugues a écrit:Face à ce problème, Bresson et Malick ont deux solutions opposées, à l'extrême, mais qui convergent vers un même objectif: quand Bresson en exténuant son modèle, à force de répétitions, va capter l'automatisme, où le jeu s'est évaporé. Malick confronte ses acteurs à l'inattendu... il n'y a pas de scènes répétées (au sens propre du terme, on ne retourne pas une scène, si la technique la prise de son ou d'image n'a pas fonctionné, n'atteint pas ce qui est recherche, une autre scène va être inventée, avec d'autres surprises, une autre improvisation, un autre inattendu)
L'esthétique du film ne fait qu'un avec cette intention... à la fragilité de l'instant, c'est une esthétique fragile qui est captée (lumière, prise de vue, prise de son). C'est sans doute parce que c'est fragile que ce peut facilement être imité par le cynisme, par l'artifice, par la préparation minutée, préparée.. Mais ça reste cynique...


Tu confonds l'appréciation de la démarche de Malick (l'intention) avec une évaluation critique.


Enfin une réflexion en aparté. Aurais-tu eu une idée semblable si ça n'était le monde contemporain qui était filmé avec finalement la même technique. Je n'en suis pas sûr.


Non, mais ça serait bien normal puisque l'esthétique n'existe pas dans le vide. La représentation est liée à ce qu'elle représente, et la représentation est liée à un contexte, à un monde, à une histoire, à une culture. S'il en était autrement, le cliché (le stéréotype) n'existerait pas au cinéma.

Hugues a écrit:
Enfin, le film témoigne peut-être des limites d'une méthode de travail: j'ai eu le sentiment parfois exaspérant de voir un brouillon cinématographique, des essais avec la caméra et les acteurs pendant deux heures. Un brouillon sublime, certes, mais un brouillon quand-même.


J'ai répondu auparavant, cela tient d'une même fragilité de l'instant présent et d'une même naïveté


Ou plutôt à un affaiblissement du présent, puisqu'il s'agit d'une idée du présent, une abstraction fabriquée en usant des stéréotypes employés par les acteurs sur lesquels le film plaque des enjeux symboliques. Toutes les scènes avec le père de Rick sont pour moi ratées, l'acteur en roue libre en raison d'un dispositif qui le prive de parole, de conscience, et qui prive l'instant présent de toute réalité, de toute la vérité du présent.

Hugues a écrit:Je la préfère finalement celle-ci à cette fausseté minutée, et à l'antithèse même qui réside dans ce film prochain à venir entre l'esthétique et de l'artificialité minutée de la mise en scène (et je ne pas du propos d'une médiocrité crasse):

Hugues a écrit: Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher

Hugues


On peut faire du Malick sans Malick, par conséquent le style utilisé par Malick n'est pas nécessaire à l'expression de son intention artistique. Il est relatif, contingent. D'où peut-être la volonté de Malick de poursuivre son expérience d'un cinéma du corps, de l'expérience pour le spectateur du film comme un flux de conscience. Mais comme je le disais dans un précédent message, la conscience signifie déjà la séparation. Il manque un contrepoint.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Déc 2015, 12:12

heow a écrit:Quand j'ai lu "pub pour parfum" dans le post de Silver, ça m'a fait sourire et penser directement à celle de Dior - Parfum Sauvage avec Johnny Depp.



Je quitte la ville, je vais me retrouver dans le désert avec mon coupé 60-70s (cabriolet pour Rick), les propos sont assez cryptiques, libres à interprétation.
Une part de l'esthétique est là.


Ou:

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 12:45

M'enfin...

Autant sur le premier message, je comprends et partage en partie le propos (j'y reviendrai)

Autant je ne perçois rien de commun avec le kitsch effrayant du message qui suit.
Ce sont des caricatures, un onirique au sirop de glucose qui donne envie de vomir.

Où est la même esthétique dans la manière où la caméra approche le jeu de domino. Des mains mutilées... Ou une fleur posée près d'un clochard ?
Ou dans la manière où est filmée la laideur du kitsch des fêtes ou de Vegas?

C'est une interrogation sincère.

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 10 Déc 2015, 12:50

Oh purée, BASTON cinématographique entre les deux poids lourds de la discipline !

Venez tous voir (mais doucement, pour ne surtout pas risquer de perturber ce combat miraculeux)!!
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 12:52

Pour le dire autrement cette esthétique de l'addition arithmétique de Silverwitch est plus pertinente par exemple sur le dernier film de Sorrentino.

Sur le Malick je n'en comprends pas la pertinence.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aiello le 10 Déc 2015, 12:53

Ouais_supère a écrit:Oh purée, BASTON cinématographique entre les deux poids lourds de la discipline !

Venez tous voir (mais doucement, pour ne surtout pas risquer de perturber ce combat miraculeux)!!


