La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 16:06

Shunt a écrit:Et Pocahontas avait 12 ans.


L'actrice qui joue ce rôle avait quatorze ans, quand Colin Farrell avait exactement l'âge du rôle.



Un peu cliché non ? Ca ressemble quand même beaucoup à ça :



Tu trouves ? Peut-être que les deux scènes ressemblent aussi à ça:

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;"


Toutes les grandes scènes romanesques qui décrivent un coup de foudre reposent sur des fondations communes, notamment le premier regard, l'échange des regards, les effets sur les corps (foudroiement, stupeur), l'immédiateté, la fascination, la commotion...

La figure de style mise en avant, comme dans Phèdre, c'est la parataxe. L'emploi de moyens cinématographiques qui permettent de traduire l'instantanéité de l'éblouissement amoureux. Tu me permettras néanmoins d'être en désaccord: les deux séquences mises en exergue ne montrent ni ne démontrent la même chose.

Revenons à Malick. Cette séquence n'est pas séparée du reste du film, et pour mieux la comprendre, il ne faut pas oublier que Pocahontas fait deux rencontres. C'est cette conjonction qui permet au sens de se livrer.

Qu'est-ce que l'amour ? C'est faire vivre dans le temps la flamme de la première rencontre qui brille en nous, c'est-à-dire que l'amour, c'est réconcilier l'extase et la durée. Pocahontas est celle qui joint, celle qui unit les deux temps de l'amour, l'extase (John Smith-Colin Farrell) et la durée (John Rolfe). C'est à travers sa pupille (jeune fille) que notre âme éprouve l'essence du regard amoureux (connaissance érotique et connaissance affective) et prendre son envol à travers le monde invisible (l'attelage ailé du mythe de Phèdre) pour accéder à l'envers du monde. L'amour est cette réalité dont le monde est le rêve.

"Car il faut que l'oeil se rende pareil et semblable à l'objet vu pour s'appliquer à le contempler. Jamais un oeil ne verrait le soleil sans être devenu semblable à lui, ni une âme ne verrait le beau sans être belle. Que tout être devienne donc d'abord divin et beau, s'il veut contempler Dieu et le Beau".
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 16:36

silverwitch a écrit:Tu me permettras néanmoins d'être en désaccord: les deux séquences mises en exergue ne montrent ni ne démontrent la même chose.


La construction est pourtant similaire :
1. Même état contemplatif initial ( Smith devant le vent qui balaie les hautes herbes / Roméo suivant avec émerveillement les poissons nageant dans l'aquarium).
2. Même perturbation du regard (la silhouette de Pocahontas à travers les herbes / l'oeil de Juliette derrière les coraux)
3. Même révélation (la beauté de Pocahontas qui elle même se fige devant Smith qu'elle observait discrètement / la beauté de Juliette qui elle même se fige devant Roméo qu'elle observait discrètement)
4. Même interruption (un Indien vient prendre la main de Pocahontas pour la ramener vers les siens / la nourrice vient prendre la main de Juliette pour la ramener vers les siens.

La scène de Luhrmann illustre parfaitement cette "intellection" que tu évoquais plus haut ("quand je regarde l'être aimé, c'est dans la pupille où passe le regard que je me vois moi-même"). L'aquarium et ses reflets déformants sont encore plus explicites. Juliette - avec ses ailes d'ange - et Roméo - portant une cote de maille de chevalier - incarnent eux aussi deux figures, deux projections idéalisées.

Revenons à Malick. Cette séquence n'est pas séparée du reste du film, et pour mieux la comprendre, il ne faut pas oublier que Pocahontas fait deux rencontres. C'est cette conjonction qui permet au sens de se livrer.

Qu'est-ce que l'amour ? C'est faire vivre dans le temps la flamme de la première rencontre qui brille en nous, c'est-à-dire que l'amour, c'est réconcilier l'extase et la durée. Pocahontas est celle qui joint, celle qui unit les deux temps de l'amour, l'extase (John Smith-Colin Farrell) et la durée (John Rolfe). C'est à travers sa pupille (jeune fille) que notre âme éprouve l'essence du regard amoureux (connaissance érotique et connaissance affective) et prendre son envol à travers le monde invisible (l'attelage ailé du mythe de Phèdre) pour accéder à l'envers du monde. L'amour est cette réalité dont le monde est le rêve.


Cette dichotomie est extrêmement théorique. Par ailleurs, il y a dans la rencontre entre Smith et Pocahantas - mythe fondateur de l'Amérique - un tout autre enjeu que celui d'un simple coup de foudre. Là aussi, la question de l'altérité, de la différence - enjeu pourtant crucial de cette histoire - est balayée d'un trait. Aucune barrière à franchir, aucun a priori à vaincre, aucune défiance à surmonter.... tout paraît couler de source.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 16:39

Shunt a écrit:La Beauté sensible est une question... de point de vue (ce que nous montre Malick). La Nature sauvage et "vierge" d'un monde nouveau et inconnu peut effectivement conduire à l'émerveillement.


