La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Messagede sheon le 25 Oct 2011, 14:54

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Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Nuvo le 25 Oct 2011, 15:08

Moi aussi j'aimais beaucoup Bruno Cremer. Avec Philippe Ségin et Bernard-Pierre Donadieu, on a perdu nos "gueules" en peu de temps...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 26 Oct 2011, 00:12

Trois articles assez intéressant dans Le Monde sur Tintin..
Le plus intéressant à mon sens ne concernant que peu le film, le premier ci-dessous, je le recommande particulièrement à Cortese.

Le Monde a écrit:Tintin, presque rien en Amérique

LEMONDE | 25.10.11 | 16h20 • Mis à jour le 25.10.11 | 16h50

Même s'il foule le sol du Nouveau Monde dès 1931 pour le deuxième volet de ses aventures, Tintin en Amérique, le héros créé par Hergé (1907-1983) cherche encore sa place aux Etats-Unis. L'adaptation au cinéma du Secret de la Licorne par Steven Spielberg, le réalisateur qui a accumulé le plus grand nombre de succès de l'histoire d'Hollywood, vise à asseoir le statut du reporter du Petit Vingtième, dont les aventures restent confidentielles outre-Atlantique.

Le Secret de la Licorne sort entre le 26 et le 28 octobre en Europe, mais il n'apparaîtra sur les écrans américains que le 21 décembre, fait rarissime obéissant à une stratégie. Il s'agit de capitaliser sur le succès prévisible du film sur le Vieux Continent, afin de propager un bouche-à-oreille susceptible de gagner un pays où Spielberg est tout, et Tintin presque rien.

Les albums d'Hergé ont beau avoir été traduits dès 1960 aux Etats-Unis, ils n'y ont rencontré qu'un accueil mitigé. "Sorti du public spécialisé, les Américains ne savent pas qui il est", assure Simon Casterman, chargé de l'univers Tintin chez l'éditeur familial. Les chiffres restent édifiants. Il se vend certes 200 000 albums de Tintin chaque année aux Etats-Unis, mais c'est cinq fois moins qu'en France. Depuis 1929, les ventes cumulées montent à 220 millions d'exemplaires dans le monde, dont 4 millions aux Etats-Unis et... 120 millions en France.

Trouver une place dans un pays où l'industrie graphique est dominée par les comics et ses superhéros n'est pas simple. "Hergé a pourtant inspiré les auteurs américains, s'étonne Joe Cornish, coscénariste du film Le Secret de la Licorne avec Steven Moffat et Edgar Wright. Mais il a écrit ses livres sur une très longue période, ce qui est assez unique. Les comics américains sont axés sur les superhéros, souvent dans un univers idéalisé sans contexte historique. En revanche, Tintin traverse l'histoire du XXe siècle, en particulier celle de l'Europe."

Little, Brown and Company, l'éditeur de Tintin aux Etats-Unis, a tenté de contourner la spécificité d'un personnage européen en proposant, à côté des albums reproduits dans leur apparence traditionnelle, une collection grand public de plus petite taille (A5 : 14,8 × 21 cm), proche des fascicules des comics, et regroupant les histoires de Tintin par trois. Profitant de la sortie du film, le même éditeur vient de lancer une autre formule : la réédition de dix albums des aventures de Tintin, toujours en format A5, mais avec des couvertures qui ne sont pas celles que nous connaissons. Jugées trop sophistiquées, celles-ci ont été remplacées par des vignettes grossies tirées des albums et mettant en scène un Tintin "en action".

Dès la fin des années 1940, Hergé comprend que le seul moyen de pénétrer le marché américain est de passer par Hollywood. Il écrit à Walt Disney dans le but de voir le héros à la houppe poursuivre ses aventures sur grand écran : "Je sais (...) que les aventures de Tintin et de ses compagnons se déroulent sur un plan réaliste, tandis que vos personnages évoluent en général - délicieusement d'ailleurs - dans un monde féerique ou poétique. Je me demande si ce n'est pas précisément à cause de cela qu'il y aurait moyen de tirer parti de ces différences." Hergé glisse sept albums dans son colis, qui lui reviennent par courrier deux mois plus tard...

Le père de Tintin ne se fait d'ailleurs aucune illusion sur le traitement infligé à son héros par les producteurs hollywoodiens. A la fin des années 1950, Hergé et le studio d'animation Belvision, une structure créée au sein des Editions du Lombard afin de donner vie aux personnages maison (Bob et Bobette, Chlorophylle, Dan Cooper...), se tournent vers l'Amérique. Le producteur Larry Harmon, fort du succès de Bozo le clown, est contacté. Avant même que ne soient tournées les premières images, Hergé le met en garde dans une lettre : "Je vous demande, my dear Larry, de ne pas réduire mes personnages à des schémas (...) et ne pas réduire leurs aventures à une suite de gags mécaniques ; elles devraient rester des aventures humaines. Si vous m'écoutez, le tempo de vos films Tintin sera moins heurté, plus paisible, même "lent" pour des Américains."