J'ai un peu l'impression de regarder un match de cricket : Je comprends rien aux règles mais esthétiquement c'est plutôt plaisant.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Maverick le 10 Déc 2015, 12:54

Ouais_supère a écrit:Oh purée, BASTON cinématographique entre les deux poids lourds de la discipline !

Venez tous voir (mais doucement, pour ne surtout pas risquer de perturber ce combat miraculeux)!!

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Messagede Ouais_supère le 10 Déc 2015, 12:55

:D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Déc 2015, 13:01

Hugues a écrit:M'enfin...

Autant sur le premier message, je comprends et partage en partie le propos (j'y reviendrai)

Autant je ne perçois rien de commun avec le kitsch effrayant du message qui suit.
Ce sont des caricatures, un onirique au sirop de glucose qui donne envie de vomir.

Où est la même esthétique dans la manière où la caméra approche le jeu de domino. Des mains mutilées... Ou une fleur posée près d'un clochard ?
Ou dans la manière où est filmée la laideur du kitsch des fêtes ou de Vegas?

C'est une interrogation sincère.

Hugues


Je ne dis pas que ce qui est montré a le même sens ou montre la même chose, mais que la manière de montrer y ressemble. C'est ça le style, une utilisation d'outils, de techniques, une manière que l'analyse critique doit séparer de son efficacité. Tu le fais bien dans un sens, celui de la critique des publicités, mais pas dans le film de Malick où tu refuses de discriminer.

Ça se voyait moins dans ses précédents films, notamment en raison d'un décentrement plus prononcé du regard. Ici Malick prend le risque du cliché, en confrontant le spectateur à des figures déjà vues et revues. La manière de filmer renvoie inévitablement à des comparaisons immédiates, à ce qui colonise l'esprit des spectateurs, même de bonne volonté. Avant d'entrer dans le film, il y a de grandes chances que le spectateur ait été confronté à une publicité lyrique pour un parfum ou une auto qui met en avant l'incommunicabilité des sentiments, une voix intérieure, de la musique et des éléments naturels.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Déc 2015, 13:07

Pour le précédent film de Malick, c'était déjà tout aussi problématique, À la Merveille voisinait avec:

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 14:19

(En préambule, j'essaierai de répondre plus sérieusement aux précédents posts et surtout au tout premier que je ne le fais ici en vitesse) (et en plus j'en ai en retard)

Silverwitch a écrit:Je ne dis pas que ce qui est montré a le même sens ou montre la même chose, mais que la manière de montrer y ressemble. C'est ça le style, une utilisation d'outils, de techniques, une manière que l'analyse critique doit séparer de son efficacité. Tu le fais bien dans un sens, celui de la critique des publicités, mais pas dans le film de Malick où tu refuses de discriminer.


Mais au contraire je distingue bien la manière de montrer de la manière.. Je m'intéresse bien à la technique même et non à ce qui est filmé
Et c'est pour ça que je ne comprends pas..

Par exemple dans la plupart des publicité que l'on voit, il y a une faible profondeur de champ dans les gros plans ou même dans les plans sur les éléments ou la nature. Ca n'est pas du tout la manière de filmer des derniers Malick.

Qu'il y ait une lointaine parenté à la limite (je veux bien)...
Je veux bien qu'on retrouve des motifs (parce que les motifs font aussi partie du style) comme des gros plans sur des visages, des ciels filmés dans la variété subtile de leur gammut..
Mais techniquement, la manière diffère...

Et justement parce que la technique diffère, finalement cette esthétique publicitaire est putassière, grossière dans tout ce que nous montrons toi (ou heow ou moi dans les publicités).. Quand les flare sont recherchés pour les flare (ils sont même tellement grossiers qu'on pourrait penser qu'en post-production quelqu'un a dit "tiens coco ajoute moi du flare pour voir ce que ça donnerait.." ), le flou pour le flou (pour le coup absent des malicks du fait même du choix de la profondeur de champ), les gros sabots pour les gros sabots.. La saturation pour la saturation, jusqu'au sucre caramélisé, ou inversement la sous-exposition pour la sous-exposition... Ce qui donne dans les deux cas des images sans dynamique

La colorimétrie chez Malick elle-même va à l'inverse de la publicité puisque, même si aucune colorimétrie n'est neutre, ce qui est recherché c'est la neutralité, le "no-look look".
Le beau n'est pas recherché et tout n'est pas beau, bien au contraire, de la laideur surgit parfois la beauté, justement parce qu'elle est montrée nue...


Au contraire, la parenté, est bien plus patente chez chez Sorrentino.


D'ailleurs justement, Sorrentino a fait une publicité je l'ignorais:
Sabbia, Giorgio Armani (Paolo Sorrentino)


Ici, on retrouve des techniques qu'on voit justement dans les publicités (ça tombe bien c'en est une)
Mais aussi dans ses films..


