Shoemaker a écrit:Et pourquoi Tonton Poutine n'a pas zigouillé ces convois lui-même ?
Il y a quelque chose qui m'échappe dans tout ce bazar.
Mais c'est évident ; parce qu'il est comme cul et chemise avec l'EI ! Naïf que tu es

.
Sérieusement je ne sais pas. Tout ce qu'on peut faire c'est conjecturer.
1. La force de frappe russe est limitée. C'est une trentaine d'avions, quelques hélicoptères, pour un maximum théorique de 90 sorties par jour. Si on prend une carte, on se rend compte des distances et de la difficulté de ravitaillement. La Russie ne dispose pas de bases aux EAU ou en Jordanie, comme la France ; de bases en Arabie Saoudite, comme les Etats-Unis ; elle peut seulement compter sur la base syrienne de Hmeimim, qui fonctionne actuellement à capacité. Les liaisons avec la Syrie ne peuvent être assurées que via le "Syrian Express", les convois de navires qui passent par le détroit du Bosphore, ou par voie aérienne, depuis la Caspienne.
2. Lorsque l'intervention russe a commencé, la priorité était de stabiliser la ligne de front, puis de permettre à l'armée syrienne de passer de la défensive à l'offensive. Les frappes russes ont donc visé les lignes de ravitaillement des islamistes afin de couper le flux d'armes et de munitions vers le front, et d'appuyer les diverses offensives syriennes. Cet objectif semble avoir été au moins partiellement atteint, pour le peu qu'on en sait, puisque l'armée syrienne commence à enregistrer des succès prometteurs.
3. Cela ne fait donc que quelques jours que les Russes peuvent commencer à envisager des frappes plus stratégiques ; et de fait on a observé ces derniers jours les bombardements de Raqqa ; les premiers raids impliquant des bombardiers stratégiques russes de longue portée, avec des bombes de plus gros calibre ; les commentaires de Poutine sur le financement de l'EI ; et les déclarations d'officiels russes annonçant justement que les installations pétrolières - en premier lieu les puits, épargnés jusqu'ici par la coalition US - vont devenir des cibles. Coïncidence, au lendemain de ces déclarations les américains ont pour la première fois annoncé avoir bombardé des convois.
Autant de signes qui pourraient indiquer que justement, les Russes estiment que la stabilisation du front syrien permet de commencer des opérations de plus grande envergure. Ne pas oublier qu'ils marchent sur des oeufs ; l'EI est protégé par la Turquie, l'Arabie Saoudite, les EAU, et Israël surveille au millimètre toute implication de l'Iran dans le conflit - ce qui explique probablement pourquoi l'Iran ne met pas de bases à disposition des avions russes : logistiquement ce serait la solution idéale, mais géopolitiquement cela appellerait nécessairement une réponse de l'axe US-Israël qui pourrait déboucher sur une escalade incontrôlable.