Michel Greg (qui n'a pas encore créé Achille Talon) est alors chargé par Hergé d'une mission délicate : tempérer les ardeurs des producteurs américains et veiller à ce que les personnages ne soient pas dénaturés. Les éléments de base de l'univers de Tintin s'en trouvent pourtant édulcorés, comme le rappelle le journaliste et écrivain Philippe Lombard dans Tintin, Hergé et le cinéma (Democratic Books, 200 p., 16,95 €) : l'alcoolisme du capitaine Haddock, la surdité de Tournesol, le trafic d'opium du Crabe aux pinces d'or (remplacé par des diamants)... Les scènes d'action et de bagarre, en revanche, sont légion. Tout comme les éclats de rire des personnages à la fin de chaque épisode, tirant le héros d'Hergé vers l'univers du cartoon.

Avec le recul, l'intérêt manifesté dès le début des années 1980 par Spielberg pour Hergé et son personnage apparaît comme un formidable retournement du destin après le dédain affiché par Walt Disney. Hergé admire Spielberg, le considère comme un génie. "L'idée de faire un film avec Spielberg sonne pour lui comme une revanche sur ce rendez-vous raté avec Disney", estime Benoît Peeters, auteur d'Hergé, fils de Tintin (Flammarion, 2002).

Spielberg ne connaît pourtant pas grand-chose du héros en culottes de golf. Il en entend parler pour la première fois en découvrant des critiques européennes qui comparent Les Aventuriers de l'arche perdue (1981) aux exploits du héros de BD. Intrigué, Spielberg se fait expédier d'Europe la collection complète, qu'il dévore avec enthousiasme.

Las, l'aventure tourne court. Hergé meurt le 3 mars 1983, quatre mois après les contacts initiés par Kathleen Kennedy, l'associée du réalisateur. Un contrat est signé en février 1984, un scénario commence même à être écrit par Melissa Mathison, qui a écrit ET, mais le projet meurt à petit feu sous le poids d'un handicap majeur : le public américain ignore Tintin.

Comment la situation a-t-elle pu évoluer aussi favorablement et sceller, trente ans plus tard, l'union Hergé-Spielberg, "ce mariage béni des dieux", selon Steven Moffat ? Alors qu'aucun des différents projets Tintin apparus au fil des décennies - sous la houlette de Roman Polanski, de Jean-Pierre Jeunet, d'Alain Berberian ou de Jaco Van Dormael - n'aboutit, la révolution du numérique passe par là. La 3D et surtout l'apparition de la motion capture, employée entre autres par James Cameron pour Avatar et par Peter Jackson pour Le Seigneur des anneaux, par ailleurs producteur du Secret de la Licorne, changent la donne.

Cette technique, qui permet de capter les mouvements du corps afin de les renvoyer dans un univers virtuel, autorise justement le metteur en scène à combiner les possibilités d'un film d'animation tout en restant dans un univers réaliste. Hergé doit avoir cette idée en tête lorsque, déçu par les différentes transpositions de son personnage à l'écran - soit en prises de vues réelles avec Tintin et le mystère de la Toison d'or (1961) et Tintin et les oranges bleues (1964), soit en animation avec Le Temple du Soleil (1969) et Tintin et le lac aux requins (1972) -, il assure que l'adaptation idéale de ses livres au cinéma consiste à mettre en scène des comédiens portant les masques de ses personnages.

C'est par le serial que se fait le lien entre l'univers d'Hergé et celui de Spielberg. Cette forme cinématographique s'inspire du roman-feuilleton, popularisé en Europe par Fantômas (1913), de Louis Feuillade, et par le Dr Mabuse (1922), de Fritz Lang, avant de s'imposer aux Etats-Unis dans les années 1940. A Hollywood, ces films à petit budget, découpés en épisodes d'une vingtaine de minutes, pouvant atteindre douze heures au total, privilégient l'accumulation et l'extravagance des rebondissements. Les Aventuriers de l'arche perdue, hommage à ce cinéma, reprend en partie, plan par plan, des épisodes des Trois Diables rouges ou de G. Men contre Dragon noir, de William Witney.

Un autre élément joue en faveur d'une adaptation américaine de Tintin. "C'est un personnage sans passé, sans famille. Il n'y a pas d'arrière-plan, l'action se confond alors avec lui, et c'est un atout de taille pour écrire un film grand public", confie Joe Cornish.

Steven Spielberg adapte avec Le Secret de la Licorne l'un des albums d'Hergé qui correspondent le plus à l'univers du serial. Il couple cette adaptation avec celle du Crabe aux pinces d'or, épisode où Tintin rencontre Haddock, "un point de passage obligé pour Spielberg et Peter Jackson", selon Steven Moffat. Le Secret de la Licorne, le film, devient du coup autant une oeuvre de Spielberg que d'Hergé. C'est la logique même, s'agissant d'une adaptation, et Hergé souhaitait ardemment que Spielberg s'empare de son univers à sa guise. Sauf que voilà : les aventures du reporter, y compris dans le diptyque Le Secret de la Licorne/Le Trésor de Rackham le rouge, se trouvent en contradiction avec la grammaire du serial. Pas de rebondissements en cascade chez Hergé ni de "cliffhanger", cet artifice scénaristique visant à maintenir le suspense.