Par exemple, cette "featurette" de Youth / La Giovanezza



accumule les plans publicitaires (à l'exception de quelques uns) et dans le film le sentiment est le même, à l'exception de quelques passages peut-être (Caine devant sa table de déjeuner en plein air ... Caine rencontrant l'enfant au violon etc..) Dommage il y manque beaucoup des scènes nocturnes où l'esthétique publicitaire y est plus que jamais (déjà le début du film sur la chanteuse chantant "You got the love" qui semble tout droit sortie de l'esthétique pub [justement] de Sofia Coppola)
Tout le reste du film (de la manière d'exposer, la profondeur de champ , des ouvertures de diaphragmes jusqu'aux étalonnage) c'est une esthétique qui s'identifie infiniment plus à celle des publicités qu'on a accumulées ici qu'à celle de Malick...
Le pire étant peut-être que les montagnes suisses (par qui entourent ressemblent chez Sorrentino à une publicité Milka.

La plus laide scène du film, esthétiquement, c'est peut-être d'ailleurs Harvey Keitel face à ses muses au bord de la route... Ou tout semble en toc.


Ça se voyait moins dans ses précédents films, notamment en raison d'un décentrement plus prononcé du regard. Ici Malick prend le risque du cliché, en confrontant le spectateur à des figures déjà vues et revues. La manière de filmer renvoie inévitablement à des comparaisons immédiates, à ce qui colonise l'esprit des spectateurs, même de bonne volonté. Avant d'entrer dans le film, il y a de grandes chances que le spectateur ait été confronté à une publicité lyrique pour un parfum ou une auto qui met en avant l'incommunicabilité des sentiments, une voix intérieure, de la musique et des éléments naturels.


Je veux bien (et je l'avais fait sans même avoir lu encore ce dernier paragraphes) concéder que des motifs sont communs et qu'ils influencent notre perception. Si tu entends le style en ce sens, je veux bien..

Mais enfin, si c'est uniquement sur le plans des motifs l'esthétique malickienne était déjà ainsi dans Le Nouveau Monde voire auparavant. Sans que tu ne fasses ces reproches.

Hugues

Ps: Pour finir, je veux quand même préciser que je ne suis pas un inconditionnel de cette esthétique.. MAIS .. seulement que je ne comprends pas le rapprochement à la publicité.
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 14:21

Bon j'ai retrouvé l'ouverture de Youth avec la chanteuse:

"You Got The Love"


Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 14:54

Silverwitch a écrit:Pour le précédent film de Malick, c'était déjà tout aussi problématique, À la Merveille voisinait avec:



Mais pas du tout.. !
C'est à l'inverse (sinon sur des motifs peut-être, comme le bébé et l'eau.. mais il faudrait que Malick se passe de ces motifs qui ont toujours été les siens ?)..

Regarde et vois..!



Entre parenthèse pour ceux qui lisent, une séquence assurément dans le top 5 (ou 6 ou 8 ou 10 au pire) de ce que le cinéma a offert de meilleur depuis 15 ans.. (malgré des acteurs que je suis le premier [enfin le second] à contester... et je ne parle pas particulièrement de Javier Bardem)

Bon je sens qu'on va gloser sur le motif de la femme courant après les oiseaux et le soleil des derniers plans...
Je sais que ça ne rentre pas en ligne de compte, c'est extrinsèque et je sais l'avoir déjà dit et je le répète et que ce n'est peut-être pas le mot qui convient. Mais ces plans sont dans une démarche d'expression sincère du cinéaste et au sein du film ils ne choquent pas.

Hugues

PS: Entre parenthèse, semble-t-il la vidéo américaine ici présentée ne respecte pas exactement (sans trop s'éloigner non plus, on s'en rapproche à 95%) l'étalonnage voulu par les cinéastes, c'est encore moins saturé et encore plus neutre (mois chaud quand ça semble chaud et moins froid quand ça semble froid ) et surtout moins rose je crois en réalité (et donc dans les autres éditions vidéos)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 14:58

Hein les amis que j'ai raison ? Que les vidéos de Sorrentino ça ressemble bien plus à de la publicité que les vidéos de Malick ?

Moi sur une échelle publicitaire, Sorrentino je lui mets 8... Malick je lui mets 3

Hugues (prise à partie :0: )
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aiello le 10 Déc 2015, 16:43

Moi, j'aime pas le cinéma.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Déc 2015, 16:58

Hugues a écrit:Mais au contraire je distingue bien la manière de montrer de la manière.. Je m'intéresse bien à la technique même et non à ce qui est filmé
Et c'est pour ça que je ne comprends pas..

