Des causes et des conséquences de la crise économique

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Modérateurs: Garion, Silverwitch

Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Silverwitch le 19 Nov 2011, 14:06

Prix du lait : face au retour de l’Ancien régime, bientôt la Révolution ?

Un article de Nicolas Dupont-Aignan sur son blog

Depuis la suppression en 2008 du prix garanti interprofessionnel du lait, sous la pression de Bruxelles et avalisé par le gouvernement, les producteurs sont à la merci des industriels.
Comment des petits producteurs émiettés peuvent-ils négocier avec des empires qui, dans les faits, ont le monopole de la collecte ?
Bien évidemment dès la fin du prix garanti, ils en ont profité pour baisser le prix d’achat sans pour autant répercuter cette baisse sur le prix final payé par le consommateur.
Un producteur me racontait qu’entre mars et avril 2009, il perdait dans son exploitation de 120 vaches laitières 10 000 € par mois. Il travaillait donc à perte et, au même moment, Lactalis faisait du chantage auprès du Conseil Général du Calvados pour obtenir une subvention de 150 000 € pour une chaîne de production à Bayeux.
D’un côté Lactalis écrase les producteurs, de l’autre il fait financer par des fonds publics une partie de ses investissements.
Depuis, le prix du lait fait aux producteurs a légèrement augmenté mais le scandale continue. Le gouvernement évoque sans cesse la contractualisation comme moyen d’organiser et d’apaiser les relations entre producteurs et industriels, mais cette contractualisation dont se gargarise le Ministre revient à la politique du renard dans le poulailler.
Ainsi, par exemple, Lactalis, vient de proposer à un groupement de producteurs du Calvados un contrat sur 5 ans, mais sans prix indicatif. Les producteurs sont prévenus le 25 du mois du prix qui leur sera accordé le mois suivant. Les groupements de producteurs ont bien sûr refusé cette nouvelle relation de serf à seigneur. Alors Lactalis a commencé à menacer de ne plus collecter les plus petits producteurs qui n’ont bien entendu pas la possibilité de s’adresser à un autre collecteur de lait.
Et pendant ce temps, Bruno Lemaire continue ses belles proclamations à l’Assemblée Nationale sur le rééquilibrage nécessaire entre éleveurs et industriels.
Le résultat est là : les éleveurs disparaissent les uns après les autres. La France va bientôt être déficitaire en lait et les industriels nous expliqueront qu’il est préférable de délocaliser la production de yaourts ou de fromages en Roumanie ou en Pologne plutôt que de faire circuler des camions citernes de lait à travers l’Europe.
Une autre politique est bien sûr possible : maintient des quotas, pays par pays, fixation d’un prix interprofessionnel garanti et surveillance du secteur pour éviter la constitution d’un monopole privé. Face à ce véritable retour de l’Ancien régime, orchestré par Bruxelles avec la résignation complaisante de l’UMP et du PS, il y a urgence à agir : pour moi la cause est entendue, c’est la République qu’il faut d’urgence restaurer sur ce terrain. Sinon, ce sera la Révolution…
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Marlaga le 19 Nov 2011, 14:11

denim a écrit:Plus de 7000 salariés d'une fabrique de chaussures Adidas, Nike et New Balance du sud de la Chine ont fait grève contre des licenciements et des réductions de salaires. Des dizaines d'ouvriers ont été blessés lorsque la police a tenté de démanteler un barrage installé par les grévistes sur la rue principale de la ville située près de Dongguan, dans la province de Guangdong, a indiqué hier soir dans un communiqué le China Labor Watch (CNW), organisation spécialisée dans la défense des droits de l'homme.

Les salariés de l'usine de Yucheng, près de Huangjiang, se sont mis en grève après le licenciement le mois dernier de 18 de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation, a ajouté CNW dont le siège est à New York. L'un des cadres licenciés a déclaré au China Business News que son départ faisait partie d'un projet de déménagement de la production dans la province de Jiangxi afin de réduire les coûts qui sont plus élevés dans le vaste pôle manufacturier de Dongguan.

Cette grève est la dernière d'une série d'incidents et de mouvements sociaux qui ont éclaté dans le Guangdong, région connue comme le grand atelier du monde qui attirent des dizaines de millions de travailleurs migrants. La suppression de primes de rendement et des heures supplémentaires sont également à l'origine de la colère des ouvriers de l'usine de Yucheng. "Notre salaire de base mensuel n'est que de 1100 yuans (130 euros)" et "nous avons vraiment besoin de faire des heures supplémentaires", a déclaré une ouvrière au Yangcheng Evening. Selon le journal, les interventions des autorités locales pour un maintien des heures supplémentaires, sont restées sans réponse de la part de la direction de l'usine qui est la propriété d'un groupe d'investissement de Taïwan.

arf…nous aussi on est obligé de faire des heures sups.

130 euros comme salaire…le prix de deux paires de pompes ou une paire de pompes ADIDAS ou NIKE.
comme quoi la vie ne tient des fois qu'à un coup d'pompe.


130 euros, c'est encore trop. Le patronat va bientôt demander le rétablissement de l'esclavage pour améliorer la compétitivité économique des entreprises.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 19 Nov 2011, 15:36

non mais l'autre jour à la radio j'ai entendu un représentant du MEDEF dire qu'il faudrait enlever "la durée légale du temps de travail pour plus de flexibilité"…plus de durée légale…plus d'heures sups…en gros,des ouvriers à la carte…jetable quand on en a plus besoin,ils le sont déjà mais là ce serait encore mieux.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 19 Nov 2011, 15:46

silverwitch a écrit:Prix du lait : face au retour de l’Ancien régime, bientôt la Révolution ?

Un article de Nicolas Dupont-Aignan sur son blog

Depuis la suppression en 2008 du prix garanti interprofessionnel du lait, sous la pression de Bruxelles et avalisé par le gouvernement, les producteurs sont à la merci des industriels.
Comment des petits producteurs émiettés peuvent-ils négocier avec des empires qui, dans les faits, ont le monopole de la collecte ?
Bien évidemment dès la fin du prix garanti, ils en ont profité pour baisser le prix d’achat sans pour autant répercuter cette baisse sur le prix final payé par le consommateur.
Un producteur me racontait qu’entre mars et avril 2009, il perdait dans son exploitation de 120 vaches laitières 10 000 € par mois. Il travaillait donc à perte et, au même moment, Lactalis faisait du chantage auprès du Conseil Général du Calvados pour obtenir une subvention de 150 000 € pour une chaîne de production à Bayeux.
D’un côté Lactalis écrase les producteurs, de l’autre il fait financer par des fonds publics une partie de ses investissements.
Depuis, le prix du lait fait aux producteurs a légèrement augmenté mais le scandale continue. Le gouvernement évoque sans cesse la contractualisation comme moyen d’organiser et d’apaiser les relations entre producteurs et industriels, mais cette contractualisation dont se gargarise le Ministre revient à la politique du renard dans le poulailler.
Ainsi, par exemple, Lactalis, vient de proposer à un groupement de producteurs du Calvados un contrat sur 5 ans, mais sans prix indicatif. Les producteurs sont prévenus le 25 du mois du prix qui leur sera accordé le mois suivant. Les groupements de producteurs ont bien sûr refusé cette nouvelle relation de serf à seigneur. Alors Lactalis a commencé à menacer de ne plus collecter les plus petits producteurs qui n’ont bien entendu pas la possibilité de s’adresser à un autre collecteur de lait.
Et pendant ce temps, Bruno Lemaire continue ses belles proclamations à l’Assemblée Nationale sur le rééquilibrage nécessaire entre éleveurs et industriels.
Le résultat est là : les éleveurs disparaissent les uns après les autres. La France va bientôt être déficitaire en lait et les industriels nous expliqueront qu’il est préférable de délocaliser la production de yaourts ou de fromages en Roumanie ou en Pologne plutôt que de faire circuler des camions citernes de lait à travers l’Europe.
Une autre politique est bien sûr possible : maintient des quotas, pays par pays, fixation d’un prix interprofessionnel garanti et surveillance du secteur pour éviter la constitution d’un monopole privé. Face à ce véritable retour de l’Ancien régime, orchestré par Bruxelles avec la résignation complaisante de l’UMP et du PS, il y a urgence à agir : pour moi la cause est entendue, c’est la République qu’il faut d’urgence restaurer sur ce terrain. Sinon, ce sera la Révolution…