Tintin reste certes journaliste dans le long-métrage, mais il se métamorphose en héros d'action. Si la fidélité à l'univers visuel d'Hergé est incontestable, le film se plie aux principes du serial, multipliant les péripéties, pour faire de Tintin un personnage toujours plus physique. Dans ses moments les plus débridés, le film Le Secret de la Licorne reproduit d'ailleurs des passages entiers des Aventuriers de l'arche perdue et d'Indiana Jones et la dernière croisade, comme cette poursuite en tank ou cette scène montrant Tintin manquant de se faire trancher la tête par l'hélice d'un avion.

Quant à la ville marocaine reconstituée dans la bande dessinée - ville marquée par la colonisation française dont Hergé, en homme de son temps, se fait le chantre -, elle devient ici une cité des Mille et Une Nuits, sans colonisation, très proche de la cité égyptienne où se déroule une partie des Aventuriers de l'arche perdue. L'arrière-plan historique de l'univers d'Hergé passe à la trappe. Tintin se pose en reporter et s'affirme en superhéros. Le prix consenti pour que, de terra incognita, l'Amérique devienne pour lui une terre promise.

Samuel Blumenfeld et Frédéric Potet



Les deux autres vous feront aussi passer un bon moment à lire. Le premier parce qu'il accumule les reproches que ça en devient un jeu de massacre (mais il y a quelques compliments dissimulés quand même, ce qui fait penser que c'est quand même assez objectf)
Et le second parce qu'il relève que Tintin se fait prendre le portrait par Hergé au début du film, comme si un même personnage vivant avait à la fois inspiré une BD et un film.

Le Monde a écrit:"Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne" : un film qui fait à Tintin ce que la Castafiore fait à l'opéra

Critique | LEMONDE pour Le Monde.fr | 25.10.11 | 15h56 • Mis à jour le 25.10.11 | 16h36

Tintin nage dans les flots de l'Atlantique en direction de deux bandits debout sur le flotteur d'un hydravion. Sa houpe fend les flots, telle un aileron de requin. Steven Spielberg a kidnappé le reporter du Petit Vingtième et l'a mis à la diète des Dents de la mer.

Le héros bidimensionnel d'Hergé se voit conférer le don du relief ; lui qui ne disposait que de 62 pages pour accomplir des exploits hors du commun peut s'étaler sur l'écran presque deux heures durant. Steven Spielberg a toujours été d'avis que plus, c'est mieux. Son Tintin est plus rapide, plus bruyant, plus malin, plus fort que celui d'Hergé et cette inflation est censée le faire passer du statut de héros de bande dessinée à celui de personnage de cinéma. C'est raté.

On ne voit qu'une étrange silhouette dont la complexion évoque celle d'un jouet de baignoire, perdu dans le tumulte infernal des accidents de voiture, d'avion, de motocyclette - sans parler de cet ingrédient obligatoire d'une superproduction hollywoodienne : la destruction d'une ville entière (mais rassurez-vous, spectateurs occidentaux, elle est située au Maroc).

Tintin a perdu cette irréalité translucide qui en fait le plus mystérieux des héros contemporains (qui aime-t-il, à part Milou ? Qu'aime-t-il, à part se promener dans les bois de Moulinsart ? Où et quand est-il né ? On pourrait remplir des pages de questions tintinesques sans réponse).

Pourtant il n'est pas devenu un être de chair (comme ce fut le cas dans les très désuets Secret de la Toison d'Or et Tintin et les oranges bleues, réalisés il y a un demi-siècle). La technique de la performance capture maintient les personnages du Secret de la Licorne dans les limbes qui vont de la prise de vue à l'animation.

Les physionomies des acteurs (Jamie Bell en Tintin, Andy Serkis en capitaine Haddock...) sur lesquels on a placé des capteurs ont disparu sous le travail des graphistes. On dirait presque de vrais êtres humains, mais dans cet intervalle entre la photographie de la chair et sa reconstitution par un ordinateur naît un effet fantastique qui allait mieux à l'univers de Beowulf qu'aux années 1940 dans lesquelles Spielberg a maintenu les aventures du reporter.

En revanche, il lui a fait traverser la Manche, aidé en ceci par une équipe de scénaristes britanniques (Stephen Moffatt ; Edgar Wright et Joe Cornish). Si les décors restent relativement neutres (une Europe générique telle que peuvent l'imaginer de jeunes informaticiens américains), l'accent des acteurs (dont la voix n'a pas été masquée) ramène outre-Manche.

Si bien que c'est pour une livre sterling que Tintin achète, sur un marché aux puces, une maquette de la Licorne. On sait (ou pas) les complications qui s'ensuivent : le pickpocket, les trois maquettes, le secret ancestral transmis à travers les siècles, le trésor. Tout est là, à l'écran, avec en prime, l'épisode du Crabe au pince d'or qui fonde le couple Tintin-Haddock.

Les péripéties du scénario, les éléments de décor, certains gags témoignent d'une connaissance admirable des albums d'Hergé. Le rythme hystérique, la surenchère de destructions (une bataille entre grues de chantier que l'on croirait sortie de Transformers) est en revanche le signe d'un certain désarroi.

