Un manifestant contre le mariage pour tous en prison, la droite crie au scandale21 juin 2013 à 15:13
Récit Un rassemblement est prévu ce vendredi soir pour exiger la libération de Nicolas B., condamné à deux mois de prison ferme après sa participation à une manifestation non autorisée dimanche.
Par M.P. Les opposants au mariage pour tous appellent à un rassemblement devant Sciences-Po ce vendredi soir pour exiger la libération immédiate du «jeune Nicolas, emprisonné pour ses idées».
C’est l’un des fondateurs des Veilleurs, ce collectif de jeunes révoltés contre la loi autorisant le mariage pour tous. Interpellé dimanche soir lors d’une manifestation non autorisée sur les Champs Elysées, Nicolas B., 23 ans, a été condamné mercredi en comparution immédiate à quatre mois de prison, dont deux mois ferme.
Il a été incarcéré dès sa sortie du tribunal, à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne). Depuis, c’est un festival de réactions indignées. Deux critiques reviennent en boucle. Pour les opposants au mariage pour tous, c’est une tentative d’intimidation évidente du pouvoir. Les élus UMP ont embrayé aussi sec, s’offusquant de la sévérité de cette décision comparé au «laxisme» des juges dans l’affaire de l’attaque du RER D à Grigny, qui s’est soldé la semaine dernière par des avertissements et des condamnations à du sursis. Sur Twitter, Valérie Pécresse, ancienne ministre UMP du Budget, et Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, entre autres, s’en sont donné à cœur joie :
http://md0.libe.com/photo/529516-twbout ... &width=476L’avocat de Nicolas B., Me Benoît Gruau, qui a déjà défendu plusieurs opposants au mariage pour tous, considère que «cette sanction est particulièrement sévère et totalement disproportionnée au regard des faits.» Pour lui, cela ne fait aucun doute, «la décision vient d’en haut, elle est éminemment politique.»
Il conteste l’interpellation en elle-même. «Nicolas est un garçon de bonne famille, en troisième année de licence d’histoire à la catho. Dimanche, il a participé au rassemblement devant le siège de M6 pendant l’émission de Capital dans laquelle intervenait Hollande. La mobilisation s’est poursuivie sur les Champs-Elysées, ils étaient alors quelques dizaines de jeunes, à protester, dans une ambiance bon enfant. La police s’est mise à courser mon client, le pointant avec un Taser. Il s’est réfugié dans une pizzeria. Les policiers l’ont alors attrapé, saucissonné et embarqué au commissariat», selon l'avocat.
Ce n’était pas sa première interpellation. Trois semaines auparavant, lors d’une manifestation anti-mariage pour tous, il avait déjà été arrêté. Il s'en était sorti avec une amende avec sursis de 200 euros pour «entrave à la circulation», selon l'avocat. «Si le juge voulait vraiment qu'il ne manifeste plus, il suffisait de lui coller un contrôle judiciaire strict en l'interdisant d'approcher le mouvement de la Manif pour tous», commente l'avocat.
Refus de test ADN, infraction créée sous Sarkozy
A l’issue des 48 heures de garde à vue, le jeune homme a été jugé mercredi en comparution immédiate pour «acte de rébellion» envers les forces de l’ordre, «fourniture d’identité imaginaire» et «refus de se soumettre au test ADN». Au passage, cette dernière infraction, passible d’un an d’emprisonnement, a été créée par la loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy en 2003.
Les motivations du juge ne sont pas encore connues, elles devraient être rendues publiques en début de semaine prochaine. «Je ne vois pas comment le juge a pu le condamner pour rébellion, alors qu’il n’y a même pas eu de débat contradictoire ! Les policiers ne sont pas venus à l’audience», s’indigne l'avocat. «Et pourquoi donc avoir ordonné un mandat de dépôt ? C’est extrêmement rare comme mesure, l’incarcération immédiate n’est décidée en principe que lorsque le délinquant risque de disparaître dans la nature. Ce n’est pas le cas de mon client.»
Nicolas B. a fait appel, cela pourrait prendre plusieurs semaines. En attendant, il reste en prison. Son avocat a déposé ce vendredi une demande de remise en liberté.