mon cousin a laissé tomber "les vaches…le lait…la fromagerie" il s'est mis aux céréales…beaucoup moins de contraintes en plus d'être pris,moins pour un "con",entre les normes franco-européenne qui changent tous les 15 jours,ça suffit comme çà.

qu'est ce qu'il fait maintenant ??? il dooooort et il attend que ça pousse.
Dernière édition par denim le 19 Nov 2011, 15:54, édité 1 fois.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 19 Nov 2011, 15:53

et ça continue…

Le patron d'Adidas, Herbert Hainer, a annoncé dans un entretien à la presse que l'équipementier sportif allemand allait lancer une paire de chaussures à un dollar US (0,74 euro) en Inde, après l'échec de ce projet au Bangladesh. "Nous lançons en Inde une deuxième phase. Là-bas, à la différence du Bangladesh, une production de masse est possible", a indiqué le président du directoire dans l'édition dominicale de Die Welt. "La chaussure sera vendue dans les villages grâce à un réseau. Nous voulons que le projet se finance de lui-même", a-t-il ajouté, sans préciser toutefois quand et dans quelles régions ce lancement aurait lieu.

En 2010, le groupe bavarois, qui affiche une croissance à contre-courant de la conjoncture mondiale, avait annoncé le lancement d'une chaussure à un dollar au Bangladesh. "Malheureusement cela ne s'est pas passé comme on le souhaitait", a expliqué Herbert Hainer. "Nous avons certes vendu 5000 paires lors d'un test de vente mais nous n'avons essuyé que des pertes. La chaussure nous coûte trois dollars à la fabrication", a-t-il détaillé. "En plus, nous avons dû payer 3,5 dollars par paire de chaussures de droits d'importations. Le gouvernement nous a mis plus d'obstacles que nous le souhaitions", a-t-il conclu.

Avec un taux de croissance attendu de près de 9% pour l'année budgétaire 2011, l'Inde dispose d'une classe moyenne en pleine croissance ciblée par les sociétés du monde entier en raison de sa soif de consommation.

impressionnant…pourquoi s'arrêter en si bon chemin.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Fatcap le 19 Nov 2011, 16:03



C'est plutôt le contraire de l'Ancien Régime. Un vrai retour signifierait que les producteurs de lait seraient organisés en corporation et pourraient opposer un front uni aux industriels. Non, là, il s'agit plutôt d'un retour au sources vers la Révolution bourgeoise et la loi Le Chapelier, briser les archaïsmes pour frayer le chemin au Progrès libéral :D.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Brokk Gorimsohn le 19 Nov 2011, 18:08

Ambrose a écrit:Il est excellent ce Nigel Farage !



:o il est très bon.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Hugues le 21 Nov 2011, 17:53

Une lecture très intéressante ... Il y a certes à boire et à manger dedans, mais c'est très enrichissant sur les différents points de vue :

A L'ORIGINE DE LA DETTE PUBLIQUE, UNE LOI DE 73 SUR LA BANQUE DE FRANCE ?
Désaccords d'économistes autour d'une vidéo virale
par Anne-Sophie Jacques
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4470

Dépêchez-vous, elle est librement accessible pour le moment, mais pas jusqu'à la fin du monde.

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 21 Nov 2011, 19:09

ben disons que c'est depuis qu'ils ont laissé l'état français devoir quémander dans les banques privés…merci giscard et autres imbéciles de l'époque.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 23 Nov 2011, 19:39

aaaahhhh…qu'elle est magnifique cette Allemagne…cette Allemagne que les imbéciles qui nous gouvernent prennent comme exemple et pour livre de chevet.

Le fisc allemand veut que des milliers de Belges, qui ont été forcés de travailler en Allemagne nazie pendant la deuxième guerre mondiale, paient des impôts sur leur pension, ont annoncé samedi les journaux Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg. Le service fédéral belge des pensions a déjà reçu des dizaines de plaintes d'anciens travailleurs forcés belges ou de leurs proches.
Le parlement allemand a approuvé, en automne 2010, une loi fixant à 17 pc le taux d'imposition sur les pensions des travailleurs forcés. Cette demande d'impôts est rétroactive et a été calculée pour les pensions perçues à partir de 2005. Des anciens travailleurs forcés belges des années quarante ou leur veuve ont reçu, dans le courant des dernières semaines, une lettre d'un bureau de taxation de l'état allemand de Brandenburg les informant qu'ils devaient payer ces impôts. Il s'agit souvent de plusieurs centaines d'euros. Le ministère belge des Finances dit ne rien pouvoir faire pour ces personnes. (GEL)

qu'est ce que c'est magnifique l'Europe…qu'ils se dépêchent quand même car des anciens y en a de moins en moins.
putain c'est pitoyable.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Waddle le 24 Nov 2011, 12:14

Le jeu dangereux de la Banque Centrale Européenne

Alexandre Delaigue mardi 22 novembre 2011 14:43
http://econoclaste.org.free.fr/dotclear ... europeenne

On assiste depuis peu à un véritable concert, de toute part, demandant à la BCE d'intervenir pour soutenir les dettes publiques des pays de la zone euro, et déplorant qu'elle ne le fasse qu'à doses homéopathiques, sans calmer la panique des marchés. J'ai participé au concert. Pourquoi ne le fait-elle pas? L'explication la plus souvent rencontrée consiste à reprocher aux dirigeants de la BCE leur jusqu'au boutisme idéologique : la BCE serait un repaire d'idéologues romantiques, qui préfèrent un champ de ruines à déroger à leurs principes, hérités de la phobie allemande pour l'inflation. Cette explication est tout à fait plausible.

Mais on peut en trouver une autre : la BCE agit en fait de façon tout à fait rationnelle. Pour le comprendre, il faut absolument lire ces deux articles de Jacob Kirkegaard (premier, deuxième).

Pour comprendre le comportement de la BCE, il faut commencer par oublier la macroéconomie et l'analyse standard de la politique monétaire et des banques centrales. Il faut par contre utiliser la théorie des jeux et la stratégie : Schelling et Liddel Hart, plutôt que le modèle IS-LM. La macroéconomie considère la banque centrale comme un acteur technique, qui agit sur la conjoncture (inflation, croissance, chômage) à l'aide d'instruments plus ou moins bien maitrisés.