Sous ce vacarme, il n'y a rien : ni nostalgie pour un univers qui reste parfaitement étranger au metteur en scène (car il y a loin des serials hollywoodiens qui ont inspiré Indiana Jones aux fantaisies belges du jeune Hergé) ni envie d'emmener un héros inconnu dans un autre univers.

Il ne reste que deux contraintes incompatibles : adapter Tintin, une lubie que Spielberg s'est mise en tête il y a trente ans, et rentabiliser un investissement de 130 millions de dollars.


Le Monde a écrit:"Qu'on se détende : voilà le Tintin de Spielberg, et non notre Tintin"

Verbatim | LEMONDE | 25.10.11 | 15h32 • Mis à jour le 25.10.11 | 15h52

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, de Steven Spielberg, sort, mercredi 26 octobre, dans plus de cinq cents salles en France, après une première internationale, origines obligent, qui a eu lieu voici quelques jours à Bruxelles. Inspiré de l'album homonyme d'Hergé, combiné en réalité avec d'autres titres du dessinateur belge, le film est annoncé comme le premier volet d'une trilogie, dont l'existence sera sans doute fonction des résultats d'exploitation de ce premier opus. L'Europe lui servira de banc d'essai commercial, avant une sortie prévue pour le mois de décembre aux Etats-Unis, où Tintin est loin d'être aussi célèbre que sur le Vieux Continent. Coproduit par Peter Jackson, dont la société Weta, déjà responsable d'Avatar, a supervisé les effets visuels, ce film réalisé en images de synthèse selon la technique de la captation de mouvements, a coûté la bagatelle de 135 millions de dollars. Le jour de la présentation du film à la presse française, le réalisateur Bruno Podalydès, idolâtre de notre confrère belge, s'est glissé dans la salle à l'initiative du Monde. Il en est ressorti mi-figue, mi-raisin.

"Les spectateurs qui arriveront en retard à la projection du Secret de la Licorne rateront ce qui est sans doute l'un des meilleurs moments du film de Steven Spielberg, à savoir son ouverture. Passons sur l'étrange sensation de voir "Columbia et Paramount présentent" écrit avec cette typographie hergéenne qui nous est si familière. Savourons plutôt ce générique "graphique" et stylisé, entre Pixar, James Bond et Saul Bass, qui nous donne l'impression - paradoxale - de revenir à la réalité dès qu'apparaissent les premiers plans du film, alors même que ceux-ci sont en image de synthèse ! Tintin passe en fait d'une silhouette en ombre chinoise à un corps "réel" en 3D, et l'on voit Hergé en personne, en train de le croquer de ce rond-signature si émouvant de simplicité.

Cette scène inaugurale est amusante parce qu'elle raconte que Tintin préexisterait à son créateur. Or c'était déjà le souhait d'Hergé qui avait, au temps du Petit Vingtième, organisé avec un acteur une arrivée de Tintin en gare de Bruxelles au retour des Soviets. Mais surtout, Spielberg nous dit, là, d'entrée : "Voilà le Tintin d'Hergé et maintenant voici le mien." Une adaptation est juste un portrait, une interprétation. Donc, qu'on se détende, voici le Tintin de Spielberg, et non notre Tintin. Mais on ne sera pas détendu très longtemps quand on découvrira Haddock et les Dupondt. J'ai eu le sentiment d'être un peu revenu à la case départ : à la même étrangeté que celle que j'avais ressentie devant les marionnettes qu'on m'avait offertes à Noël. Il faut se faire à l'idée, comme avait dit à l'époque un enfant à Hergé, que "Haddock n'a pas la même voix que dans les albums"...

Autre divergence : les studios américains ne voient pas les héros comme nous. Tintin penché sur la maquette de la Licorne rectifie, tel un expert, le récit historique du vendeur. Or, même si Hergé dessine beaucoup de livres chez son héros, je n'ai jamais vu Tintin comme quelqu'un d'érudit mais plutôt comme un jeune garçon curieux, neuf et ouvert comme une page blanche. Bizarrerie encore : son appartement dépouillé est ici au contraire un véritable petit musée avec au mur des coupures de presse le célébrant. Je vois mal Tintin accrocher ses exploits et encore moins, très vite et très familièrement, au premier bruit suspect, dégainer son gros flingue !

Mais la "ligne claire", c'est aussi le scénario : et là, le film s'embarque vite dans les montagnes russes. Je me souviens de cette belle scène dans la mine d'Indiana Jones : les spectateurs applaudissaient à chaque fois que le wagonnet du héros sautait de rails en rails. On a l'impression ici que Spielberg et ses scénaristes ont fait de même avec les albums. Pourquoi, tout d'un coup, passer d'une scène de flibuste au désert du Crabe aux pinces d'or ? Je ne comprends pas un tel déraillement (surtout pour ignorer l'image qu'affectionne tout tintinophile : Tintin et Haddock perdus dans le désert qui se donnent la main). Heureusement, on retrouve l'efficace et drôle montage alterné entre le capitaine Haddock mimant le combat de son aïeul, et les mêmes images du chevalier de Hadoque face à Rackham (même s'il manque la célèbre fusion finale des deux récits où la tête du capitaine crève le tableau du chevalier).

