silverwitch a écrit:Marlaga a écrit:
Je vois que tu te défiles. Pourtant, tu n'as pas à t'inquiéter, tu pourras encore fermer le topic comme l'autre fois si ça ne tourne pas en ta faveur ou me bannir pour me faire taire. C'est pas comme si la discussion était équilibrée.
C'est nul de ta part et je préfère ne pas relever d'avantage. Pour le reste, j'ai écrit ce qui convenait: ta vidéo n'est pas iranienne, l'image qui illustre l'article que tu cites en premier est une image de fiction, et dans les deux liens que tu donnes, il n'y a rien qui indique concrètement que des lapidations ont eu lieu en Iran.
Silverwitch
Non, ce qui est nul, c'est ta tentative de décrédibilisation d'un article par son illustration.
Maintenant, dis moi ce que tu penses du texte que je te remets ici :
15 aout 2004. Dans la rue principale de Neka, le corps d'Atafeh Rajabi balance, suspendu dans la chaleur de l'été perse, pendu à la grue d'un camion, sa potence. A ses pieds, Haji Reza est là qui a tenu en personne à passer la corde au coup de "l'insolente" qui, trois mois plus tôt, avait osé l'affronter dans son tribunal. Atafeh avait tout juste 16 ans. Trop pauvre pour payer un avocat, elle s'était retrouvée seule devant le juge qui l'accusait une sixième fois "d'actes incompatibles avec la chasteté". Jusque là, ses rapports sexuels répétés avec des époux infidèles lui avaient valu d'être fouétée et jetée en prison. Cette fois-ci, seule devant le tribunal, elle avait relevé la tête et rétorqué au juge qu'il ferait mieux de "punir l'auteur de l'acte sexuel plutôt que sa victime". Puis elle avait commencé à se dévêtir. Fou de rage, le juge Haji Reza fit tout pour que "l'impie" soit exécutée le plus vite. Le 15 aout, il prononce lui même l'ordre de mort qui enclenche le moteur de la grue...
Justice exemplaire
Chaque année des centaines d'hommes et de femmes sont exécutés en Iran. Leur nombre est impossible à déterminer avec précision; comme la Chine, la République islamique se refuse à communiquer des chiffres sur le sujet. Les observateurs s'attachent à recueillir les témoignages de pendaisons publiques et à éplucher la presse et les médias d'Etat qui rendent compte de ces exécutions "pour l'exemple". Dans son rapport 2004, Amnesty International estimait au moins à 108 le nombre de personnes exécutées. On peut sans grand risque d'erreur, multiplier ce chiffre par 2. Car le régime de Téhéran use de la peine de mort comme d'une arme de maintien social et de répression politique. Les images d'alignement de corps pendus au crochet des grues sont censées marquer les consciences et maintenir la morale.
«Défendre la pureté de la femme»
Les femmes font particulièrement les frais de l'idéologie patriarcale imposée par les successeurs du Shah. Selon un rapport publié par l'organisation "Women against execution in Iran", plus de 2000 femmes auraient été exécutées entre juin 1981 et octobre 1990. L'organisation disposerait d'une liste de 1428 noms parmi lesquelles figurent 187 mineurs dont une dizaine âgées de moins de 13 ans. Pour Azadeh Kian Thiebaut, spécialiste au CNRS de la société Iranienne, "Les femmes sont bien souvent plus lourdement punies car les juges estiment qu'en allant contre la loi, elles ternissent l'image de pureté de la femme musulmane". Face à l'adultère, la population féminine est particulièrement fragile. Si le mari peut invoquer le mariage temporaire, qui lui permet de contracter une relation "officielle" qui peut aller de quelques minutes à 99 ans avec n'importe quelle femme, l'épouse accusée d'adultère finira au mieux sous le fouet du juge, au pire au crochet d'une grue. Car en Iran, l'infidélité est un crime passible de la peine de mort.