On ne peut comprendre l'action de la BCE qu'en comprenant qu'elle agit en acteur politique, et pas en agent technique. C'est de ce point de vue une banque centrale sans équivalent ailleurs. Une banque centrale normale agirait en fonction de la conjoncture, avec une politique expansionniste en cas de récession, voire en se comportant en prêteur en dernier ressort; pas la BCE. Elle est aujourd'hui engagée dans un bras de fer avec les gouvernements nationaux, dont l'enjeu est l'architecture institutionnelle de la zone euro à l'avenir. Dans ce but, elle mène une stratégie du bord du gouffre : s'approcher de la catastrophe pour obtenir ce qu'elle veut.

Le cas de l'Italie est exemplaire. En aout, Trichet a envoyé une lettre à Berlusconi indiquant la liste des réformes à accomplir pour "restaurer la confiance des investisseurs". Sous la pression d'une hausse des taux d'intérêts sur la dette publique, le gouvernement italien a entrepris certaines de ces réformes, et la BCE a dans un premier temps mené des interventions sur la dette italienne pour calmer les marchés. Mais dès que les intérêts sur la dette italienne ont cessé de monter, Berlusconi a cessé de pousser les réformes au parlement; les interventions de la BCE se sont aussitôt ralenties. Les taux italiens se sont remis à augmenter de plus belle, jusqu'à ce que Berlusconi soit contraint à la démission. Si la BCE avait annoncé qu'elle ferait tout pour soutenir la dette italienne, Berlusconi serait encore au pouvoir. Berlusconi a d'ailleurs bien compris qui l'a fait déguerpir.

Pour tout le monde, en ce moment, l'Europe est sous la dictature des marchés, de leurs attaques spéculatives qui obligent à mettre des séides de la pieuvre Goldman Sachs aux commandes. Mais plutôt que se focaliser sur le méchant commode de service, quitte à déformer la réalité (Papademos n'a jamais travaillé pour GS, contrairement à ce qu'on lit partout) on ferait mieux de constater que Draghi, Monti, et Papademos, sont avant tout des technocrates européens...

Ce ne sont pas les marchés qui imposent leur loi : ils ne sont que l'instrument de la BCE. Ce que les investisseurs veulent est facile à voir, la presse financière (notamment anglo-saxonne) est très claire; ils veulent que la BCE soutienne les dettes publiques et le système financier en jouant les prêteurs en dernier ressort, comme l'a fait la Fed au moment de la crise des subprimes. Les fluctuations de l'euro, les inquiétudes sur les dettes publiques, sont autant d'occasion pour les investisseurs de subir des pertes et des appels de marge. Si l'Europe était vraiment inféodée aux marchés, la politique de la BCE serait celle du soutien inconditionnel et sans failles aux dettes publiques. MF Global en a récemment fait les frais.

La BCE pourrait arrêter la panique des marchés en un instant, en imposant un plancher inconditionnel aux dettes publiques, mais ne le fait pas : elle n'accordera son soutien que lorsque que ses demandes d'action de la part des gouvernements européens auront suffisamment de chances d'être satisfaites. C'est à dire, une intégration européenne fédérale faite à ses conditions, et une perte drastique d'autonomie des gouvernements nationaux. Dans la stratégie de Liddel Hart, la guerre a pour objectif une paix satisfaisante. C'est exactement ce que fait la BCE : elle maintient la pression des marchés, juste assez pour que les gouvernements nationaux n'aient pas d'autre choix que de redresser leurs finances en menant les plans d'austérité et les réformes économiques souhaitées. Réforme du marché du travail en Espagne, de la rémunération de la fonction publique au Portugal, programme de Monti en Italie.

Et maintenant, c'est la France qui est dans le collimateur. Précisément, c'est la conception gaulliste de l'Europe, défendue par Chirac puis Sarkozy: celle d'une Europe gouvernée par les chefs d'Etat, au premier rang desquels, bien évidemment, la France. Depuis deux semaines, les taux de la dette publique française explosent, au point que les menaces sur le triple A français se font de plus en plus précises : de fait, la France n'emprunte plus aujourd'hui aux conditions d'un pays AAA, et le cours des CDS sur sa dette correspondent à une note largement inférieure. La tactique est simple : instrumentaliser la pression des marchés jusqu'au point ou, pour éviter de trop creuser l'écart avec l'Allemagne, les français seront obligés de céder et d'accepter un immense abandon de souveraineté, un contrôle strict de l'Europe sur le budget et les politiques nationales. La France sera alors un peu plus allemande, bien moins souveraine, et l'Europe plus fédérale.

Entretemps, on peut s'attendre à lire des pressions de toute part. Des dirigeants français demandant des efforts à la BCE, voire des rumeurs de désaccords entre ses dirigeants; des articles de la presse financière appelant la BCE à la rescousse du système financier; et des articles sur l'irrationalité des dirigeants de la BCE. C'est oublier que dans la stratégie du bord du gouffre, c'est celui qui apparaît le moins rationnel qui gagne. La rigidité idéologique apparente de la BCE prend tout son sens dans cette perspective.

Ce n'est pas la première fois que l'on voit une banque centrale faire de la politique. La dernière fois, c'était en 1993, au moment des attaques sur le système monétaire européen. A l'époque, Trichet avait défendu la parité franc-mark au prix du plus fort taux de chômage depuis la seconde guerre mondiale. Et la Bundesbank avait soigneusement choisi ceux qu'elle aidait, et ceux qu'elle laissait tomber (au premier rang, la livre sterling).

Il y a énormément de raison de redouter cette stratégie. Tout d'abord, elle se fait sur le dos des populations européennes. Le cas le plus tragique est celui de l'Espagne, dont le gouvernement a fait presque tout ce qu'on lui a demandé, subi malgré tout un taux de chômage effarant (pratiquement 50% de chômage des jeunes), et perdu les élections au profit de partisans de l'austérité budgétaire encore plus zélés. Surtout, cela revient à imposer de force l'intégration fédérale européenne, aux conditions de la BCE, par le chantage : c'est cela ou le chaos. Il se peut que le coût de cette politique finisse par apparaître tellement élevé que la tentation de quitter la zone euro soit la plus forte, parce que l'austérité qui restaure la croissance, ça ne fonctionne pas; même si cela fonctionne, cela revient à imposer le mariage à deux adolescents parce que la jeune fille est tombée enceinte. Ce genre de mariage est rarement heureux, et le ressentiment des populations européennes pourrait devenir explosif. L'exercice d'un tel pouvoir par la BCE est totalement antidémocratique.

Et la stratégie consistant à instrumentaliser la pression des marchés pour atteindre des objectifs politiques est très dangereuse : il se peut que ceux-ci surréagissent, finissent par ignorer toutes les actions des gouvernements, provoquant l'explosion du système bancaire et financier européen. On en détecte les premisses. Et en attendant, le coût social de cette stratégie est particulièrement élevé. S'il faut lire les stratèges militaires pour comprendre la BCE, on peut se dire, avec Clausewitz, que la montée aux extrêmes n'est jamais loin.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Ghinzani le 24 Nov 2011, 12:30

denim a écrit:et ça continue…

Le patron d'Adidas, Herbert Hainer, a annoncé dans un entretien à la presse que l'équipementier sportif allemand allait lancer une paire de chaussures à un dollar US (0,74 euro) en Inde, après l'échec de ce projet au Bangladesh. "Nous lançons en Inde une deuxième phase. Là-bas, à la différence du Bangladesh, une production de masse est possible", a indiqué le président du directoire dans l'édition dominicale de Die Welt. "La chaussure sera vendue dans les villages grâce à un réseau. Nous voulons que le projet se finance de lui-même", a-t-il ajouté, sans préciser toutefois quand et dans quelles régions ce lancement aurait lieu.

