von Rauffenstein a écrit:Tu sais shoe, je me suis toujours demandé quelle aurait été la pertinence de Marx en France en 1870 par exemple. A part quelques site sindustriels faisant travailler de la main d'oeuvre non qualifiée, l'industrie française, jusqu'à la première guerre mondiale, est basée sur la sur qualification des ouvriers (3 millions de compagnons en france en 1914). Renault tentant d'introduire les méthodes fordiennes dans ses unsines en 1913 déclenchera une grève perlée de 6 mois dans ses ateliers.
Un ouvrier qualifié n'est pas un prolétaire. la France échappe au shéma marxiste car c'est d'abord un pays de caste, élitiste sur toutes les strates de ses structures sociales, avec une aristocratie pour chacune des composantes de sa société.
Parler de "riches" en france, ça revient à parler des fameuses "200 familles" de 1939. Mais les autres ne sont pas des petits bourgeois influeant la politique du jour. Ils sont les aristos de leur ordre social, quel qu'il soit à quelque rang que ce soit.
cela vient de deux choses : des batisseurs de cathédrales et des arsenaux des rois. C'est profondément ancré dans notre inconscient et dans notre imaginaire.
Vois-tu, je ne nie pas un mot de ce que tu écris. C'est une vision... romantique, poétique, de la politique. Et je ne suis pas ironique en écrivant cela. Je tien moi-même, à garder un regard de ce type, sur notre monde. Tu le sais bien.
Et donc, pour ma part, à mon humble avis, les deux visions (la marxiste matérialiste et la romantique poétique...) ne sont ni antinomiques, ni excluantes l'une-l'autre.
Par exemple, si on considère le prolétariat. Qu'est ce qu'en gros, un prolétaire ? Absolument pas nécessairement un ouvrier. C'est quelqu'un qui gagne sa vie en travaillant durement, et qui ne peut capitaliser, épargner. Il vend sa force de travail, au jour le jour. S'il arrête, il meurt de faim. Alors bien sûr, la société n'est pas figée, elle est dynamique. Les luttes sociales, les acquis sociaux, ont fait qu'en France, le prolétariat, pour certaines raisons qui ont très bien été expliquées, a vu son niveau social évoluer significativement. Des masses de prolétaires sont même passées dans la sous-classe Bourgeoise (la fameuse petite bourgeoisie), en devenant parfois propriétaires de petits commerces, de trucs immobiliers à louer, etc. Puis, le Capitalisme ayant évolué comme on l'a vu depuis ...on va dire... Reagan et Thatcher, peu à peu, les prolos devenus plus ou moins aisés, sont maintenant sommés de rembourser (destruction massive en cours ou programmée de tous les acquis sociaux, et volonté de transformer un maximum de citoyens en vrais prolos des temps modernes, l'archétype étant le travailleur Chinois, Indien ou BenglaDashois).
Etc etc...
TOut cela rappelé, eh bien rien ne rentre en contradiction avec ta vision "élevée" de la condition sociale générale de la société Française.
On peut parfaitement être un prolétaire, un petit-bourgeois, un Bourgeois même, et produire du sens Historique, être encore un produit d'une Histoire nationale singulière, être une incarnation d'une culture immémoriale... Je n'y vois aucune impossibilité.
MAis si j'aimerais que tu ne retienne qu'une chose des mes propos, c'est celle-ci :
Ce qui se passe actuellement, est du à une situation sans précédent, qui à mon avis, est la transformation ultime du Capitalisme en un système mondialiste totalitaire. Et cette mutation horrible du Capitalisme, risque de détruire irrémédiablement les éléments qui construisent ta vision des choses, ta perception de la nature et du sens des strates sociales. Voilà par exemple, une jonction tragique de ta propre vision et de celle du MArxisme.Il y a les mécanismes déterministes d'une société, il y a aussi la culture historique qui la sous-tend. Nécessairement, les deux choses co-existent.
Maintenant, quant à MArx, il a fait on job à son époque. Beaucoup de personnes estimables continuent à peaufiner son analyse historique des sociétés. Le match n'est pas encore joué.