Par exemple dans la plupart des publicité que l'on voit, il y a une faible profondeur de champ dans les gros plans ou même dans les plans sur les éléments ou la nature. Ca n'est pas du tout la manière de filmer des derniers Malick.

Qu'il y ait une lointaine parenté à la limite (je veux bien)...
Je veux bien qu'on retrouve des motifs (parce que les motifs font aussi partie du style) comme des gros plans sur des visages, des ciels filmés dans la variété subtile de leur gammut..
Mais techniquement, la manière diffère...


Tu regardes l'écume plutôt que la vague. Un peu comme si je disais que l'emploi de focales courtes rapproche la manière de Luc Besson et celle de Jean-Pierre Jeunet. La ressemblance provient des motifs et de la manière. J'insiste évidemment sur la manière. Où d'autre que dans la publicité assistons-nous à une flux comparable d'images visant à englober le spectateur dans un tunnel perceptif ? Cette manie d'unifier des éléments disparates par un travail sur la bande-son et à travers l'emploi récurrent d'une musique et d'une voix intérieure en leitmotiv, du faux-raccord quasi systématique, des plans de digression au sein d'un récit dépourvu de narration traditionnelle, avec à l'écran des visages connus de grandes vedettes se trouve uniquement dans la publicité.


Hugues a écrit:Je veux bien (et je l'avais fait sans même avoir lu encore ce dernier paragraphes) concéder que des motifs sont communs et qu'ils influencent notre perception. Si tu entends le style en ce sens, je veux bien..


C'est simple. Le spectateur en entrant dans le film de Malick se trouve en familiarité avec un style qui ressemble à celui de nombreuses publicités qu'il peut voir tous les jours dans une salle de cinéma. Cette familiarité pourrait être transcendée par la conversion du regard du spectateur, mais cette conversion n'est pas opérée par le film en raison d'une focalisation trop restreinte et privée d'extériorité, privée désormais des motifs du lointain par une proximité irréelle. Les éléments ne sont plus mis en relation, ils sont fusionnés.

Hugues a écrit:Mais enfin, si c'est uniquement sur le plans des motifs l'esthétique malickienne était déjà ainsi dans Le Nouveau Monde voire auparavant. Sans que tu ne fasses ces reproches.


Le film était très différent de ce point de vue, puisqu'il proposait une circulation du point de vue, une construction analytique permettant au spectateur de convertir ses perceptions en réflexions, de lui donner pendant le film la distance nécessaire pour se voir lui-même de l'extérieur. À cet égard les séquences d'ouverture du Nouveau Monde sont inimaginables dans les deux derniers films du réalisateur.

Pour prendre des exemples:


Circulation du point de vue


Contrepoint

Désormais:


Fusion

La ressemblance est frappante, et pourtant tout est différent. Ça ne change rien aux qualités du film, mais ça favorise certaines incompréhensions.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede DCP le 10 Déc 2015, 17:17

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 10 Déc 2015, 22:51

J'y ai bien réfléchi ces dernières heures, je ne comprends sincèrement pas ton articulation ...

Tu termines sur un constat qui est partagé et que je reconnaissais déjà plus haut. Le monde film après film tend vers un intérieur (par la faute et conséquence même de cette idée même de flux de mémoire qui est la racine des trois derniers films), même si, ça n'est quand même pas toujours vrai, si j'avais le film à ma disposition (bientôt) je pourrai compiler toute une somme d'instant où le point de vue s'en affranchit brièvement (je sais c'est tout le problème) et retrouve les motifs de points de vue que tu évoquais dans les films plus anciens. (Notamment, le passage que j'ai déjà évoqué où Rick raccompagne Helen (Freida Pinto) à sa porte, puis où il erre dans la nuit)

Sur cela nous sommes d'accord... Seulement quel lien avec la publicité...

J'ai bien lu ta définition

Silverwitch a écrit:La ressemblance provient des motifs et de la manière. J'insiste évidemment sur la manière. Où d'autre que dans la publicité assistons-nous à une flux comparable d'images visant à englober le spectateur dans un tunnel perceptif ? Cette manie d'unifier des éléments disparates par un travail sur la bande-son et à travers l'emploi récurrent d'une musique et d'une voix intérieure en leitmotiv, du faux-raccord quasi systématique, des plans de digression au sein d'un récit dépourvu de narration traditionnelle, avec à l'écran des visages connus de grandes vedettes se trouve uniquement dans la publicité.