En 2010, le groupe bavarois, qui affiche une croissance à contre-courant de la conjoncture mondiale, avait annoncé le lancement d'une chaussure à un dollar au Bangladesh. "Malheureusement cela ne s'est pas passé comme on le souhaitait", a expliqué Herbert Hainer. "Nous avons certes vendu 5000 paires lors d'un test de vente mais nous n'avons essuyé que des pertes. La chaussure nous coûte trois dollars à la fabrication", a-t-il détaillé. "En plus, nous avons dû payer 3,5 dollars par paire de chaussures de droits d'importations. Le gouvernement nous a mis plus d'obstacles que nous le souhaitions", a-t-il conclu.

Avec un taux de croissance attendu de près de 9% pour l'année budgétaire 2011, l'Inde dispose d'une classe moyenne en pleine croissance ciblée par les sociétés du monde entier en raison de sa soif de consommation.

impressionnant…pourquoi s'arrêter en si bon chemin.


Qu'est-ce-qui t'étonne, sérieusement?
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Silverwitch le 24 Nov 2011, 12:34

Les inégalités de patrimoine se sont creusées depuis 2004

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C'est plus une confirmation qu'une révélation : les inégalités de patrimoine se sont accrues entre 2004 et 2010, et surtout par le haut, autrement dit par l'enrichissement des plus riches. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l'établit dans sa nouvelle enquête sur le patrimoine des ménages, étendue pour la première fois aux départements d'outre-mer, dont les résultats ont été rendus publics jeudi 24 novembre.
En 2010, le patrimoine brut, c'est-à-dire l'ensemble des actifs détenus par un ménage (biens immobiliers, professionnels, patrimoine financier mais aussi matériel...), détenu par les 10 % les mieux dotés est en moyenne 35 fois plus élevé que celui dont disposent les 50 % de ménages les moins dotés. Ce rapport était de 32 en 2004. Comme les économistes Thomas Piketty et Camille Landais l'ont constaté pour les hauts revenus, les inégalités de patrimoine se creusent par le haut, tirées par les ménages les plus fortunés. L'indice de Gini, qui est une mesure du degré de disparité des patrimoines pour une population donnée, a augmenté de 1,4 % entre 2004 et 2010 mais de 13,9 % pour la population des plus riches, alors même qu'une partie de la période observée par l'Insee correspond à la crise.



LES 10 % LES PLUS DOTÉS POSSÈDENT 48 % DU PATRIMOINE GLOBAL

Quelques chiffres donnent la mesure de la situation. Début 2010, la moitié des ménages vivant en France déclarent plus de 150 200 euros de patrimoine brut global. Les 10 % de ménages les plus fortunés possèdent au minimum 552 300 euros d'actifs, alors que les 10 % les plus modestes détiennent au maximum 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Ces inégalités sont beaucoup plus marquées que celles des revenus. Collectivement, les 10 % de ménages les mieux dotés concentrent 48 % de la masse totale de patrimoine brut, les 1 % les mieux dotés en détenant même 17 %, contre seulement 7 % à la moitié des ménages les moins dotés.

Le montant du patrimoine, brut comme net (une fois déduite la charge des remboursements d'emprunts), croît jusqu'à l'âge de 70 ans avant de décroître ensuite. Toutefois, prévient l'Insee, les effets liés à l'âge "sont difficiles à estimer précisément car les niveaux moyens de patrimoine résultent de contextes économiques qui ont différé d'une génération à l'autre". Les Trente Glorieuses n'ayant pas grand-chose à voir, par exemple, avec les années 1990. Au-delà de ces effets, les logiques d'accumulation patrimoniale et d'épargne diffèrent nettement entre salariés et indépendants en activité, elles s'estompent avec la retraite. Entre salariés en activité, les disparités patrimoniales selon la catégorie socioprofessionnelle sont très marquées : le patrimoine médian des cadres est 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.

Acheter un bien immobilier, a fortiori sa résidence principale, est une étape importante dans la constitution d'un patrimoine. Ainsi les ménages propriétaires de leur résidence principale détiennent un patrimoine brut moyen 8,3 fois plus élevé que celui des locataires et des ménages logés gratuitement.

C'est parmi la frange la plus riche de cette France des propriétaires que se trouvent les redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont le rendement s'est envolé avec le boom immobilier.

LES HAUTS PATRIMOINES SE PORTENT TRÈS BIEN

Cette année encore, comme l'ont révélé Les Echos du 21 novembre, l'ISF, même avec 300 000 redevables en moins – ceux qui étaient imposés à la première tranche supprimée en juin – devrait rapporter 4,2 milliards d'euros, soit 10% de plus que ce que le gouvernement prévoyait. Bercy y voit notamment le fruit de sa politique de lutte contre l'évasion fiscale.

Malgré la crise, les hauts patrimoines se portent très bien en France et restent détenus par une minorité d'héritiers, une concentration amplifiée par les allégements fiscaux sur les successions et que la suppression de l'impôt sur la fortune devrait encore aggraver.

Selon l'enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques, diffusée jeudi, les inégalités entre Français en matière de patrimoine se sont fortement accrues entre 2004 et 2010. L'écart entre les 10 % de ménages les plus pauvrement dotés et les 10 % de ménages les plus riches a augmenté de plus de 30 % au cours de la période. Quand les 10 % les mieux lotis possèdent au moins 550 000 euros de patrimoine, les 10 % les moins bien lotis n'ont pas plus de 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Quant au 1 % des ménages les plus riches, ils détiennent chacun 1,8 million d'euros d'avoirs financiers, immobiliers ou professionnels. "Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus", reconnaît l'Insee, le revenu disponible des 10 % des ménages les plus modestes étant 4,2 fois moins élevé que celui des 10 % les plus aisés.

"LE PROBLÈME N'EST PAS SON NIVEAU, MAIS SA RÉPARTITION"

Pour Thomas Piketty, spécialiste de la fiscalité et des hauts revenus, cette enquête confirme que "les patrimoines se portent très bien. Il faut revenir à la Belle Epoque pour trouver un niveau aussi élevé". Le patrimoine global des ménages s'élève à près de 10 000 milliards d'euros. Aux yeux de cet économiste proche du Parti socialiste, "le problème n'est pas son niveau, mais sa répartition".

Ainsi, les 10 % les plus riches possèdent à eux seuls la moitié du patrimoine total et ont en moyenne plus de 1 million d'euros chacun. A l'inverse, les 50 % les plus pauvres ont en moyenne 30 000 euros, ce qui correspond à une "voiture et deux, trois mois d'avance sur leur compte en banque". Et s'ils sont propriétaires de leur appartement, ils ont contracté un emprunt, si bien que leur patrimoine net est très faible. Autre enseignement de l'enquête : "Il n'y pas de fuite des patrimoines importants hors de France", souligne M. Piketty.

Une étude récente de la banque Crédit Suisse a d'ailleurs montré que la France comptait plus de millionnaires que n'importe quel pays européen. Pour Thibault Gajdos, du CNRS, cette enquête illustre le rôle déterminant de l'héritage dans la constitution du patrimoine. Ainsi, le patrimoine médian des ménages héritiers est de 241 300 euros, contre 63 100 euros pour les non-héritiers.