Ce n'est pas exactement ce que disent les films de Malick: la beauté sensible n'est pas subjective, mais notre rapport sensible est conditionné par notre rapport au monde. D'où la question, comment être au monde, comment habiter le monde. Parlons donc plutôt de la perception des êtres devant le monde (la nature, les choses, les êtres), c'est leur être-au-monde qui change, pas le monde.

Shunt a écrit:Mais elle est aussi source d'effroi, de vertige.



Je comprends le malaise de Cortese vis-à-vis du "Nouveau Monde" car ce film évacue un peu rapidement et facilement la question de l'altérité. Si la beauté sensible du Nouveau Monde et des gens qui la peuplent est une évidence, difficile de comprendre la violence du fait colonial.


La rencontre, c'est l'ouverture et la fermeture. L'amour comme la violence. Les films de Malick n'éludent jamais cette question, puisqu'ils sont tous traversés par le feu de la violence, comme par l'étoile intérieure de l'amour:









Mais en dépit de tout, c'est l'éternité:



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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 16:49

Shunt a écrit:La construction est pourtant similaire :
1. Même état contemplatif initial ( Smith devant le vent qui balaie les hautes herbes / Roméo suivant avec émerveillement les poissons nageant dans l'aquarium).
2. Même perturbation du regard (la silhouette de Pocahontas à travers les herbes / l'oeil de Juliette derrière les coraux)
3. Même révélation (la beauté de Pocahontas qui elle même se fige devant Smith qu'elle observait discrètement / la beauté de Juliette qui elle même se fige devant Roméo qu'elle observait discrètement)
4. Même interruption (un Indien vient prendre la main de Pocahontas pour la ramener vers les siens / la nourrice vient prendre la main de Juliette pour la ramener vers les siens.

La scène de Luhrmann illustre parfaitement cette "intellection" que tu évoquais plus haut ("quand je regarde l'être aimé, c'est dans la pupille où passe le regard que je me vois moi-même"). L'aquarium et ses reflets déformants sont encore plus explicites. Juliette - avec ses ailes d'ange - et Roméo - portant une cote de maille de chevalier - incarnent eux aussi deux figures, deux projections idéalisées.


Ce sont deux scènes de coup de foudre. Ton analyse est néanmoins superficielle. L'essentiel est dans le regard: la seconde séquence abolit la distance (complicité de deux êtres qui se reconnaissent comme identiques), quand la première la renforce (le coup de foudre renforce cette radicale séparation).

Tu en verras la preuve dans l'organisation de l'espace par la mise en scène interne et externe.

À partir d'une figure de style, la parataxe (le coup de foudre), les deux séquences traduisent une conception radicalement opposée de l'amour.

Shunt a écrit:
Qu'est-ce que l'amour ? C'est faire vivre dans le temps la flamme de la première rencontre qui brille en nous, c'est-à-dire que l'amour, c'est réconcilier l'extase et la durée. Pocahontas est celle qui joint, celle qui unit les deux temps de l'amour, l'extase (John Smith-Colin Farrell) et la durée (John Rolfe). C'est à travers sa pupille (jeune fille) que notre âme éprouve l'essence du regard amoureux (connaissance érotique et connaissance affective) et prendre son envol à travers le monde invisible (l'attelage ailé du mythe de Phèdre) pour accéder à l'envers du monde. L'amour est cette réalité dont le monde est le rêve.


Cette dichotomie est extrêmement théorique. Par ailleurs, il y a dans la rencontre entre Smith et Pocahantas - mythe fondateur de l'Amérique - un tout autre enjeu que celui d'un simple coup de foudre. Là aussi, la question de l'altérité, de la différence - enjeu pourtant crucial de cette histoire - est balayée d'un trait. Aucune barrière à franchir, aucun a priori à vaincre, aucune défiance à surmonter.... tout paraît couler de source.


C'est-à-dire ? Peux-tu expliciter ton propos ? Le reste de ton paragraphe n'appelle pas de réponse, sinon celle de revoir le film. Ce n'est pas très sérieux.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 16:51

silverwitch a écrit:Ce n'est pas exactement ce que disent les films de Malick: la beauté sensible n'est pas subjective, mais notre rapport sensible est conditionné par notre rapport au monde.


Ce qui revient peu ou prou au même. Reste une question qu'il élude. Comment se construit ce rapport au monde ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 17:00

Shunt a écrit:
silverwitch a écrit:Ce n'est pas exactement ce que disent les films de Malick: la beauté sensible n'est pas subjective, mais notre rapport sensible est conditionné par notre rapport au monde.


Ce qui revient peu ou prou au même.


Pas vraiment, non ! Puisque les perceptions singulières sont unifiées, harmonisées par le film. Ou pour le dire autrement:

Maybe all men got one big soul everybody's a part of, all faces are the same man.


Shunt a écrit: Reste une question qu'il élude. Comment se construit ce rapport au monde ?