Excepté l'annihilation de l'extériorité qui différencie les deux films (et donc l'effet de tunnel perceptif de l'un absent dans l'autre), en quoi le Nouveau Monde ne correspond pas à la définition de l'esthétique publicitaire (à l'exception bien sûr du tunnel perceptif) que tu fais ci-dessus.
J'ai revisionné le montage cinéma international du Nouveau Monde en accéléré pour le vérifier, es-tu sûre que le Nouveau Monde n'y réponds pas aussi à cette définiations...
Même les faux-raccords et les plans de digressions y sont.. Sinon que (surtout) les premiers étaient plus espacés dans le Nouveau Monde.
Alors certes c'est moins symptomatique, moins prononcé, mais tout est déjà là dans Le Nouveau Monde (en particulier sur certaines versions du montage) en dehors de la différence évidente d'extériorité.
Quant aux visages connus, certes. Mais oublions l'argument pour les raisons qui suivent (digression):
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


J'en reviens à la question principale: c'est la seule intériorité donc qui ferait que tu lierais cela à la publicité ?

En somme pour résumer tout le propos depuis hier, je ne conteste pas tes constats je les partage.. Mais c'est le lien de tout cela avec l'adjectif publicitaire que je n'entends pas (mais voudrais bien). C'est tout...

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 11 Déc 2015, 00:52

Hugues a écrit:
Tu termines sur un constat qui est partagé et que je reconnaissais déjà plus haut. Le monde film après film tend vers un intérieur (par la faute et conséquence même de cette idée même de flux de mémoire qui est la racine des trois derniers films), même si, ça n'est quand même pas toujours vrai, si j'avais le film à ma disposition (bientôt) je pourrai compiler toute une somme d'instant où le point de vue s'en affranchit brièvement (je sais c'est tout le problème) et retrouve les motifs de points de vue que tu évoquais dans les films plus anciens. (Notamment, le passage que j'ai déjà évoqué où Rick raccompagne Helen (Freida Pinto) à sa porte, puis où il erre dans la nuit)

Sur cela nous sommes d'accord... Seulement quel lien avec la publicité...


Si le film de Malick nous présentait un flux de conscience (comme dans un roman de Virginia Woolf, par exemple) d'une autre manière, je n'y verrais aucune ressemblance avec l'esthétique des publicitaires. J'insiste sur l'emploi du terme ressemble, car comme l'écrit Platon: [rêver c'est]"croire que ce qui est semblable à une chose est, non pas semblable, mais la chose même à quoi cela ressemble". Il me semble, mais c'est un avis personnel qu'un cinéaste ne peut traiter par dessus la jambe cette question esthétique qui fait ressembler la publicité à son cinéma ou son cinéma à la publicité, cette co-présence d'éléments esthétiques est importante dans un monde recouvert par des images (par du "visuel" écrirait Serge Daney).

Car enfin, pour parler clairement, si je fais part de cette ressemblance avec la manière publicitaire, c'est pour attirer l'attention sur une question esthétique centrale: la forme même du flux de conscience des derniers films de Malick (surtout le dernier). J'analyse ce choix esthétique comme une manière pour le film de dissimuler le regard extérieur (celui de l'énonciateur) derrière le regard du personnage principal. Knight of Cups impose ce que je nomme, faute de mieux, un tunnel perceptif qui s'oppose selon moi aux principes d'analyse dynamique d'une image mentale: aucune image n'est identique à elle-même, chaque image mentale selon le contexte est singulière. Elle appartient certes à un tout (un regard extérieur) mais modelée par le souvenir, les rapports de désir ou de peur. Je ne reproche pas au film de Malick de choisir une tonalité mais de ne pas l'assumer comme extérieure, ce qui réduit ainsi la dynamique des situations présentées.

Hugues a écrit:J'ai bien lu ta définition

Silverwitch a écrit:La ressemblance provient des motifs et de la manière. J'insiste évidemment sur la manière. Où d'autre que dans la publicité assistons-nous à une flux comparable d'images visant à englober le spectateur dans un tunnel perceptif ? Cette manie d'unifier des éléments disparates par un travail sur la bande-son et à travers l'emploi récurrent d'une musique et d'une voix intérieure en leitmotiv, du faux-raccord quasi systématique, des plans de digression au sein d'un récit dépourvu de narration traditionnelle, avec à l'écran des visages connus de grandes vedettes se trouve uniquement dans la publicité.


Excepté l'annihilation de l'extériorité qui différencie les deux films (et donc l'effet de tunnel perceptif de l'un absent dans l'autre), en quoi le Nouveau Monde ne correspond pas à la définition de l'esthétique publicitaire (à l'exception bien sûr du tunnel perceptif) que tu fais ci-dessus.
J'ai revisionné le montage cinéma international du Nouveau Monde en accéléré pour le vérifier, es-tu sûre que le Nouveau Monde n'y réponds pas aussi à cette définiations...
Même les faux-raccords et les plans de digressions y sont.. Sinon que (surtout) les premiers étaient plus espacés dans le Nouveau Monde.
Alors certes c'est moins symptomatique, moins prononcé, mais tout est déjà là dans Le Nouveau Monde (en particulier sur certaines versions du montage) en dehors de la différence évidente d'extériorité.