A ses yeux, ce n'est donc pas la hausse des prix de l'immobilier qui est responsable de cette "dérive des inégalités", mais "la simple transmission du patrimoine" opposant les héritiers, qui ont pu accéder à la propriété, à ceux qui ne disposent pas d'un patrimoine initial. En outre, relève-t-il, du fait du vieillissement de la population, "on hérite plus vieux". L'héritage ne bénéficie pas à ceux qui en auraient le plus besoin. L'écart entre le patrimoine des 20-29 ans et celui des 60-69 ans est de 1 à 10.



C'est moi qui souligne. L'enquête de l'INSEE:

Les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Tarod le 24 Nov 2011, 14:46

L' an dernier j'avais vu cet excellent discours d'un sénateur américain sur l'accroissement des inégalités du patrimoine et sur le fait de continuer d'alléger les impôts sur les plus riches (version sous titrée):
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Hugues le 24 Nov 2011, 15:59

Vient d'être annoncé à Strasbourg un prochain traité, qui soumettra la politique économique et budgétaire des pays à la validation technocratique.

Autrement dit, la démocratie s'éteint un peu plus, la dictature s'impose un peu plus. Pour quoi que vous votiez, la même politique (la politique économique est la seule qui importe vraiment) sera menée. C'était déjà le cas par idéologie. Désormais ce sera scellé.

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Hugues le 24 Nov 2011, 16:04

Tarod a écrit:L' an dernier j'avais vu cet excellent discours d'un sénateur américain sur l'accroissement des inégalités du patrimoine et sur le fait de continuer d'alléger les impôts sur les plus riches (version sous titrée)


"D'un sénateur américain" dis-tu...

Du seul et unique élu socialiste de l'histoire du Congrès !

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Waddle le 24 Nov 2011, 16:04

Hugues a écrit:Vient d'être annoncé à Strasbourg un prochain traité, qui soumettra la politique économique et budgétaire des pays à la validation technocratique.

Autrement dit, la démocratie s'éteint un peu plus, la dictature s'impose un peu plus. Pour quoi que vous votiez, la même politique (la politique économique est la seule qui importe vraiment) sera menée. C'était déjà le cas par idéologie. Désormais ce sera scellé.

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Stéphane le 24 Nov 2011, 16:05

Hugues a écrit:Vient d'être annoncé à Strasbourg un prochain traité, qui soumettra la politique économique et budgétaire des pays à la validation technocratique.

Autrement dit, la démocratie s'éteint un peu plus, la dictature s'impose un peu plus. Pour quoi que vous votiez, la même politique (la politique économique est la seule qui importe vraiment) sera menée. C'était déjà le cas par idéologie. Désormais ce sera scellé.

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Il vont peut-être pas le voter, le traité, aussi.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Hugues le 24 Nov 2011, 16:12

La seule dépêche actuellement disponible
Dow Jones Newswire via Zonebourse.com a écrit:Sarkozy, Merket et Monti affichent leur détermination à sauver l'euro

PARIS -(Dow Jones)-- Réunis jeudi à Strasbourg, les dirigeants français et allemand, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ont affiché leur confiance envers le nouveau président du Conseil italien, Mario Monti, également présent à ce sommet tripartite.

Le président français a, à cette occasion, fait part de "la détermination des trois plus grandes économies de la zone euro à garantir la pérennité" de la monnaie unique.

Nicolas Sarkozy a ajouté que Paris, Berlin comme Rome faisaient confiance à la Banque centrale européenne (BCE) "et à ses dirigeants". Le président français a annoncé que les trois dirigeants allaient proposer une réforme commune du traité européen avant le 9 décembre. Mais la chancelière allemande a déclaré que ces "modifications éventuelles du traité ne concerneront pas la BCE".

Si Angela Merkel a fait un pas en direction "d'une union fiscale" pour laquelle plaide Paris, la dirigeante a réitéré à trois reprises que la banque centrale devait demeurer "indépendante". Elle a aussi réitéré sa farouche opposition aux euro-obligations qui réduiraient, selon elle, l'écart des taux de rendement des dettes souveraines, sans tenir compte des fondamentaux économiques de chaque pays, "ce qui ne constituerait pas un bon signal".


Si officiellement nul mot sur le contenu du traité, officieusement auprès des journalistes spécialisés, son contenu est déjà connu, c'est ce que j'ai résumé plus haut.

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Ghinzani le 24 Nov 2011, 16:51

Stéphane a écrit:
Hugues a écrit:Vient d'être annoncé à Strasbourg un prochain traité, qui soumettra la politique économique et budgétaire des pays à la validation technocratique.

Autrement dit, la démocratie s'éteint un peu plus, la dictature s'impose un peu plus. Pour quoi que vous votiez, la même politique (la politique économique est la seule qui importe vraiment) sera menée. C'était déjà le cas par idéologie. Désormais ce sera scellé.

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Il vont peut-être pas le voter, le traité, aussi.

Je ne pense pas dans la situation actuelle que le choix soit possible.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 24 Nov 2011, 17:17

Le demi-frère du Président de la République, Olivier Sarkozy, financier et dirigeant de Carlyle, a annoncé sur CNBC mercredi matin des jours très sombres pour la zone euro.

Pour lui, le point de non-retour est plus proche que ce l’on peut l’imaginer. Il n’est pas surprenant, selon lui que l’Allemagne commence à voir sa dette moins intéresser. Les dettes souveraines représentent certes un problème mais à ses yeux ce n’est pas le plus important. Il s’inquiète plutôt des difficultés de financement des banques européennes.

Olivier Sarkozy appelle donc de ses vœux un plan à plusieurs milliards de dollars sur le modèle du plan américain « Tarp » (Troubled Asset Relief Program) , aussi connu sous le nom de “plan Paulson”, mis en place après la crise de 2008 pour sauver les banques.

hé olivier ??? va te faire mettre toi et tes banques,ducon…ton plan Paulson tu te le fous dans l'fion gros nase.




YOUPIIIIIIIII !!!! ON VA RETROUVER NOS FRANCS…VOAAAAIIII…LALALALALALALALALAAAAA.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Fatcap le 24 Nov 2011, 17:25

silverwitch a écrit:C'est moi qui souligne. L'enquête de l'INSEE:

Les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010


Excellent article. Mais la méthodologie m'étonne : ils ne calculent pas la valeur nette des patrimoines, mais la valeur brute ? Pour moi seule la valeur nette devrait être prise en compte, en soldant avec les emprunts en cours.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 24 Nov 2011, 17:29

aaaah le bon billet de 100 francs…
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aaahhh la bonne vieille 4L…

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aaahhhh la bonne vieille R12 GORDINI…

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aaaah le bon vieux temps...
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Fatcap le 24 Nov 2011, 17:31

Olivier Carlyle fait une simple règle de trois, et arrive à la conclusion que la BCE doit créer plus de 2 trillions d'euros, qui à la différence de maintenant ne seraient pas stérilisés. Monétisation maximale donc, la BCE se transformerait en prêteur de dernier recours. C'est ce qui se joue en ce moment et les pressions des deux côtés sont immenses. Grosso modo il y a le camp des PIIGS et de la haute finance anglo-saxonne, qui souhaiteraient voir la BCE s'aligner sur la Fed, la banque du Japon et la banque d'Angleterre, et il y a l'Allemagne, et Merkel. Dont la résistance est d'ailleurs tout à fait étonnante, puisqu'elle est censée obéir elle aussi à ses maîtres anglo-saxons. Il doit s'agir là d'une manoeuvre tactique. Si on poursuit sur la trajectoire actuelle, l'Espagne, l'Italie, la Belgique et la France vont se retrouver à secs du marché obligataire dans quelques semaines et donc en crise aigüe. Je ne peux pas imaginer que, dans les semaines à venir, Merkel et la BCE ne vont pas capituler et déclarer qu'ils rachètent la dette des PIIGS sans contrepartie et en quantité illimitée.

