von Rauffenstein a écrit:Bah, on vit dans des sociétés qui ont pour finalité la promotion de l'individu. C'est là l'héritage lointain de la Renaissance et de Montaigne. Donc il est logique de trouver des gens qui centrent leur réflexion sur leur propre rapport au monde et les communautés en rapport avec leurs particularités d'individu ; et non pas à travers une collectivité plus vaste qui les dépasse et dans laquelle ils ne parviennent plus à se reconnaître. Paradoxalement cette liberté plus grande concédée à l'individu, avec l'effacement progressif de l'Etat qui rendait la justice "au nom de tous", aboutit à une restriction progressive d'exercer sa liberté "d'autrui" (ce que dit très bien Bruno Azérot).
Le problème est aussi dans le nivellement par le bas de la connaissance de soi-même au sein de la collectivité, histoire, littérature, philosophie et les arts classiques en général. Globalement, on ne trouve plus refuge dans une culture personnelle étendue pour permettre une réflexion, donc il est un peu normal de trouver des gens qui se réfugient dans le sentiment, le leur, puisqu'ils n'ont rien d'autre à leur disposition. Néanmoins il n'y a pas pour autant non transmission de "savoirs". Il n'y a qu'un retournement idéologique sur la vision de soi que l'on veut transmettre aux générations montantes. On me disait qu'il suffisait de 20 ans pour anéantir une civilisation. Une génération à laquelle on ne transmettrait pas son histoire. Ce fut le cas de Rome je crois, à sa chute quand il n'y a plus eu personne pour en tenir la chronique et la transmettre.
Je te rassure. Où que l'on aille dans le monde, le Français finit toujours par se faire remarquer comme une grande gueule arrogante, hier avec la prodigieuse histoire de ses Rois et Empereurs, aujourd'hui, avec ses "Lumières". La Grande Nation n'est pas morte. Loin de là. Elle prétend toujours exporter son modèle au monde entier !
C'est terrible ce que tu écris, mais c'est d'une justesse terrifiante. Et le pire, c'est qu'on peut constater la rapidité incroyable avec laquelle se répandent l'ignorance et le repli sur soi-même comme seul exemple du réel.
J'entendais ce midi sur RTL des informations avec notamment un livre sur comment faire baisser les probabilités d'avoir un cancer en changeant ses habitudes. Je me dis que c'est un sujet utile et que c'est du bon sens de suivre certaines recommandations pour sa santé, sur le tabac, l'alcool, la nourriture,... Et là, on entend des témoignages d'auditeurs et je tombe sur le cul. On avait plusieurs femmes atteintes du cancer qui gueulaient parce qu'elles n'avaient pas de mauvaises habitudes et que ce livre leur donnait un sentiment de culpabilité qui n'avait pas lieu d'être. En gros, pour soigner leur petite susceptibilité, il aurait fallu ne pas donner de bons conseils à tout le monde pour pas les mettre mal à l'aise.
On marche sur la tête. A chaque fois que j'entends des gens témoigner sur un sujet d'actualité, c'est la même chose : on sort un cas particulier qui sort un peu du cadre de ce dont on parle pour nous faire croire que rien n'a de sens, que l'utilité publique ne peut exister que si elle s'applique à 100% de la population, autrement, elle ne sert à rien. Avec une population pareille, on ne peut rien faire.