Lapidées
Le 20 décembre 2004, les juges ont accordé un nouveau sursis à exécution à Hajieh Esmailvand. Condamnée mort pour une relation adultérine avec un garçon de 17 ans, la jeune fille avait vu en novembre 2004 sa condamnation à la pendaison "commuée" en lapidation. Elle devait être lapidée jusqu'à ce que mort s'ensuive le 21 décembre 2004. On est aujourd'hui sans nouvelle d'Hajieh. Parce qu’elle sanctionne principalement l’adultère, la lapidation touche particulièrement les femmes. Malgré un édit condamnant son usage et une vive critique de l'ex-président l'ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani, "cette pratique arriérée" de la mort par la pierre semble être encore en vigueur dans bon nombre de zones rurales du pays. Le condamné est enterré dans le sol jusqu'à la taille, pour les hommes, et jusqu'au dessus de la poitrine pour les femmes. Les pierres sont alors jetées par des fonctionnaires ou par la foule qui assiste à l'exécution.
Condamnées
D'après plusieurs sources concordantes, il y aurait actuellement dans les couloirs de la mort iraniens une quinzaine de femmes en attente de leur exécution. Treize d'entre elles ont pu être identifiées par Richard Clark. Cet ingénieur britannique observe depuis six ans la presse nationale et internationale pour recenser les cas de condamnations à mort, notamment en Iran.
- Kobra Rahmanpour, 22 ans, condamnée pour le meurtre de sa mère.
- Najmeh Vosouq-Razavi, étudiante en droit.
- Hajiyeh Esma'eilvand, 30 ans, condamnée à la lapidation pour adultère.
- Mandana Nikkhou.
- Shahla Jahed, 28 ans, condamnée pour le meurtre de la femme de son amant.
- Faeze A.
- Fatemeh Haghighat-Pajou, 33 ans, condamnée pour l'assassinat de son époux qui lui avait enlevé sa fille.
- Leyla Mafi, 18 ans, condamné pour atteinte à la morale.
- Sara.
- Zahra, condamnée pour meurtre.
- Raheleh condamnée en 2004 pour meurtre et vol.
- Tayyebeh.
- Shahnaz, 35 ans.
- Zhila Iazadi, agée de 13 ou 14 ans, condamnée à la lapidation pour inceste avec son frère de 15 ans dont elle serait enceinte.
« L’islam n’est pas hostile aux femmes »
Zhila Iazadi aurait cependant vu sa peine commuée en perpétuité après l'intervention de Shirin Ebadi, qui a porté l'affaire sur la scène internationale lors d'une tournée dans les pays scandinaves. L'avocate, prix Nobel de la paix 2003 mène son combat à l'international mais aussi auprès des femmes de Téhéran. Elle affronte les mollahs sur son terrain : le juridique. " Les femmes iraniennes sont terrorisées. Nous sommes confrontées à des lois discriminatoires ainsi qu'aux violences domestiques. Ces lois constituent le principal problème. Si elles étaient équitables, la violence diminuerait. C'est pourquoi nous accordons la priorité au combat contre les textes discriminatoires. " déclare la militante des droits de la femme au magazine AmnestyNytt . Pour Sherin Ebadi la femme a sa place dans l'Islam. Ce qu'elle dénonce avant tout, c'est l'interprétation patriarcale faite par les autorités iraniennes. " Nous nous efforçons de démontrer que l'Islam n'est pas hostile aux femmes. Nous vivons dans une culture patriarcale opposée aux femmes et dominée par une interprétation incorrecte de l'Islam. Vous savez, la plupart des hommes dénonceraient toute interprétation féministe, mais ce n'est pas important, nous devons poursuivre notre action même si cela nous met en danger. Nous devons relever le défi, je sais que ce ne sera pas facile, mais c'est notre tâche. ", confie-t-elle en décembre 2004 à Ina Tin, rédactrice en chef du magazine de la section néerlandaise d'Amnesty International.
A l'approche des élections présidentielles de Juin 2005, le régime de Téhéran s'est encore durci. Le 14 février, Shirin Ebadi a vivement condamné l'attitude des autorités et accusé la justice iranienne de tout faire pour empêcher les avocats des Droits de l'Homme de défendre les prisonniers politiques. Quelques jours auparavant, la porte parole spéciale de l'ONU sur les violences à l'égard des femmes avait dénoncé la violence psychologique, sexuelle et physique dont est victime la population féminine. De retour d'une mission à Téhéran, la rapporteure Yakin Ertürk, a rappelé notamment le sort fait aux femmes victimes de viol : " En raison des règles existantes, si le viol ne peut être prouvé, une femme peut être punie pour relations illégitimes. En outre, une femme qui tue son violeur en état de légitime défense peut être condamnée à mort ". Au mois de janvier, le parlement européen prenait une nouvelle résolution par laquelle il condamnait "vigoureusement" l'exécution de "jeunes délinquants, de femmes enceintes et de personnes handicapées mentales et demandait "aux autorités iraniennes d'apporter la preuve qu'elles appliquent le moratoire annoncé sur la lapidation". Une de plus.