Bien sûr, cela va être un peu difficile à expliquer aux électeurs allemands...
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Cortese le 24 Nov 2011, 18:45

Fatcap a écrit:Je ne peux pas imaginer que, dans les semaines à venir, Merkel et la BCE ne vont pas capituler et déclarer qu'ils rachètent la dette des PIIGS sans contrepartie et en quantité illimitée.

Bien sûr, cela va être un peu difficile à expliquer aux électeurs allemands...


S'ils ont entendu le discours de Nigel Farrage ("on ne s'est pas battus militairement pour vaincre l'Allemagne pour finalement la voir dominer quand même l'Europe") je crois qu'ils vont être très réticents.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Hugues le 24 Nov 2011, 20:01

Hugues a écrit:Vient d'être annoncé à Strasbourg un prochain traité, qui soumettra la politique économique et budgétaire des pays à la validation technocratique.

Autrement dit, la démocratie s'éteint un peu plus, la dictature s'impose un peu plus. Pour quoi que vous votiez, la même politique (la politique économique est la seule qui importe vraiment) sera menée. C'était déjà le cas par idéologie. Désormais ce sera scellé.

Hugues



Même analyse :

France 3 Midi-Pyrénées a écrit:Jean-Pierre Chevènement à Toulouse

Le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le nouveau chef du gouvernement italien Mario Monti "vont aborder la question du fédéralisme budgétaire purement coercitif, avec plafond de ressources, plancher de recettes, avertissements, amendes, traduction devant la cour de justice", a dit M. Chevènement à la presse lors d'une visite à Toulouse.
"Personnellement, je combattrai cette conception d'un fédéralisme qui n'a rien de redistributeur, qui est un fédéralisme qui débouche sur un espace disciplinaire", a-t-il ajouté.
M. Monti n'est en fait qu'un "gouverneur" que "M. Sarkozy et Mme Merkel se proposaient même d'aller installer", a dit M. Chevènement.
"Nous entrons dans un espace disciplinaire (..) où notre budget est fait à Bruxelles", a-t-il dit, en posant la question: "Qu'est-ce que c'est qu'une démocratie où le Parlement ne vote plus le budget?"

La vidéo liée (qui aborde d'autres questions):
http://midi-pyrenees.france3.fr/info/je ... let=videos
ou lien direct:
mms://a988.v101995.c10199.e.vm.akamaist ... 000RPD.wmv

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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 24 Nov 2011, 20:49

donc pour résumer…vue que ce sera Bruxelles qui tiendra les manettes et bien que l'on vire tous nos ministres et autre président qui en fin de compte ne servent et ne serviront à plus rien…déjà que là ils sont aux abonnés absents on en verra pas la différence.

putain on va en faire des économies…plus de ministres aux multiples fonctions qui en fin de compte s'y perdent eux mêmes…plus de sénateurs coulant tel des fromages sur les bancs de l'assemblée…de députés sans pouvoirs…plus de président qui sert de potiche ou de tapisserie…et leurs chauffeurs…et leur secrétaire et autres sous secrétaires.

punaise en 1 an notre "dette" est réduite de moitié…voir plus.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede sccc le 24 Nov 2011, 22:13

Ce qui t'attend mon cher denim, c'est ça:



:D
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 15:49

sccc a écrit:Ce qui t'attend mon cher denim, c'est ça:



:D


j'ai tout viré au Lichtenstein…nananéreuuuu !!! :P :D
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 16:00

"Les taux d'intérêt que paie le Royaume-Uni pour financer sa dette sont désormais inférieurs à ceux que paie l'Allemagne, pourtant le meilleur élève de la zone euro" :haha:

et oui…l'Angleterre peut battre monnaie,elle.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Ambrose le 25 Nov 2011, 16:07

Si même les Allemands se retrouvent cocus avec un monnaie faite sur mesure pour eux, on peut penser que la blague ne durera plus très longtemps.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 16:41

t'en fais pas Ambrose…notre Tintin national va régler tout çà. :D

Le gouvernement espagnol a annoncé aujourd'hui qu'il attribuait au président français Nicolas Sarkozy "le collier de l'ordre de la TOISON D'OR" pour sa collaboration dans la lutte contre le groupe basque armé ETA, qui a décidé il y a un mois de renoncer à la violence.

Cette décoration salue "sa coopération et son engagement dans la lutte contre le terrorisme", a expliqué à la presse le porte-parole du gouvernement, José Blanco, à l'issue du Conseil des ministres. L'ordre de la toison d'or remonte à 1430 et est présidé par le roi d'Espagne, Juan Carlos.

Très affaiblie après de nombreuses arrestations de ses militants en Espagne et en France, l'ETA, déclarée organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes. Son dernier attentat sur le sol espagnol remonte à août 2009.

Le 20 octobre, dans une annonce historique, le groupe a déclaré renoncer à la lutte armée, après plus de 40 ans de violences. Il a franchi un nouveau pas le 10 novembre en se disant prêt à s'engager sur la voie du désarmement.


NICOLAS…ALIAS TINTIN ET LA TOISON D'OR !!!! MOOOOUUUAAAAAAAHHHHHH !!!!

mais qui sont "cons" ces espagnols…ils ont 40 millions de chômeurs et ils pensent à décorer nicolas…la Castafiore c'est qui,angéla Merkel ???
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 17:14

ah…des eurobonds ???
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede sheon le 25 Nov 2011, 17:16

C'est pas plutôt sa femme qui a une toison d'or ?
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Silverwitch le 25 Nov 2011, 17:24

L'Allemagne, le meilleur ennemi de l'euro

Euroland : un monde en crise perpétuelle ?

Si la crise de l’euro semble ne plus en finir, c’est peut-être parce qu’elle dure en réalité depuis plus de vingt ans.
En 1993, ce qu’on appelait alors le système monétaire européen (SME) et que l’on peut à juste titre considérer comme un ancêtre très proche de l’euro, explosait avec son lot (devenu cruellement familier) de déchirements politiques.

Le 5 septembre 1992, lors d’un sommet européen à Bath, dont l’ambition était d’enrayer les attaques spéculatives sur les monnaies européennes, Otto Schlesinger, président de la Bundesbank, déclarait au ministre britannique des finances Norman Lamont :
« Mon cher Norman, vous nous avez posé la même question quatre fois, et quatre fois nous avons donné la même réponse. Nous n’avons plus de temps à perdre. Donc si vous la posez de nouveau, nous irons prendre notre hélicoptère »(*).
Cette déclaration ne répondait pas tant à une question qu’à une supplication désespérée, visant à ce que la banque fédérale allemande finisse par rabaisser son taux directeur.