Oh, my soul, let me be in you now. Look out through my eyes, look out at the things you've made. All things shining.

Ou bien pour reprendre Plotin:

"Car il faut que l'oeil se rende pareil et semblable à l'objet vu pour s'appliquer à le contempler. Jamais un oeil ne verrait le soleil sans être devenu semblable à lui, ni une âme ne verrait le beau sans être belle. Que tout être devienne donc d'abord divin et beau, s'il veut contempler Dieu et le Beau".
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 17:45

silverwitch a écrit:Pas vraiment, non ! Puisque les perceptions singulières sont unifiées, harmonisées par le film. Ou pour le dire autrement:

Maybe all men got one big soul everybody's a part of, all faces are the same man.


Tu parles des spectateurs du film ou de ses protagonistes ?

Reste une question qu'il élude. Comment se construit ce rapport au monde ?


Oh, my soul, let me be in you now. Look out through my eyes, look out at the things you've made. All things shining.


Ca n'est pas une construction, c'est de l'incantation.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 18:06

silverwitch a écrit:Ce sont deux scènes de coup de foudre. Ton analyse est néanmoins superficielle. L'essentiel est dans le regard: la seconde séquence abolit la distance (complicité de deux êtres qui se reconnaissent comme identiques), quand la première la renforce (le coup de foudre renforce cette radicale séparation).

Tu en verras la preuve dans l'organisation de l'espace par la mise en scène interne et externe.

À partir d'une figure de style, la parataxe (le coup de foudre), les deux séquences traduisent une conception radicalement opposée de l'amour.


La différence tient du fait que Roméo et Juliette ignorent ce qui les séparent et vont le découvrir par la suite. L'aquarium est un trompe l'oeil. Pour Pocahontas et Smith, c'est l'inverse. Mais il n'y a pas de flitre entre eux. C'est le regard qui les rapproche.

Shunt a écrit:Cette dichotomie est extrêmement théorique. Par ailleurs, il y a dans la rencontre entre Smith et Pocahantas - mythe fondateur de l'Amérique - un tout autre enjeu que celui d'un simple coup de foudre. Là aussi, la question de l'altérité, de la différence - enjeu pourtant crucial de cette histoire - est balayée d'un trait. Aucune barrière à franchir, aucun a priori à vaincre, aucune défiance à surmonter.... tout paraît couler de source.


C'est-à-dire ? Peux-tu expliciter ton propos ? Le reste de ton paragraphe n'appelle pas de réponse, sinon celle de revoir le film. Ce n'est pas très sérieux.


Sur l'enjeu de la rencontre entre Smith et Pocahontas ?

Quand je parle de dichotomie théorique, c'est cette séparation extase/durée. D'ailleurs, Malick montre très bien que la relation Pocahontas/Rolfe n'est pas si "durable" que ça. Le souvenir idéalisé de Smith pèse comme une épée de Damoclès sur cette relation.

Par ailleurs la flamme peut survenir à retardement, échapper à l'immédiateté. Là aussi, tout dépend de notre regard, de ce qu'on est en capacité de voir à l'instant T.

Il y a un scène de "Cars" qui illustre bien cela.



Tout est dans les détails. Et dans notre capacité à ouvrir les yeux :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 18:10

Shunt a écrit:Tu parles des spectateurs du film ou de ses protagonistes ?


Ça marche pour les deux.


Oh, my soul, let me be in you now. Look out through my eyes, look out at the things you've made. All things shining.


Ca n'est pas une construction, c'est de l'incantation.


C'est le mouvement qui anime le film. La construction, elle est sous tes yeux.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 18:23

silverwitch a écrit:
Shunt a écrit:Tu parles des spectateurs du film ou de ses protagonistes ?


Ça marche pour les deux.


A la rigueur, que Pocahontas puisse - par son ouverture au monde - symboliser la possibilité d'un pont entre les cultures, les peuples et les continents, soit... mais ça ne reste qu'une possibilité, un mythe, un symbole...


Oh, my soul, let me be in you now. Look out through my eyes, look out at the things you've made. All things shining.


Ca n'est pas une construction, c'est de l'incantation.


C'est le mouvement qui anime le film. La construction, elle est sous tes yeux.


Oui, mais si John Smith a été capable de s'ouvrir au monde, de voir toutes choses briller, ce n'est pas le cas des autres colons... pourquoi John Smith est-il plus apte que d'autres à voir le monde ? Qu'est-ce qui le distingue des autres colons ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 18:25

Shunt a écrit:La différence tient du fait que Roméo et Juliette ignorent ce qui les séparent et vont le découvrir par la suite. L'aquarium est un trompe l'oeil. Pour Pocahontas et Smith, c'est l'inverse. Mais il n'y a pas de flitre entre eux. C'est le regard qui les rapproche.


