Garion a écrit:Dervi a écrit:OK, si tu passais par un intermédiaire qui finançait une entreprise de pull français et qu'on te livrait un pull chinois, tu considérerait que ton pull est français ?
Dans la mesure où l'énergie renouvelable est prioritaire sur le réseau, pas compliqué d'avoir un flux financier qui paie cette énergie tant que l'intermédiaire n'a pas trop de client.
En attendant, la stabilité du réseau électrique est assurée par les énergies pilotables (nucléaire, gaz, charbon, hydro), tous les pays en ont.
Sans le système dans sa totalité, enercoop fournirait de l'électricité quand c'est possible et certainement pas après une semaine d'hiver sous anticyclone et brouillard.
Non, tu n'as toujours pas compris, pour la 3eme fois, Enercoop est capable de fournir de l'électricité renouvelable en continu sans coupure avec un réseau séparé.
C'est pas bien difficile avec une base quand ça marche et le reste pour les pointes (hydraulique et biomasse).
Si j'ai bien compris comment ça marche.
a. Il y a un seul réseau de distribution de l'électricité en France. Il est géré par RTE et il n'est pas possible de connaître l'origine de la production qui alimente chaque logement au-delà d'une simple analyse des outils de production à proximité géographique du logement. Autrement dit, Bordeaux ne reçoit pas physiquement d'électricité issu des barrages du Rhin et Strasbourg ne reçoit pas physiquement d'électricité de la centrale de Blagnac. En simplifiant, on peut dire que l'électricité utilisée par un Français est physiquement le résultat du mix de production français et si on veut affiner, il est possible de regarder au niveau régional.
b. Les fournisseurs d'électricité aujourd'hui privés proposent la vente de l'électricité aux particuliers et entreprises et communiquent à RTE des prévisions de consommation en vue d'assurer la stabilité du réseau. Les fournisseurs peuvent avoir des pénalités en cas d'écart entre les prévisions et la réalité.
c. Certains fournisseurs assurent dans leur contrat des certificats d'origine de l'électricité qu'ils achètent pour leur client (contrat d'électricité dits "vert" quand l'électricité acheté est issue du renouvelable), mais c'est complètement décorrélé de la réalité physique de l'électricité effectivement utilisée par les clients qui provient du mix des moyens de production à proximité de l'utilisateur. Ce fonctionnement est une astuce pour se donner bonne conscience dans le sens que le flux financier du client d'un contrat d'électricité verte est effectivement tracé et arrive dans les poches du producteur d'électricité verte. Mais en réalité, c'est un contresens physique et on arrive même à des absurdités (voir point d. ci-dessous). Notons que le fournisseur ne fait qu'acheter de l'électricité renouvelable produite, c'est pas le fournisseur qui contrôle la part de renouvelable mise sur le réseau, qui est de toute façon le maximum possible à chaque instant de par sa propriété prioritaire (autrement dit on relâche la puissance des moyens de production pilotable quand le vent souffle ou que le jour se lève pour laisser la priorité à l'éolien et au solaire qui sont par nature incontrôlable).
d. La production d'énergie renouvelable étant limitée à chaque instant et la consommation des clients pouvant dépasser ce seuil, les fournisseurs vont acheter de l'électricité renouvelable à l'étranger. Nous avons donc les Norvégiens dont la production électrique est majoritairement hydro avec un peu d'éolien et de biogaz. Un Norvégien a aucune raison de se dire que sa consommation d'électricité est carbonée ou nucléaire. Et pourtant... L'électricité renouvelable norvégienne est achetée par des fournisseurs d'électricité verte et le flux financier des Norvégiens pour leur électricité devient charbonné, nucléarisé. En poussant le raisonnement jusqu'au bout, on pourrait avoir des allemands à l'électricité verte
financièrement alors qu'elle ne l'est pas du tout
physiquement. Bref ! Quand le flux financier transgresse les lois de la physique, on arrive à ce genre d'absurdité. Et pourquoi les Norvégiens devraient se sentir non renouvelables sur leur production d'électricité ?
e. Ce flux financier artificiellement "vert" ne fait que reporter
financièrement le poids de la production non renouvelable sur les autres citoyens. Mais c'est un leurre, car ils reçoivent tous l'électricité commune des moyens de production, sans aucune distinction.
Dans le cas d'Enercoop, ça marche pareil, même s'ils ont des contrats pour assurer une électricité française si j'ai bien lu et ce point est tenable tant qu'ils ont suffisamment peu de clients. Situation de la France à l'instant T, nous avons une consommation totale de 72 GW d'électricité, dont :
* 73% de nucléaire
* 11% de gaz
* 10% d'hydro
* 3% d'éolien
* 2% de charbon
* 1% de biogaz
Il n'est donc pas possible actuellement d'acheter plus de 14% de renouvelable en France. Il vaut mieux qu'il y ait moins de 14% de la population française qui aient un contrat d'électricité verte à moins d'en chercher à l'étranger.
Enfin, nulle part dans le monde le renouvelable seul marche sauf quand les réserves hydrauliques le permettent (cas de la Norvège qui est l'exception). Donc croire qu'un réseau 100% renouvelable est viable, c'est aujourd'hui faux, sauf quand c'est possible avec de l'hydraulique (impossible en France, en Allemagne, etc). Donc, effectivement Garion, peu importe ton flux financier, si tu as de l'électricité à toute heure de la journée, c'est grâce au réseau électrique dans son entièreté qui comprend du nucléaire, du gaz, du charbon, de l'éolien, du solaire, etc. Et ce réseau doit beaucoup au nucléaire aujourd'hui.