Je ne crois pas, et j'ajouterais que la différence (que j'explicite trop rapidement dans le précédent paragraphe) présente un caractère essentiel. Il y a des plans qui me gênent dans Le Nouveau Monde, je me trouve parfois en désaccord avec des choix esthétiques, comme la manière de filmer en mouvement, ou pire encore la séquence de l'attaque du fort, mais ces réserves sont accessoires au regard du Tout. Dans le cas de son dernier film, cela affecte un peu plus l'équilibre d'ensemble.

Hugues a écrit:Quant aux visages connus, certes.


Je ne dis pas qu'il faut renoncer aux vedettes. Simplement dans ce film en particulier (bon il y a bien le problème Ben Affleck dans le précédent, mais nous n'en parlerons pas), les deux vedettes féminines affaiblissent le film, non seulement parce qu'elles attirent notre attention sur une familiarité troublante (celle de l'univers publicitaire) en nous faisant éventuellement remarquer qu'elles sont moins mises en valeur, mais parce que le film contredit le sens traditionnel de l'emploi des vedettes: elles n'ont pas d'étoile, pas de caractère. Qui peut oublier le visage de Sean Penn face au discours de Clooney, qui ne se souviendra de la voix de Nick Nolte, ou même du sérieux affecté de John Travolta dans La Ligne Rouge ? Une vedette est un accélérateur d'identification du spectateur.

Pour le reste, je rejoins ton point de vue.

Hugues a écrit:J'en reviens à la question principale: c'est la seule intériorité donc qui ferait que tu lierais cela à la publicité ?


C'est un dispositif qui porte à confusion et qui trouble notre expérience sensible du film par une ressemblance jamais mise en cause, jamais interrogée directement par le film qui naturalise ses procédés. Pour résumer (et caricaturer) mon propos, il y a deux alternatives: ou bien transcender cette familiarité par la découverte d'une réalité invisible, ou bien choisir de montrer autrement ce monde stéréotypé. Or ici le léger et constant décalage opéré par le film (lieux, point de vue, moments, raccords) est affaibli par la focalisation centrée excessivement sur le personnage de Rick et qui fusionne tous ces états mentaux en un flux mental, ni réel ni irréel. Le film n'interroge pas cette frontière, faute de créer un décalage entre ce qui est loin et ce qui est proche. Ainsi tout est familier, finalement. Les visages des acteurs, l'ambiance, les villes, les situations. Pour la première fois, les images ne portent pas suffisamment d'arrière monde, à moins comme toi ou moi d'être un spectateur idéal qui apporte avec lui sa connaissance du cinéma de Malick et offre la profondeur de son regard pour accueillir cette dimension supplémentaire, autrement en exil.

Le personnage de Rick a les yeux ouverts mais il ne voit pas, il ne voit pas sa propre condition de somnambule et il reste trop longtemps sourd aux appels de ce que l'on nommera la fantaisie, un de mes mots préférés de la langue française. En français, fantaisie veut d'abord dire "vision" puis "imagination" et provient du latin fantasia qui signifie "image". Le latin l'a emprunté au grec phantasia , ce qui se traduit par "apparition". Ainsi: Apparition -> Image -> Vision -> Imagination.

On comprend peut-être mieux l'ambition folle du film de Malick, unir sous un même regard l'apparition, la vision et l'imagination et relier ainsi l'intelligible et le sensible. Sans l'apparition du souvenir, sans l'imagination, il n'y a pas de vision. L'image est engendrée par un regard qui unit souvenir et imagination, un monde et arrière monde invisible. Pour animer ce regard, régénérer sa puissance créatrice, son désir si tu préfères, il faut un miroir du monde sensible qui puisse faire voir l'intelligible à travers le sensible. Ce pari hors du commun n'est pas tout à fait tenu, faute d'une relation dynamique entre les différents états (de conscience, entre les différents personnages, entre les différents temps), et faute d'avoir renouvelé notre regard sur un monde trop familier pour ne pas rester lointain.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 14 Déc 2015, 23:27

Juste pour info, Youth - La Giovinezza (coproduction italo-franco-anglo-suisse à fond majoritairement français) a été sacré meilleur film européen au Prix du film européen (European Film Awards) qui se tenait d'ailleurs cette année dans un théatre que je connais bien.

Bon je ne suis pas vraiment sûr (en fait assez certain que non, mais qui sait ça peut encore changer) encore que j'aurais fait le même choix (en même temps ça dépend aussi de ce qu'on définit comme film européen.. car d'une certaine manière, presque tout mon futur top peut-être considéré ou presque comme film européen)

Et Sir Michael Caine a été consacré meilleur acteur (ce qu'on savait déjà depuis tout éternité, il n'avait pas besoin d'un prix, grommelleront certains, je sais, je sais !).
Et Paolo Sorrentino meilleur réalisateur.

