de Ghinzani le 26 Nov 2009, 20:13
Dubaï ne sait plus rembourser sa dette.
Dubaï a demandé un délai supplémentaire de six mois pour le remboursement de sa dette de long terme. Il s'agit en grande partie de Dubaï World, le conglomérat le plus large de l'émirat, qui possède des dettes à hauteur de 59 milliards de dollars. Cette annonce a choqué les marchés financiers, tout le monde se demandant l'impact que pourrait avoir cette annonce sur les entreprises et l'économie au niveau mondial.
Bruxelles (L'Echo/afp) - Dubaï a fait trembler les marchés financiers ce jeudi. Le petit état émirat est pourtant davantage connu pour le luxe de ses hôtels, de ses iles artificielles et pour sa démesure. Mais mercredi, ce petit coin de paradis a été contraint et forcé à un retour brutal sur le plancher des vaches.
Ce brusque retour à la réalité a pris le visage de Dubaï World, le conglomérat le plus large, le plus représentatif mais aussi le plus endetté de ce petit membre des Emirats Arabes Unis ouvert sur le golfe persique.
"Dubaï World a l'intention de demander à tous ses créanciers et à ceux de Nakheel de repousser au 30 mai 2010 au moins le règlement des dettes arrivées à maturité", a indiqué dans un communiqué le Fonds de soutien financier de Dubaï, organisme chargé de gérer les retombées de la crise sur l'économie de l'émirat.
En Résumé et sans détours : Dubaï World et sa filiale immobilière Nakheel ne savent plus payer. Touchés de plein fouet par la crise après des années de boom, l'Emirat n'arrive plus à se défaire de sa dette de long terme.
ET LA SPIRALE S'ENCLENCHE
A-t-on des dettes de Dubaï dans nos comptes ? Voilà une question qui a du faire le tour du monde des entreprises financières et des salles de marché. Une situation qui n'est pas sans rappeler les tristes heures des subprimes. Avec 80 milliards de dollars de dettes en 2008, il ne fait nul doute que la créance dubaiote doit être insérée dans nombre de fonds.
L'Asie a été la première victime de l'annonce du pays aux tours kilométriques, les obligations islamiques (soukouks) y ont reculé de 15%.
L'agence de notation financière Moody's a été la seconde à dégainer. Elle a réagi en rétrogradant six importantes compagnies du gouvernement de Dubaï.
Moody's a notamment passé DP World, relevant de Dubai World, de A3 à Baa2, comme la compagnie d'électricité et d'eau (Dubai Electricity and Water Authority), et le géant immobilier Emaar Properties de Baa1 à Ba2.
"Un rééchelonnement de la dette indiquerait que le gouvernement se prépare à permettre à une entreprise qui lui est liée de ne pas honorer ses obligations", a noté l'agence.
La décision de Standard and Poor's va dans le même sens. Elle a rétrogradé la notation de cinq entreprises, dont DP World et Emaar Properties. L'agence estime que la décision de mercredi "représente l'échec du gouvernement de Dubaï à apporter un soutien financier opportun" à une société de premier plan.
DUBAÏ OU COMMENT ATTIRER LES PETRODOLLARS
A l'inverse de nombreux voisins, Dubaï ne bénéficie presque pas des revenus du pétrole. La stratégie du pays a donc été d'attirer au maximum les richesses de la région et du monde entier. Pour se faire le créneau du luxe et de la démesure ont été la norme.
Le pays est en effet davantage réputé pour ses projets immobiliers mégalomaniaques que pour quoi que ce soit d'autre. La crise a néanmoins remis l'église au milieu du village. La démesure ça a un coût et il atteint au moins 80 milliards de dollars.
"Le marché s'était habitué à l'idée de la dette de Dubaï et s'attendait à un règlement de la dette de Nakheel en décembre 2009", a déclaré Monica Malik, économiste de la banque EFG-Hermes.
"Les obligations de Dubaï pour 2010-2011 sont déjà importantes", a-t-elle souligné. Dubaï devrait régler 13 milliards de dollars de dettes en 2010 et 19,5 milliards en 2011.
Paradoxalement, l'annonce de Dubaï suit celle du lancement réussi d'une tranche de 5 milliards de dollars de bons de trésor au profit de l'émirat qui a été totalement souscrite par deux banques d'Abou Dhabi.
La tranche fait partie d'une enveloppe de 20 milliards de dollars, dont la moitié a été souscrite il y a quelques mois par la banque centrale des Emirats arabes unis, ce qui a été interprété comme un signe de soutien d'Abou Dhabi.
Dubaï a précisé que la nouvelle tranche ne serait pas utilisée pour soutenir Dubai World qui doit faire l'objet d'une restructuration confiée à la société britannique Deloitte.
A elle seule, Dubaï World pèse pour 59 milliards dans la dette totale de ce petit pays qui risque de connaître des mois difficiles.
B.E.
(c) - L'Echo