Spielberg, cela étant, n'a pas occulté l'alcoolisme de Haddock et a conservé ce moment très drôle où le capitaine intègre à son récit la nécessité de boire un verre de rhum - sauf que là, curieusement, on ne rit pas. Comme souvent, c'est l'humour d'Hergé qui pâtit le plus de ses adaptations. La précision de son dessin fait défaut bien sûr, mais aussi parce que son humour est langagier. Je ne crois pas que Haddock ait hurlé en anglais les équivalents de "sinapisme" ou de "zigomar". Les Dupondt "n'en diront pas plus", et quand l'un se casse la figure, on attendra en vain la chute de l'autre. Pas d'effet de symétrie donc, pas de systématisme non plus et peu d'ellipses, ce vrai plaisir de lecteur qu'on ne retrouve pas et qui consistait aussi, pour Hergé, à alterner les petites et les grandes images, à la manière d'un Hitchcock jouant des coups de cymbale.

Le flux visuel est tel, dans le film, que les plans donnent l'impression de ne jamais s'arrêter, comme s'ils étaient pris dans un continuum. Il n'y a plus de case et il n'y a pas plus de plan. Je soupçonne Spielberg d'en jouer délibérément : le reflet d'une épée s'ouvre sur un ciel, une mer devient flaque d'eau et une chaussure écrase la barque... La fameuse troisième image imaginaire, chère à l'idée de montage (1+1 = 3), s'incarne à son tour, débouchant sur une impression surréaliste, propre aux rêves qu'Hergé aimait intégrer dans ses histoires.

Il y a, au final, une sorte d'ivresse de l'image, une farandole de signes, d'objets émanant d'autres albums - les boules d'alcool en apesanteur d'On a marché sur la Lune, la Jeep rouge de l'Or noir - ou même issus de la planète Spielberg, tel l'aileron des Dents de la mer qui devient la houppette de Tintin. Spielberg va jusqu'à plonger lui-même dans le tourbillon en donnant les traits de son visage à Sakharine, alias Rackham (Hergé aurait sans doute aimé cette idée).

Voilà, en sortant, on se dit qu'on a rêvé de Tintin et qu'on a couru après un type qui lui ressemblait à la fête foraine du coin. C'est ce que j'ai cru voir dans ma propre confusion et le sourire perplexe de mes voisins spectateurs."

Bruno Podalydès


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Neoflo le 26 Oct 2011, 01:24

Bon alors je sors de Tintin ...

2 points :
- le côté graphique, j'ai trouvé çela impressionant et très beau, rien à dire de ce côté là, tout est bien rendu, les personnages, les décors, les effets tout est bien calculé je trouve.
- le scénario, déjà le principe de fondre les 2 albums en 1 film, j'étais sceptique, disons que parfois il y a des relations, des liaisons très brutales. Ensuite c'est un Tintin américanisé, fier de lui, peut-être même hautain ou vénal et puis surtout un super Tintin encore plus cascadeur que le vrai... des scènes d'actions qui peuvent parfois être surprenantes, génantes ... même si dans l'ensemble le rythme effréné est plutôt bon.

L'humour par contre me semble bien présent et si le Tintin à l'écran n'est pas vraiment le Tintin de la BD, pour une personne n'ayant pas lu les BDs, il me semble que c'est un film plutôt bien réussi, pour les grands amateurs de la BD, par contre, il faut arriver je pense à se détacher du personnage initial pour voir différemment celui-là.

Pour ceux, qui iront le voir, je pense qu'Hergé apparait dans le film, à confirmer ... tout comme la multitude de clins d'oeils vers l'ensemble des albums.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 26 Oct 2011, 01:59

Neoflo a écrit:Tintin américanisé, fier de lui, peut-être même hautain ou vénal et puis surtout un super Tintin encore plus cascadeur que le vrai... des scènes d'actions qui peuvent parfois être surprenantes, génantes ...


Exactement ce qui est dit par Podalydes dans le dernier article et dans le précédent du journaliste du Monde (articles que je recommande :P )

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Toma le 26 Oct 2011, 09:40

Je suis allé voir "The artist", a mon avis ce n'est pas le grand film annoncé partout.
Certes le fait qu'il soit muet lui confere une specificite, mais l'histoire est quelque peu banale

On ne s'ennui pas un instatnt, passé les 10 premieres minutes etranges sans son (sauf la musique), on se laisse entrainer. On sourri quelques fois, Dujardin est un tres bon acteur, son cote cabotin est exploite a fond grace au manque de son et au sur-jeux propre aux films muets. Et face a Dujardin, je trouve que Bejo a un peu de mal a soutenir la comparaison. Elle n'est pas mauvaise, mais l'actrice montant sur scene avec Dujardin dans la 1eee scene pour remercier le publique joue mieux ce cote muet.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 26 Oct 2011, 09:50

Toma a écrit:Et face a Dujardin, je trouve que Bejo a un peu de mal a soutenir la comparaison.



Ah oui?
Moi je l'ai au contraire trouvée formidable, peut-être même meilleure que Dujardin.
Elle pétille comme du Frizzy Pazzy.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Toma le 26 Oct 2011, 10:02

Ouais_supère a écrit:
Toma a écrit:Et face a Dujardin, je trouve que Bejo a un peu de mal a soutenir la comparaison.



Ah oui?
Moi je l'ai au contraire trouvée formidable, peut-être même meilleure que Dujardin.
Elle pétille comme du Frizzy Pazzy.


Elle est belle, elle "petille", mais il lui manque un truc. Quand on regarde un film muet on voit toujours les filles en faire des tonnes, je m'attendait en fait a retrouver aussi en en faisant des tonnes, comme Dujardin le faisait. C'est ce qui donne tout le charme d'un film muet

J'espere que le film aura une recompense tout de meme aux oscar, peut etre pas pour Dujardin, mais dans une autre grande categorie, ne serait ce que pour recompenser l'audace de faire un tel film a notre epoque
Toma
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 26 Oct 2011, 10:36

Toma a écrit:J'espere que le film aura une recompense tout de meme aux oscar, peut etre pas pour Dujardin, mais dans une autre grande categorie, ne serait ce que pour recompenser l'audace de faire un tel film a notre epoque



Je ne pense pas que ce film le mérite, et ce, quand bien même j'ai passé un très bon moment.
On ne peut pas seulement récompenser l'audace.

Et puis, au fond, est-ce que c'est une si grande audace?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ambrose le 26 Oct 2011, 11:37

J'irai voir "The Artist". Parce qu'un mec qui a fait "Derrick vs Superman" et les "OSS 117" a mon respect éternel.
Dernière édition par Ambrose le 26 Oct 2011, 11:59, édité 1 fois.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 26 Oct 2011, 11:58

Ambrose a écrit:J'irai voir "The Actor". Parce qu'un mec qui a fait "Derrick vs Superman" et les "OSS 117" a mon respect éternel.


Et la Classe Américaine toute entière!


Sinon, c'est The Artist.
Dernière édition par Ouais_supère le 26 Oct 2011, 11:59, édité 1 fois.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ambrose le 26 Oct 2011, 11:59

saoul:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 26 Oct 2011, 12:32

Ouais_supère a écrit:
Toma a écrit:J'espere que le film aura une recompense tout de meme aux oscar, peut etre pas pour Dujardin, mais dans une autre grande categorie, ne serait ce que pour recompenser l'audace de faire un tel film a notre epoque



Je ne pense pas que ce film le mérite, et ce, quand bien même j'ai passé un très bon moment.
On ne peut pas seulement récompenser l'audace.

Et puis, au fond, est-ce que c'est une si grande audace?


Je rassure Toma...

Le film aura, c'est assuré, un prix le 26 février, hélas...
Sûrement meilleur acteur. Ou peut-être meilleur film. En tout cas le film est le seul (du fait du Barnum de promotion mis en place par les Weinstein) dont on sache déjà qu'il sera nommé à coup sûr dans ces deux catégories.

Les Oscar c'est un popularity contest, une campagne électorale... On récompense quelque chose de capable de remporter une adhésion générale, peu importe ce que cela vaut vraiment. Ca n'a rien à voir avec la qualité de l'oeuvre hélas (ce qui ne veut pas dire que parfois les gens qui le méritent ne sont récompensés. Mais c'est l'exception qui confirme la règle)

Sinon ce ne serait pas Shakespeare in Love qui aurait emporté l'Oscar du meilleur film en 1999 par exemple.
Ou un film comme Oliver! en 1969 quand 2001, A Space Odyssey se contentait d'un prix (effets spéciaux) et de nominations quasi toutes accessoires. (ou dans le même genre absolument aucune nomination pour Eyes Wide Shut en 2000)

Preuve que l'Académie est assez inepte à déceler les meilleurs de ses contemporains.

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Messagede Silverwitch le 26 Oct 2011, 12:37

Hugues a écrit:Ou un film comme Oliver! en 1969 quand 2001, A Space Odyssey se contentait d'un prix (effets spéciaux) et de nominations quasi toutes accessoires.


Peut-être, mais Oliver! n'en est pas moins un très beau film !

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Messagede Hugues le 26 Oct 2011, 12:41

silverwitch a écrit:Peut-être, mais Oliver! n'en est pas moins un très beau film !

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, hého hein!

Hugues (qui se rebelle :D )
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Messagede Silverwitch le 26 Oct 2011, 13:20

:D

En tout cas, récompenses ou pas, cette année, il fallait voir:


Detective Dee
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Messagede Xave le 26 Oct 2011, 13:39

'Tain, le Hugo, il s'est tellement silverisé que j'ai cru que c'était Maîtresse Admin qui causait ! :eek: :lol:
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Messagede sheon le 26 Oct 2011, 14:04

Ambrose a écrit:J'irai voir "The Artist". Parce qu'un mec qui a fait "Derrick vs Superman" et les "OSS 117" a mon respect éternel.

:good
Je viens justement de revoir Derrick et La Classe Américaine. Quels chefs d'œuvre.
Toma a écrit:J'espere que le film aura une recompense tout de meme aux oscar, peut etre pas pour Dujardin, mais dans une autre grande categorie, ne serait ce que pour recompenser l'audace de faire un tel film a notre epoque

A part pour le "meilleur film étranger", je suis pas sûr qu'il puisse avoir le moindre prix. Et pour cette catégorie, la place est déjà prise en France.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Ambrose le 26 Oct 2011, 14:23

sheon a écrit:
Ambrose a écrit:J'irai voir "The Artist". Parce qu'un mec qui a fait "Derrick vs Superman" et les "OSS 117" a mon respect éternel.

:good
Je viens justement de revoir Derrick et La Classe Américaine. Quels chefs d'œuvre.


Je suis conscient du caractère cultissime de "La Classe Américaine". Mais je dois avouer que ça m'avait un peu emmerdé.
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Messagede sheon le 26 Oct 2011, 14:30

Je comprends que ça ne plaise pas forcément à tout le monde, d'autant que c'est assez long. Mais je trouve que c'est exactement dans la même veine que Derrick.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Ambrose le 26 Oct 2011, 14:36

sheon a écrit:Je comprends que ça ne plaise pas forcément à tout le monde, d'autant que c'est assez long. Mais je trouve que c'est exactement dans la même veine que Derrick.


Derrick, je suis plié d'un bout à l'autre, alors que La Classe Américaine, je me dis "ah, p'tain, trop bien fait" sans que ça me fasse vraiment rire.
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Messagede Ouais_supère le 26 Oct 2011, 15:23

Non mais Ambrose, merde, t'es sûr que tu le veux, ton Fangio du forumiste le plus sympa?
Reste concentré, bon sang!
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Messagede sheon le 26 Oct 2011, 15:27

Et puis, c'est pas une raison pour ne plus te laver les joues !
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Ambrose le 26 Oct 2011, 15:48

Ouais_supère a écrit:Non mais Ambrose, merde, t'es sûr que tu le veux, ton Fangio du forumiste le plus sympa?
Reste concentré, bon sang!


:oops:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 29 Oct 2011, 15:02

Le nouveau film de Bruno Dumont Hors Satan offre aux spectateurs une épreuve, une expérience qui métamorphose, au risque d'en perdre en route. C'est du brutal:

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Messagede Ambrose le 29 Oct 2011, 15:13

silverwitch a écrit:C'est du brutal


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Messagede denim le 29 Oct 2011, 15:22

dans cette scène,Lautner avec son équipe d'assistants lui avait "piégé" son verre…ils lui avaient demandé de faire la "mine du surpris" et pour être sûr du résultat,sans rien lui dire, ils lui ont fait un mélange de poivre avec je ne sais plus trop quoi d'autre.

c'est un film avec une très bonne mise en scène…surtout les scènes du début du film qui se situent dans le bowling…la façon de filmer est très belle.
Dernière édition par denim le 29 Oct 2011, 15:27, édité 1 fois.
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Messagede Rainier le 29 Oct 2011, 15:23

silverwitch a écrit:Le nouveau film de Bruno Dumont Hors Satan offre aux spectateurs une épreuve, une expérience qui métamorphose, au risque d'en perdre en route. C'est du brutal:



Tiens Bruno Dumont, qu'en penses tu ?
c'est un cineaste completement méconnu en France, sûr que ce n'est pas facile d'accès.
J'ai vu recemment "Flandres", c'est un film complètement à part , du brutal aussi :eek:
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Messagede Silverwitch le 29 Oct 2011, 15:45

Rainier a écrit:Tiens Bruno Dumont, qu'en penses tu ?
c'est un cineaste completement méconnu en France, sûr que ce n'est pas facile d'accès.
J'ai vu recemment "Flandres", c'est un film complètement à part , du brutal aussi :eek:


C'est un des cinéastes les plus intéressants du cinéma contemporain, mais parfois un peu trop jusqu'au-boutiste. Ses films naviguent entre Bresson et Dreyer, mais à mon goût, on voit trop l'épreuve et pas assez la grâce, ce qui rend certains des procédés employés un peu trop démonstratifs. Mais au détour d'un plan, d'une séquence, il arrive que s'infiltre en nous une sensation assez inédite, sans doute cherche-t-il obstinément ce qui sauve dans la souffrance.
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Messagede sheon le 30 Oct 2011, 13:42

J'ai vu Les Marches du Pouvoir, c'est divertissant mais pas très surprenant. J'ai juste l'impression que le scénariste n'est pas allé jusqu'au bout de son idée.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede schumi84f1 le 30 Oct 2011, 14:00

c'est assez rare pour être signalé : un cascadeur est décédé en Bulgarie sur le tournage de "The Expendables 2"
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ambrose le 30 Oct 2011, 21:16

Ambrose a écrit:J'irai voir "The Artist". Parce qu'un mec qui a fait "Derrick vs Superman" et les "OSS 117" a mon respect éternel.


Bon, j'ai vu et j'ai été un peu déçu.

Le charme des acteurs emporte tout, mais à part une séquence (celle du cauchemar), le film ne dépasse pas l'exercice de style, et le scénario faiblit dangereusement dans la 2e moitié.
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Messagede Shunt le 30 Oct 2011, 22:28

J'ai vu "Habemus Papam", très divertissant et mordant sans verser dans la farce gratuite. Une belle réflexion également sur la foi et l'enchantement (ou réanchantement) du monde. La reconstitution en studio de la chapelle Sixtine et de la basique Saint-Pierre est magnifique.
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Messagede Hugues le 31 Oct 2011, 03:03

N'as-tu pas estimé que Moretti erre un peu, perd un peu le fil de son propos sur la fin du film, en attendant de conclure... ?
Ou peut-être un script un peu plus écrit avant le tournage aurait aidé à ne pas tomber dans ce défaut? Plutôt que visiblement avoir trouvé des idées au cours du tournage, comme il le fait souvent (mais ce n'est pas très heureux durant un ventre mou de 15 ou 20 minutes sur celui-là)...

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Messagede Fouad le 31 Oct 2011, 05:09

Je ne suis pas cinéphile pour deux sous, je dois me rendre dans un cinéma une fois tous les dix ans, et je suis allé voir (par hasard) "Drive" avec un ami en attendant une tierce personne qui avait pris beaucoup de retard. L'ami avec lequel j'étais est lui cinéphile et m'a dit on va voir ce film, il paraît que c'est pas mal...Quand j'ai vu l'affiche du film j'ai eu assez peur, ça donnait l'impression d'être une nième débilité avec des courses poursuites toutes les vingt secondes.

J'ai passé un moment pas désagréable, n'ayant pas regardé une seule fois ma montre...Peut-être est-ce parce que c'était le dernier film que j'avais vu avant "Drive", mais je n'ai pu m'empêcher de penser à Collateral avec Cruise. Scénario basique où tout est prévisible, virées en voiture, vues aériennes de mégalopoles, bande originale "travaillée" (enfin c'est pas ma génération ces musiques mais bon...), avalanche de lieux communs et poncifs (cette ville déshumanisée où personne ne se connaît dans "Collateral" et la mère qui élève seule son enfant dans Drive en attendant le retour du mari) mais surtout deux héros solitaires dont on ne sait pas grand chose dans les deux films.

Voilà pour le reste je trouve cela un peu effrayant que "Drive" soit jugé lent ou contemplatif, c'est dire le niveau car du point de vue violence, fusillades il y en a presque trop à mon goût.

Mais pour une raison qui m'échappe, même si rationnellement j'ai du mal à comprendre, ce film m'a bien absorbé alors qu'il y a un paquet de faiblesses. J'ai passé un agréable moment.

Puisque j'ai commencé la comparaison avec Collateral (peut-être que c'est moi qui délire et que les deux films n'ont rien à voir) ma préférence va, de peu, à Collateral.
Il y a tout de même un aspect un peu guimauve dans "Drive" qui m'a dérangé. Et puis les scènes de violence (la fourchette dans l'oeil, la bagarre dans l'ascenseur) m'ont fait sourire plus qu'autre chose ce qui n'est pas bon signe. Certes dans collateral la scène où Cruise flingue tout le monde dans le night club n'est pas très réaliste...mais somme toute bien faite et elle ne fait pas rire en tout cas.

En fait le principal défaut de drive, pour moi, c'est d'être un brin prétentieux même si j'aurais du mal à l'expliciter.
Mais un film très correct malgré tout.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 31 Oct 2011, 09:34

Fouad a écrit:Voilà pour le reste je trouve cela un peu effrayant que "Drive" soit jugé lent ou contemplatif, c'est dire le niveau car du point de vue violence, fusillades il y en a presque trop à mon goût.

Je ne vois pas le rapport entre le caractère contemplatif et la violence montrée.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Shunt le 31 Oct 2011, 15:08

Hugues a écrit:N'as-tu pas estimé que Moretti erre un peu, perd un peu le fil de son propos sur la fin du film, en attendant de conclure... ?
Ou peut-être un script un peu plus écrit avant le tournage aurait aidé à ne pas tomber dans ce défaut? Plutôt que visiblement avoir trouvé des idées au cours du tournage, comme il le fait souvent (mais ce n'est pas très heureux durant un ventre mou de 15 ou 20 minutes sur celui-là)...

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En même temps, c'est un film qui traite d'une errance, d'un long temps mort où tout semble suspendu, d'une parenthèse, dont on ne sait pas très bien combien de temps elle va durer ni comment elle va se refermer. C'est l'incertitude absolue pour tous les protagonistes, y compris le psy qui se retrouve enfermé au Vatican au milieu des cardinaux sans savoir quand il sortira. Ce flottement effectivement qu'on ressent dans le film ne m'a pas dérangé, parce que les personnages ne savent pas où ils vont. Tout le monde improvise en cherchant à raccrocher les wagons, à donner du sens à cet instant irrationnel.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Lo le 31 Oct 2011, 15:17

silverwitch a écrit:Le nouveau film de Bruno Dumont Hors Satan offre aux spectateurs une épreuve, une expérience qui métamorphose, au risque d'en perdre en route. C'est du brutal:



J'aime bien Bruno Dumont, et cette bande annonce elle me parle. J'irais le voir ce film, ça me tente beaucoup.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 31 Oct 2011, 15:22

L'autre il met du conditionnel exprès pour s'assurer une porte de sortie au cas où .... Tsss

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 31 Oct 2011, 15:29

J'achèterais The Tree of Life.
:D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Marlaga le 31 Oct 2011, 18:41

sheon a écrit:J'achèterais The Tree of Life.
:D


Je le regarderais :D
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