C'est inexact. Di Caprio et Claire Danes sont des doubles, la ressemblance physique entre ces deux êtres asexués est troublante et narcissique. Il n'y a rien pas de tension entre le proche et le lointain puisqu'ils ne sont qu'un, un seul corps et une seule âme. L'aquarium n'est pas une fenêtre, mais un miroir dans lequel ils sont surpris de se contempler eux-mêmes.

Le mot clé de la longue (et répétée) rencontre entre John Smith et Pocahontas, c'est la phrase, m'ouvrir à toi. Le film nous montre que c'est dans un moment de fermeture que se trouve aussi le point d'intersection où l'on s'ouvre véritablement à l'Autre. M'ouvrir à toi, abolir en moi tout secret, pour faire en même temps accueil et donner accès en moi à ton propre secret: la vérité même de l'être qui se dévoile suppose l'altérité cet oeil qui s'aperçoit dans la pupille d'un autre oeil.

Shunt a écrit:Sur l'enjeu de la rencontre entre Smith et Pocahontas ?

Quand je parle de dichotomie théorique, c'est cette séparation extase/durée. D'ailleurs, Malick montre très bien que la relation Pocahontas/Rolfe n'est pas si "durable" que ça. Le souvenir idéalisé de Smith pèse comme une épée de Damoclès sur cette relation.


Il n'y a d'unité que s'il y a séparation. L'existence c'est la souffrance de la séparation, la conscience de la finitude. Nous sommes écartelés entre la certitude de la mort et le désir d'éternité. L'essence du regard amoureux, c'est le moyen de transmuer le regard érotique en regard de compassion, afin d'appréhender enfin ce que veut dire:

Maybe all men got one big soul everybody's a part of, all faces are the same man.

Pour ça, le film a besoin de la figure géométrique du triangle: John Smith - Pocahontas - John Rolfe.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 18 Mar 2012, 18:30

Shunt a écrit:A la rigueur, que Pocahontas puisse - par son ouverture au monde - symboliser la possibilité d'un pont entre les cultures, les peuples et les continents, soit... mais ça ne reste qu'une possibilité, un mythe, un symbole...


Une idéalité ?

Oui, mais si John Smith a été capable de s'ouvrir au monde, de voir toutes choses briller, ce n'est pas le cas des autres colons... pourquoi John Smith est-il plus apte que d'autres à voir le monde ? Qu'est-ce qui le distingue des autres colons ?


C'est le regard amoureux, le regard de l'âme. Smith n'a pas vu que l'amour était la réalité dont ce monde est le rêve, il a cru que l'amour était un rêve et cherche toujours une ombre qui le fuit.

Le trajet des personnages du film est désenchanté.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 19:40

silverwitch a écrit:C'est inexact. Di Caprio et Claire Danes sont des doubles, la ressemblance physique entre ces deux êtres asexués est troublante et narcissique. Il n'y a rien pas de tension entre le proche et le lointain puisqu'ils ne sont qu'un, un seul corps et une seule âme. L'aquarium n'est pas une fenêtre, mais un miroir dans lequel ils sont surpris de se contempler eux-mêmes.


Il y a toujours une dimension narcissique dans une relation amoureuse. D'ailleurs, c'est parce que Pocahontas regarde John Smith qu'il la regarde à son tour. On cherche toujours une part de soi à travers l'autre. Il y a comme un miroir invisible entre Pocahontas et Smith lorsqu'ils s'observent l'un et l'autre dans les hautes herbes.

Pour en revenir à la ressemblance entre Roméo et Juliette, elle explique l'évidence et l'immédiateté de la rencontre. L'aquarium est à la fois un facteur d'émerveillement et de tension. C'est une cloison transparente, lumineuse, mais une cloison quand même, une espace fermé et artificiel, irrespirable, qui brouille les perspectives.

Le mot clé de la longue (et répétée) rencontre entre John Smith et Pocahontas, c'est la phrase, m'ouvrir à toi. Le film nous montre que c'est dans un moment de fermeture que se trouve aussi le point d'intersection où l'on s'ouvre véritablement à l'Autre


Il y a aussi fermeture dans la scène de "Roméo + Juliette".
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 18 Mar 2012, 19:42

silverwitch a écrit:
Shunt a écrit:A la rigueur, que Pocahontas puisse - par son ouverture au monde - symboliser la possibilité d'un pont entre les cultures, les peuples et les continents, soit... mais ça ne reste qu'une possibilité, un mythe, un symbole...


Une idéalité ?


Où se situe la frontière entre idéalité et illusion ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede metomoll le 19 Mar 2012, 00:16

On pourrait peut être faire glisser tout ce débat dans un sujet à part, non ? Parce que bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film comme moi et sans doute quelques autres, c'est un peu lourd, même si ça doit être intéressant :)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 19 Mar 2012, 12:59

Shunt a écrit:Il y a toujours une dimension narcissique dans une relation amoureuse. D'ailleurs, c'est parce que Pocahontas regarde John Smith qu'il la regarde à son tour. On cherche toujours une part de soi à travers l'autre. Il y a comme un miroir invisible entre Pocahontas et Smith lorsqu'ils s'observent l'un et l'autre dans les hautes herbes.