Et rien pour le Tout Nouveau Testament, Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, La Famille Bélier, Samba et autres chez d'oeuvres inoubliables...

Rien non plus (c'est moins drôle) pour Leviathan dont il est étonnant qu'il ait été éligible cette année alors que sa sortie a plus d'un an en France. Ou pour un autre film (ou plutôt un ou deux) qui sera (seront) dans mon prochain top .. (mais nous verrons ça)

Hugues

PS: Ah et je n'ai pas renoncé au combat.. Mais salement amoché en duel, je me rétablis et m'entraîne auprès de qui-de-droit pour l'affrontement final.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 15 Déc 2015, 15:11

J'ai vu hier soir Suburra de Stefano Sollima (fils de Sergio, qui nous a quittés cette année). On renoue enfin avec les polars urbains sans concession que nous avait offert l'Italie pendant les années 70, dans la lignée de films tels que La Rançon de la peur (avec l'excellent Tomas Millian dans le rôle titre).
Ici, on parle de mafieux s'entredéchirant sur fond de magouilles politiques. L'interdiction aux moins de 16 ans vient sans doute à la fois de scènes de sexe assez crues et d'une violence sans détour.
Mais, peu soutenu par les grands distributeurs et donc ayant enregistré peu d'entrées, le film va probablement sortir de l'affiche dès demain, donc n'attendez pas si vous voulez le voir.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 18 Déc 2015, 15:20

Voilà la sélection des 9 films encore en compétition pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère:

Belgique, Le Tout Nouveau Testament, Jaco Van Dormael
Colombie, L'Étreinte du serpent, Ciro Guerra
Danemark, A War, Tobias Lindholm
Finlande, The Fencer, Klaus Härö
France , Mustang, Deniz Gamze Ergüven
Allemagne, Le Labyrinthe du silence, Giulio Ricciarelli
Hongrie, Le Fils de Saul, László Nemes
Irlande, Viva, Paddy Breathnach
Jordanie, Theeb, Naji Abu Nowar

Le comité de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère montre cette année encore, ses limites en éliminant du vote à venir des films qui dominent très très largement la plupart des films ici sélectionné (je pense par exemple aux Milles et Une Nuits (Portugal) ou à El Club (Chili) ... D'ailleurs ce dernier en tant que thriller aurait été certainement très populaire auprès des votants..)...
Sinon apparemment, il n'y pas de pays après le J :D

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 18 Déc 2015, 15:25

J'ai trouvé pas mal Le Tout nouveau testament, mais de là à le voir nominé aux Oscars... :?
Le gagnant sera probablement Le Fils de Saul, mais on verra bien.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 31 Déc 2015, 16:54

Peut-être ne le verra-t-on jamais sur nos écrans, mais qui sait:

The Vessel de Julio Quintana.

Avec Martin Sheen.

Des retrouvailles à l'écran, par procuration, plus de quarante années plus tard..

10 ans après qu'un raz de marée ait anéanti l'école élémentaire d'une petite ville avec tous les enfants à l'intérieur, un jeune homme construit une mystérieuse structure à partir des restes de l'école, rallumant dans la ville des passions longtemps oubliées.

Bande-annonce   Compatible plein écran


J'aurais pu commencer ce message, comme je l'avais fait en son temps pour un autre film (d'ailleurs jamais sorti en dehors des USA sauf en festival) par:
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 01 Jan 2016, 19:44

Comment mieux commencer l'année qu'avec Mistress America ?
Comment mieux oublier les éventuels contrariétés de fin d'année qu'en commençant la nouvelle avec Greta Gerwig ?

C'est mercredi prochain, 6 janvier, au cinéma.

Un film co-écrit et interprété par Greta Gerwig.
Et réalisé (et co-écrit) par Noah Baumbach (mais on s'en fiche ! sinon on aurait porté de l'intérêt à l'autre film de Noah Baumbach, décidément stakhanoviste, sorti cet été, While we're young )
Avec aussi Lola Kirke.

Le "pitch" (mais on s'en fiche aussi, quand même un peu, c'est un prétexte !):
Tracy va au lycée à New York mais n'a aucune envie d'aller à l'Université et veut un style de vie glamour. Lorsqu'elle peut enfin y accéder grâce à sa demi-soeur, elle va être complètement sous le charme de cette façon de vivre.

Mistress America - Bande-annonce   Compatible plein écran


Comme dirait quelqu'un... (honteuse citation non autorisée)

Les Woody Allen du pauvre, ça ne se refuse pas.


