Aym a écrit:Moi la question que je me pose surtout, c'est "pourquoi" ? Pourquoi ce film en particulier ?
Parce que c'est Terrence Malick. Peut-être le plus grand cinéaste vivant en activité.
Un homme extrêmement timide, extrêmement modeste, qui fuit toute célébrité, tout contrainte médiatique, qui ne s'est exprimé en public qu'une fois depuis 1979 et encore, au Festival de Rome en 2007, et encore, pas au sujet de ses films, mais parce qu'on l'avait-on convaincu de venir à cette master class pour évoquer les films italiens qui lui sont chers, et promis l'absence de caméra, d'appareils photo ou de questions, sinon celle de l'intervieweur . Et finalement, l'homme s'y sentira suffisamment à l'aise, se fera suffisamment moins sauvage, que finalement il parlera avec plaisir quelques minutes sur la fin de ses films.
Un homme qui n'a tourné jusque là (avec celui à sortir) que cinq films, en presque 40 ans.
Qui a disparu pendant 20 ans, après (comme je l'ai évoqué plus haut) que le patron de la Paramount, qui lui portait une affection et une admiration comme à nul autre cinéaste, lui ai donné carte blanche (et promis un chéque annuel de 100000 dollars) le temps qu'il prépare un film, intitulé alors Q, qui finalement ne surviendra jamais (et dont The Tree of Life est sans doute le prolongement)
Pendant ces vingts ans, qu'a-t-il fait? L'inspiration il l'avait sans doute, il a écrit et écrit, un nombre non négligeable de scénario de films et de théâtre, mais jamais rien qu'il juge suffisamment bon pour le réaliser. Pourtant dans ces scénarios il y avait entre autres de premières versions de tous ses films à venir. Il a vécu en France, pays à la langue qu'il chérit.
C'est aussi un homme dont l'oeuvre, qui ne comportait alors que 2 films suivi d'une longue absence, suscitait tant l'admiration que tant d'acteurs au sommet de leur carrière, quand ils eurent vent qu'il avait débuté les reconnaissances des lieux de tournage de son premier film depuis vingt ans (La Ligne Rouge), ont fait des pieds et des mains pour seulement qu'il leur accorde un casting, même si cela n'aboutissait à rien ou qu'à un rôle de quelques secondes à l'image.
Un homme qui sur ses tournages sait saisir le fugitif, sait l'importance des accidents heureux, au point d'interrompre le tournage d'une scène et donc le travail des acteurs pour détourner les caméras vers un oiseau, un son (ou comme je pense que ce fut le cas pour ce film, vers un papillon)
Tu l'as vu ?
Non. En revanche, j'ai eu la chance d'obtenir il y a environ un an un document exceptionnel (que je transmis immédiatement à Silverwitch), le scénario dans sa dernière version avant tournage (ce qui ne dis rien du film au final, tant Malick réenvisage chaque jour ses films, y compris pendant le tournage et le montage, mais en dit beaucoup sur les intentions du film). Un document constellé de poésie, dans un style qui montre que celui qui fut traducteur de philosophie, professeur de philosophie au MIT, puis journaliste (couvrant le Che et le procès de Regis Debray), avant de devenir cinéaste, aurait pu s'il l'avait voulu être aussi un grand écrivain.
Où Malick y décrit parfois sur certaines scènes les impressions qu'il souhaite transmettre que la scène en elle-même.
Document qui porte un message qui à mes yeux est aussi puissant pour l'athée que pour le croyant. Apte tant à consoler l'athée, qu'à donner de la joie au croyant.
Par ailleurs, par quelques relations (la
théorie des six degrés de séparation fonctionne, j'en témoigne), j'ai eu confirmation dans les mots que j'ai voulu volontairement rares, des quelques rares personnes qui l'ont vu (lors de projections réservées aux membres de quelques équipes d'effets spéciaux, ou aux membres des compagnies de distribution) que le film était à la hauteur du message qu'il voulait défendre. Et des attentes de tant de gens qui attendent ce film depuis 5 ans.
Qu'est-ce qui t'attire autant dans ce film ?
Ce qui précède je pense y répond en grande partie.
Pour ajouter quelques mots: Malick est un cinéaste qui filme la relation de l'Homme au Monde. Mais pour la première fois, cette relation au Monde n'est pas seulement un thème développé dans le film, mais aussi le sujet central du film.
Et quel rapport entre les différentes scènes qu'on a vues et l'univers ?
C'est tout l'objet du film, je n'en dirai donc rien.
Toutefois, une clef : comme le soufflent les synopsis et la bande annonce (accessible comme je l'ai décrit à Solal, mais je vais la republier ci-dessous), le personnage central du film, adulte depuis déjà un moment, Jack, ( que des éléments biographiques et lieux de tournage permettent d'identifier à Malick lui-même) la quarantaine bien passée, qui a traversé de multiples épreuves et n'a pas eu une existence très heureuse, cherche un sens à sa vie.
C'est un film qui dure combien de temps ?
2h19
Et sur cette durée, combien est consacrée aux différentes images que tu nous as montrées ? 1% du film ?
Celles de l'Univers ? 20 à 30 minutes.
Hugues