Depuis le début de l'année, 5 femmes au moins ont été condamnées à mort sur le territoire persan.
Emmanuel Maistre
Et celui là :
ECPM : Vous vous rendez régulièrement en Iran, notamment pour vos recherches. Vous notez que c’est plus difficile aujourd’hui…
Azadeh Kian-Thiébaut : Ces derniers temps, à l’approche de l’élection présidentielle (prévue en juin 2005, ndlr), le régime s’est davantage durci. Il tente d’intimider les intellectuels, les journalistes et les militants des droits de l’homme, de la liberté d’expression et/ou de pensée. Récemment 13 cyber journalistes ont été arrêtés : 11 hommes et deux femmes qui ont passé presque deux mois derrière les barreaux, au motif de mise en péril des intérêts de la République islamique d’Iran. Ils ont été libérés sous caution et attendent leurs procès. Les militantes des droits des femmes sont souvent accusées aussi d’être en contact avec «les féministes à l’étranger».
ECPM : Vous êtes une féministe ?
A. K-T. : Oui. Je suis pour l’égalité des droits et des chances. A leurs yeux, le féminisme est subversif et conduit à la débauche. Mais je ne fais pas de politique. Je mène des recherches sur la société iranienne en général et les femmes en particulier. Récemment, nous avons mené en 2002 et en 2004 une enquête quantitative et qualitative à l’échelle nationale où nous avons pu sonder plus de 7000 ménages, soit 31 000 individus dont 7633 femmes mariées répartis dans les 28 provinces du pays. Il est ressorti un net décalage entre la réalité des femmes en Iran et les lois, les institutions et l’ordre politique patriarcal qui encadrent leur vie quotidienne. La majorité des iraniennes sont aujourd’hui pour l’égalité des droits entre femmes et hommes et une égalité dans l’accès à la vie politique, culturelle et économique. Pour illustrer ce décalage flagrant, on peut donner, entre autres, l’exemple de l’âge moyen du mariage. L’age minimum légal pour se marier en Iran est de 13 ans. Or aujourd’hui, la réalité est que l’age moyen du mariage est de 23 ans. La loi, qui place la femme sous la tutelle de l’homme et le régime, qui tente de renforcer l’ordre politique patriarcal à travers la domination masculine se refusent à prendre en compte cette nouvelle donne.
ECPM : Comment réagissent les femmes ?
A. K-T. : Elles en souffrent car elles sont extrêmement conscientes de la situation. Les femmes iraniennes sont alphabétisées à plus de 80%. Leur nombre a même fini par dépasser celui des hommes dans la population étudiante. Aujourd’hui plus de la moitié des 1,500,000 étudiants sont des filles qui ont aussi investi les filières techniques et technologiques, traditionnellement réservées aux hommes. Or, on leur dit « Vous êtes inférieures, vous devez vous soumettre !». C’est une situation intenable et je veux saluer ici leur courage.
ECPM : Comment dans cette situation, les femmes parviennent à un tel niveau d’éducation ?
A. K-T. : Il faut bien voir que dans la sphère publique, les femmes ont en grande partie les mêmes droits que les hommes. Elles sont éligibles, votent, ont accès à l’éducation et au travail. Mais ce sont les lois qui régissent la sphère privée qui font des femmes des « objets » à la merci des hommes. Le code familial comme le code pénal sont basés sur la Chari’a. Pour se marier, une femme doit avoir l’accord de son père ou en cas de décès de celui-ci, du grand père ou de l’oncle paternel. Même à 40 ans, aucun mariage n’est possible sans cette autorisation ! L’autorité patriarcale est toute puissante. Imaginez que le père a le droit de vie et de mort sur ses enfants, filles, comme garçons !
ECPM : Et une fois mariée ?
A. K-T. : Dans les textes, une femme mariée n’a le droit ni de travailler, ni même de sortir de son foyer si son mari ne l’y a pas autorisée. La polygamie permet à l’homme d’avoir jusqu’à 4 femmes permanentes. En outre, pour légaliser l’adultère ou la pratique de la prostitution l’homme peut contracter des «Sigheh» ou mariages temporaires qui permettent une union «officielle» de quelques minutes à 99 ans.