Image Image
Image Image


Hugues
PS: Bon on devait avoir le film pour Noel (enfin le 23 décembre), finalement c'est deux semaines plus tard.. Dommage, il aurait pu être dans le top 2015 !
PS2: Un petit film indépendant, une comédie, acquis(e) par une grande banque qui ne prend jamais de risque un grand studio (20th Century Fox) à Sundance pour une diffusion mondiale, c'est dire le potentiel du film.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 03 Jan 2016, 23:08

Toujours en salle, dans les meilleures salles,

Knight of Cups (Le Cavalier de Coupe) de Terrence Malick

"Bande-annonce" alternative (et non officielle)


Je dois dire qu'à mon avis, c'est un spoiler, un divulgâcheur, dans le sens où il va amoindrir le pouvoir, et la surprise de certaines images, c'est pour cela même qu'il est illustré ici de l'image peut-être la plus "neutre".. Et que je le déconseillerais à quelqu'un qui compte découvrir le film..

Et en même temps, si cette bande-annonce vous donne envie, juste par son torrent d'images, alors vous ne serez pas déçu du film...

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cyril le 05 Jan 2016, 15:07

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Ouais_supère a écrit:Ce forum est dans un état...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 09 Jan 2016, 18:52

Vu Les 8 Salopards (The Hateful Eight en V.O.), le huitième film de Quentin Tarantino. Au Gaumont Marignan, donc en 70mm ultra panavision (format dans lequel il a été tourné), avec ouverture musicale et entracte, à l'ancienne.
C'est un peu Tarantino dans son fauteuil. Alors bon, le film est bien, il a son lot de bonnes scènes, mais on a quand même un peu l'impression qu'il a choisi la voie de la facilité, en réduisant son film à ce qu'il sait faire de mieux, à savoir les longs dialogues et le gore.
J'ai passé un très bon moment, mais, à chaud, je lui préfère Django Unchained, plus abouti (bien que réceptacle de beaucoup plus de références au cinéma). En revanche, rien à dire sur la B.O. : Ennio Morricone s'est lâché, on en prend plein les oreilles du début à la fin.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 14 Jan 2016, 17:00

Vu "Agents très spéciaux - Code UNCLE", dans l'avion, donc pas dans les meilleures conditions, mais qui m'a empèché de dormir au bout de 10 minutes.

Excellente résurection de Napoleon Solo, Illya Kuryakin et du début des années 60, c'est pop, kitch et très divertissant. Avec en prime des acteurs qui cabotinnent à mort, une BO géniale et des gonzesses magnifiques en Dior, que demande le peuple ? :good



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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Jan 2016, 16:03

Jusqu'à mardi soir, vous pouvez revoir 15 films dans le cadre du Festival Télérama.

Et mieux, pour le prix d'un Télérama, soit 2,80€ la place est à 3,50€, autant de fois que vous voulez, pour deux personnes.
C'est la banque partenaire qui paie :twisted:

Jusque là tout va bien...

Car ce serait bien de les faire raquer, mais l'embêtant, c'est que la séléction n'est quand même pas terrible.
- Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Despleschin
- Mia Madre de Nanni Moretti
- Mustang de Deniz Gamze Ergüven
- Comme un avion de Bruno Podalydès
- Life d'Anton Corbijn
- Dheepan de Jacques Audiard
- Much Loved de Nabil Ayouch
- L'Homme irrationnel de Woody Allen
- Birdman de Alejandro González Iñárritu
- Taxi Téhéran de Jafar Panahi
- Phoenix de Christian Petzold
- Fatima de Philippe Faucon
- Back Home de Joachim Trier
- Marguerite de Xavier Giannoli
- La Loi du Marché de Stéphane Brisé

En gras, rouge, les "à ne pas manquer"..
En gras, tout court, les "éventuellement" .. (Oui je mets Mia Madre dans les éventuellement, même si je ne sais pas encore pourquoi :D )
En italique simple, ceux les "en principe, on peut s'en passer grandement voire à éviter"..

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 24 Jan 2016, 20:45

Holy shit !!

Vu Mad Max 4 hier soir, j'ai pas les mots, putain.

Qu'est-ce qu'il nous a fait là, le père Miller ?

Une TORGNOLE monumentale, il envoie à peu près tous les films d'action au tapis, c'est SUBLIME.

Je veux le revoir, je veux le chérir, bordel je pourrais COUCHER avec ce film.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 25 Jan 2016, 10:47

Ouais_supère a écrit:Holy shit !!

Vu Mad Max 4 hier soir, j'ai pas les mots, putain.

Qu'est-ce qu'il nous a fait là, le père Miller ?

Une TORGNOLE monumentale, il envoie à peu près tous les films d'action au tapis, c'est SUBLIME.

Je veux le revoir, je veux le chérir, bordel je pourrais COUCHER avec ce film.


:D

C'est joliment dit !
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