Silverwitch a écrit:Nuvo a écrit:Tiens au fait toi qui est un grand connaisseur de l'histoire militaire, que penses-tu de l'affaire du bassin du Briey et de Thionville pendant la Première guerre mondiale ?
En regardant "La vie et rien d'autre" de Tavernier, film que j'ai adoré (surtout la lettre finale à Irène...), j'ai voulu vérifier les faits avancés par Philippe Noiret lors d'un discussion avec Sabine Azéma.
Elle recherche son mari, membre de la famille de Wendel. Noiret lui parle alors du comportement honteux du patriarche. Il aurait joué de ses appuis pour "qu'un navire rempli de nickel, prise de guerre française, soit rendu à son propriétaire M. Krupp, en pleine guerre !"
Noiret continue en parlant des bombardements ciblés, des villages, des forêts et des hôpitaux rasés, mais des usines "bijoux d'architecture industrielle" épargnées. Il parle d'un retrait stratégique français ayant offert sur un plateau les bassins houillers et les usines d'armement du Briey et de Thionville. En échange de quoi, lors de leur retraite, les allemands ont rendu intactes les usines de Wendel. "Réciprocité".
J'ai alors cherché qui était le documentaliste du film. C'était le scénariste lui-même : Jean Cosmos. J'ai acheté le DVD où il y a une interview de Cosmos évoquant ses recherches.
Sa source ? Un scandale dans les années 20-30, lancé par la presse de gauche, accusant les 200 familles et les Wendel en particulier, d'avoir joué double jeu pour s'en mettre plein les poches. L'attaque est parti d'un journal de poilus : "Le Crapouillot", dirigé par Jean Galtier-Boissière.
En mars 1936, l'économiste de gauche Francis Delaisi, proche d'Aristide Briand, écrit dans Le Crapouillot un article sur "les mystères de la guerre" où il met en cause les maitres de forge et les de Wendel, qui ont des cousins en Allemagne, d'avoir sciemment laissé la guerre trainée en jouant de leur réseau pour que leurs usines ne soient pas frappées. Or les bassins houillers pris par l'Allemagne leur rapportait gros. Sans cet appui, Galtier-Boissière avance que la guerre se serait terminée dès 1916.
J'ai acheté un exemplaire de ce journal à un collectionneur sarthois. Coup de bol, il y avait de nombreuses coupures de presse découpées à l'intérieur, me donnant directement un joli panel. Le dossier et les témoignages étaient accablants. Il y avait même des articles contre-attaquants point après point la "défense" de la famille de Wendel dans ce scandale.
Avec la naissance de ma fille, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout... il parait que Jean-Noël Jeanneney a écrit un livre sur François de Wendel dans lequel il dédouane la famille dans cette affaire... à lire donc.