Je ne crois pas. Peut-être ai-je mal compris ce que tu as écrit, mais l'amour s'oppose au narcissisme, par nature ! L'amour ce n'est pas l'amour-propre ou l'amour de soi. Ce sont deux principes qui s'opposent, symétriquement. La phrase que je souligne dans ton paragraphe, c'est l'amour de soi (le narcissisme). L'amour c'est quand j'arrête de chercher mon propre bien, ou mon reflet dans l'Autre et que je cherche celui de l'Autre. Et c'est en cherchant le bien de l'être aimé que je trouve aussi le mien, de surcroit. Qui aime vraiment ne songe pas à s'aimer.

C'est ça la grâce. Il y a une phrase de Simon Weil qui l'exprime merveilleusement:

"La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer jusqu'à l'âme."


Shunt a écrit:Pour en revenir à la ressemblance entre Roméo et Juliette, elle explique l'évidence et l'immédiateté de la rencontre. L'aquarium est à la fois un facteur d'émerveillement et de tension. C'est une cloison transparente, lumineuse, mais une cloison quand même, une espace fermé et artificiel, irrespirable, qui brouille les perspectives.


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L'élément liquide comme dans le mythe est un miroir. Aimer demande une certaine indifférence à son propre reflet, le passage du moi à l'âme C'est le seul moyen de parvenir à la compassion. Je sens ce que tu ressens.

Il y a aussi fermeture dans la scène de "Roméo + Juliette".


Non.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 19 Mar 2012, 13:03

Shunt a écrit:Où se situe la frontière entre idéalité et illusion ?


Une idéalité ne peut pas être une illusion, c'est une réalité plus complète, invisible. Te viendrait-il à l'idée d'écrire que le monolithe de 2001 est une illusion ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 19 Mar 2012, 17:11

silverwitch a écrit:Je ne crois pas. Peut-être ai-je mal compris ce que tu as écrit, mais l'amour s'oppose au narcissisme, par nature ! L'amour ce n'est pas l'amour-propre ou l'amour de soi. Ce sont deux principes qui s'opposent, symétriquement. La phrase que je souligne dans ton paragraphe, c'est l'amour de soi (le narcissisme). L'amour c'est quand j'arrête de chercher mon propre bien, ou mon reflet dans l'Autre et que je cherche celui de l'Autre. Et c'est en cherchant le bien de l'être aimé que je trouve aussi le mien, de surcroit. Qui aime vraiment ne songe pas à s'aimer.


Je ne partage pas ce point vue. Tout dépend en fait de quoi on parle, si on considère l'amour comme une expérience individuelle - le sentiment, la sensation - ou l'amour comme une interaction entre deux êtres - la relation en soi. Parce que "qui aime vraiment ne songe pas à s'aimer", ça s'applique aussi à l'idolâtrie. Et l'idolâtre peut aller très loin dans l'oubli de soi, jusqu'à en perdre toute dignité. Mais l'idolâtrie, ce n'est pas l'amour, c'est un dévoiement de l'amour.

Une relation amoureuse est un échange. Je te donne mon amour en échange du mien. Or, pour aimer, il faut être capable de recevoir de l'amour. Et on ne peut pas y parvenir sans amour de soi. Comment sinon accepter l'idée même d'être aimé.

C'est ce que nous montre d'ailleurs Malick dans "le Nouveau Monde". Smith est un homme en conflit avec lui-même, un type qui ne s'aime pas. Son arrivée dans le Nouveau Monde, la rencontre avec Pocahontas vont brièvement le réconcilier avec lui-même, avec le monde. C'est ce qui donne de la substance, de la vérité à leur relation amoureuse aussi brève soit elle. Elle est sincère. C'est quand Smith rebascule dans la haine de lui-même, que la relation amoureuse s'achève. Il a peur de "souiller" Pocahontas, comme les colons ont commencé à souiller le "Nouveau Monde".

C'est ce qui rapproche Smith finalement du héros de "Drive". Tous deux vivent la relation amoureuse, cette harmonie retrouvé, ce "retour au monde" comme un rêve fugace. Et c'est la peur briser cette harmonie, d'avilir l'autre, qui les pousse à mettre un terme à cette relation. Tous deux sont incapables d'habiter le monde, condamnés à l'errance.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 19 Mar 2012, 17:13

silverwitch a écrit:
Shunt a écrit:Où se situe la frontière entre idéalité et illusion ?


Une idéalité ne peut pas être une illusion, c'est une réalité plus complète, invisible. Te viendrait-il à l'idée d'écrire que le monolithe de 2001 est une illusion ?


