Thrawn a écrit:Comment peux tu dire qu'une violence est naturalisée, alors qu''il ne s'agit que de pixels résultant d'un assemblage informatique en fonction d'une situation qui peut être toujours différente .. Au contraire d'un film, où la représentation du sang n'en est chaque fois que plus réaliste ?
Naturalisée, ça n'a pas le même sens que
réaliste. Naturaliser la violence signifie en faire un flux, sans origine ni fin, au sens, dans une surenchère permanente (notamment dans le réalisme des représentations) en saturant le regard du spectateur (ou du joueur) d'une violence toujours plus brutale et présentée comme normale, inévitable, incontrôlable.
Comme un film, un livre ou une échange entre individus .. Même si tout n'a pas le même impact ..
Non, ce n'est pas
comme. Une conversation, ce n'est pas un artefact. Ce qui compte ce n'est pas que toutes les représentations aient un point de vue, mais la nature de ce point de vue.
Thrawn a écrit:Si ... Mais tu n'as sûrement jamais pratiqué ce sport. Tu ne peux donc pas juger objectivement.
Je ne suis pas anthropophage. Je ne peux pas juger objectivement ? Je défends en tout cas l'idée qu'il n'y a pas de bon recyclage de la violence, et qu'il est impératif de la détourner de sa cible. Il convient donc que la cible soit la plus abstraite possible:
Tu accepterais aussi plaisamment de tirer sur une cible représentant un enfant ? Où est la limite ? Les jeux vidéo violents n'ont pas d'autre morale que le divertissement. Et ça, ça me choque.
Thrawn a écrit:A bon, il n'y a pas de livre d'apprentissage de la lecture ? Et en quoi un jeu vidéo n'apporterait-il pas de connaissances, de manière ludique ?
Tu peux
lire un livre que si tu sais lire. Des méthodes existent, en vue d'un apprentissage, mais la lecture ne commence que quand l'on passe de manière fluide de l'image au signe.
Un jeu vidéo tient d'abord de la technique et donc de l'apprentissage, même si un jeu vidéo d'échecs apporte évidemment une connaissance abstraite qui se différencie de la médiatisation artistique.
Thrawn a écrit:Je crois que tu n'as pas compris ce que je voulais dire (et je crois que je me suis mal exprimé) ... Je parlais de les lire à la suite, sans m'arrêter .. Un peu comme les crétins qui jouent des heures le cul vissé sur leur console. Je repose donc ma question : est ce que je ne vais pas non plus m'abrutir ?[/b] Je repose ma question .. Est ce le contenu ou l'usage du support qui est responsable ?
J'avais bien compris. Tu peux lire pendant des heures, ça ne t'abrutit pas. C'est la différence entre deux activités qui n'ont pas la même nature, ni la même valeur. Les images peuvent abrutir, pas la lecture.
La lecture peut provoquer une fatigue physique (selon les conditions de lumière notamment), mais la lecture d'une oeuvre de l'esprit est une source d'enrichissement inépuisable, quand le jeu vidéo violent est une forme pauvre.
Thrawn a écrit:C'est toi qui disais que l'excitation était "mauvaise" ...
Non, j'ai écrit:
Tout dépend de ce qui excite l'imagination. L'excitation n'est pas bonne en soi.
Thrawn a écrit:Entièrement d'accord avec toi sur ce point. Mais ce n'est pas à la Loi de tout faire. C'est aussi aux individus, notamment aux parents, à être responsables, mais aussi aux concepteurs de jeux à ne pas aller de plus en plus loin dans la représentation de la violence (je fais des headshots depuis 20 ans, et honnêtement, que ce soit plus réaliste ne change pas ma vie voire même je m'en balance).
C'est à la loi de fixer la norme, la règle et les interdits. Qu'on parle d'une loi divine ou d'une loi humaine. En France, le port et la possession des armes sont sévèrement réglementés, je considère que les images peuvent aussi être des armes.
Thrawn a écrit:Mais tout confier à la Loi est, à mon sens, conduire à une déresponsabilisation des gens ... Tu deviens Sarkozyste Silver ?
On ne peut être responsable sans la Loi. Je défends donc comme toi la responsabilité collective et individuelle, dans le cadre de la loi et de la règle, écrite et non-écrite.
Thrawn a écrit:Je n'ai jamais dit qu'elle était plus innée qu'autre chose
Là encore, c'est à l'entourage de montrer, lors de l'éducation, qu'il y a des choses vachement plus sympas et agréables à faire que de sniper du zombie ... Même si ca peut être cool (enfin bon, les zombies, à ptite dose, c'est vite saoulant).
Je ne dis pas le contraire. Tout est question de mesure et de la manière de représenter la violence. Je te rassure, je ne souhaite pas interdire de manière arbitraire, je me contente de critiquer pour faire prendre conscience de la nature complexe de la relation aux images violentes et de l'influence qu'elles peuvent exercer de manière plus ou moins consciente sur nos esprits et nos corps. Une image ce n'est jamais neutre, ce n'est jamais innocent.