ECPM : Le divorce reste possible ?
A. K-T. : Oui, il est même en nette augmentation (20% à Téhéran) mais les démarches à effectuer sont profondément inégalitaires. Il suffit à un homme d’aller voir le juge et de signifier sa volonté de divorcer pour y accéder. La femme, elle, doit réunir tout une batterie de preuves et témoignages prouvant sa maltraitance ou l’absence de son mari du foyer pendant au moins quatre ans pour espérer voir son cas pris en considération.
ECPM : Les femmes sont donc complètement absentes de la société iranienne ?
A. K-T. : Non, elles ont réussi malgré tout à se frayer une place importante dans la vie civile. On compte 400 avocates et plus de 200 juges femmes. En revanche l’assemblée nationale reste encore très verrouillée. Seulement 12 parlementaires siègent (4%) et parmi elles 10 conservatrices qui sont contre l’égalité des droits des femmes.
ECPM : Quelles sont les lois du point de vue du comportement sexuel, ou même amoureux ?
A. K-T. : Hors du mariage, tout est interdit. Les jeunes gens ne peuvent même pas se tenir la main dans la rue s’ils ne sont pas mariés. Ils risquent d’être immédiatement arrêtés par la police des mœurs. Très souvent aujourd’hui, les parents des deux familles interviennent auprès de la justice et sont obligés de mentir sur des prétendues fiançailles pour sauver leurs enfants du fouet ou de peines plus sévères.
ECPM : Il existe également une forte inégalité devant les tribunaux ?
A. K-T. : Exactement comme dans le code de la famille. Selon le code pénal islamique, chaque partie du corps humain a un prix qui varie selon le sexe. Par exemple, un homme sera deux fois plus indemnisé qu’une femme pour une fracture de la jambe. Dans le cas d’un meurtre, si la famille de la victime veut voir la sentence exécutée, elle devra payer à celle de l’assassin le «prix du sang». Il s’agit donc d’une justice à deux vitesses : elle est faite pour les riches.
ECPM : Et concernant l’adultère ?
A. K-T. : C’est un crime qui touche plus souvent les femmes car elles n’ont pas le mariage temporaire ou autre artefact pour les couvrir. Et comme la prostitution, l’adultère est passible de la peine de mort. Sur le plan du comportement sexuel les femmes sont plus réprimées que les hommes. De même, dans le cadre des affaires de trafic de drogue. Elles sont bien souvent plus lourdement punies car les juges estiment qu’elles ternissent l’image de pureté de la femme musulmane.
ECPM : Et la lapidation ?
A. K-T. : Là encore, elles sont les principales victimes. Cela s’explique en grande partie parce que la lapidation sanctionne principalement le crime d’adultère.
ECPM : Comment la peine de mort et les exécutions sont-elles perçues par la population?
A. K-T. : Ces dernières années, la crise économique conjuguée à une profonde crise des valeurs a provoqué une augmentation de la délinquance et un accroissement de l’insécurité. Les premières affaires de meurtriers en série sont apparues. De fait, actuellement, la population accepte mieux la peine de mort et la considère plus aisément comme un élément de lutte contre la criminalité. Elle est beaucoup moins débattue qu’il y a quelques années.
ECPM : Comment la cause des femmes peut elle avancer en Iran ?
A. K-T. : Grâce à la société civile qui est très dynamique. Un personnage comme Shirin Ebadi (prix Nobel de la paix 2003, ndlr) en est la preuve même. Les acteurs associatifs contribuent largement à informer et à défendre les femmes qui, pour une grande part, ne savent même pas qu’elles ont des droits à faire valoir face au pouvoir patriarcal. Je crois également que les nouvelles générations représentent un véritable espoir de changement. Les mères qui souffrent de l’oppression masculine depuis des décennies s’attachent à transmettre à leurs enfants des valeurs de respect et d’égalité entre les sexes. Ces jeunes filles et hommes portent aujourd’hui en eux les germes de la transformation de la société iranienne.
Propos recueillis par Emmanuel Maistre
Défends encore le régime iranien et ses belles vertus qu'on rigole. Non, en fait, ce n'est même pas drôle, surtout venant d'une femme.