de Shoemaker le 24 Juin 2015, 16:33
Il a bien raison, Msieur Michelon ! On ne sait jamais !
Je travaillais à Montreuil, dans une boîte de graphisme. Un jour, à midi, au moment de bouffer dans la petite cantine de la boîte, il nous manquait du fromage râpé vu qu'on s'était fait une bonne marmite de spaghettis.
Me voilà désigné pour aller en acheter fissah chez l'Arabe du coin.
J'arrive, la boutique est ouverte, mais apparemment déserte. Je rentre. Je tends l'oreille... Un bruit... Régulier... Genre répétitif, cyclique, à deux temps, venant du fond de l'épicerie. Je regarde, je scrute, et, peu à peu, me rends à l'évidence : le dit bruit était clairement causé par des gémissements humains ne laissant aucun doute sur leur nature, ainsi que le tempo marqué par les corps agités de spasmes.
J'attends tout de même, car des pâtes en entreprise sans fromage râpé, ça ne le fait pas. Je suis parti du principe que la boutique était restée ouverte, c'est que le boss avait l'intention de conclure en un temps décent pour la satisfaction entière la clientèle.
2 à 3 minutes, pas plus,après mon arrivée, je remarque, avec toute la discrétion et le savoir vivre dont je suis capable, le patron et sa dulcinée sortant de derrière les fagots ! Elle, regardant ailleurs et prenant vite fait la direction de la sortie ; lui, posément, refermant son pantalon, sans me regarder, empoche mon argent (je m'étais servi pour gagner du temps (avec prudence tout de même), au risque de les surprendre, mais heureusement, ils n'étaient pas dans le rayon fromages !)... et me voilà reparti, pas peu fier de ramener aux copains le précieux fromage râpé, sans lequel, etc etc.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker