Cortese a écrit: ... ou bien l'armée a agit sur injonction d'une puissance étrangère, ce qui me semble plus vraisemblable.
L'hypothèse que le "modèle révolutionnaire" tunisien soit utilisé comme "détonateur" pour amorcer la chute de gouvernements de pays ayant un poids autrement plus important que la Tunisie, comme l'Algérie par exemple, ne me semble pas à exclure.
C'est exactement en ces mêmes termes que j'ai aussi compris la situation en Tunisie.
- Ben Ali avait même programmé son départ aux prochaines élections.
- La situation n'était pas spécialement plus grave que les jours précédents lorsque soudain il se cassa !
- Ce départ était proprement stupéfiant dans sa spontanéité.
- Donc "anormal".
- Les Tunisiens n'avaient pas à ma connaissance envahi le palais présidentiel.
- L'armée n'était pas encore intervenue, donc il y avait encore de la marge.
- Puis elle n'est vraiment pas intervenue du tout !
- La France, officieusement protectrice de Ben Ali, en était à lui proposer des flics.
- La France, autant que ben Ali, autant que le peuple, (autant que nous tous !) n'a rien vu venir
- Et donc soudain, etc...
PAr contre, je n'ai pas eu la même explication des choses que toi quant aux causes.
J'ai été ... "plus sage" !...
j'ai supposé que les Américains avaient avant tout désiré éviter une situation un peu à l'iranienne :
La situation s"éterniserait. En face de Ben Ali, l'opposition est non organisée.
Cela aurait donné le temps à Ennahdha, le parti islamiste, de se réorganiser, de réveiller les réseaux endormis, etc, jusqu'à récupérer la dynamique de l'émeute populaire. L'Iran s'en serait mêlé à la marge, offrant une aide précieuse à EnnAhdha, etc...
Et donc, pour revenir à l'hypothèse américaine, d'une pierre deux coups : l'Amérique prenait de vitesse l'éventuel retour des islamistes, et définitivement, récupérait la Tunisie en la subtilisant, via son Etat Major militaire, à la France ! C''aurait été (et C'EST, de fait !) une belle prise.
Ton hypothèse "algérienne" est audacieuse, donc séduisante.
C'est un fait, TOUT, de A à Z, peut à tout moment faire basculer l'Algérie.
Et effectivement, il n'est pas absurde, de penser que les USA aient pu saisir cette opportunité tunisienne, pour s'attaquer au gros morceau (beaucoup d'éléments plaident pour une explosion totale en Algérie : le pays est en totale deshérénce politique, et les chinois y sont de plus en plus entreprenants... Pas bon pour l'Occident... La France ne fait pas son boulot... Les States se doivent donc daller au charbon... etc etc.
Au final, le Maghreb de Casablanca à Alexandrie, deviendrait une zone pro américaine à 100 pour 100. Rappellons-nous ce que nous ne comprenions pas à l'époque : le fameux GRAND MOYEN ORIENT du temps de Bush...). Les restes de l'influence française en Afrique et en pays arabes se volatiliseraient alors irrémédiablement. Merci Mitterand, Sarko, et le Crif ! Vive la grandeur de la France dans le monde !
Finies, les ex-colonies de papa ! Finis, les petits dictateurs arcahïques (que les USA aussi entretiennent par ci par là). Bienvenu Ouatara ! Le temps est venu pour le Grand Empire Américain ! (euh... je m'égare là ...

)
Donc, oui, ton hypothèse est audacieuse, mais parfaitement plausible !
Ah oui, à la télé, un des nouveaux ministres tunisiens (une sorte de trader sur le retour) a été interviewé par l'inénarrable Chabot. Un mec pourtant à priori acquis à la France, puisque c'est un ancien élève d'une grande école française. Mais lorsqu'Arlette lui a demandé ce qu'il attendait de la France dorénavant, il répondu un sinistre : "Rien de spécial de la France, mais Investment in democracy !"". (mon anglais est approximatif !).
En anglais ! Une manière de lui dire qui étaient ses nouveaux maîtres dorénavant : le MArché mais avec les USA à la barre.
Je rejoins aussi Silver, lorsqu'elle dit que malgré tout, ce que le peuple tunisien a acquis, par sa révolte, est bel et bien un acquis POSITIF que rien ne peux lui ôter. Et que les choses ont bel et bien changé en Tunisie. Combien même il y a des apprentis sorciers derrière, qui tirent des ficelles par ci par là. Ca, j'en suis convaincu aussi.