C'est une allégorie, une possibilité, une promesse...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 19 Mar 2012, 17:53

Shunt a écrit:
silverwitch a écrit:Je ne crois pas. Peut-être ai-je mal compris ce que tu as écrit, mais l'amour s'oppose au narcissisme, par nature ! L'amour ce n'est pas l'amour-propre ou l'amour de soi. Ce sont deux principes qui s'opposent, symétriquement. La phrase que je souligne dans ton paragraphe, c'est l'amour de soi (le narcissisme). L'amour c'est quand j'arrête de chercher mon propre bien, ou mon reflet dans l'Autre et que je cherche celui de l'Autre. Et c'est en cherchant le bien de l'être aimé que je trouve aussi le mien, de surcroit. Qui aime vraiment ne songe pas à s'aimer.


Je ne partage pas ce point vue. Tout dépend en fait de quoi on parle, si on considère l'amour comme une expérience individuelle - le sentiment, la sensation - ou l'amour comme une interaction entre deux êtres - la relation en soi. Parce que "qui aime vraiment ne songe pas à s'aimer", ça s'applique aussi à l'idolâtrie. Et l'idolâtre peut aller très loin dans l'oubli de soi, jusqu'à en perdre toute dignité. Mais l'idolâtrie, ce n'est pas l'amour, c'est un dévoiement de l'amour.


Relis ce que j'ai écrit. Ce qui nous transporte vers l'Autre nous illumine en retour. Mais aimer véritablement, c'est d'abord un ravissement: un autre être a pris la première place. Ne pas songer à s'aimer, cela signifie que moins on se regarde, mieux on se porte. Quand on aime, c'est comme ça: on ne s'étudie plus, on ne pense pas à soi.

L'amour a une fin autre que lui-même (ce que l'amour de soi ne peut réaliser): la connaissance par la passion, l'extase, l'amitié, la compassion, c'est-à-dire enrichir notre être en accueillant en nous quelque chose qui nous métamorphose.


Shunt a écrit:Une relation amoureuse est un échange. Je te donne mon amour en échange du mien. Or, pour aimer, il faut être capable de recevoir de l'amour. Et on ne peut pas y parvenir sans amour de soi. Comment sinon accepter l'idée même d'être aimé.


Je suis pas certaine de te suivre, mais la question qui est posée, c'est celle de la primauté. Prenons un exemple qui nous reconduise au cinéma: comment se fait-il que nous ne puissions-nous connaître que par les autres ? Pourquoi ne pourrions pas tout simplement nous observer en miroir ? Pour se connaître, on a besoin d'une médiation (l'Autre, une oeuvre d'art). En amour, c'est pareil.

C'est d'ailleurs ce qui fascine dans une scène de première rencontre, ce moment où les regards s'échangent:



Instantanéité, mais également inquiétude. Tout cela échappe à la possibilité Roméo et Juliette, où les deux êtres sont séparés par une contrainte extérieure. Une grande scène est ce qui nous montre qu'il n'y a d'union que s'il y a séparation radicale entre deux êtres. Roméo et Juliette sont prédestinés, ils ne se rencontrent pas, ils se reconnaissent.

Shunt a écrit:C'est ce que nous montre d'ailleurs Malick dans "le Nouveau Monde". Smith est un homme en conflit avec lui-même, un type qui ne s'aime pas. Son arrivée dans le Nouveau Monde, la rencontre avec Pocahontas vont brièvement le réconcilier avec lui-même, avec le monde. C'est ce qui donne de la substance, de la vérité à leur relation amoureuse aussi brève soit elle. Elle est sincère. C'est quand Smith rebascule dans la haine de lui-même, que la relation amoureuse s'achève. Il a peur de "souiller" Pocahontas, comme les colons ont commencé à souiller le "Nouveau Monde".


Je souligne ces phrases que je partage sans réserve. Je serais moins sévère concernant Smith. En fait, Smith, c'est tout simplement Hamlet.

Shunt a écrit:C'est ce qui rapproche Smith finalement du héros de "Drive". Tous deux vivent la relation amoureuse, cette harmonie retrouvé, ce "retour au monde" comme un rêve fugace. Et c'est la peur briser cette harmonie, d'avilir l'autre, qui les pousse à mettre un terme à cette relation. Tous deux sont incapables d'habiter le monde, condamnés à l'errance.


Oui, le seul problème, c'est la réalité. Le film de Malick nous montre comment habiter le monde, grâce à un regard de l'âme, où le regard amoureux permet une connaissance complète qui nous permet d'accéder à l'essence des êtres et des choses.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 19 Mar 2012, 23:09

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 20 Mar 2012, 18:45

Pour en revenir aux scènes de rencontre ou de coup de foudre au cinéma, deux exemples qui l'illustrent en perfection:


Le voleur de Bagdad

Scène très connue qui fait pâlir les films romantiques. Shunt verra d'un autre oeil les rencontres entre des Roméo et des Juliette de banlieue ! On appréciera comment le film renverse le mythe de Narcisse.


