silverwitch a écrit:Sans doute, sinon qu'il n'y a pas de destin en cette affaire, mais une simple affaire démographique (ça fera plaisir à Todd). La France était le centre de l'Europe quand elle en était le pays le plus peuplé et le plus jeune (du XVIIIè jusqu'au milieu du XIXè). Or l'Allemagne est en pleine dépression démographique et selon des projections vraisemblables, l'Allemagne sera dépassée par la France dans vingt ou trente ans. C'est le vieillissement de la population allemande qui explique partiellement la stratégie économique et monétaire allemande (engranger des excédents pour payer les pensions des retraités) aussi bien que sa position géographique privilégiée en regard des pays d'Europe centrale et orientale.
C'est tout à fait vrai. Mais pour des raisons que je ne m'explique pas le concept de démographie est très peu répandu.
Cette situation repose en partie sur une politique monétaire déloyale: l'Allemagne a imposé sa monnaie aux pays latins (l'Italie et l'Espagne, par exemple) et construit sa prospérité sur le dos des autres pays européens.
Il me semble que l'Italie et l'Espagne ont joint l'euro de leur plein gré... C'est la Bundesbank qui était la plus opposée à l'entrée de l'Italie dans la zone euro, par exemple. "On" a forcé la main à l'Allemagne sur ce coup-là. Au final, pour quelle prospérité ? Les Allemands ont moins de patrimoine que les Italiens et les Espagnols, qui se sont gorgé pendant plus de dix ans d'argent facile. Cette prospérité est en grande partie illusoire, et n'a profité en Allemagne qu'à un petit groupe de personnes, comme partout ailleurs.
En fait, on en revient toujours au même point, qui est à mon avis qu'assimiler les dirigeants de l'Allemagne à l'Allemagne est faire fausse route. Quand bien même ces dirigeants sont élus, et quand bien même beaucoup d'Allemands restent européistes, je maintiens qu'ils ne le sont par aveuglement car victimes de la propagande. Le vrai intérêt de l'Allemagne n'est pas dans l'euro, et Dieu merci il y a un courant assez puissant bien minoritaire qui est de cet avis et regroupe des têtes pensantes que je respecte, telles Thilo Sarrazin ou les profs d'éco Starbatty, Schachtschneider, Homburg, et qui pourrait atteindre quelques résultats grâce au parti Alternative für Deutschland.
Le problème de la France, ce n'est pas l'Allemagne, mais l'euro, que l'on devrait renommer euro-mark. De même, je ne crois guère à ce que tu nommes un destin allemand après un destin français. L'Allemagne (et Todd l'a bien analysé dans un ouvrage précédent) ne porte aucun modèle universel, sa domination n'en est que plus cruelle pour ses voisins, notamment en Europe centrale et orientale qui ne partagent pas grand chose culturellement (mettons à part le cas particulier tchèque).
C'est parce que l'Allemagne ne porte pas de modèle universel qu'elle a été la grande puissance moderne la moins impérialiste. Sa domination n'aurait donc pu qu'être meilleure que la domination anglo-saxonne ou française, qui toutes deux visent à l'éradication des cultures et des traditions, par des voies différentes. Malheureusement l'Allemagne actuelle n'est guère plus qu'une écorce pourrie de l'intérieur.