Pour le futur, à voir les moyens de stockage via le gaz (voir ci-dessous)
Garion a écrit:Dervi a écrit:La voiture électrique a des avantages mais n'est pas aussi flexible qu'une voiture à moteur thermique.
La voiture au biogaz nécessite la mise en place de solution de stockage au gaz pour lesquelles j'ai encore bien du mal à comprendre l'intérêt financier et de ressources (puissance installée qui devrait très nettement dépasser la demande à force d'enquiller des systèmes de conversion d'énergie dont le rendement n'est fatalement pas de 1 avec rendement en bout de chaîne horrible, on en a déjà parlé).
C'est quoi le problème de stockage avec le gaz ?
Rien que le réseau existant, en mettant un peu de pression (totalement supportable), c'est 1 semaine d'autonomie à l'heure actuelle. Bien sûr si on utilisait ça pour les véhicules, ça serait moins.
Mais il y a des solutions, c'est de réinjecter dans des sites gaziers (j'ai l'impression de me répéter parfois, je te l'ai déjà dit). Par exemple, on pourrait réinjecter dans le site de Lacq.
Le problème du stockage gaz, c'est qu'il oblige à surdimensionner les GW installés par rapport au besoin pour tenir compte des pertes à chaque conversion de la chaîne de production. On parle quand même de x3 à x4 en tenant compte de l'intermittence et encore davantage avec les pertes.
Garion a écrit:La géologie du site, fait que ce gaz pourrait être conservé (il a bien été conservé durant des dizaines de millions d'années).
Oui, c'est pareil pour les déchets nucléaires. Effectivement, ce n'est pas un problème pour le gaz ou le nucléaire puisque ça marche depuis des milliards d'année au Gabon (pour le nucléaire).
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_naturel_d%27OkloGarion a écrit:Maintenant,si tu veux parler d'intérêt financier, il faut discuter à quel terme ? Le court ? (comme tu sembles adhérer) ou le long pour notre descendance ?
Le rendement de conversion en gaz n'est pas très intéressante à court terme (mais c'est une filière prometteuse à moyen terme comme je te l'es montré avec mes études de l'Ademe qui montrent que rapidement on devrait rapidement atteindre des taux d'efficacité de l'ordre de 0.8) , mais si on ne veut pas faire peser à nos descendant le poids de notre apétit énergivore, il faut bien trouver une autre solution.
Je parle à l'horizon de plusieurs dizaines d'années à un siècle le temps de développer de nouvelles solution si elles existent, sinon alea jacta est.
Même avec un rendement de 0.8 dans ta centrale, c'est insuffisant pour limiter suffisamment les GW installés puisqu'il y a les pertes lors de l'électrolyse, la transformation du H2 éventuellement, le transport et le stockage, etc.
En bout de chaîne, les industriels que je vois supposent aujourd'hui un rendement de 0.5 dans la conversion finale (celle pour laquelle tu appliques 0.8 et si on met le gaz dans un véhicule, ce rendement sera lamentablement de l'ordre de 0.3), ce qui donne un rendement de toute la chaîne au mieux à 0.25 (en considérant d'utiliser l'ammoniac comme vecteur de stockage, voire le méthanol, plutôt que le H2 ou le méthane qui sont compliqués à stocker et transporter et qui abaisse ce rendement final à 0.15). En considérant la conversion finale avec un rendement de 0.8, ça donnerait un rendement de la chaîne entière au mieux à 0.35 avec de l'ammoniac et 0.25 avec du H2 ou méthane.
Donc en terme d'investissement financier : il y a des GW installés qui sont multipliés par 4 ou 5 et tout un réseau de distribution et stockage à revoir (avec peut-être selon les cas de l'hydrogène, du méthane, du méthanol, de l'ammoniac... autant de diversité à déployer).
En face de ça, on pourrait juste installer les GW réellement consommés qu'on pourrait piloter à la demande.
Garion a écrit:Et ça, c'est quelque chose qui m'importe, l'important, c'est pour les générations futures, pas pour moi qui ne va pas connaitre les gros problèmes d'énergies de la fin du siècle, y compris le nucléaire avec sa misérable réserve de 100 ans au taux actuel (avec ses 4% dans le monde) qui va fondre à une vitesse grand V si on va dans un tout nucléaire.
Le thorium ? La théorie de facebook et consors qui n'a pas plus d'avenir.
La fusion ? (pourquoi pas, mais la faisabilité reste à voir, pour l'instant à part des start-up et des gouvernements qui veulent se faire mousser, c'est pas gagné).
Bref, il faut se préparer au fait que l'énergie va nous coûter un bras et que la seule solution qui ne va pas augmenter, fortement c'est le renouvelable.
T'oublies les réacteurs de 4e génération. Rien qu'avec nos déchets nucléaires actuels, on en aurait pour plus de 1000 ans de réserve avec en bout de chaîne des déchets en volume encore plus petit (déjà qu'il est pas bien gros actuellement) et moins dangereux.
Aucune raison que le renouvelable n'augmente pas, coût des infrastructures supplémentaires, de leur remplacement tous les 25 ans, de la remise au vert le cas échéant si on veut assurer la continuité de la fourniture bien sûr. D'ailleurs le scénario le moins coûteux de RTE est celui avec le moins de renouvelable (tout dépend des hypothèses choisies pour faire le calcul de coût, difficile d'en séparer la part d'idéologie
)