Coup de foudre


l'amour-amitié


les amours éperdues

Trois scènes de Raison et Sentiments merveilleuse adaptation du roman de Jane Austen. Simplicité directe de la mise en scène qui évoque en perfection trois moments de l'amour: le coup de foudre-extase (on appréciera le visage d'Alan Rickman, contenu, tendu, inquiet, bouleversant), l'amour-durée (et cette suspension magique de Kate Winslet qui comprend qu'elle aime), enfin l'amour-éperdu, celui qui ravage et nous laisse le coeur en cendres.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sccc le 20 Mar 2012, 21:05

Ouais_supère a écrit:


Tu es un fana d'Alien? :o
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Messagede Ouais_supère le 20 Mar 2012, 21:05

Du premier, oui.
"Inconditionnel", comme on dit.
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Messagede sccc le 20 Mar 2012, 21:10

Ouais_supère a écrit:Du premier, oui.
"Inconditionnel", comme on dit.


Ah, le premier c'est le seul digne d'intérêt. J'en suis fana aussi.

J'ai un peu peur de ce que ce Prometheus va nous révéler. :?

In the distant future, two superpowers control Earth and fight each other for all the solar system's natural resources. When one side dispatches a team to a distant planet to terraform it for human colonization, the team discovers an indigenous race of bio-mechanoid killers.

Ridley Scott, director of 'Alien' and 'Blade Runner,' returns to the genre he helped define. With PROMETHEUS, he creates a groundbreaking mythology, in which a team of explorers discover a clue to the origins of mankind on Earth, leading them on a thrilling journey to the darkest corners of the universe. There, they must fight a terrifying battle to save the future of the human race.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Tarod le 20 Mar 2012, 21:14

Pareil gros fan d'Alien. Cette bande annonce y fait penser j'ai peur d'un sous produit du genre :?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 20 Mar 2012, 21:40

C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sccc le 20 Mar 2012, 21:46

Cortese a écrit:C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.


Si c'est un navet il y en aura sûrement une. :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 20 Mar 2012, 23:07

silverwitch a écrit:Scène très connue qui fait pâlir les films romantiques. Shunt verra d'un autre oeil les rencontres entre des Roméo et des Juliette de banlieue !


Ah mais je n'ai cité le "Roméo + Juliette" de Luhrmann que pour montrer à quel point Malick ne s'est pas fait chier dans la scène de rencontre entre Pocahontas et Smith, à quel point cette rencontre relève de l'évidence : il est beau, elle est belle, il l'attire, elle l'attire, ils sont faits l'un pour l'autre. Youpi, on est content pour eux !

Alors oui, l'amour change notre regard sur le monde, mais dans "le Nouveau Monde", seuls les "beautiful people" ont droit à la révélation, à cette harmonie.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Mar 2012, 11:00

Cortese a écrit:C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.


...:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Mar 2012, 11:02

Shunt a écrit:
Ah mais je n'ai cité le "Roméo + Juliette" de Luhrmann que pour montrer à quel point Malick ne s'est pas fait chier dans la scène de rencontre entre Pocahontas et Smith, à quel point cette rencontre relève de l'évidence : il est beau, elle est belle, il l'attire, elle l'attire, ils sont faits l'un pour l'autre. Youpi, on est content pour eux !

Alors oui, l'amour change notre regard sur le monde, mais dans "le Nouveau Monde", seuls les "beautiful people" ont droit à la révélation, à cette harmonie.


C'est évidemment inexact, et j'ai eu l'occasion d'expliquer pourquoi. C'est dommage quand même de finir sur un trait de mauvaise foi.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 21 Mar 2012, 11:46

silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.


...:


:lol:
C'était trop tentant !
Cortese
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Mar 2012, 12:34

Cortese a écrit:
silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.


...:


:lol:
C'était trop tentant !


Même toi tu ne peux rester insensible à ça:

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 21 Mar 2012, 13:16

silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:
silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:C'est pas grave. Ça nous changera des histoires d'amour.


...:


:lol:
C'était trop tentant !


Même toi tu ne peux rester insensible à ça:



Tu triches, c'est moi-même qui l'avait mise il y a quelques mois !
Non, je n'ai rien contre les belles histoires d'amour (ne serait-ce que parce qu'elles sont rares !), mais la prolifération exponentielles des histoires d'amour dans les fictions, ça me fait toujours penser à une BD des années 60 ("César" par Tillieux) qui passait ses vacances (forcément pluvieuses) dans un patelin qui portait le joli nom bien français, de "Jensuy-sur-Saturey".
Hier, j'étais en train de me dire "Suis-je un monstre ? N'y a t-il point des histoires d'amour qu'il me plut d'aimer ?" Je laissais donc mon oeil désabusé glisser sur les pochettes des DVD empilés sur le coin de mon bureau, en essayant d'en retrouver le souvenir de quelques unes.
J'ai trouvé :
- La Strada, de Fellini
- Bader, vainqueur du ciel, de Lewis Gilber ( :D )
- Rio Grande de Ford
- Le Troisième Homme, bien sur (la meilleure sans doute) de Carol Reed
- My Darling Clementine, de Ford
Faudrait que je cherche encore, il doit bien y avoir deux ou trois autres histoires d'amour que j'ai aimé. Entre autres, ce film que j'ai vu à 12 ans et qui racontait la fugue d'un couple de mineurs à bord d'une MG TC (ou Austin Seven, j'ai toujours les dessins que j'avais fait de mémoire dès le lendemain, mais je n'arrive toujours pas à identifier le modèle). Un film anglais des années 40, je pense. Par contre si les deux teenagers s'étaient enfuis avec deux bicyclettes je pense que mon enthousiasme aurait été moins vif.
Sinon, je ne sais pas si c'est des histoires d'amour proprement dites, mais j'ai adoré la scène de "Put the blame on mame" de l'inégalable Rita Hayworth ou les scènes de danse du ventre dans les films bédouins égyptiens qu'on nous passait le samedi après-midi à la télé coloniale.
En fait ce qui m'embête dans les films d'amour c'est le mec qui est là, à côté de ma nana, ma Rita, on se demande ce qu'il fout à venir faire chier comme ça, à la tâter de partout et à lui baver dessus. C'est pour ça que je préfère les histoires inabouties comme dans "My Darling Clementine".
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Mar 2012, 13:56

Cortese a écrit:- La Strada, de Fellini
- Bader, vainqueur du ciel, de Lewis Gilber ( :D )
- Rio Grande de Ford
- Le Troisième Homme, bien sur (la meilleure sans doute) de Carol Reed
- My Darling Clementine, de Ford
Faudrait que je cherche encore, il doit bien y avoir deux ou trois autres histoires d'amour que j'ai aimé.


Au hasard:



:oops:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 21 Mar 2012, 14:45

silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:- La Strada, de Fellini
- Bader, vainqueur du ciel, de Lewis Gilber ( :D )
- Rio Grande de Ford
- Le Troisième Homme, bien sur (la meilleure sans doute) de Carol Reed
- My Darling Clementine, de Ford
Faudrait que je cherche encore, il doit bien y avoir deux ou trois autres histoires d'amour que j'ai aimé.


Au hasard:



:oops:


J'ai relu le synopsis dans Wiki, mais c'est drôle je ne me souvenais pas du film comme ça. Je croyais qu'elle avait une cécité psychosomatique !
Ah oui, sinon, il y a une histoire d'amour que j'ai vraiment adoré :

(à partir de 1h14mn)


Mais il me semble que j'avais vu une autre version où fille monte sur te tender et passe les bûches à Buster et qui est encore plus drôle. A moins que ma mémoire me trompe (salôôôpe).
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Mar 2012, 16:32

Jusqu'à ce qu'il y ait des plaintes ensuite que ces sujets remontent ?

Ne peut-il pas y avoir plusieurs discussions parallèles au sein d'un même sujet sans que les uns et les autres ne soient gênés?
Je n'ai pas remarqué que l'échange de Shunt et silverwitch ait empêché quiconque de parler d'autres films pendant ce temps, au contraire.

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 21 Mar 2012, 17:33

Cortese a écrit: C'est pour ça que je préfère les histoires inabouties comme dans "My Darling Clementine".


En fait, tu préfères les films qui s'arrêtent à la porte de la chambre à coucher, dans tous les sens du terme. Un de mes films romantiques de chevet, c'est:



C'est le genre de films qui plaît aux âmes mélancoliques et nostalgiques.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Mar 2012, 17:42

silverwitch a écrit:Un de mes films romantiques de chevet, c'est:


Ah bon!? tu ne l'avais jamais dit !

Hugues (je suis très très très très loin)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 21 Mar 2012, 17:48

silverwitch a écrit:
Cortese a écrit: C'est pour ça que je préfère les histoires inabouties comme dans "My Darling Clementine".


En fait, tu préfères les films qui s'arrêtent à la porte de la chambre à coucher, dans tous les sens du terme. Un de mes films romantiques de chevet, c'est:


C'est le genre de films qui plaît aux âmes mélancoliques et nostalgiques.


Pas seulement puisque je ne crois pas que l'inventeur de la phrase "le meilleur moment c'est quand on monte l'escalier" (c'est qui au fait ?) fasse partie d'une de ces catégories.
C'est un peu l'anticipation de la petite amertume que laisse l'accomplissement de toute victoire ("post coïtum animal triste est"). Désirer sans assouvir c'était un peu la règle de l'amour courtois, non ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede DCP le 21 Mar 2012, 17:55

Cortese a écrit:
Pas seulement puisque je ne crois pas que l'inventeur de la phrase "le meilleur moment c'est quand on monte l'escalier" (c'est qui au fait ?) fasse partie d'une de ces catégories.


Clemenceau, si je ne fais erreur.
« Par exemple, le football, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment mourir en plein air. Ailleurs on danserait et on rirait » (Roger Nimier)
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