A la suite de l’absorption de la RDA, l’Allemagne s’était retrouvée confrontée à certaines tensions inflationnistes qui avaient conduit la Bundesbank, en vertu de son mandat anti-inflationniste, à relever fortement ses taux d’intérêt, de presque 3% en 1991 et 1992. En effet, en vue de faciliter l’intégration de l’Est, le gouvernement fédéral avait engagé des dépenses qui avaient fait passer son déficit budgétaire de 5% à plus de 13% du PIB. Ces transferts (qui au total représentaient la moitié de l’épargne ouest-allemande) s’étaient traduits par une demande importante et nouvelle des Allemands de l’Est, d’autant plus que leurs ostmarks furent globalement convertis en deutschemarks à un taux de un pour un, trop généreux (et qui allait entraîner la dévastation du tissu industriel est-allemand).

Au-delà de sa dimension nationale, cette politique engageait l’ensemble des pays du système monétaire, qui étaient tenus de maintenir quasiment fixe le taux change entre leur monnaie et le deutschemark, et donc, en l’occurrence, à augmenter également leur taux d’intérêt. Hélas, on se trouvait alors dans une phase de récession mondiale. En particulier, le Royaume-Uni faisait face à sa pire récession d’après-guerre, avec un chômage à plus de 10%.
Dès lors, les marchés ne s’y trompèrent pas en estimant que ces divergences et l’incohérence du système dans cette phase allait leur permettre de le faire exploser. C’est l’histoire du milliard de dollars et de la renommée mondiale de George Soros qui, défiant la Banque d’Angleterre, s’endetta massivement en livres sterling pour les changer aussi massivement et ne les rembourser qu’après la chute de la devise, à laquelle il aura – modestement – contribué.

Les banques centrales et les trésors des pays attaquées se lancèrent dans une lutte désespérée, pour l’honneur monétaire pourrait-on dire, prêtes à épuiser leurs réserves et à offrir des taux d’intérêt de court terme astronomiques. Les mesures tardives ne suffirent pas et le 1er août 1993, on annonçait officiellement la fin du SME, remplacé par un système dont on peinait à percevoir la différence avec celui des changes flottants.

Si la crise de l’euro est, à divers égards, différente de celle qui entraîna l’effondrement du système monétaire européen, elle partage néanmoins avec elle plusieurs traits fondamentaux.

En premier lieu, elle résulte de divergences structurelles entre les économies européennes. Au-delà du simple niveau d’endettement public, les pays les plus ciblés par les marchés (Espagne, Portugal, Grèce, Italie, France) se trouvent tous, en profondeur, dans une situation de déficit des comptes courants qui n’a fait que s’aggraver, dans un contexte où l’ajustement par les taux de change est devenu impossible, par définition. Si les marchés s’attaquent à des pays dont le niveau d’endettement a explosé avec la crise, comme l’Irlande ou l’Espagne, en raison de leurs bulles de croissance artificielle, ils attaquent également un pays comme l’Italie, dont le niveau d’endettement est relativement stable (bien qu’élevé à environ 120% du PIB) et qui, contrairement à la France, génère même des excédents budgétaires primaires (c'est-à-dire en excluant le coût du service de la dette). La spéculation sur l’explosion de l’euro porte donc bien fondamentalement sur la question de la divergence des économies européennes et non sur une simple question de gouvernance budgétaire.

Ce point est très important en ce qu’il indique que de simples mises sous tutelle des gouvernements nationaux ou une harmonisation budgétaire à l’échelle de la zone monétaire seront insuffisants. En l’absence d’ajustement par le taux de change ou d’une déflation salariale d’une ampleur impraticable dans un contexte démocratique, il faudrait en réalité des transferts illimités dans le temps, du cœur de la zone vers les Etats périphériques, pour financer les conséquences budgétaires de cette divergence structurelle. Si tous les Etats européens ont - pour peu que cela soit encore possible - intérêt à sauver l’euro, face au chaos financier que son implosion entraînera, l’Allemagne reste extrêmement réticente, face à ce qu’elle perçoit désormais du coût d’un tel système de transferts dans une dynamique de divergence.

On a tout à fait tort, à ce sujet, de se référer sans cesse au traumatisme de l’hyperinflation de la République de Weimar lorsqu’on tente de comprendre la position allemande sur d’éventuels rachats massifs d’obligations souveraines par la BCE. L’orthodoxie monétaire des banquiers centraux allemands est une réalité mais, au-delà de ce trait évident, la monétisation par la BCE ne serait qu’une option « bazooka » pour tenter de calmer les marchés, à court terme. Sur le long terme, la généralisation de la rigueur, notamment avec un système « d’euro-bonds », ne manquera pas d’engendrer un système de récession généralisée qui ne pourra que nécessiter des transferts budgétaires massifs, en retour.

Que l’on considère l’épisode du SME avec une politique monétaire incompatible avec le système commun ou la déflation salariale pratiquée sous le gouvernement Schröder, il apparait clairement que l’Allemagne garde une conception nationale de la politique économique. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, là n’est pas la question. Il s’agit d’une donnée fondamentale concernant un problème qui ne cesse de faire trébucher l’Union européenne et qui la menace désormais dans son existence même. En ce sens, l’approche de François Mitterrand qui avait consisté à arracher l’accord de Helmut Kohl sur la monnaie unique, en échange du soutien français à la réunification allemande, a été une erreur. Bien que la création de l’euro ait bénéficié à l’Allemagne en sécurisant ses exportations vers ses partenaires européens, le jeu collectif qu’exigeait ce système n’a pas été appliqué.

Alors que la crise atteint son point de non retour, les Etats se retrouvent à nouveau confrontés à des interrogations existentielles quant à leur rôle dans l’Union européenne. C'est-à-dire qu’ils sont enfermés dans le temps long d’une structure complexe et difficilement réformable, alors que les marchés, pris de fièvre, réclament des réponses immédiates. Chaque solution, de court ou long terme, se retrouve bloquée par cette contradiction fondamentale.
Ainsi, le Fonds européen de stabilité financière s’est retrouvé doté d’un montant de 440 milliards d’euros très largement insuffisant au regard du degré de contagion actuel et de la probable dégradation de la note française par les agences de notation.

L’idée de faire du FESF une banque qui pourrait décupler sa force de feu en empruntant auprès le la BCE a également rencontré une forte opposition de l’Allemagne et de la BCE elle-même. On a alors désespérément élaboré une solution, alambiquée, consistant à ce que le fonds assure une part des titres de dette émis par les Etats en difficulté.

Le manque de visibilité et de consensus derrière ces mécanismes complexes ont sapé la confiance des marchés. Si la BCE finissait par s’engager dans des rachats massifs afin de décourager enfin la spéculation sur les dettes européennes, encore faudrait-il que la menace soit crédible, c'est-à-dire que la BCE se déclare prête, pour freiner l’envolée des taux, à des rachats illimités.

Le chaos politique qui entoure les décisions européennes risque non seulement d’empêcher cette tentative de la dernière chance, mais plus encore de saper la crédibilité du mécanisme. Ainsi l’effet de l’intervention n’est pas garanti, dans le contexte de crise existentielle à répétition qui touche l’Union européenne.

Les solutions techniques de court terme existent, pour freiner la contagion. Ce qui les bloque en vérité les unes après les autres, c’est que le modèle de long terme met l’Allemagne dans une situation inextricable, entre ses fondamentaux politiques et la survie de notre système monétaire commun, à laquelle elle a pourtant le plus intérêt.
La restauration d’un système monétaire européen stable nécessitera de ne plus ignorer ni les dynamiques économiques réelles ni les aspirations diverses des peuples européens.

(*) Propos retranscrit par W. Buiter, G. Corsetti et P. Pesenti dans Interpreting the ERM Crisis: Country Specific and Systemic Issues, Princeton Studies in International Finance, mars 1998
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 18:18

AH AH AH AH !!! l'Allemagne qui a l'époque de la conception de l'euro et l'union européenne, avait voulu dicter ce qu'elle voulait…tout le monde disait amen.

en fin de compte elle se tire une balle dans le pied…à vouloir se faire plus grosse qu'un boeuf.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 25 Nov 2011, 18:25

sheon a écrit:C'est pas plutôt sa femme qui a une toison d'or ?


ah non…elle s'épile.

















COCHOOOOOOONNE !!!!
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Fatcap le 27 Nov 2011, 18:03

Article au ton très dramatique du Telegraph. Il semblerait que ce journal soit assez fréquemment utilisé pour retransmettre officieusement les positions du gouvernement britannique, ou pour mettre la pression sur les pays européens, par le biais de fuites bien calculées. Il faut sans doute inscrire cet article dans le cadre des manoeuvres destinées à faire plier l'Allemagne...

http://www.telegraph.co.uk/news/politics/8917077/Prepare-for-riots-in-euro-collapse-Foreign-Office-warns.html

Le Foreign Office conseille de se préparer à des émeutes consécutives à l'effondrement de l'euro

Les ambassades britanniques dans l'eurozone ont reçu l'ordre de préparer un plan pour aider les expatriés britanniques pendant l'implosion de la monnaie unique
(...)
Le Trésor a confirmé plus tôt dans le mois qu'un plan d'urgence en réaction à une implosion est actuellement défini
(...)
Des ministres britanniques avertissent en privé que la dislocation de la zone euro, autrefois considérée comme inimaginable, devient de plus en plus probable.
(...)
Un ministre senior a donné un aperçu de la préoccupation du gouvernement, indiquant que la Grande-Bretagne considère désormais qu'une implosion de l'euro n'est plus qu'une question de temps.
"il est dans notre intérêt qu'ils continuent à jouer la montre, puisque cela nous donne plus de temps pour nous préparer", a dit le ministre au Daily Telegraph.
(...)
De récentes instructions envoyées par le Foreign Office et le Commonwealth Office aux ambassades et consulats demandent l'instauration de plans destinés à répondre à des situations extrêmes, incluant émeutes et troubles sociaux.
(...)
Les diplomates ont également reçu l'ordre de se préparer à aider des dizaines de milliers de citoyens britanniques résidant dans pays de la zone euro à faire face aux conséquences d'un crash financier qui rendrait impossible l'accès à leurs comptes bancaires, voir aux bornes de retrait.


Le Spiegel indique également que plusieurs banquiers très influents, bien que confiants en public, considèrent en privé que l'implosion est inévitable. Pour ma part je ne le crois toujours pas, je pense qu'en ce moment même Merkel est en train de céder, et que la BCE va intervenir massivement, le fameux "bazooka"... Comme d'habitude, ce sera annoncé un lundi après un petit week-end de négociation/chantage/bras de fer.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede sccc le 27 Nov 2011, 20:41

Fatcap a écrit:Article au ton très dramatique du Telegraph. Il semblerait que ce journal soit assez fréquemment utilisé pour retransmettre officieusement les positions du gouvernement britannique, ou pour mettre la pression sur les pays européens, par le biais de fuites bien calculées. Il faut sans doute inscrire cet article dans le cadre des manoeuvres destinées à faire plier l'Allemagne...

http://www.telegraph.co.uk/news/politics/8917077/Prepare-for-riots-in-euro-collapse-Foreign-Office-warns.html

Le Foreign Office conseille de se préparer à des émeutes consécutives à l'effondrement de l'euro

Les ambassades britanniques dans l'eurozone ont reçu l'ordre de préparer un plan pour aider les expatriés britanniques pendant l'implosion de la monnaie unique
(...)
Le Trésor a confirmé plus tôt dans le mois qu'un plan d'urgence en réaction à une implosion est actuellement défini
(...)
Des ministres britanniques avertissent en privé que la dislocation de la zone euro, autrefois considérée comme inimaginable, devient de plus en plus probable.
(...)
Un ministre senior a donné un aperçu de la préoccupation du gouvernement, indiquant que la Grande-Bretagne considère désormais qu'une implosion de l'euro n'est plus qu'une question de temps.
"il est dans notre intérêt qu'ils continuent à jouer la montre, puisque cela nous donne plus de temps pour nous préparer", a dit le ministre au Daily Telegraph.
(...)
De récentes instructions envoyées par le Foreign Office et le Commonwealth Office aux ambassades et consulats demandent l'instauration de plans destinés à répondre à des situations extrêmes, incluant émeutes et troubles sociaux.
(...)
Les diplomates ont également reçu l'ordre de se préparer à aider des dizaines de milliers de citoyens britanniques résidant dans pays de la zone euro à faire face aux conséquences d'un crash financier qui rendrait impossible l'accès à leurs comptes bancaires, voir aux bornes de retrait.


Le Spiegel indique également que plusieurs banquiers très influents, bien que confiants en public, considèrent en privé que l'implosion est inévitable. Pour ma part je ne le crois toujours pas, je pense qu'en ce moment même Merkel est en train de céder, et que la BCE va intervenir massivement, le fameux "bazooka"... Comme d'habitude, ce sera annoncé un lundi après un petit week-end de négociation/chantage/bras de fer.


S'ils considèrent en privé que l'implosion est inévitable et que ça paraît dans la presse, c'est que ce n'est plus en privé. Mais une pression pour faire céder Merkel.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede Fatcap le 27 Nov 2011, 20:55

Je pense aussi, oui. Je crois qu'il est clair pour tout le monde qu'à ce stade, l'EU a épuisé toute sa crédibilité et son potentiel de bluff. Le FESF est mort-né. La Belgique est en train de sombrer ce qui va par effet ricochet saboter le deal Dexia. C'est la BCE et sa planche à billets, ou la faillite en cascade d'au moins cinq pays européens dans le prochain semestre, ou le retour au mark en Allemagne.
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Re: Des causes et des conséquences de la crise économique

Messagede denim le 27 Nov 2011, 21:48

le 24 nobembre 2011, sur la chaine américaine CNBC, Olivier Sarkozy - le demi frère de Nicolas - a déclaré que la zone euro est à moins de trois mois de son effondrement.
Il sait de quoi il parle, étant directeur général et chef du groupe Global Financial Services chez Carlyle.
Lors de son recrutement, le co-fondateur du groupe David Rubinstein déclarait : "Olivier Sarkosy a une carrière et un réseau incroyables, qui aideront Carlyle à capitaliser sur les bouleversements dans le secteur des services financiers et d’étendre notre présence sur cette partie importante et croissante de l’économie mondiale".
C'est vrai qu'avec un frangin Président d'un pays européen et non pas des moindres, il dispose d'un réseau "incroyable".
"qui aideront Carlyle à capitaliser sur les bouleversements...." On n'est jamais mieux trahi que par les siens. Que la fête du dépeçage commence !
Les renards attendent que les fromages tombent...
"quand de-Gaulle ne sera plus là,il sera encore là".
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